HY Racing
On l’avait senti à Monaco en Avril : ce petit air qu’on respirait à nouveau, celui des sorties, des copains et du beau spectacle de la course automobile. Mais il y manquait beaucoup de monde : nos amis anglais notamment et le plateau en avait souffert. A Spa cet automne, il en est allé tout différemment : Covid, Brexit, pénurie d’essence : rien n’y a fait ! Ils sont revenus. Heureux et conquérants. Les plateaux ont explosé. Le God Save the Queen aussi. La rengaine du week-end en quelque sorte.
HY Racing avait bien choisi sa course inaugurale.
Olivier Rogar
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Et si nous étions sur le « plus beau circuit du monde », c’est sur l’invitation de HY Racing qui engageait une de ses voitures lors de la course des 6 heures. Une classique cette course. Six heures. Départ à 16 heures le samedi et arrivée à 22 heures. Equipes de deux pilotes. Quant aux voitures… AC Cobra, Daytona, Elva, Ginetta, TVR, Marcos, Jaguar E, Aston Martin, MG, Porsche, Lotus Elan, Ford GT 40, Mustang, Falcon, Galaxy, TWR Griffith, Triumphs. Qu’on soit dans les stands, sur le raidillon ou à Malmedy, le saut vers les années soixante est immédiat.
Spa 6 Hours Endurance Race
Réservée aux voitures de sport et aux GT cette course s’est disputée sur 500 km à partir de 1963, sur l’ancien tracé de 14 km. En 1966 la distance est passée à 1000 km, s’harmonisant avec d’autres épreuves européennes du même format. Après une interruption de plusieurs années, elle a réapparu sous le titre des « 6 Heures de Spa », en championnat du monde WEC, depuis 2001.
C’est désormais sous le label « Spa 6 Hours » que l’organisateur Roadbook présente son meeting historique. Les quatre jours d’essais et de courses sont nécessaires pour un total de 650 voitures engagées. Les plateaux vont des « avant-guerre » aux « Endurance » des années 2000 en passant par les « Tourisme » et les F1. Néanmoins, c’est la course d’endurance de 6 heures qui constitue le cœur de l’évènement.
Et c’est l’occasion saisie par Brice Pineau et Olivier Muytjens, l’équipe Franco-Belge de HYRacing (Lire Happy Years Racing) pour lancer à la fois une écurie de course, un concept de track days innovant et, last but not least, l’engagement des deux associés en course, sur leur « nouvelle » Cobra Daytona. Inscrits dans l’épreuve des 6 Heures, ils n’ont pas choisi la facilité.
On a mentionné les voitures présentes. On peut citer aussi quelques pilotes connus internationalement, notamment les Belges Marc Duez sur AC Cobra et Eric van de Poële sur Ford GT 40, le Français Nicolas Minassian sur Elva ou l’Ecossais Gregor Fisken sur Lotus 26R . Quand on a des clients de ce calibre, ça donne une idée du niveau, même si on ne connait pas tous ces autres pilotes anglais, allemands, belges, néerlandais ou américains.
Mais, un œil un brin nostalgique pourrait rétorquer qu’importe ! Ici comme sur certains autres circuits, c’est le flacon qui donne l’ivresse. En effet, si les structures sont modernes, l’environnement est resté le même. Les chalets ou maisons qui dominent la piste. La forêt qui l’entoure. L’écho renvoyé par les valons sur lesquels se déroule ce ruban de bitume. Et cette rivière à l’eau rouge qui toujours coule ici.
Nos amis belges, tout aussi passionnés que les anglais, vénèrent ce circuit, nous le font découvrir avec toute leur bonne humeur et leur finesse. On sent qu’entre eux et lui, c’est plus qu’une histoire de passion. C’est un monument national. De ceux qui ont fédéré. Et qu’une époque sacrificielle ne parvient pas à marginaliser.
