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F1 2015 : Le billet de Johnny Rives – Espagne 5

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ENCORE HEUREUX QUE ROSBERG AIT REFAIT SURFACE…

On vous avait prévenus : il ne fallait s’attendre à aucun miracle au G.P. d’Espagne. Le circuit de Catalogne, aussi beau puisse-t-il paraître vu d’avion, est trop conventionnel pour être sélectif au plan du pilotage. Il départage plus nettement les machines que les hommes. Seule une météo capricieuse aurait pu perturber l’ordre des forces en présence. Mais tel ne fut pas le cas… Résultat : sur la ligne d’arrivée Mercedes précède Ferrari, qui précède Williams, qui précède Red Bull. Ce qui résume parfaitement la hiérarchie établie au terme du premier quart du championnat 2015 de Formule 1.

Johnny Rives

Encore heureux que Nico Rosberg ait enfin réuni les éléments pour refaire surface vis à vis de Lewis Hamilton. Et infliger à ce dernier sa première défaite de la saison. En Catalogne, Rosberg a constamment dominé la situation, et cela dès le vendredi. Au terme de cette première journée d’essais il occupait bien le sommet de la hiérarchie bien qu’Hamilton ait obtenu le meilleur temps de la seconde séance du jour. Mais moins vite que Nico lors de la première. Rebelote le lendemain matin samedi où, lors des essais libres 3, Rosberg s’affichait en favori naturel pour les qualifications. Qu’il domina dès la Q2 pour s’adjuger la pole en Q3 au nez et à la barbe (coupée court !) d’Hamilton.Celui-ci semblait se débattre difficilement avec ses réglages – au point de n’avoir pas évité un impressionnant tête-à-queue dans le virage rendu célèbre par Fernando Alonso l’hiver dernier.Ce réveil bienvenu de Rosberg est de bon augure pour lui dans la perspective du prochain Grand Prix, à Monaco, où il sera chez lui. Et où il s’était distingué en triomphant ces deux dernières années. Sauf que, sur le circuit tourmenté de la principauté, les Ferrari pourraient peut-être tirer opportunément parti des qualités qu’elles avaient laissé entrevoir en Malaisie (1er Vettel) et à Bahrein (2e Raïkkonen) où les Mercedes avaient été empêchées de signer leur classique doublé – comme le conventionnel circuit de Catalogne leur en a offert l’occasion pour la troisième fois en cinq courses.                              

f1 2015 espagne,nico rosberg,johnny rivesAu plan des performances individuelles, le G.P. d’Espagne a mis en valeur certaines modifications techniques ou aérodynamiques. Chez Mercedes, les bonnes dispositions personnelles qu’il avait enfin retrouvées Rosberg les attribuait en partie au fait que sa machine était équipée du même système d’embrayage qu’en 2014. Systême grâce auquel il se sentait plus en osmose avec sa voiture qu’avec celui utilisé en début de saison – et dont Hamilton ne s’était jamais plaint. Celui-ci a, à l’inverse, eu du mal à pleinement retrouver la F1 avec laquelle il avait été irrésistible jusque là. En tout cas aux essais, car en course il a semblé n’avoir rien à envier à Rosberg en performances pures, comme l’indique le meilleur tour signé par lui – partiellement dû à des pneus neufs mediums en fin de parcours quand Rosberg, comme Vettel, roulait avec des durs. Avantage qu’Hamilton avait payé d’un arrêt supplémentaire à son stand.Un arrêt qui lui permit de souffler la 2e place à Vettel – merci le stratège de Mercedes ! Car, est-ce en raison des modifications que comportait la Ferrari de Vettel, et non celle de Raïkkonen, alors qu’Hamilton réussit à dépasser le Finlandais avec une facilité dérisoire dans la longue ligne droite, il ne fut jamais en mesure de prendre, dans la même ligne droite, le meilleur sur celle de Vettel. Mercedes surmonta cet inconvénient en recourant à son « plan B ». C’est-à-dire en passant de deux changements de pneus à trois. Cette astucieuse stratégie permit au leader du championnat du monde de prendre, dans les stands, l’avantage sur la plus rapide des Ferrari.Les performances en ligne droite médiocres de sa propre Ferrari coûtèrent également à Raïkkonen de butter sans la moindre chance de la doubler sur la Williams de son compatriote Vallteri Bottas, encore une fois excellent. Il pointait derrière lui en 5e position à l’issue du premier tour… ainsi qu’à l’issue du 66e et dernier !Des Williams qui ont été parfois mises en difficulté en début de saison mais qui semblaient avoir retrouvé en Catalogne le précieux atout qu’elles avaient souvent mis à profit en 2014 : une vitesse maxi de premier ordre. Ça n’est pas Raïkkonen qui nous contredira sur ce point.L’une des rares étrangetés de ce G.P. d’Espagne a été fournie par la dissemblance des performances remarquées au sein des équipes « sœurs » Toro Rosso et Red Bull entre les essais et la course. Alors que les premières, en dépit du tout jeune âge de leurs pilotes Carlos Sainz (20 ans) et Max Verstapen (17 ans), avaient dominé Ricciardo et Kvyatt en qualification, cela a été l’inverse en course. Où c’est peut-être leur jeunesse extrême qui les a handicapés. A cause de leur faible expérience du haut niveau, Sainz et Verstapen  se sont lancés dans un début de course tendu par le désir de conserver à toute force leurs excellentes positions conquises en qualif. Un désir si mal maîtrisé qu’outre les Red Bull, Sainz et Verstapen s’étaient même inclinés sous la pression des Lotus de Grosjean et Maldonado. Finalement Sainz a cependant réussi à partiellement se rattraper en fin de parcours en réglant son compte à Kvyatt pour la 9e place.Mais en terminant cependant derrière Grosjean, une fois encore dans les points et dont la prestation n’avait pourtant pas été de tout repos avec trois moments « chauds » :

