F1 2015 : Le billet de Johnny Rives – Japon 14
UN SCENARIO TROP PRÉVISIBLE
L’inconvénient des beaux circuits sélectifs est qu’ils le sont trop (sélectifs !). Celui de Suzuka n’échappe pas à cette lapalissade. Un circuit que beaucoup placent au niveau du très apprécié Spa-Francorchamps en Belgique. Mais cela fait-il le bonheur du spectateur ? On peut en douter…
Johnny Rives
Preuve en a été donnée dimanche au G.P. du Japon. Avec un résultat en tous points conforme au classement du championnat du monde : 1.Hamilton, 2.Rosberg, 3.Vettel, 4.Raîkkonen, 5.Bottas. Seul le sixième de la hiérarchie japonaise, Nico Hulkenberg, est venu contrarier ce constat. Il a réussi à faire mieux que quelques pilotes le précédant au championnat du monde, notamment Daniel Ricciardo, fâcheusement bousculé par Massa, et l’étonnant (et convaincant) Romain Grosjean.
On peut faire le même constat au niveau des marques où la hiérarchie japonaise (1.Mercedes, 2.Ferrari, 3.Williams) reflète avec trop d’exactitude celle du championnat. Ce qui, faute de caprice météorologique digne de ce nom – comme Danil Kvyat nous a aidés à le constater dans deux des trois séances d’essais libres disputées sous la pluie – prive le spectacle de toute incertitude. Et donc d’intérêt immédiat. Cela oblige le spectateur gourmand à se rabattre sur des analyses personnelles concernant le comportement de tel ou tel pour s’accrocher à un scenario trop prévisible.
Alors faut-il plaider en faveur de circuits présentant aussi peu de difficultés que possible ? Le souvenir des sprints échevelés dont, avant qu’ils soient truffés de chicanes, étaient le siège des tracés comme Hockenheim (dans les années soixante) ou encore Monza jusqu’en 1971, voire Reims jusqu’à sa disparition (1969) nous entraîne vers ce paradoxe : souhaiter un retour à des circuits aussi peu sélectifs que possible. Où les victoires se joueraient entre des groupes compacts dans la dernière ligne droite…
LE JUGEMENT DE PROST. – Suzuka a confirmé ce que l’on a maintes fois constaté cette saison. La supériorité de Lewis Hamilton sur Nico Rosberg d’une part, et celle de Sebastian Vettel sur Kimi Raïkkonen de l’autre. La facilité avec laquelle le premier nommé a, d’entrée, pris l’avantage sur son équipier en a étonné plus d’un. Parmi lesquels Alain Prost. Dont l’analyse développée au cours de l’émission de Margot Laffite fut d’une pertinence irréfutable. Selon le quadruple champion du monde français, la prise de pouvoir d’Hamilton – ou, vu d’une autre manière, le renoncement de Rosberg – trouve son origine dans l’accrochage fameux qui les opposa lors du G.P. de Belgique 2014. La mise au point à laquelle cet incident avait donné lieu chez Mercedes a entrainé plus de conséquences sur le comportement de l’Allemand que celui de l’Anglais. Ce dernier s’en est apparemment affranchi avec sang froid, voire avec indifférence, comme s’il se plaçait par principe hors de toute responsabilité en cas de nouvelle anicroche. On l’a vu avec netteté à Suzuka ce dimanche. Quand, dès le premier virage, il ne s’est pas embarrassé du moindre scrupule pour contraindre son équipier à s’écarter jusque sur le bas-côté a la fin du premier virage pour lui laisser le passage. Alors que, quand ils avaient abordé la courbe, Rosberg n’avait pas osé se rabattre devant lui. Ce que Prost a jugé comme une faiblesse de sa part. Jugement qui nous a amenés à imaginer la façon dont Keke Rosberg pouvait en parler avec son fils, lui qui ne s’embarrassait pas d’autant de précautions au temps de sa splendeur !
GROSJEAN TRANSFIGURÉ.- En cette période où le sort de l’écurie Lotus est en train de se jouer, permettons-nous un mot sur l’un de ses membres les plus fidèles et qui s’apprête pourtant à la quitter : Romain Grosjean. Il avait accédé à la F1 dans ce qui était à l’époque l’équipe Renault grâce au limogeage de Nelsinho Piquet (2009). Délaissé l’année suivante, il y avait été repris en 2011 comme pilote d’essais, alors qu’elle était devenue Lotus. Cette année là il avait été sacré champion en GP2.
Ses vrais débuts en Grands Prix avaient eu lieu en 2012 comme équipier de Raïkkonen. Débuts tumultueux et controversés en raison de carambolages dans lesquels il avait été impliqué. Il se rachetait en 2013 en se classant 7e au championnat du monde. Hélas en 2014 les Lotus-Renault se heurtaient à de terribles difficultés à cause de la nouvelle réglementation concernant les moteurs. L’absence de résultats ne fit qu’aggraver ses difficultés financières. Le recours à des moteurs Mercedes en 2015 pouvait tout changer au plan des performances. Mais les dettes contractées précédemment s’aggravaient. Ce fut l’occasion de découvrir un nouveau Grosjean, sérieux, impliqué, et qui au fil des Grands Prix devint un pilote providentiel pour cette équipe aux abois.