HY Racing
Si vous avez aimé Le Mans 66, il y a des chances que vous appréciez ce que proposent Happy Years Racing et leurs fondateurs, Brice Pineau, le passionné français et Olivier Muytjens, le talentueux pilote belge.
Fasciné par les américaines ( les autos !), et plus généralement par l’Amérique à la quelle nous devons la fin de la seconde guerre mondiale et nos libérations, Brice Pineau, se retirant doucement des affaires, a investi dans l’automobile ancienne, américaine vous l’aurez deviné.
Quand il a rencontré Olivier, plusieurs fois champion de Belgique en tourisme et qui est spécialiste des courses NLS sur le Nürburgring. (Nürburgring Langstrecken-Serie), ils n’ont pas mis très longtemps à penser qu’il y avait quelque chose à faire.
Et l’idée de partager les joies de la conduite sur circuit, sinon du sport automobile, avec des passionnés, a germé dans leur esprit. Les temps heureux du sport automobile les ayant inspirés, ils n’ont pas cherché plus loin le nom de leur société : Happy Years Racing ou HY Racing !
Que vous souhaitiez louer une de leurs autos ou participer avec la vôtre – qui peut ne pas être américaine – ils vous convient à un petit voyage sur un circuit européen, si possible ensoleillé, et mettent à disposition leur infrastructure. Olivier comme coach. Un service transport – maintenance. Une location exclusive de la piste. Un bon hôtel et un ravitaillement de qualité qui ne se passe pas uniquement dans les stands.
Vous l’aurez deviné, il est question ici de sport mais aussi goût et de qualité de vie. De sensations en somme. Au fait les voitures ? AC Cobra continuation, Ford GT40 de chez Superformance, De Tomaso Pantera… C’est simple, ici aussi l’ombre de Caroll Shelby plane autour de la piste. Ces voitures sont importées en Europe par Gentleman Car dont nous reparlerons dans la suite de cet article.
Et pendant ce temps, en piste
Les essais ont eu lieu en fin de journée de vendredi. Tandis que les ombres s’allongeaient puis disparaissaient insensiblement, les échos de la piste nous parvenaient comme amplifiés par l’obscurité. Les faisceaux blancs des phares zébraient l’espace par poignées de secondes et s’évanouissaient dans le lointain.
Evidemment les onze Ford GT 40 engagées ont trusté les premières places, suivies par les AC Cobra, Elva, Jaguar Type E et Cobra Daytona. Côté HY Racing, la tension était palpable. La voiture avait débarqué des USA en retard. Tout le monde a entendu parler des difficultés subies par les transports maritimes à la suite de la pandémie. Le préparateur Nicolas Place, patron de Motorsport International et les pilotes ont juste eu le temps de se mettre au point, de faire quelques – bons – réglages et de décorer la belle avec un « covering » bleu pâle. Tiens pourquoi bleu pâle ? Brice Pineau nous éclaire : « Nous avons voulu reprendre les couleurs de la GT 40 gagnante au Mans en 1969 avec Jacky Ickx ». L’explication du numéro de course choisi est donc toute trouvée !
Le stand HY Racing jouxte celui de Marc Duez qui passe du temps avec ses voisins. Le champion belge, comme nombre de personnes que nous rencontrerons ici, allie talent et simplicité. Ce qui semble une règle. Un côté british, avec ses codes et ses règles. Attardé aux abords de la piste, nous serons quelques-uns à rejoindre directement le lieu du dîner sans passer par l’hôtel. Sentiment de solitude en se trouvant en jeans dans une assemblée en smokings et robes longues…
Olivier Muytjens avait claqué un très bon chrono pour une voiture dont c’était le déverminage. 18e temps 2.49.768 et la 23e position sur la grille. De son côté Marc Duez, 25e temps, nous expliquait que la Cobra 289 est une voiture très saine à piloter. Loin du monstre que certains évoquent. Puissante mais prévenante si correctement réglée. La pole était réalisée par Oeynhausen et Stippler sur… GT 40 !