 -1. Un virage manqué (le n°1) lors de sa bataille initiale avec les Toro Rosso.
 -2. Un malencontreux contact avec la Lotus de son équipier Maldonado
 qui avait profité de la faute précédente pour le devancer (ce qui ne lui a pas porté bonheur !)
 -3. Un changement de pneus perturbé – quoiqu’un peu moins que celui de l’infortuné  Alonso, victime de ses freins défaillants.

Avec une McLaren dont Jenson Button s’est terriblement plaint du  manque d’adhérence (et là, Honda n’y est pour rien), Alonso aura du  mal à se relancer à Monaco. Où en revanche Vettel et Raïkkonen doivent être presque aussi impatients de se retrouver que Rosberg lui-même. On s’en régale par avance.

 
Illustrations :
Podium Espagne 2015@DR
Johnny Rives @Lysiane Rives
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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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olivier

merci Johnny de ce lumineux compte rendu (j’ai l’impression de recevoir l’Equipe a la maison). J’ai lu quelque part que Räikkönen avait une Ferrari aux anciennes spécifications durant ce GP. J’avais enregistré le GP et je dois avouer que je l’ai parcouru à vitesse accélérée sans y trouver grand intérêt.
Écrit par : Philippe ROBERT | 12/05/2015
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olivier

Merci Philippe. Oui, pas les mêmes spécifications entre les deux Ferrari. C’est également précisé ci-dessus….
Écrit par : Johnny Rives | 12/05/2015

olivier

Après ce Grand Prix, on entend un peu parler du retour possible de Michelin. Toujours aux mêmes conditions, qu’avait répété Pierre Dupasquier en son temps : que la compétition existe, et que les performances du produit soient valorisées… On entend moins parler des conditions dans lesquelles Bernie aurait fait appel à Pirelli. Une conversation se serait tenue sur ce ton : – Etes-vous toujours capables de fournir les mêmes pneus que ceux que j’avais du temps de Brabham ? – Oui. – Alors, banco. Et Pirelli aurait conservé son  »standard » de qualité de l’époque… Mauvaise langue, ou réalité ? Bons… Lire la suite »

olivier

Il me semble que Pirelli a accepté les désirs de la F1 , à savoir , que les gommes puissent se dégrader ,en fonction d’une certaine idée du nouveau spectacle voulu par ces Messieurs. Certaines écuries ont joués avec les pressions et autres , d’où les lamentables scénarios de certains Grand Prix.( gommes explosées , etc…) Qui peut croire que Pirelli soit incapable de produire une gomme capable de tenir la durée d’une course.? Je crois qu’il faut plutôt les remercier d’avoir accepté ces règles stupides ,en sachant qu’au premier hic… , ils seraient les grands coupables….. Écrit par :… Lire la suite »

olivier

Votre réponse, parfaitement correcte, n’a rien d’incompatible avec la conversation supposée et sordide que j’ai énoncée : il s’agit bien de créer les conditions d’une « certaine idée du nouveau spectacle ». Votre formulation est rigoureuse et parfaite, en adéquation avec l’approche de Bernie telle qu’elle se traduit dans mon court dialogue fictif. Après, libre à chacun d’accepter les conditions. Avon ne pourrait-il pas subvenir aux besoins de la F1 en cas de rupture de fournisseur crédible ? Si Pirelli a accepté de fournir, c’est que la contrepartie était suffisamment intéressante. Laquelle ? Les grandes oreilles qui lisent ces pages la connaissent… Lire la suite »

olivier

Tout à fait d’accord avec votre observation.
Que le spectacle prime sur la performance est un contresens dans la compétition et que l’on cherche a améliorer le « spectacle » me désole.
La compétition, des hommes et des matériels (Et ça n’est pas ça qui manque sur un véhicule) fais le spectacle et non le contraire.
Ou alors c’est croire que le Catch prime la boxe.
Quoique.
A quand les mécanos féminines avec string et Tshirt mouillé?
Écrit par : Jules | 17/05/2015