Par Patrice Vatan
Patrick Brunet
Patrick Brunet est un bon.
La première fois que j’ai entendu son nom, c’était dans la bouche du professeur Reimsparing ; il lui avait acheté une des sanguines qui sont sa marque de fabrique, l’avait accrochée à son mur et, me disait-il, y puisait l’inspiration génératrice des papiers qu’il m’envoyait jadis pour Mémoire des Stands.
Un tel éloge ne me laissait pas indifférent, aussi visitais-je l’homme dès que j’en eu l’occasion. De ses sanguines et crayons noirs naissent des scènes inspirées par la littérature ou le cinéma. Ses obsessions rejoignent les nôtres, Edward Hopper, Norman Rockwell, Andrew Wyeth.
Patrick Brunet donne le sentiment de sortir de ses toiles tant un certain mimétisme, inconscient ou non, est à l’œuvre. Ainsi n’était-il pas vêtu lors du dernier Rétromobile comme s’il s’était lui-même dessiné ?
Mathieu Flonneau
L’attelage que Mathieu Flonneau formait avec Maître Poulain flamboyait. Deux étalons attelés à une signature commune et qui pourtant s’entendent.
Ils signaient à Rétromobile le premier tome d’une trilogie à paraître sur trois ans consacrée à la « fée automobile » vue à travers la littérature.
Une connivence intellectuelle et aussi d’ordre, comment dire, magnétique ?, me rend Mathieu Flonneau proche. J’avais tant aimé son essai intitulé « les cultures du volant, essai sur le mondes de l’automobilisme » que depuis je me précipite aux événements qu’il provoque. Il assoit son approche du fait automobile sur un concept ancien, hérité d’auteurs comme Pierre Souvestre, Paul Adam ou Félix Régamey, qui a nom « automobilisme ». Soit l’art et la manière de vivre l’automobile sous toutes ses formes.
Les ( grands) marchands
Joe Macari, Lukas Hüni, des noms qui claquent comme sur des affiches de blockbusters, l’un sorti d’un film de Scorsese ou Leone, l’autre au profil d’aigle d’airain, on le verrait en officier prussien chez Visconti.
L’un et l’autre et leurs homologues internationaux, ces grands marchands qui ont retaillé la planète à leurs mesures, chaque année plus nombreux, plus arrogants, ont précipité les graisseux, les dealeurs de durites et de carbus rouillés aux oubliettes de Rétromobile.
Ils vendent les automobiles les plus chères du monde, des œuvres d’art, aux lignes épurées par la beauté des années soixante, sur lesquelles le désir a plaqué par strates successives des prix sortis de l’entendement humain.
Leurs espaces de vente sont accessibles aux mortels, vitrines d’un monde ancien structuré par une hiérarchie de classe. Black and Black chez Joe Macari.
Aucun jugement de valeur entre ces lignes, juste le plaisir fondamental du rêve.
rnlt
Fini de rêver chez rnlt. L’ex-firme de Billancourt s’est rabaissée au rang de mon petit neveu qui a maquillé son nom de Vatan en vtn sur les réseaux sociaux. Fini de rêver sur ce stand aussi beau que vide de sens. À Rétromobile, le truc rnlt ne montre pas d’Alpine mais des baby foot.
Défilent sur un podium central quelques-unes des machines que l’ancêtre de rnlt avait fabriqué dans l’ancien temps : une Étoile filante, une Dauphine de records, un avion Rafale-Caudron, tout ça comme un peu ringardisé, dans le genre à ne surtout pas recommencer, qu’on ne nous associe plus à ces concepts dépassés.
D’ailleurs l’ex-Atelier Renault est en train de rénover son flagship sur les Champs-Elysées qui rouvrira en 2025 sous le nom woko-progressiste de « Défilé Renault ». Dans l’atelier, ça sentait trop la sueur, le travail, les voitures produites à la chaîne. Non maintenant on défile chez Renault, euh chez rnlt. Ah les brutes !