27 mars 2015

F1, Surprises de début de saison : les années 78- 90

Suite de notre série consacrée aux surprises de début de saison. Notre rétrospective nous a conduit dans le dernier billet jusqu’en 1977, avec la victoire surprise de la Wolf lors du premier grand-prix de la saison. 1977 est une année de rupture dans l’histoire de la Formule 1 : Renault fait ses débuts avec son moteur turbo-compressé, et Colin Chapman présente sa révolutionnaire Wing Car, la fabuleuse Lotus 78. Première voiture à effet de sol, bien sûr, mais aussi premier châssis conçu avec l’aide de la soufflerie et de l’informatique. La F1 entre dans une nouvelle ère, celle de l’ultra-professionnalisation et des gros moyens. Ainsi la victoire d’Andretti, sur Lotus donc, lors du premier grand-prix de la saison 78, n’est pas aussi surprenante que celle de la Wolf par exemple : Lotus a remporté quelques courses en 77 et s’annonce avec la 78 puis la belle 79, comme une des favorites de la saison qui s’ouvre en Argentine. Néanmoins c’est une victoire qui prend par surprise tous les autres concurrents tant les solutions radicales de cette Lotus annoncent une angoissante domination et révèlent un retard technologique qu’il faudra combler.

Bertrand Allamel

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Plus surprenante est en revanche la victoire remportée par Jacques Lafitte un an plus tard, lors du grand-prix d’ouverture de la saison 79, toujours en Argentine. Alors que tout le monde s’attend logiquement à voir les Lotus poursuivre leur écrasante domination, ce sont les Ligier JS11 de Lafitte et Depailler qui monopolisent la première ligne. Gérard Ducarouge a bien assimilé le principe de l’effet de sol et a conçu une Ligier efficace dès les essais hivernaux. Laffite exploite avec talent son matériel et gagne la course devant Reutemann sur la première Lotus. L’autre Lotus du champion du monde en titre Andretti ne finit que cinquième, à un tour. Cette surprise devient une victoire probante lorsqu’elle est confirmée dès la course suivante par une second succès consécutif de Laffite à Interlagos, marquant ainsi l’une des plus belles pages de l’histoire de l’écurie Ligier.

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Pas de grosse surprise en 1980 lors de la manche inaugurale, remportée par le favori Alan Jones sur Williams, mais à signaler tout de même : une bonne sixième place pour un débutant français, un certain Alain Prost, sur une médiocre McLaren M29. Un an plus tard, petite surprise à Long Beach, premier grand-prix de la saison 81, lorsque Riccardo Patrese se qualifie en pole-position, avec sa modeste Arrows. L’italien se fait remarquer en menant la course durant vingt-quatre tours, avant d’abandonner. En 1984, la saison s’ouvre au Brésil, avec une victoire de Prost sur une McLaren que l’on attendait pas à pareille fête, surtout avec un tout récent moteur TAG-Porsche.

En 1989, tous les regards sont évidemment tournés vers l’enfant du pays, le héros national pour la reprise du championnat au Brésil. Ayrton Senna, champion du monde en titre, signe la pole-position et espère bien gagner enfin devant son public, mais il s’auto-élimine dès le premier virage en s’accrochant avec Berger. Dès lors, on peut s’attendre à voir l’autre McLaren-Honda de Prost filer vers la victoire. Las, il ne parviendra jamais à inquiéter Mansell sur Ferrari, qui gagne une course pleine de surprises : contre-performance des McLaren pourtant invincibles la saison précédente, victoire de Ferrari, bonne prestation de la Williams-Renault de Patrese qui mène durant dix-sept tours, premier podium pour le brésilien Mauricio Guggelmin sur une surprenante March-Judd, et remarquable quatrième place du débutant Johnny Herbert (Benetton-Ford), miraculé et courageux (victime d’un dramatique accident de F3000 en 88).

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La saison 90 démarre à Phoenix, quelques mois après le psycho-drame de Suzuka. On y attend bien sûr là encore Senna, spécialiste des tracés urbains, et Prost qui a quitté l’air irrespirable du stand McLaren pour rejoindre Ferrari. Les surprises vont s’enchaîner tout au long du week-end, avec la pole-position d’une McLaren, mais celle de Berger. A ses côtés …. une Minardi ! Celle de Pierluigi Martini, équipée de pneus Pirelli. Troisième place : la Dallara de De Cesaris ! Quatrième… Alesi sur Tyrrell ! Senna ne s’est qualifié qu’en cinquième position, Prost en septième. A l’extinction des feux, le jeune Jean Alesi bondit et s’empare opportunément de la première place au terme d’un départ-canon. Sa surprenante petite Tyrrell 018 , équipée elle-aussi de gommes Pirelli, tient en respect Berger et même Senna, jusqu’au fameux duel du trente-quatrième tour : revenu en deuxième place, Senna s’apprête à déborder Alesi. La McLaren est stable, Senna est offensif mais prudent. Le débutant, une fois son quart d’heure de gloire passé, s’écartera bien pour laisser filer le Maître… La Tyrrell virevolte entre les murs et le petit jeune défend sa place sans complexe. Senna déboîte Alesi au freinage et, orgueilleux, laisse un infime espace au virage suivant que le petit jeune n’osera pas exploiter. Erreur ! Sans se démonter, « Jeannot » s’infiltre dans le trou de souris et repasse devant Senna qu’on imagine forcément surpris et/ou agacé. Crime de lèse-majesté ! Senna retente la manœuvre au tour suivant, avec un succès définitif cette fois-ci, et remporte la course devant la sensation Alesi. Jeannot monte sur la deuxième marche, exploit qu’il rééditera quelques semaines plus tard avec la Tyrrell 019,  sur un autre tracé urbain, plus prestigieux : Monaco !

Illustrations :  
1 : Grand Prix des USA 1990 – Phenix @ DR
2 : Lotus 79 Andretti , 1978 @ DR
3 : Ligier JS11 Laffite, Depailler, 1979 @ DR
4 : Tyrrell 018 Alesi, 1990 @ DR
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