Place à fête ce soir chez HY Racing en attendant la course, dans 18 heures ! Oui, on n’est pas réduit aux règles drastiques pour ne pas dire austères de la F1 moderne en veille de Grand Prix. Et c’est précisément cela qui fait tout le succès de cette réunion de gentlemen. A ce propos, nous voudrions corriger : en ajoutant gentlewomen. Il y en avait au moins une. Et une pointure. On la croise à Monaco, Goodwood et un peu partout en Europe. Sur Bentley, Lister Jaguar ou Type E. Entre autres. Katarina Kyvalova. Elle se qualifiera ici avec un remarquable 18e temps sur une Type E.
La Cobra Daytona
Rejoints par Robert Sarrailh qui en connait un bout en matière de Cobra et de Daytona, et pour cause, c’est lui qui a relancé la Cobra Daytona au début des années 1990. Faisant déjà courir une Shelby Cobra aux volant de laquelle s’illustrèrent Henri Pescarolo et Johnny Rives lors d’un Tour Auto Historique en 1997, il décida de faire une Cobra Daytona sur la base d’un authentique châssis Cobra.
Avec la caution morale de Caroll Shelby et l’assistance de Peter Brock, le designer, il créa ainsi la 7e d’entre elles, après les six construites par Shelby en 1964-1965.
( Voir l’article de Pierre Ménard dans Classic Courses : Cobra ressuscité )
Sa carrosserie effilée lui valait 305 km/h pour 1085 kg avec un Ford 289 de385 ch. Elle parvint finalement, en 1965, à conquérir le championnat du monde des constructeurs en catégorie GT de haute lutte contre les belles GTO et GTB de Maranello.
C’est aujourd’hui Shelby American Inc qui poursuit la fabrication des ces autos d’exception, telle la Daytona de HY Racing, avec des n° de série en continuation de ceux des modèles des années 60.
La course
L’efficace présence de Jean-Luc de Krahe nous donne accès à une remontée de la grille. Si vous aimez les GT40, il y a de quoi en profiter. Pas moins de onze d’entre elles sont au départ. Sur la bleue, 2e temps, quelqu’un nous dit :
« Ce gars, le pilote américain, Jim Farley, était responsable de la communication chez Ford. Mais maintenant il en est le patron ! ».
« Patron de Ford Belgique ? C’est bien »
« Non, non, pas du tout, patron de Ford monde ! »
Ah oui, quand même…D’ailleurs Robert Sarrailh l’interpelle . Ils se connaissent. Tout comme il connait Loïc Depailler qui est là aussi… Photo de piste entre amis…
16h. 86 voitures. Départ lancé. Les équipages s’enfonçant progressivement dans l’obscurité, vont se relayer au gré des ravitaillements. L’occasion de se diriger vers le raidillon et son chalet tout en dégustant quelques Corona. Ce morceau d’histoire de Spa – Le chalet – sera détruit la semaine suivante pour laisser place à une tribune…
Côté piste ça défile et si les GT 40 dominent nettement, les Cobra ne se laissent pas imposer trop facilement la loi de leurs jeunes sœurs, les grosses Galaxy, Falcon et Mustang tiennent honorablement leur rang. Tout comme les 911 dont on devine le travail des pilotes.
Beaucoup n’iront pas au terme d’une course remportée par O.Bryant et J. Cottingham sur GT40. La Cobra Daytona de Hy Racing finira très honorablement son premier engagement avec une belle 18e place, reflet de la vitesse et du sérieux des pilotes aussi bien que de la qualité de sa préparation. La Cobra de Van Riet-Bouvy 6e, l’Elva de Minassian-Burnett-Bradley 8e et la Jaguar E de Kyvalova-Clucas 10e, réussiront l’exploit de s’intercaler entre les GT 40.
A suivre …