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Grand Prix Historique de Monaco (3) Stirling Moss

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Stirling Moss était à Monaco. Il a participé à un débat sur l’évolution du sport automobile, passé du mode artisanal au mode industriel en quelques décennies. Entouré d’Emanuele Pirro, Ray Mallock, Jochen Mass, Alain de Cadenet.

Olivier Rogar

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3 Stirling Moss
2 Anthony Beltoise
1 Carte postale

STIRLING MOSS

Je ne ferai pas la synthèse du débat. Si vous nous lisez, vous savez que le sujet relève davantage du constat que de l’hypothèse. Il s’impose à nous. Alain de Cadenet nous a rappelé qu’en 1972 il avait financé l’étude et la construction d’une voiture ainsi que son engagement sur une saison avec 5000 livres sterling…

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La déférence dont chacun faisait montre vis-à-vis de Sir Stirling nous permet d’évaluer non seulement la marque qu’il a laissée dans nos esprits de passionnés, mais aussi le respect qu’il inspire à ses pairs.

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Le 13 mai 1956 il gagnait à Monaco son second Grand Prix. Une course de 3 heures menée de bout en bout, entre trottoirs et murs, sur une chaussée maculée d’huile et sous la pression d’un Fangio déchainé. Après avoir été retardé par une touchette à Sainte Dévote, celui-ci n’aura de cesse de compenser le handicap de sa Ferrari-Lancia « tordue » en battant plusieurs fois le record du tour. Y compris dans le 100e et dernier ! ( A 4/ 10 de sa pole position…). Mais la Maserati de Moss l’emportera avec encore 6 secondes d’avance.

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Peut-on imaginer le pilotage de cette monoplace de 620 kg développant 270 cv, assise sur ses pneus étroits, freinée par ses quatre gros tambours et relancée par sa boite à quatre vitesses, trois heures durant ? Stirling Moss l’évoquera pendant son interview ; il était très difficile de rester concentré toute cette durée. Il le fallait pourtant pour finir. Tout en restant rapide pour finir par gagner.

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Pierre Ménard et Jacques Vassal avaient souligné dans leur livre consacré à Moss, « Le champion sans couronne »(*), l’impression laissée à un Johnny Rives qui assistait à son premier Grand Prix à ce niveau :
« Nous [étions] au virage du Bureau de Tabac. Nous dominions la piste. Accoudés à la balustrade, on voyait les voitures de face. […] La première voiture qui émerge de la chicane : une Maserati rouge, rutilante, avec un pilote en polo blanc et casque blanc. Moss. Il monte les vitesses, très rapprochées, on est surpris. Il se rabat contre le mur du Bureau de Tabac, il ne freine pas et je me dis : « l’accident est inévitable ». Il rentre une vitesse, il tourne tranquillement, la roue arrière droite en appui, le visage impassible, la tête inclinée vers la gauche. La voiture frôle le mur., il monte ses vitesses., avec au moins 200 mètres d’avance. Je suis resté confondu par ce passage. »

L’homme au polo blanc et sa voiture étaient réunis à Monaco. Soixante ans après leur exploit.

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Photos © Olivier Rogar ( Sauf la Maserati en course © DR) 

(*) : fonds Johnny Rives, « Moss, Le champion sans couronne, Les légendes de la formule 1, Editions Chronosports. Pierre Ménard et Jacques Vassal. »

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Olivier Rogar

« D’aussi loin que je me souvienne l’automobile m’a passionné. Les cartes postales de tacots, les goûters au Pub Renault avec ma tante puis la course de côte de Saint Antonin à Aix en Provence et enfin le Grand Prix de France au Paul Ricard m’ont fait passer d’Auto-Poche et l’Automobile à Sport-Auto, Auto-Hebdo, et – surtout – l’Equipe. Fascination pour les protos du Mans d’abord. Puis pour les F1 lors de cette incroyable saison 1976. Monde aussi inaccessible que fascinant que j’ai fini par tangenter en 1979-80 au Paul-Ricard puis en Angleterre. Les quelques photos que j’y avais commises et cette passion inextinguible m’ont amené à collaborer avec l’excellent « Mémoires des Stands » puis, à sa disparition, en 2012, à créer Classic COURSES avec l’aide et les encouragements de Pierre Ménard et Johnny Rives. L’esprit d’entreprise qui m’habite trouve dans le sport automobile les valeurs de précision, de prise de risques, de rapidité à prendre des décisions dont la maîtrise conditionne toute réussite. »

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richard JEGO

Chapeau M.MOSS :
vous avez été un très grand pilote et en avez bien profité notamment coté groupies . SVP , cessez ce coté people qui ne vous grandit pas .

