10 février 2023

Rétromobile 2023 – 1 : La belle histoire

Après le «petit» salon de 2022 qui succédait à l’absence de salon de 2021, on est revenu à la normale Porte de Versailles. Les halls 1,2 et 3 ont pu accueillir tous les métiers de l’automobile ancienne et les grands constructeurs étaient aussi présents.

Mais le point d’orgue de ce Rétromobile 2023 était la commémoration du 100e anniversaire des 24 Heures du Mans.  Institutionnels comme grands marchands s’étaient efforcés de mettre ce jalon à l’honneur.

Enfin concernant plus modestement Classic Courses, nous avons innové en nous associant à deux éditeurs de qualité pour devenir nous aussi exposants.

Olivier Rogar

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« La belle histoire » du Proto Facel – Rétromobile 2023

Permettons nous d’emprunter à Claude Lelouch le titre d’un film assez ambitieux, chassé croisé temporel de destins inaccomplis. Et concernant Facel Vega on en est un peu là. Les problèmes générés par le moteur Pont à Mousson de la Facelia ont inexorablement entrainé la marque de Jean Daninos vers le gouffre. Pourtant celui-ci pouvait considérer en 1962 que les problèmes techniques ayant été résolus, les affaires allaient reprendre. Et pour faire à nouveau valoir l’excellence de la marque, quoi de mieux qu’un engagement aux 24 Heures du Mans ? La décision prise en 1962 laissait entrevoir une participation en 1964 ou 1965. Las, les échéances étaient comptées et la liquidation pointait à un horizon si proche que le rêve vacilla et s’estompa définitivement dans la naufrage.

Les cinq V8 Chrysler 6.4L.furent retournés au fournisseur, de même que la boîte-pont Colotti à cinq vitesses et les disques et roues Dunlop. Restait le souvenir d’un châssis et d’une carrosserie qui était passée de l’aluminium à la fibre de verre.

Pour construire son beau projet, Paulo Antunes dispose de son talent, de quelques plans d’époque et de beaucoup de courage. Il a reconstitué le châssis tubulaire et la carrosserie de la voiture. Il s’agit du master en polystyrène. Il nous explique ici sa démarche.

Rétromobile 2023
Proto Facel Le Mans – Paulo Antunes © Classic Courses
Rétromobile 2023
Châssis Proto Facel Le Mans – – Paulo Antunes © Classic Courses

La vidéo de la carrosserie est disponible ici

Arrêt au stand

Le stand Jamval – Coco B éditions et Classic-Courses.© Classic Courses

Classic Courses s’est donc joint à Philippe Guyé qui préside aux destinées de Jamval éditions et Dominique Vivent de Coco B Editions. Tandis que notre actualité littéraire remonte déjà à plus d’un an, avec la biographie de notre cher Patrick Tambay, nos co-exposants étaient beaucoup plus fournis. 

Jamval présentait son troisième ouvrage écrit par Alain Legay et consacré au pilote des années 60 Jean Rolland.   Coco B Editions présentait deux nouveaux livres outre les deux déjà publiés, il s’agissait de «Jim Clark en France», écrit par Dominique Vincent et de «Louis Wagner» par Michel Marc.
Comme nous l’a écrit Johnny Rives en voyant la bâche décorative qui ornait le fond de notre stand :  «  Quatre pilotes – quatre styles ». Toujours le mot juste Johnny.

Nos auteurs n’étaient pas tous à Paris mais Patrice Vatan, Pierre Ménard, Jacques Vassal, Jean-Paul Orjebin étaient présents et nous pourrons bientôt lire leurs articles.

Parmi les visites notables que nous avons eues, nous pouvons citer Christian Defresne ancien mécanicien chez Martini et Oreca, Daniel Champion, ex chef-mécanicien de Renault F1 inventeur du répartiteur de freinage au tableau de bord pour Didier Pironi et toujours ingénieux. ( Voir l’article de Eric Bhat sur Daniel ici) . Son compère et complice Michel Mallier l’accompagnait. Mécanicien chez Alpine puis garagiste, pilote, passionné de mécanique de course.  Capable de nous raconter la conduite d’un engin animé par le V12 Matra. Simplement parce qu’il l’a fait lui-même. (Voir l’interview de Michel par Pierre Ménard ici). Puis nous avons eu les ingénieurs Michel Têtu (Voir interview par Olivier Rogar ici)  et Jean-Jacques His spécialiste des moteurs F1 chez Renault puis Ferrari.

Gérard Larrousse est venu prendre livraison de « son » Jean-Rolland et Jean-Pierre Jarier parler de sa prochaine parution dans Classic Courses. Quant à Alain Prost nous l’avons croisé dans un stand où il était fort sollicité, en discussion notamment avec Charles Cevert. Il a pu mettre toutefois un visage sur Classic-Courses. Je reste épaté par la disponibilité dont il a fait preuve lorsque je l’ai interviewé pour le livre sur Patrick Tambay. Il est incroyablement sollicité dès qu’il est dans un lieu public.

Rétromobile 2023 : Le Mans, 100 ans !

