30 décembre 2023

François Mazet, plusieurs vies à toute vitesse!

La présence au mois de novembre, à Epoqu’Auto, sur le stand de Classic Courses, de François Mazet et de son livre « Mes vies, à toutes vitesses ! » a eu des répercussions qui dépassent les frontières de la France.

Une luxueuse revue suisse a en effet consacré un article de 10 ( ! ) pages à ce livre qui est édité par Classic Courses et qui, rappelons-le, est un excellent ouvrage pour tout passionné de sport automobile.

Avec l’autorisation de l’auteur de l’article, Laurent Missbauer, qui collabore régulièrement à Classic Courses, voici la version en français de cet article qui, multilinguisme de la Suisse oblige, a également été traduit en allemand, en italien et anglais !

Laurent Missbauer

Les deux meilleurs pilotes suisses de F1 sont Clay Regazzoni et Jo Siffert. Et l’un des pilotes qui les a le mieux connus est le Français François Mazet. Ce dernier a en effet été le voisin de Clay Regazzoni à Menton et c’est au volant de la March 701 de Jo Siffert qu’il a effectué ses débuts en F1 en 1971. A l’occasion de ses 80 ans, Jean-François Mazet a publié une passionnante autobiographie, intitulée «Mes vies à toute vitesse», dont la préface a été rédigée, excusez du peu, par Bernie Ecclestone himself !

François Mazet
Une grande complicité avec Bernie Ecclestone – Photo DR

«J’apprécie beaucoup François Mazet. C’est quelqu’un avec qui il est impossible de ne pas être ami. Sa bonne humeur et sa capacité à toujours voir les solutions et non pas les problèmes sont sans doute les secrets de sa réussite. J’aurais aimé avoir davantage de personnages comme lui en F1 et suis ravi aujourd’hui de préfacer son livre. Celui-ci va vous permettre de découvrir une personne hors norme qui, pour moi, est avant tout un ami.» Tels sont quelques-uns des propos rédigés dans la préface de l’autobiographie de François Mazet par Bernie Ecclestone, le grand patron de la F1 de 1981 à 2017.

François Mazet a eu plusieurs vies. Pour celles qui ont trait au sport automobile, on relèvera qu’il est passé en moins de quatre ans de l’école de pilotage de Magny-Cours à la F1 ! Vainqueur du Volant Shell en 1967, champion de France de F3 en 1969, il s’illustre en 1970 au Grand Prix de Pau de F2 où il se qualifie en première ligne, derrière Jochen Rindt, mais devant Jack Brabham et Clay Regazzoni.

François Mazet
François Mazet avec Jo Siffert pendant le GP de France F1 au Castellet, le 4 juillet 1971 – Photo: DPPI

Cinquième de cette course de Pau remportée par Jochen Rindt devant Henri Pescarolo, François Mazet arrive en F1 la saison suivante. C’est au Grand Prix de France de 1971 qu’il pilote la March 701 que son sponsor Shell loue à Jo Siffert. Parallèlement à ses activités de pilote officiel chez BRM en F1 et chez Porsche en endurance, le Fribourgeois a en effet mis en place une structure appelée «Jo Siffert Automobiles». Celle-ci n’a pas seulement loué plusieurs voitures de course à Steve McQueen pour le tournage du film «Le Mans», mais engage aussi des Chevron en compétition. A partir de 1971, Jo Siffert monte également une écurie de F1 avec une March 701, en l’occurrence celle qu’il avait pilotée en 1970.

En dépit de problèmes moteur incessants, François Mazet ira au bout de son premier Grand-Prix  – Photo DR

Si Jo Siffert pilote cette March 701 au Grand Prix d’Argentine, le 24 janvier 1971, le Zurichois Xavier Perrot en fait de même à Hockenheim, le 13 juin. Quant à François Mazet, il l’étrenne au Grand Prix de France, le 4 juillet. «Le moteur ne tournait cependant que sur sept cylindres et je n’ai pu me qualifier que sur la dernière ligne. En course, toujours sur sept cylindres, j’ai terminé au 13e rang», nous a expliqué François Mazet au bord de la piscine de sa propriété de Menton. «C’est ici que Jo Siffert et son épouse Simone logeaient pendant le Grand Prix de Monaco. Jo m’avait fait un beau cadeau en m’inscrivant au Grand Prix de France. J’aurais également dû disputer d’autres courses, mais cela ne s’est finalement pas fait. Le directeur du département compétition de Shell s’est retiré pour soigner un cancer, son bras droit a succombé à une crise cardiaque et Jo Siffert est décédé le 24 octobre 1971 sur le circuit de Brands Hatch.»