La paternité l’a peut-être aidé à mûrir autant que les kilomètres parcourus en course. Au point qu’on guette désormais ses performances avec intérêt. Et que l’on écoute ses analyses, sages et pertinentes, avec attention. Tel est-il apparu une nouvelle fois à Suzuka. Après avoir lui-même participé à l’installation retardée de son équipe dans ses bases japonaises, il a accompli une course très convaincante pour se hisser à une jolie 7e place compte tenu du matériel dont il disposait. Exécutant au passage l’un des plus beaux dépassements que l’on ait vu depuis longtemps à l’approche du difficile virage dit « Degner ». Et cela sans mettre en péril son adversaire (Ericson) malgré la difficulté de la manœuvre. Espérons pour lui qu’il trouvera de quoi exprimer pleinement son talent l’an prochain au sein de ce que l’on appelle parfois la Scuderia Ferrari « B »
Je suis, hélas, d’accord avec toi, Johnny, quant à la sélectivité de Suzuka : magnifique circuit du point de vue du pilotage et de l’environnement naturel, mais où on est bien obligé d’admettre que les possibilités de dépassement restent restreintes et aléatoires (à la grande différence de Spa, aussi magnifique mais mieux étudié en terme de « préparations d’attaques »). Ce superbe tracé mériterait d’être revu par endroits, et peut-être un peu élargi. Je ne suis par contre pas d’accord avec toi pour regretter l’ancien Hockenheim, Reims ou le Monza des 60’s : les deux derniers cités ne proposaient que des courses… Lire la suite »
Ce superbe tracé mériterait d’être revu par endroits, et peut-être un peu élargi.
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Mais alors, surtout pas tilké !
Écrit par : PMB | 30/09/2015
Pour PMB : S’il a conçu de grosses horreurs au début de sa « prise en mains » du monde ecclestonien des circuits, il faut reconnaître que Hermann Tilke a ensuite réalisé des circuits intéressants, car épousant des sites naturels (Istanbul, Austin, Sepang). Pour Suzuka, le problème est simple : le site est somptueux, mais on ne peut pas dépasser (la chicane avant les stands est abordée bien trop sur le fil du rasoir après le périlleux gauche 130°R, et le droit en fin de ligne droite des stands est abordé en plein appui (le virage se referme) et donc limite les… Lire la suite »
Cher Johnny, A vous lire on trouve de l’intérêt à ce (Nouveau) GP insipide. les fausses affèteries de cette vieille cocotte, trop fardée, corsetée et avec force « Push Up », finissent par nous indifférer voire nous dégouter (Ce serait sans doute mentir Par omission de ne pas dire Qu’on lui doit parfois quand même une heure Authentique de vrai bonheur). Vos yeux, ceux de Prost et de Lauda nous éclairent pour trouver le filigrane de cette fausse monnaie. Un fabriquant de tricot ou de boisson s’en va? Bon vent! et si j’ai en tête l’esprit de caniveau qui est dans la… Lire la suite »
Si à me lire on trouve de l’intérêt au GP du Japon, de deux choses l’une:
1. On ne sait pas melire.
2. Je ne sais pas acrire.
Car je croyais bien avoir écrit que ce GP du Japon a été désolant…
Écrit par : Johnny Rives | 30/09/2015
Si les GP sont parfois si peu intéressants avec la domination de Mercedes c’est que les duels Rosberg Hamilton n’ont pas le même relief que les passes d’armes Senna Prost ou Lauda Prost qui étaient tous de multiples champions du monde. On peut aussi regretter qu’à Suzuka le réalisateur TV se soit focalisé sur la lutte pour les dixièmes places et on n’a pas vu le dépassement de Hamilton au 2ème virage et on ne sait pas pourquoi il a concédé d’un coup 6 à 7 secondes à Rosberg au deuxième ravitaillement. Écrit par : laurent riviere | 30/09/2015 Répondre… Lire la suite »
Quelque soit le tracé pourtant ; huit courses sur dix , en courses de motos ,sont absolument palpitantes. Peut-être faudrait’il réfléchir sur les motifs ( techniques et/ou règlements ) qui font le succès chez l’un ,et provoque la torpeur chez l’autre
Écrit par : albert | 30/09/2015
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Vous faites une analyse sur » le jugement de Prost « ! Je ne partage pas votre analyse, et encore moins ce jugement de Prost. Prost est un soutien de Rosberg, c’est son droit absolu , par rapport à Hamilton. Prétendre qu’il y aurait un avant et un après Spa ( le fameux tournant dont parle Prost de manière répétée depuis plusieurs mois ) n’est qu’une supposition sans fondement venant d’un quadruple champion du monde de la classe de Prost. Pour ma part, avec humilité, je voudrais vous rappeler la domination écrasante de Hamilton au cours du premier quart de la… Lire la suite »
Bonjour à tous, Je partage assez bien le point de vue de Monsieur Rocktau et les arguments qu’il développe sont purement factuels. S’agissant du point de bascule dans la lutte entre les deux hommes,je ne la situe pas à Spa mais bien à Monaco. Hamilton s’est senti volé et peu soutenu. Hormis son dérapage verbal à cette occasion, il s’est ensuite rassemblé, recentré, concentré sur les courses et seulement sur les courses. J’ajoute que les différents déboires évoqués par Rocktau ne l’ont pas déstabilisé et qu’il a continué à pousser et au final Rosberg a craqué.Je rappelle qu’à deux reprises,… Lire la suite »
Mon cher Johnny, Tes billets, toujours élégants et documentés. Tu es l’Antoine Blondin de la course automobile. Nouveau lecteur du site, je suis fasciné par l’intérêt que peuvent encore porter autant de connaisseurs avisés à ce qui n’est désormais plus le sport qui m’a fait vibrer. Eh! oui, si on relit, entre autres, le scenario de ce que furent les Grands Prix de l’ACF à Reims en 61 ou d’Italie à Monza en 71, on en vient à regretter ces vielles pistes, méprisées par certains pour leur soi-disant manque de sélectivité et les courses d’aspiration qu’elles donnaient à voir, courses… Lire la suite »