Mario Andretti – Tout sauf Le Mans – Les revenants 2
La suite de notre série « Ils ont quitté la F1 après – au moins – un titre de champion du monde, puis ils sont revenus ».
Mario Andretti, le pilote américain élu « Pilote du siècle » par l’agence « Associated Press » et le magazine « Racer » en l’an 2000 a partagé sa carrière entre nouveau et ancien continent au prix de fréquents allers-retours entre les deux rives de l’atlantique.
Son palmarès est extraordinaire : quatre titres en Indy ( USAC et CART), les 500 miles d’Indianapolis, les 500 miles de Daytona en Nascar, 12 victoires et un titre en F1, plusieurs victoires en championnat du monde d’endurance, de multiples victoires dans toutes les disciplines spécifiquement US… La seule victoire qui lui ait échappée – et de peu – ce sont les 24 heures du Mans. ( Second en 1995 avec Bob Wollek et Eric Helary)
Olivier Rogar
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Les statistiques de Mario Andretti
https://www.statsf1.com/fr/mario-andretti.aspx
Premier GP , première Pole

Il est excessif, concernant Mario Andretti, d’évoquer le retour d’un retraité. Disons plutôt que deux voire trois années décevantes en F1 l’ont éloigné des Grands Prix mais qu’il n’avait pas le moins du monde l’intention de prendre sa retraite du sport automobile en général.
Côté Formule 1 il disputera 22 Grands Prix entre 1968 et 1974, marquant les esprits par la pole position qu’il obtient lors de son premier Grand Prix à Watkins Glen sur une Lotus 49B. Au cours de cette période il courra sur Lotus, March, Ferrari et Parnelli accumulant un total de 20 points et une victoire sur Ferrari au GP d’Afrique du Sud en 1971.
A partir de 1975, au sein de l’écurie de Parnelli Jones, il donne la priorité à la F1. Il effectue une saison presque complète, marque 5 points et établit un meilleur tour en course.
F1 à plein temps et le reste aussi

En 1976 Mario Andretti entame une période de plein temps en F1. Elle durera jusqu’en 1981. Ce qui ne l’empêche pas de disputer des courses aux Usa, notamment les 500 miles d’Indianapolis. Parnelli Jones Racing ayant cessé son activité en F1 en début de saison, Mario Andretti effectue un retour – réticent – à ses premières amours, j’ai nommé l’écurie Lotus. Lotus dont les voitures de Peterson puis Nilsson sont surtout cantonnées au fond de grille. Peterson rejoint March. Andretti entame un long travail de mise au point. Pour Lotus, les premières idées concernant l’effet de sol, aussi théoriques qu’expérimentales, datent de cette époque semble-t-il. Ce travail va s’avérer payant. Les Lotus remontent la grille de départ tout au long de la saison. Et finissent par gagner le Grand Prix du Japon sous le déluge au mont Fuji. Seconde victoire d’Andretti.
Champion du monde

Dès lors le tempo est donné. Quatre nouvelles victoires en 1977 ( plus une de son coéquipier, le regretté Gunnar Nilsson). Seul leur manque de fiabilité ne permet pas à Andretti de jouer le titre contre Lauda. La Lotus 78 est la première des Wing cars concrétisant les vertus de l’effet de sol. En 1978 la Lotus 79 construite sur les mêmes principes mais beaucoup plus fine et aboutie, s’avère irrésistible. Andretti et le malheureux Peterson trustent les victoires. Six pour l’américain, deux pour le suédois dont le statut de second pilote le bridait quelque peu – c’est un euphémisme – Andretti est titré.

Les deux années suivantes Lotus se met dans une impasse en essayant de pousser le principe de l’effet de sol dans une mauvaise direction. Au contraire de ses concurrents qui ont eu le temps d’assimiler. Andretti rejoint par Carlos Reutemann en 1979 puis Elio de Angelis en 1980, jongle entre les chassis 80 et 79, ne marque que 14 points en 1979 puis seulement 1 point en 1980. Il passe chez Alfa Roméo en 1981, marque 3 points et se met en réserve de la F1 pour 1982, trouvant les contraintes des F1 à effet de sol bien trop désagréables, notamment du fait de l’absence de suspensions et de tout besoin de finesse dans leur pilotage. Back to the States ! Il a 41 ans, 125 Grands Prix, 12 victoires, 17 poles positions.
Williams

Mais c’était sans compter sur l’ombrageux caractère de Carlos Reutemann. Il a annoncé qu’il quittait Williams en fin de saison 1981. Puis il revient sur sa décision en novembre et reste sociétaire de Williams. Toutefois l’intersaison n’est pas assez longue pour qu’il parvienne à digérer la perte du titre 1981. L’écurie avait alors joué la carte « Jones » et ce dernier n’avait rien fait pour aider son coéquipier pourtant mieux placé au championnat. Conclusion c’est Piquet sur Brabham qui a été titré.
Lorsque la saison 1982 démarre, Reutemann termine deuxième du premier Grand Prix, en Afrique du Sud. Puis il décide, au Brésil, de mettre un terme définitif à sa carrière. Laissant l’écurie Williams bien dépourvue.
C’est Mario Andretti qui est appelé à le remplacer à Long Beach. Essayant la pourtant vieillissante FW 07 C sur le circuit de Willow Springs, il découvre ce qu’est une « vraie » F1 à effet de sol. Et se déclare impressionné. Qualifié en 14e position à pratiquement une seconde de son coéquipier Rosberg, il abandonne sur rupture de suspension alors que Rosberg finit second. Fin de l’épisode Andretti – Williams.
Une dernière pole

Les circonstances vont ensuite jouer un vilain tour à la Scuderia Ferrari. Décès de Gilles Villeneuve sur accident aux essais du Grand Prix de Belgique en mai. Grave accident de Didier Pironi en Allemagne en août. La Scuderia dispute trois Grands Prix avec le seul Patrick Tambay. Elle fait ensuite appel pour les deux dernières courses de la saison à Mario Andretti. L’entrainement intensif à Fiorano lui permet de bien se préparer. La Ferrari C126 C2 est redoutable. A tel point qu’il s’élance de la pole position et finit sur le podium. A Las Vegas, il abandonne. Dernier Grand Prix de la saison. Dernier Grand Prix pour Mario. Il a 42 ans, 128 participations, 12 victoires, 18 poles positions.
Et ce n’est pas fini !

