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F1 2015 : Le billet de Johnny Rives – Autriche 8

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L’AUTRE VICTOIRE DE MERCEDES

Bien sûr, ce Grand Prix d’Autriche a été marqué par l’originalité : Lewis Hamilton y a été joliment dominé par Nico Rosberg. Lequel a signé à Speyer une victoire précieuse qui relance réellement ses chances, sous réserve de prochaine confirmation à Silverstone – où Hamilton fera tout pour régner chez lui. Donc plutôt en Allemagne ou en Hongrie. A l’issue de ce nouveau et impressionnant doublé des Mercedes, l’essentiel se situe peut-être à côté du résultat lui-même.

Johnny Rives.

Il nous semble en effet que le fait majeur émergeant de cette nouvelle domination de l’équipe allemande réside dans l’attitude des deux hommes de terrain de cette « meinshaft ». Samedi déjà, à l’issue des qualifications qui les avaient vus commettre une énorme bévue, on avait remarqué un événement insolite dans leur comportement. En tout cas inattendu. Hamilton détenait le meilleur temps de très peu devant son rival (deux dixièmes). Ce dernier s’était, dans l’ensemble, montré meilleur que lui la veille, lors de la première journée d’entraînement. Pour s’assurer la pole position, Lewis ne devait pas se contenter d’en rester à ces deux dixièmes de seconde. C’est alors que, lors d’un ultime effort pour protéger son bien il accomplit un monumental tête-à-queue. Cela laissait à Rosberg, déjà lancé en pleine vitesse, toutes ses chances de le devancer. Quand, à son tour, l’Allemand de Monaco se hissa si près des limites qu’il les franchit et se retrouva également au décor ! Aucune conséquence fâcheuse n’en résulta pour les deux F1 argentées – intactes. Sauf une énorme déception pour chacun des deux protagonistes…

 « Un partout, balle au centre ! » disent souvent les commentateurs sportifs. Hamilton et Rosberg se consolèrent rapidement à travers ce constat. Au point qu’on les vit, sourire aux lèvres, commenter entre eux leurs bourdes respectives. C’est à ces sourires là que l’on repensa dimanche après le Grand Prix, quand le vainqueur Rosberg et son dauphin d’un jour Hamilton échangèrent sans ostentation apparente une amicale accolade en mettant pied à terre.

 Ces deux attitudes, celle de samedi puis celle de dimanche, même si elles ne permettent pas d’affirmer que Nico et Lewis partiront en vacances ensemble, en disent long sur l’efficacité de la gestion interne de leur écurie. Chargés d’aplanir ce qui, en 2014, avait pu apparaître comme une inévitable fatalité entre deux rivaux à l’ambition exacerbée, Toto Wolff et Niki Lauda ont réussi un joli coup. Autant que les qualités techniques des monoplaces type W06 étalées avec éclat en Autriche, le rétablissement de relations apaisées entre ses deux champions constitue une autre victoire pour Mercedes. Et pas la moindre.

 f1,grand prix d'autriche,red bull,johnny rives,nico rosberg,mercedes,toto wolff,niki lauda# FERRARI S’ÉGARE. – Si l’éclat de l’aura dont est parée Mercedes s’est encore renforcé sur ce que l’on appelait le circuit de Zeltweg (mais ça, c’était avant …), tel n’a pas été le cas de celle de Ferrari. Au Canada, la Scuderia n’avait pas hésité à désigner la responsabilité de Kimi Raïkkonen pour expliquer son premier podium raté de la saison. Jusque là, les pilotes à la combinaison rouge avaient régulièrement côtoyé Hamilton et Rosberg lors des cérémonies d’arrivée – surtout Vettel, auteur de cinq podiums. Raïkkonen n’y était monté qu’une seule fois (2e à Bahrein) mais avec trois 4e places, une 5e et une 7e, il avait utilement participé à une satisfaisante moisson de points. Cela ne l’avait pas empêché d’encaisser des commentaires sans indulgence à Montréal, où son tête-à-queue avait permis à Bottas de le devancer pour la 3e place.

En Autriche, la Scuderia commit une bévue en qualification. Dont, coïncidence malheureuse, Kimi fut la victime. Troisième le vendredi derrière Hamilton et Vettel, deuxième le samedi matin derrière Rosberg, les essais s’étaient bien passés pour lui jusque là. Mais en Q1, sur la piste d’abord mouillée, puis sêchant à vue d’œil, Kimi fut longtemps retenu à son stand. Trop longtemps. Enfin relâché dans les toutes dernières minutes, il fut pris dans un trafic d’une telle densité qu’il  ne put confirmer l’aisance dont il avait fait preuve jusque là. Résultat : éliminé dès la Q1 ! Poliment, il s’abstint de tout commentaire amer pour expliquer ce regrettable incident : « Je ne comprends pas », se contenta-t-il de dire pudiquement. Evidemment, tout partit de ce loupé qui le condamna à partir de très loin et aboutit à la spectaculaire bousculade en fin de peloton qui devait l’éliminer, et avec lui l’infortuné Fernando Alonso.

Mais la Scuderia n’en resta pas à ce « couac ». Le podium qu’envisageait Stefan Vettel – hélas incapable d’inquiéter les Mercedes et tout juste en mesure de résister à Massa – lui échappa sans que la responsabilité du pilote allemand soit engagée comme l’avait été celle de Raïkkonen à Montréal. Un changement de roues enrayé par un pistolet capricieux fit cette fois le bonheur de l’équipe Williams, encore une fois troisième – le maximum de ce qu’elle peut rêver.