François Blaise

Avec ton commentaire sur Stirling Moss , je me retrouve dans les années cinquante et cela me redonne un coup de jeunesse Olivier ! Merci à toi ! Tous les anciens comme moi se souviennent de ce grand pilote anglais que nous appelions  » le champion sans couronne  » après son dernier G.P. C’est en effet lors du meeting de Pâques en 1962 sur le circuit de Goodwood que Stirling au volant de sa Lotus échappa miraculeusement à la mort suite à une sortie de piste, restant longtemps prisonnier dans la carcasse de sa Lotus. Stirling Moss a remporté de… Lire la suite »

richard JEGO

François ;
on connait l’histoire , tout comme celle d’Aintree ou MOSS se demande encore si FANGIO l’a laissé gagner .
Seuls les résultats comptent .
Quant au titre de HAWTHORN en 58 , quelle betise de Stirling d’avoir ainsi con -sacré le responsable et coupable des morts aux 24H du MANS en 1955 .
Heureusement pour la morale , la grande faucheuse passa peu après quand Mike avec sa JAG voulut faire la course avec la MERCO de ROB whisky WALKER .

René Fiévet

Humm… Nous voilà fixés sur l’idée que Richard Jego se fait de la morale. Pour ma part, je ne vois aucune justice immanente dans la mort de Mike Hawthorn. Même si Hawthorn peut-être considéré comme le responsable de la catastrophe du Mans (mais ce point est encore un sujet de discussion), ce fut évidemment totalement non intentionnel de sa part. S’il avait, ne serait-ce qu’un instant, imaginé les conséquences, il n’aurait jamais accompli cette manœuvre qui lui fut tant reprochée. C’est ce qu’on appelle un incident de course. Rien n’est plus désolant que les circonstances stupides de sa mort, en… Lire la suite »

Johnny Rives

Bien d’accord avec vous, René. Deux déroutantes réactions de notre collègue qui intime à Moss d’abandonner son « coté people » avant d’estimer qu’ heureusement pour la morale (???) Hawthorn a trouvé la mort dans l’accident de la route que l’on connaît. Perplexité…

CHRETIEN Pierre

Tout à fait d’accord avec vous, Johnny. Avec vous je me rappel les lundi matin où je « dévorais » l’équipe en dernière page, pour revivre le GP de la veille. J’avais déjà suivi à la radio la bagarre de de Stirling Moss avec Jean Behra aux 24h de 1969, mais ma révélation s’est produite au GP de MONACO 1961, cette fois-ci à la télé chez ma tante et mon oncle. (c’était mon premier GP F1). Cette superbe bagarre que s’est livré Moss face à l’armada des Ferrari m’a « tenue en haleine » tout au long de ce GP. Ses passes d’arme avec… Lire la suite »

Jacques VASSAL

Ayant eu la chance de rencontrer et d’interviewer en longueur, et plusieurs fois, Stirling Moss en tête-à-tête, je ne vois décidément pas où se situe son côté « people ». C’est là une vision de notre 21e siècle hyper-médiatisé. Quand Moss courait au siècle dernier, la question ne se posait même pas, quand bien même les pilotes de course étaient souvent admirés – y compris par des jeunes femmes. Mais la vérité se passait sur la piste et uniquement là. J’étais encore un gamin quand j’ai vu Moss courir, et pas qu’en Formule 1. En Grand Tourisme et en Formule Sport aussi.… Lire la suite »

Luc Augier

Fangio, Moss et Clark : je pense qu’ils sont les seuls à avoir été reconnus comme les maîtres de leur époque respective par leurs propres pairs.

richard JEGO

Aucune perplexité : Quand parce que l’on est anglais quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale et au volant d’une JAGUAR verte, on prend la MERCEDES grise conduite par FANGIO pour plus qu’un concurrent , que l’on oublie qu’il ne s’agit pas d’un GP mais d’une course de 24H : Mike est avec cette stupide manoeuvre car elle fut intentionnelle pour rester avec sa JAG devant la MERCO le seul responsable et coupable d’une centaine de morts innocentes de spectateurs .Autre signe de son énervement : malgré les freins à disque que seul JAGUAR avait il dépassa… Lire la suite »

richard JEGO

Au passage , puis je recommander l’achat et la lecture du très excellent livre de CHRIS NIXON s’il est encore disponible : Mon ami MATE , qui retrace les vies de Peter COLLINS et Mike HAWTHORN .
Et bien sur parle du MANS 55. Edition française en 1992 par RETROVISEUR/didtribution par ETAI . Edition anglaise par Transport bookman publication /Isleworth MIDDLESEX TW7 7BG .
Je me permets de citer HAWTHORN en p.127 au sujet de 55 : » c’est entièrement ma faute « .

richard JEGO

Mr VASSAL :
le coté people de MOSS était dans sa collection de groupies , certes en concurrence directe avec d’autres pilotes à l’époque dont Hawthorn .
Bien sur il fut un pilote de très grand talent et le seul qui aurait pu concurrencer CLARK au début des années 60 dans la F1 1500
.Dire l’un n’empeche pas de dire l’autre

Christophe Montariol

À propos des grands seigneurs d’Outre-Manche, Lionel Froissard vient de rendre un bel hommage à Jackie Stewart. C’est ici : http://www.sportetstyle.fr/Stories/article/a,2750,jackie-stewart-un-styliste-au-volant.html?1463986813
Bonne lecture

Manel Baró

September, 17th : Happy 90th Birthday Sir Stirling !