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Johnny Rives F1, Russie 2017

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BOTTAS N’A PAS SURPRIS QUE FERRARI

 En début de saison, s’appuyant sur un principe suivi depuis longtemps avec L. Hamilton et N. Rosberg, l’équipe Mercedes avait fait savoir que l’arrivée d’un nouveau pilote vierge de toute victoire, Vallteri Bottas, n’y changerait rien. Il n’y aurait pas de consigne d’équipe entre ses pilotes. Pas de priorité. Situation qui devait être remise en cause à Bahrain, troisième Grand Prix de l’année, où il fut demandé à deux reprises à Bottas de laisser le passage à Hamilton pour qu’il puisse faire la chasse à Vettel, dont la Ferrari dominait. Suite à cet événement, Mercedes fit savoir, discrètement, que recourir à une « consigne d’équipe » n’était finalement pas une notion à écarter forcément. Bon élève, consciencieux et discipliné, Bottas réagit à cela par un silence poli. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une petite idée en tête. La résolution de faire le maximum pour rendre caduque cette décision. Et cela sans attendre. Au GP de Russie 2017,  il prit le pas sur Hamilton dès les premiers essais libres (EL1), étant 5/10 plus vite que son leader. Il confirma aux EL2 (1/10 devant Hamilton), aux EL3 (2/10 plus rapide) et enfin en qualification où après avoir signé les meilleurs temps en Q1 et en Q2, il finit par être le moins distancé par les surprenantes Ferrari, se plaçant 3e sur la grille de départ avec 5/10 d’avance sur Hamilton. Ce qui n’est pas rien. Restait à concrétiser en course cette détermination inattendue, cette silencieuse révolte. Il y parvint de manière tranchante en prenant l’avantage sur les Ferrari avant même d’atteindre le premier virage. Puis en dictant sa loi jusqu’au bout en dépit des efforts de Vettel et de sa belle rouge. Chez Mercedes, il ne restait plus à Toto Wolff et à Niki Lauda qu’à prier pour que le festival de Bottas dure jusqu’au bout. Ce dont ils ont été exaucés… à leur propre surprise !

                                                                    Johnny RIVES.

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Grand Prix de Russie 2017 Valtteri Bottas et les Ferrari @ DR

 Après une première partie lénifiante, tant chacun des quatre premiers paraissait solidement assis sur ses positions (Bottas, grignotant un dixième par ci par là à Vettel, qui en faisait autant avec Raïkkonen, derrière qui Hamilton resta constamment impuissant), le GP de Russie nous a ménagé un joli final. Après les changements de pneus, le rapport des forces entre Mercedes et Ferrari parut s’inverser. Avec les pneus « violets » (ultra tendres) les Ferrari s’étaient montrées incapables de suivre le rythme imposé par Bottas. Dès qu’elles chaussèrent les « rouges » (super tendres), ce fut l’inverse : les plus rapides en piste devinrent Vettel et même Raïkkonen… Lequel établit le nouveau record du tour de Sotchi. Ce sursaut des Ferrari mit en danger Bottas au point de le pousser à sa seule erreur du week-end – un blocage de roues intempestif qui ne s’acheva par une touchette habilement évitée que miraculeusement. A l’arrivée, il n’y avait plus que 0’’6 d’écart entre Bottas et son dauphin Vettel. Cela malgré l’intervention involontaire de Massa, qui leur concédait un tour, et que Vettel eut plus de mal que Bottas à doubler. Mais Sebastian n’en fit pas une histoire : il n’avait pas tout perdu dans l’histoire en portant de 4 à 13 points son avance au championnat sur Hamilton.

FANTOME ?

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Grand Prix de Russie 2017 Lewis Hamilton @ DR

L’image était tentante, mais comme l’on n’avait jamais vu Hamilton à son rang habituel lors de ce GP de Russie, on nous dit que c’était son fantôme qui avait piloté la Mercedes n°44. Il est vrai que cette « absence » pose question. Après l’arrivée, quand tous eurent mis pied à terre, Lewis fut l’un des premiers à féliciter Bottas. Ce qu’il fit sans que son attitude reflète une quelconque émotion. Rage de n’avoir pas pu se mêler à la bataille ? Plaisir de saluer la toute première victoire d’un équipier loyal ? Rien de cela… Comme s’il était toujours dans ce rêve qu’il avait traversé à Sotchi depuis le vendredi matin jusqu’au dimanche à 15 heures trente. Tel un ectoplasme vide d’émotion. Sa rivalité passée avec Nico Rosberg lui manque-t-elle à ce point ? On en saura sans doute plus lors du prochain GP d’Espagne.

MANGEUSE DE PNEUS ?