24H du Mans – 100 ans – 2023 © Classic Courses

Citons Roger Labric avec son ouvrage   « Les 24 Heures du Mans » (1946) :  « Un soir d’octobre 1922, au Salon de l’Automobile qui se tenait selon la coutume et avec tout son éclat au Grand – Palais des Champs Elysées, trois hommes devisaient au stand de la Société des roues détachables « Rudge-Whitworth. Il s’agissait pour Georges Durand, secrétaire général de l’Automobile Club de l’Ouest, Charles Faroux, notre distingué et si compétent confrère de L’Auto et de la Vie automobile et Emile Coquille, administrateur-directeur de la société Rudge-Witworth, de procéder à un échange de vue relatif à l’organisation éventuelle en France d’une grande épreuve automobile d’endurance.  

L’idée des « 24 Heures » sortit ce soir-là du génial cerveau de Charles Faroux et rencontra d’emblée l’approbation de Georges Durand et d’Emile Coquille auxquels s’était joint un membre du Comité de direction de l’A.C.O., Marcel Canit ».

On le sait dès 1923 l’épreuve basée initialement sur la conformité à la série des voitures engagées eut un succès retentissant,  et sut évoluer pour s’adapter aux attentes des constructeurs comme du public.

24H du Mans – 100 ans – 2023 © Classic Courses

L’A.C.O. offrira un trophée très spécial au vainqueur de cette édition du centenaire : une double hélice de bronze de 1.50 M de haut fondue par la monnaie de Paris. Un ruban d’ADN en quelque sorte, comme une matrice qui caractérise depuis un siècle l’une des épreuves phare du calendrier mondial.

Outre l’exposition consacrée à l’anniversaire, de nombreux exposants ont également mis l’accent sur l’évènement. Des modèles s’y étant illustrés ou des sport-prototypes ayant participé au championnat du monde d’endurance sont ainsi offerts à la vue du public sur de très nombreux stands.

Rétromobile 2023 : L’exposition des 100 ans des 24 H du Mans

Rétromobile 2023
Chenard et Walcker Type Sport 3L – 1923 © Classic Courses

Henri Pescarolo – Rétromobile 2023

Pierre Fillon – Henri Pescarolo © Classic Courses

Avec au moins trois autos liées à son magnifique parcours, Henri Pescarolo est certainement le vainqueur le mieux représenté. Comme pilote avec la Matra 670 de sa première victoire et comme constructeur avec deux de ses prototypes « Pescarolo » qui sont passés si près d’une victoire tant espérée par tous. Henri a l’air de toujours porter la blessure laissée par les manoeuvres des grands constructeurs, surtout Audi, ayant finalement désavantagé à la fois les moteurs à essence et les artisans constructeurs. Si l’on comprend sa frustration, on lui souhaite la sagesse de mettre cette rancoeur derrière lui. En onze participations comme constructeur, relevons les 4e places de 2000 et 2004, la 3e place de 2007 et les 2e places de 2005 et 2006. L’aventure aurait pu être encore plus extraordinaire mais elle demeure exemplaire.

Rétromobile 2023
Matra 670 – Henri Pescarolo – Graham Hill (1ers) – 1972 © Classic Courses
Courage Pescarolo C60 2003 (8e) © Classic Courses
Rétromobile 2023
Pescarolo Type 01 Judd 2007 ( 3e) © Classic Courses

La France qui brille et l’A.C.O. – Rétromobile 2023

De la Chenard et Walcker qui a remporté l’édition initiale, du même type que celle exposée, avec André Lagache et René Léonard à la minuscule Simca Gordini de 1936 engagée à partir de 1937, en passant par la Lorraine Dietrich, du même type que celle exposée, de Robert Bloch et André Rossignol vainqueurs en 1926, devant deux autres Lorraine Dietrich, les voitures françaises l’on emporté à six reprises entre 1923 et 1939 sur 16 éditions courues.

Après guerre, lorsque l’épreuve reprendra en 1949, son aura est telle qu’elle attirera à nouveau les plus grands constructeurs mondiaux. Les marques françaises auront plus de mal à s’illustrer avec neuf victoires absolues dues à Talbot-Lago (1), Matra (3), Renault (1), Rondeau (1) et Peugeot (3) au cours de cette période.
En revanche les classements à l’Indice de Performance entre 1926 et 1971 ou à l’Indice de Rendement Energétique entre 1959 et 1975, leurs seront plus favorables, elles remporteront un total de 23 victoires, notamment grâce à Bugatti, Talbot, Monopole Panhard, Simca, DB Panhard, CD Panhard, René Bonnet et Alpine Renault.

Il existe un point commun entre les victoires de Lorraine Dietrich en 1926 et de Peugeot en 1993. Elles ont toutes deux placé trois voitures aux trois premières places. Ce sont les deux seules marques françaises qui en ont été capables à ce jour.

L’avenir des 24 Heures du Mans comme du championnat WEC et des autres championnats d’endurance se dessine désormais avec les catégories LMH et LMdH qui attirent de nombreux constructeurs, parmi lesquels Peugeot, Toyota, Ferrari, Glikenhaus, Porsche, Lamborghini, Acura.

Rétromobile 2023
LMH 9X8 -2022 © Classic Courses

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