François Mazet
Jo Siffert pendant le GP de France F1 au Castellet, le 4 juillet 1971 – Photo DR

Chez Ford avec Jean Todt

François Mazet

Avant de suspendre symboliquement son casque à un clou, François Mazet, qui avait disputé en début de saison les 4 Heures de Monza au volant d’une Ford Capri 2600 RS d’usine, reçoit encore une autre proposition: disputer le Tour Auto du 17 au 25 septembre 1971. François Mazet y pilote la nouvelle Ford GT70 avec Jean Todt, le futur directeur de Ferrari en F1, en tant que copilote. L’équipage Mazet-Todt ne termine cependant pas la course: «Je tape légèrement dans le col du Minier, mais une roue est sérieusement endommagée. Comble de malchance, aucune assistance ne nous attend à la fin de la spéciale et c’est l’abandon», déplore François Mazet. Il ne retrouvera Jean Todt en F1 que bien des années plus tard.

Essex

François Mazet ne court certes plus, mais il organise des fêtes somptueuses pour le compte d’Essex, un courtier en pétrole qui sponsorise l’écurie Lotus de Colin Chapman. «Nous amenons un motor home à deux étages dans les paddocks et le chef étoilé Roger Vergé fait la cuisine pour 200 invités à chaque grand prix. Nous y servons les meilleurs bouteilles et les transferts des invités se font en hélicoptère», raconte François Mazet, des étoiles dans les yeux.

François Mazet
Au Jimmy’z à Monaco – De droite à gauche : François Mazet, Jacky Ickx, Jackie Stewart, Carlos Pace, Helen Stewart, Graham Hill, Régine, Niki Lauda et sa fiancé d’alors – Photo DR.

«Sa façon de communiquer avec Essex m’a rapidement intéressé», note Bernie Ecclestone. «David Thieme, le patron d’Essex, amenait des choses différentes que François Mazet savait mettre en valeur. Cela n’a malheureusement pas duré très longtemps et j’ai regretté que François Mazet décide de ne plus organiser ce genre de réceptions en F1 car j’avais besoin de personnes comme lui à l’époque», ajoute Bernie Ecclestone qui s’inspirera de ce que François Mazet avait mis sur pied pour lancer en F1 le très luxueux «Paddock Club» où le champagne coule à flots aujourd’hui !

«Clay Regazzoni était comme un frère pour moi»

François Mazet

François Mazet continue cependant à être présent au Grand Prix de Monaco où il est chargé des relations avec les constructeurs et les pilotes. Parmi ces derniers, Clay Regazzoni occupe une position privilégiée. «Clay était comme un frère pour moi», note François Mazet. «Je l’ai connu à la fin des années soixante quand nous pilotions tous les deux une Tecno et le contact est immédiatement très bien passé. Notre relation s’est ensuite intensifiée quand il est venu s’installer à Monaco, puis à Menton, à côté de chez moi. J’ai beaucoup admiré son immense courage après l’accident qui l’a contraint à se déplacer en fauteuil roulant. Il n’a jamais été question pour lui de se morfondre ou de déprimer. Au contraire, il a continué à courir en participant au Paris-Dakar, au Londres-Sidney et à plusieurs courses en circuit avec des voitures disposant de commandes manuelles spécialement adaptées à son handicap.»

François Mazet

«Quand Clay Regazzoni ne se lançait pas dans une nouvelle aventure, il s’occupait de son jardin. Il était très bon pour les greffes de rosiers. Comme moi, il avait la passion du végétal», conclut François Mazet qui produit six à sept tonne de citrons à Menton, dans son domaine qui s’appelle la Citronneraie. Mais ceci est une autre histoire, une autre vie que nous vous invitons à découvrir en parcourant son autobiographie qui se lit comme un roman. Un exemple? A Monaco, il se lie d’amitié avec Alexandre Onassis avec lequel il se rend régulièrement à l’usine Ferrari à Modène afin de régler les carburateurs de sa Ferrari personnelle. «A chaque fois, nous sommes reçus par Enzo Ferrari qui nous invite à manger…», précise François Mazet.

A la page 76 de son livre, c’est Jean Todt qui prend la plume: «C’est notre passion débordante pour le sport automobile qui nous avait fait nous rencontrer, il y a plus de 50 ans. Bien des années plus tard, j’ai eu le plaisir de le revoir à chaque Grand Prix de Monaco et j’ai retrouvé le même François, toujours aussi pétillant, charmant et charmeur!»

Le livre de François Mazet, «Mes vies à toute vitesse» (200 pages et 80 photos), coûte 24 euros et peut être commandé sur la boutique www.classiccourses.fr

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