Qu’il le dise ou non, Sergio Marchione, président de la Scuderia, ne tressera pas des compliments à l’ensemble de son écurie pour sa prestation autrichienne. Dont le responsable, Maurizio Arrivabene, n’apparaît soudain plus comme le porte bonheur que son patronyme semblait désigner.

#f1,grand prix d'autriche,red bull,johnny rives,nico rosberg,mercedes,toto wolff,niki lauda WILLIAMS ENCHANTE.- A l’inverse, une équipe qui fait merveille, en dépit de ses moyens brillants, certes, quoique artisanaux, c’est bien Williams. Toujours constantes, souvent rapides, les Williams font merveille. Autant, sinon plus, qu’en 2014. A la seule exception de Monaco, où elles ont éprouvé d’incompréhensibles difficultés à utiliser leurs pneus (ils ne chauffaient pas suffisamment), elles ont régulièrement tiré leur épingle du jeu depuis le début de la saison. Bottas et Massa se placent régulièrement en sorte de n’être pas négligés par Ferrari, contrairement à des équipes comme Red Bull, Force India, Toro Rosso ou Lotus qui malgré leurs efforts ne sont que des faire-valoir. C’est loin d’être le cas de Williams.

# McLAREN INQUIÈTE.- Même si l’élimination de Fernando Alonso est accidentelle, le bilan du G.P. d’Autriche est catastrophique pour l’écurie McLaren. Alonso et Button ont été aux prises avec mille maux tout au long des essais, stationnant le plus souvent dans leur garage sans avoir la possibilité de se hisser plus haut que la 15e place en performances pures. Après des essais aussi laborieux, ponctués par des pénalités d’ordre règlementaire consécutives à des redressements techniques incessants (et, jusque là, vains) la course tourna une fois encore a désastre. L’élimination d’Alonso fut accidentelle, certes. Mais que dire de la prestation du malheureux Jenson Button, crédité de huit tours seulement avant son abandon. Tous au ralenti, même après que la voiture de sécurité se soit effacée. De quoi s’inquiéter vivement, même si chacun chez McLaren paraît encaisser tous ces coups durs avec une patience qui force l’admiration !

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Illustrations © DR
Johnny Rives © Lysiane Rives
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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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olivier

Toujours aussi précises et lumineuses, les analyses de Johnny ! Thank you maestro !
Écrit par : gaston | 23/06/2015
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olivier

Juste pour signaler une erreur matérielle (qui n’enlève rien à la qualité de l’analyse) : le circuit d’Autriche se trouve dans le village de Spielberg et non à Speyer (Spire en Allemagne, près d’Hockenheim).
C’est probablement un correcteur mal paramétré. Continuez !
Écrit par : turuban | 24/06/2015
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olivier

Très juste, cher Turuban. J’aurais dû en rester à Zeltweg, comme à l’époque où je m’y rendais!
Écrit par : Johnny Rives | 24/06/2015

olivier

Merci cher Johnny de votre, toujours, pertinent regard, il me semble lire « l’Equipe ». Mais ça c’était avant. Lors de la retransmission après le GP on nous a montré la prise de la « photo de famille » chez Mercedes; j’y avais noté Hamilton souriant et « Participant » (Son départ pour sortir du champ, après, ressemblait plus à une facétie ou une hamiltonnerie en forme d’autocitation). Je me suis réjoui de revoir l’évocation d’une camaraderie (Toutes choses égales) qui renvoyait aux « sixties ». Nous sommes heureux d’être dispensés de bouderies, mauvais gestes, trépignements intra-cockpit; de champions du monde, qu’ils le soient 7, 4 ou 2… Lire la suite »

olivier

C’est qui ce Stefan Vettel ? !
au passage si l’on parle du Sebastien Vettel, il a Vaillamment tenté d’attaquer mais 36 tours en supersofts derriere un Massa survolté sur ce court circuit …
Écrit par : Marc | 24/06/2015
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olivier

Stefan? Quel étourdi je fais!
Écrit par : Johnny Rives | 24/06/2015

olivier

Stefan
Ca doit bien lui aller.
Rien vu à la relecture !
Écrit par : Olivier Rogar | 24/06/2015

olivier

Ah mon humble avis, cette erreur de patronyme va chercher ses racines dans l’inconscient profond de Johnny : n’avait-il pas dans un coin de la tête le nom du météore Stefan Bellof qui aurait pu devenir un des plus grands champions si ?… Par contre, Johnny semble avoir des difficultés avec la langue de Vettel justement, mais il est loin d’être le seul (votre serviteur ne fait pas plus le malin quand il s’agit d’écrire correctement les noms des virages du Nürburgring ou autre) : « équipe » en allemand se dit « Mannschaft », et non « Meinshaft ». Ach, z’est tur l’allemand ! Écrit… Lire la suite »

olivier

Bonne fête Johnny
Écrit par : Jules | 24/06/2015
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Sinon nous avons ça :

http://sport24.lefigaro.fr/auto-moto/formule-1/actualites/le-qatar-bientot-detenteur-de-la-formule-1-757283
Écrit par : Jules | 24/06/2015
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olivier

Moi non plus, je n’avais pas vu le changement de prénom de Vettel.
Serait-ce une petite facétie de Johnny pour voir si l’on est attentif ?
J’avais en revanche remarqué « Meinshaft ». L’Alsacien que je suis a sans doute quelques facilités dues à la proximité géographique, mais la langue allemande n’est effectivement pas simple et je suis loin d’être germanophone.
Écrit par : Olivier Favre | 24/06/2015
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