Quand l’opportunité nous a été donnée d’assister à la Porsche Carrera Cup do Brasil, il n’y a pas eu d’hésitation. Rassurez vous , cette course avait lieu au Portugal ! Deux fois par saison, le plateau brésilien au complet fait le déplacement sur le vieux continent. Nous en reparlerons.
Car notre surprise fut de constater la présence de Nelson Piquet. Son fils Nelsinho participe à la « Cup », certes, mais obtenir la présence de Nelson n’est pas fréquent. D’autant plus qu’il n’est pas venu seul. La BMW Procar M1 de 1980 était là ainsi que la Brabham BT52 de 1983 et sa famille. La sienne propre et celle de son ancienne écurie Brabham.
Olivier Rogar
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Avant tout, bravo aux organisateurs de la « Cup » qui sont parvenus à obtenir de Porsche le feu vert pour la présence de deux championnes mues par un moteur… BMW.

La BMW M1 Procar

Ce championnat Procar est resté dans les mémoires des pilotes et de ceux qui ont pu y assister. La BMW M1 jouissait à la fois d’une esthétique hors normes ( Inspirée du concept car BMW Turbo » Studie » de Paul Bracq mais due à Giuigiaro) et d’un fabuleux moteur 6 cylindres en ligne, 3.5L et 24 soupapes comme BMW savaient déjà les faire. Une gueule et un son.
Mue par le plaisir ( le marketing) et par la nécessité (l’homologation de 400 voitures pour s’engager en compétition en Gr4 et Gr5), l’idée de Jochen Neerspasch était de faire une compétition monotype regroupant les meilleurs pilotes, de F1 surtout.
BMW créait un championnat sur huit ou neuf épreuves, le dotait richement ( 5000 $ au premier, 3000 $ au deuxième et 1000 $ au troisième. Le champion recevant en fin de saison une M1.
Le championnat se déroulait pendant la saison européenne de F1. En 1979 les cinq meilleurs pilotes des essais du vendredi étaient sélectionnés pour la course Procar dont ils garnissaient les premiers rangs de la grille sur des voitures engagées directement par BMW Motorsport.

D’autres écuries pouvaient inscrire leurs voitures et leurs pilotes. De la sorte les plateaux furent très fournis. Petit problème, on ne vit ni les pilotes Ferrari (Scheckter – Villeneuve) ni les pilotes Renault (Jabouille-Arnoux). Michelin, leur fourniseur pneumatiques, ne souhaitait ne pas les voir engagés dans un championnat dont leur concurrent Goodyear avait l’exclusivité…
Niki Lauda, sur une M1 managée par BMW et Project Four (Ron Dennis) brilla davantage qu’en F1 ou la Brabham Alfa Romeo V12 lui donnait du fil à retordre. Il fut couronné au terme des huit épreuves comptant pour le championnat devant Stück et Regazzoni.
Pour 1980, la règle changea un peu, les cinq pilotes de F1 ayant été sélectionnés dès le début de la saison. Il s’agissait de Reutemann, Piquet, Jones, Laffite et Pironi. Réalisant une fin de saison implacable avec trois victoires consécutives, Nelson Piquet fut couronné devant Jones et Stück.
La Brabham BT52

De 1976 à 1979 Brabham, sous l’égide de son patron, l’avisé Bernie Ecclestone, s’était égaré dans un partenariat difficile avec Alfa Romeo. Flat 12, V12 sous différentes formes, ne firent rien à l’affaire, la victoire se refusa à eux dans des conditions normales.
D’aucuns nous rappelleront que :
- Watson faillit gagner en 1977 mais tomba deux fois en panne (d’essence en France, d’alimentation en Grande Bretatgne) alors qu’il était en tête.

- Lauda l’emporta en Suède en 1978 sur la fameuse BT46 à ventilateur, oui mais elle fut retirée aussitôt par le rusé Bernie devant le tollé qu’elle provoqua dans les autres écuries…britanniques. Il préférait se ménager leur soutien dans la lutte qui se profilait avec la FISA.
- Lauda, encore lui, l’emporta au terme du triste GP d’Italie ou se produisit l’accident du regretté Ronnie Peterson. Oui mais les deux premiers – Villeneuve et Andretti – avaient été pénalisés pour départ « volé »…

Au terme de 1979 fut scellé le sort de l’accord avec Alfa Romeo et l’on revint au bon vieux Cosworth. Le grand ingénieur Gordon Murray put à nouveau donner libre cours à son talent et concocta une compacte BT49. Elle ne réussit pourtant pas à retenir Lauda qui alla s’occuper de ses avions.


Piquet remporta trois victoires en 1980. Puis trois autres en 1981 qui lui valurent son premier titre avec la BT49C. 1982, folle saison, se limita à une victoire avec la BT50. Cette dernière faisait entrer Brabham dans l’ère des moteurs turbos avec BMW. Et arriva 1983 avec la belle BT52. Piquet, Arnoux, Prost se battaient aux avant-postes.
Arrivé au GP d’Italie Prost avait accumulé quatre victoires et dominait le championnat. Arnoux (sur Ferrari) trois. Et Piquet une seule. Mais lors des quatre derniers GP, Prost ne put marquer que 6 points – fiabilité – tandis que Piquet marqua 22 points grâce à deux victoires et une troisième place.
C’en était fait de deux points pour Piquet … Renault et Prost se séparèrent. Des soupçons concernant une essence non conforme pesèrent sur Brabham. Mais Renault qui ne pouvait que se reprocher une chute vertigineuse de sa fiabilité, ne tenta pas une réclamation. Et ce fut tant mieux pour le sport.
Le clan Brabham
La présence de Nelson était impressionnante mais que dire de celles de Gordon Murray, Herbie Blash, Bernie Ecclestone et d’autres anciens de l’écurie que nous vous invitons à reconnaitre sur les photos ?

Je n’y ai pas pensé sur le moment mais le livre de notre ami François Mazet que nous avons édité, avait bénéficié d’une préface de son ami Bernie himself. Fierté. Aurai-je dû en parler à ce dernier ? Il aurait été capable de me demander où il devait envoyer la facture ! A chacun son humour 😉



Si l’on évoque le clan Brabham, on peut également parler du clan Piquet. Le fils Nelsinho était présent. Tout comme la fille, Kelly (La compagne de Max Verstappen). Tous deux aux petits soins pour leur patriarche de père.



Il avait souvent l’air pensif Nelson. Pourtant le regard d’aigle qui le caractérise se rappelait à nous par instants. Avec fulgurance et fugacité. Sensation curieuse de constater que nos héros, eux aussi ont vieilli, nous renvoyant à notre propre trajectoire. Mais le voir tenter de piquer le portefeuille de Bernie, nous a rassuré : il a finalement su rester comme il a toujours été ! Les deux riaient bien. L’un d’avoir tenté, l’autre de ne rien avoir laché.
Le grand champion nous a gratifié de quelques tours de piste sur la BT52. C’est aussi lui qui a servi d’ouvreur à la course de « Cup ».
Remerciements
Pour l’invitation, l’accueil et l’intendance à mes amis :
Carolina Portugal (P)
Lara Pedron (Br)
Ernesto Portugal (P)
Luis C.B. (P)
Karl Rasenberger (D)