Mais sa carrière est loin d’être finie. Il participe au CHAMPCAR ( Indy) jusqu’en 1994. Remporte sa dernière victoire à Phoenix en 1993. Au passage il a ajouté en 1984 un quatrième titre Indy à son palmarès.
En sport Mario Andretti participe encore 6 fois aux 24 heures du Mans. Il finit deuxième en 1995. Il y fait sa dernière apparition en 2000 à l’âge de 60 ans. Avec une 15e place sur la Panoz LMP1.
Dont Act ? Pas tout à fait. Car Andretti c’est aussi une histoire de famille. Son neveu John, a couru en Indy et Nascar , son petit fils Marco court en Indy, son fils Jeff a couru en Indy et son fils aîné, Michael a été titré en Champ Car World Series en 1991. Michael est à la tête de l’écurie « Andretti » qui, sous ses différentes appellations, se construit un palmarès en Indy au cours des années 2000-2008.
Alan Jones fut par la suite un fervent supporteur d’Alain Prost chez Williams et affirma publiquement son enthousiasme de voir l’écurie de Frank propulsée par le V10 Renault.
Quand on évoque Mario Andretti on pense immédiatemlent à un pilote sympathique,d’une longévité exceptionnelle et d’un talent incontestable.Ses pole positions à Watkins Glen et à Monza et sa victoire sur Ferrari au GP d’Afrique du Sud obtenues au débotté pour un pilote formé aux courses américaines et qui s’en va damer le pion aux spécialistes de la catégorie reine cela ne s’était jamais vu.Il était un pilote complet qui possédait en plus le feeling lui permettant de s’adapter immédiatement à toutes formes de compétition. A l’inverse pour les aguerris Clark,Hill,Mansell et consorts il était plus facile de s’accorder à la… Lire la suite »
Sans oublier le fait qu’il était un excellent metteur au point.
Alan JONES ne fut pas le plus sympathique des pilotes de Grand Prix, loin s’en faut ! Francophobe malgré sa « tendresse » pour le moteur Renault, peu charismatique, pas prêteur, pas super coéquipier, guère souriant et doté d’un physique qui surlignait ses traits de caractère peu enjoué. Qu’il fut un très bon pilote, cela ne fait aucun doute. Je m’étais même réjouis de sa victoire en Autriche sur sa SHADOW alors qualifiée en milieu de grille bien qu’il bénéficia de conditions de course opportunes. Je m’étais agacé lorsqu’il gagnât en France en 1980, alors que Jacquot a eu jusqu’à… Lire la suite »
Bien sportivement ! Philippe Vogel
Je les ai vus également courir à Spa cette même année. Bien sportivement ! Philippe Vogel
J’ai oublié d’indiquer que, comme Ickx et Tambay, il est devenu champion Can-Am en 1978 sur la Lola T333CS officielle de Carl Haas. Bien sportivement ! Philippe Vogel
Tout est bien evoqué ci dessus, pour la petite histoire je crois que la williams d’Alan Jones était entre autre « sponsorisé » par les emirats et la famille Ben Laden
Albilad est un groupe de travaux publics dont on retrouve le nom sur le bout du nez de la Williams. Frank Williams n’avait pas caché les multiples voyages en avion qu’avait nécessité la signature de ce contrat.
Le plus croustillant, c’est que la famille Bin Laden est étroitement liée à la dynastie Saoud, et qu’en 1979, l’actualité politique, voire révolutionnaire, est plus que vive à La Mecque et dans le golfe persique… Penser que ce contrat avait un lien avec cette actualité ne serait peut-être pas impossible ? Pour l’utiliser comme instrument de soft-power…
Éric Helary explique dans le dernier Auto Hebdo comment ils ont « volé » la victoire du Mans à Andretti et Helary pour cause d’un changement de capot arrière qui n’avait pas les bons sponsors…..
Evoqués dans l’article, les rapports Williams-Reutemann étaient houleux et ombrageux mais n’est ce pas la guerre des Malouines qui y a mis un terme irréversible, eu égard au patriotisme de Frank Williams (par ailleurs fan de Margaret Thatcher) d’une part et de Carlos Reutemann de l’autre ?
Bien sûr Luc, la guerre des Malouines n’a rien fait pour les rapprochements agentino-britanniques sur tous les terrains sportifs de l’époque. Rappelons-nous que Guillermo Vilas avait annulé sa participation à Wimbledon en 1982 pour cette raison.
Dans la même temps, certaines mauvaises langues ont argué que de planter Frank Williams de la sorte au tout début de la saison était un moyen bien trouvé pour Reutemann de faire payer l’écurie anglaise pour son « manque total de soutien » dans sa lutte pour la couronne mondiale en 1981, au profit de Jones qui n’avait plus aucune chance dès la mi-saison.