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Grand Prix de Russie 2017 Esteban Ocon 7e @ DR

Felipe Massa fut le premier, parmi les pilotes les plus rapides, à troquer ses pneus « ultra » pour des « super », au 22e tour des 52 tours. Mais cela ne lui permit pas de boucler la totalité de la distance et il dut effectuer un second changement à son 42e passage. Juste après que Hulkenberg ait lui-même effectué son seul et unique changement. Cela valut au combatif Brésilien de se contenter d’une modeste 9e place derrière la Renault, au bout du compte, alors que sa Williams avait théoriquement tout pour se classer 6e derrière les quatre F1 « fuori classe » (hors concours) et la Red Bull de Verstappen. Mais son apparente gourmandise en pneus a privé la Williams de ce bon résultat, au grand profit des discrètes mais étonnantes Force India. Qui devancent désormais Williams au championnat constructeur. On veut espérer que l’équipe anglo-indienne ne sera pas autrement affectée par les ennuis de son créateur, Vijay Mallya, avec la justice de son pays. Ici, comment ne pas avoir une pensée spéciale pour l’étonnant Esteban Ocon dont on apprécie les performances et plus encore : son attitude très mesurée devant sa réussite. Un jeune homme de qualité, à n’en pas douter : il n’aura 21 ans que le 17 septembre prochain…

QUATRE SUPER GRANDS

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Grand Prix de Russie 2017 Valtteri Bottas 1e victoire @ DR

Depuis le début du championnat 2017, quatre pilotes, ou plus exactement deux équipes, mobilisent régulièrement le podium : Mercedes (deux victoires, deux deuxièmes places et deux troisièmes) et Ferrari (deux victoires, deux deuxièmes places et une troisième). Le seul intrus est Verstappen (Red Bull), qui s’était classé 3e derrière Hamilton et Vettel en Chine. Qu’en sera-t-il en Espagne ? Le circuit de Montmelo, en dépit de ses exigences en tenue de route, est un circuit très favorable à la puissance. Et en ce domaine, Red Bull ne cache pas que des trois équipes majeures de la F1 c’est elle la moins bien fournie – merci Renault ! Constatation que ne partagent pas forcément leurs adversaires. Perez n’a-t-il pas placé Renault sur un pied d’égalité avec Mercedes et Ferrari ? On y verra plus clair en ce domaine au soir du GP d’Espagne. Où Red Bull annonce apparaître avec d’importantes modifications sur ses châssis. Modifications dont Verstappen mais aussi l’infortuné Daniel Ricciardo doivent avoir hâte de connaître la portée. Rendez-vous à Barcelone, donc.

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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6 Commentaires
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PHILIPPE ROBERT

Apparemment Massa a dû changer une nouvelle fois de pneus à cause d’une crevaison sur les débris laissés par… ? (mais on avais vu les images à la télé des petits debris). Lequel a dû subir un doigt d’honneur de la part de Vettel.

Jean-Jacques Renaux

Merci pour ce résumé, Johnny. Sans télé (mais avec le médiocre « live timing » de la FOM et quelques commentaires de Sky Channel (Martin Brundle notamment), il m’a tout de même paru qu’à la seconde mi-temps Bottas a fait une démonstration exceptionnelle de maîtrise, tout en ménageant un peu sa voiture (quand il fallait, il pouvait remettre du « purple » dans le secteur 1, et encore accélérer dans les deux suivants). Enfin, il a montré une résistance à la pression de Vettel dans les dix-quinze derniers tours tout à fait magistrale. Arrivé à ce point de la course il dit à la… Lire la suite »

Daniel BOUTONNET

D’accord avec toi Johnny, Bottas a été remarquable de maîtrise. Par ailleurs cette année, et j’en suis personnellement ravi, avec une voiture enfin à la hauteur de son immense talent, on a aussi retrouvé le grand Vettel. Mais une fois encore (je sais que je radote un peu) mon grand regret est de voir quelle importance jouent les pneumatiques. Doublement puisque en sus des comportements aléatoires des gommes s’ajoute le paramètre tout aussi imprévisible de l’arrêt au stand. Quand on sait toute la difficulté aujourd’hui de gagner 1 seconde en piste, voir celle-ci effacée juste pour un pneu qui se… Lire la suite »

laurent riviere

Les Ferrari ont buté sur un exceptionnel Bottas qui mérite pleinement sa victoire et il a toujours été devant pendant le week-end. Vettel confirme qu’il est bien de retour pour le titre. Pour Mercedes cela s’avère plus compliqué si les deux équipes conservent le même niveau de compétitivité toute le saison. Bottas a toujours été remarquable sur ce circuit et le voir devant n’a pas étonné ses anciens concurrents de F3. Il a bien saisi sa chance car si Hamilton devait gagner ce qui était envisageable au départ, Mercedes avait ipso facto l’obligation d’en faire le premier pilote. L’incompréhension vient… Lire la suite »

Oreste Morzenti

Merci Johnny pour ton commentaire, qui me donne l’idée de ce qui a été ce GP que je n’ai pas pu voir. Ce dernier dimanche j’étais à Modena avec ma petite famille, on rendait visite à une chère amie de mon épouse. Et cette victoire de Bottas, sans doute méritée, rend justice à ce pilote très fort, qui n’était pas encore bien apprécié par le grand public. Je pense qu’il donnera à Hamilton quelque nuit d’insomnie, en alternance avec Vettel, et tout cela se sera bien pour la suspence de ce championnat. Heureusement pour nous et pour ceux qui aiment… Lire la suite »

Mat Lri

Ferrari et Mercedes au coude à coude ! Voilà l’enseignement ! Depuis combien d’années n’avons pas eu de rivalité réelle entre 2 écuries ?

Je suis heureux pour notre sport, enfin du vrai suspense, une bataille à 4, espérons à 6 avec l’éventuel retour de RedBull après le Canada.

Dernière note concernant Johnny ? A quand Jean-Louis Moncet et vous-même réunis au sein d’un même blog ? Vous êtes les 2 plus grands connaisseurs de la F1 en France, et je prends plaisir à vous lire.

Bon weekend !