Porsche 911 + 24 = 443 + 1
Issue d’une équation aussi improbable que ce titre, elle fut plusieurs fois condamnée… .par la presse, les adeptes du moteur central puis ceux du moteur avant….au nom du modernisme, de la lutte contre la pollution, de la sécurité routière, de la nécessaire évolution de la marque, de la chute des golden boys.
Rien n’y a fait. Celle qui aurait du s’effacer dix fois a toujours réapparu. Toujours plus performante, stable, endurante. ( Qui a dit envoutante ? ) 444 participations en 50 ans au Mans… Record à battre ? Les cinquante prochaines années apporteront la réponse.
Classic COURSES
La Porsche 911 S de Verrier – Garant sous la pluie de 1970 double une autre 911 avant de se faire elle même déborder par la 914-6 de Ballot Lena- Chasseuil. Elle finira 12e et non classée. @ DR
Lorsque Jacques Dewez alias « Franc » prit le départ des 24 Heures du Mans 1966 avec sa 911 personnelle de série, la première engagée dans la Sarthe, ni lui ni personne ne pouvait imaginer qu’il entamait ainsi une histoire qui serait toujours d’actualité 50 ans plus tard. Car, en sus des 919 hybrides dont on a logiquement beaucoup parlé, la grille de départ 2015 comportait encore six 911. Des 911 bien différentes de celle de M. Dewez, mais des 911 quand même.
Avec ces six 911 supplémentaires, ce modèle de légende arrive sauf erreur ou omission à 443 participations en 45 éditions (soit une moyenne de quasiment 10 voitures par course). Un record unique et qui ne sera sans doute jamais battu … sauf par la 911 elle-même ! Notons d’ailleurs que sans une réglementation stupide qui exclut les GT entre 1986 et 1992, mais qui s’empressa de les réintroduire en 1993 pour meubler le plateau, la 911 aurait les 13 et 14 juin fêté sa 50e participation consécutive. Pour certains d’ailleurs, cette exclusion semblait devoir marquer la fin de l’aventure 911 au Mans et ils le firent savoir : en 1985 la 911 SC de Touroul-Perrier-Dermagne affichait sur son capot avant sa certitude d’être la dernière 911 vue au Mans. Trente ans plus tard, l’épopée 911 continue, au Mans et ailleurs.
Rappelons ici quelques premières, records ou faits marquants que la 911 a à son actif au Mans et notamment que :
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la 911 souffla …
… et s’en porta bien. Première voiture à turbocompresseur au départ des 24 Heures, la Carrera Turbo Martini de Müller-van Lennep termina sur la 2e marche du podium en 1974. Elle ne fut d’ailleurs pas très loin de faire encore mieux en donnant des sueurs froides aux « Matraciens » dans la matinée du dimanche.
- la 911 colonisa …
… la grille de départ : en 1975, 24 des 55 voitures en course étaient des 911, soit près de 44%.
- la 911 pirata …
… le départ en cette même année 1975 : pendant que les commissaires de piste allaient, dans la confusion, chercher les suppléantes après le coup de sang de Luigi Chinetti qui retira ses Ferrari juste avant le départ, les Equatoriens Merello-Madera-Larrea glissèrent leur Carrera noire non-qualifiée sur la piste et réussirent à se faire oublier jusqu’au départ. C’est en pointant une 56e voiture sur ses tablettes que la direction de course s’aperçut de ce départ volé. La Carrera eut le temps de faire trois tours avant d’être arrêtée au drapeau noir. Outre le droit de se revendiquer comme la 444e 911 du Mans, ce « titre de gloire » lui vaut d’avoir été reproduite en miniature par Renaissance, un fabricant français de kits au 1/43.
- la 911 s’alcoolisa …
… en introduisant le bio-carburant au Mans, en l’occurrence un mélange essence-éthanol (alcool de betteraves). Ce fut la 911 SC de Perrier-Carmillet, qui gagna le groupe 4 en 1980.
- la 911 gagna …
… d’innombrables victoires de classe et de catégorie, bien sûr. Mais aussi deux victoires absolues : en 1979 sous l’appellation 935 K3 et en 1998 comme 911 GT1. Une 911 GT1 qui ne partageait plus guère que le matricule avec sa mère putative, mais bon …
- la 911 revint de Dakar …
… avec la transmission intégrale. Dérivée de la 959 gagnante du Paris-Dakar, la 961 de Metge-Ballot-Léna fut en 1986 la première voiture à 4 roues motrices vue au Mans. Une fois encore, cette première fut convaincante : 7e place finale et victoire en catégorie IMSA-GTX (où elle était seule, précisons-le quand même).
- la 911 fut Charlie avant l’heure …
… en affichant sur sa carrosserie les dessins de Georges Wolinski. C’était en 1998 et cette initiative artistique était due une fois encore à Me Hervé Poulain.
Olivier Favreillustrations © sur les photos ou DR (première photo : 1971)
Merci pour ce billet qui souligne à juste titre que les regles d’admissibilité aux 24 heures du Mans n’ont pas toujours été pertinentes, cf. plateaux squelettiques et non conformes à l’esprit même de l’épreuve, un équilibre entre protos et GT (et même tourisme spécial, groupe 2…)
La 911 est toujours vivante, même si la BOP actuelle la défavorise ; son aura perdure et même plus, s’accroît si l’on en juge par l’envolée des prix de tout ce qui se termine par RS, sans parler des anciennes…
Écrit par : Pierre V. | 02/07/2015
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Intéressants ces destins sarthois de 911… Une équation qui comportait en ce qui me concerne quelques inconnues…Les recherches d’Olivier Favre les ont sorties de l’oubli…Un hommage à cette intemporelle machine.
Écrit par : F.Coeuret | 02/07/2015
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Cette 911S de série de Franc qui inaugura une longue suite au Mans que retrace Olivier Favre d’actualité, m’évoque immédiatement une voiture soeur dont je garde un souvenir mitigé. En 1967 un équipage français s’inscrivit sur une 911 S 2 Litres qui se retrouva quelques années plus tard mise en vente sur Sport Auto. Jeune et enthousiaste, mis en confiance par un professionnel, mes premiers salaires furent immédiatement investis et en reprenant la route j’ai encore le souvenir olfactif des relents d’huile chaude et du grondement du 6 cylindres emplissant l’habitacle lors des accélérations qui affolaient le compte-tours. Las, une… Lire la suite »
A mes yeux, la seule et unique 911, c’est la Carrera 3,2. J’en ai conduit une, il y a longtemps, sur 30 kilomètres de nationale, avec son propriétaire à mes côtés, comme une sorte de copilote aussi envahissant que stressant : « ne freine pas dans les virages, n’accélère pas dans les virages, attention à l’autre, là, devant, et celui de derrière, fais gaffe…. ». J’en garde deux souvenirs impérissables. Un bon : le bruit de l’échappement, même de série, rauque, profond, envoûtant. Un mauvais : le comportement des autres conducteurs. Écrit par : Raymond Jacques | 03/07/2015 Répondre à… Lire la suite »
A chacun sa 911. De la 2L à la 993, même caisse, moteur refroidi par air, caractère comparable. L’évolution se fera par l’empattement , les suspensions et enfin le nombre de roues motrices, sans parler du moteur. Celles d’avant 1974, les » classic », ont la réputation d’être les plus pointues. Surtout les « chassis-court ». Une voiture qui demande un minimum de concentration et donne un maximum de plaisir. Beaucoup de respect cependant pour les équipages de deux pilotes qui faisaient des courses de 24 heures à son bord.
Écrit par : Olivier Rogar | 05/07/2015
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