GP d’Autriche 2019 par Johnny Rives
LES JEUNES LOUPS MONTRENT LA VOIE
Tout était trop beau ! Longtemps que l’on n’avait vécu un grand prix aussi intense. Aussi indécis. Aussi prenant. Le règne répétitif des Mercedes était remis en cause. Ferrari avait enfin étalé les forces espérées. Charles Leclerc avait affiché du haut de ses 21 ans la tranquille assurance d’un pilote d’exception, éclipsant comme à Bahrein des champions du monde – Vettel et Hamilton. Mieux enfin : Max Verstappen, dans sa folle poursuite, paraissait soudain capable de dynamiter tout ça ! Plus les tours passaient, mieux sa Red Bull répondait à ses ambitions démesurées. Son retard sur Leclerc, le dominateur du jour, fondait comme de la neige dans la fournaise de Spielberg. L’affrontement entre les deux magnifiques jeunes loups déboucha sur le paroxysme tant espéré. La F1 revivait enfin. Hélas, trois fois hélas, les commissaires sportifs s’en mêlèrent encore ! Le sublime duel avait duré quelques secondes. Mais il entraina plusieurs heures de débats, gâchant tout. Tout ça pour aboutir à un non-lieu qui stigmatise l’incohérence règlementaire. L’essentiel n’est pas ce qu’il s’y est dit. Mais sur ce que l’on avait vécu sur la piste grâce à Verstappen et à Leclerc. Sur rien d’autre. La survie de la F1 en dépend. Personne en haut lieu n’est-il capable d’en prendre conscience ?
Johnny Rives.
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- 2015 GP d’Autriche par Johnny Rives – Vainqueur Nico Rosberg
- 2014 GP d’Autriche par Johnny Rives – Vainqueur Nico Rosberg
Résumé de la course f1.com
FERRARI DEUX FOIS BRIMÉ

GP d’Autriche 2019 – Acteurs et spectateurs s’accordent sur un point que le législateur de la F1 néglige obstinément : trop de place est laissée au tapis vert. On souhaite que les courses se disputent sur la piste et nulle part ailleurs. L’enquête (?) diligentée par les caciques à l’issue du duel Verstappen-Leclerc ne pouvait déboucher que sur un échec : priver Max d’une victoire acquise de haute lutte, ou ne pas accorder à Charles l’avantage qui, au Canada, avait été offert à Hamilton au détriment de Vettel. C’était soit l’injustice, soit l’incohérence. Cela explique la longueur inhabituelle que réclama la décision. Au Canada il avait été reproché à Vettel d’avoir contraint Hamilton de freiner pour ne pas l’accrocher à la suite d’une faute de pilotage dont Sebastian s’était pourtant sorti avec brio.
Lors du GP d’Autriche 2019, Verstappen a fait « pire » (?). Il a carrément poussé Leclerc hors de la piste, ce qui en théorie aurait dû être plus grave aux yeux du législateur. Mais, finalement, les commissaires n’ont vu là qu’un « fait de course ». Canada, Autriche : deux épisodes, deux jugements… et deux verdicts contraires ! Ferrari est en droit de se sentir lésé. L’erreur date du Canada. Pour ne pas la rééditer, les juges sont tombés dans l’incohérence. On applaudit au sauf-conduit accordé à Verstappen en Autriche. Mais il aggrave considérablement celui qui n’avait pas été accordé à Vettel au Canada. Pour échapper à ces erreurs paradoxales, un seul remède : priver les commissaires sportifs du trop large pouvoir dont ils ont le privilège. Et dont ils abusent jusqu’à l’ivresse. La redoutable ivresse du pouvoir, justement.
LES ERREURS DE FERRARI
Déçu, et on le comprend, par l’issue de l’imbroglio de Spielberg, Charles Leclerc n’a pas été battu seulement par le résultat de l’enquête menée (?) par les commissaires sportifs. Il a également été victime d’une erreur stratégique de son équipe. Qui contrairement à ce qu’avaient fait Mercedes et Red Bull s’est qualifiée en sorte d’aligner au départ ses deux F1 rouges en pneus tendres. Là où ses adversaires avaient eu la sagesse de choisir des pneus médiums, plus résistants, pour le départ. Résultat : Leclerc a dû changer ses pneus dix tours avant Verstappen. Si bien qu’en fin de parcours Max vit sa course-poursuite facilitée par des pneus en meilleur état que ceux de Charles. Il sut magnifiquement en tirer parti.
Ferrari a commis une autre bévue, payée celle-là par Vettel. Déjà handicapé pour n’avoir pu disputer la Q3, ce qui lui valut de partir en 9e position, l’Allemand fut victime d’un changement de pneus catastrophique – ses mécaniciens n’étant pas prêts quand il se rua à son stand. Il y perdit une bonne poignée de secondes (6 secondes d’arrêt au lieu des 2’’6 qui furent nécessaires pour Leclerc). Cela lui coûta possiblement la 3e place – qu’il concéda à Bottas pour moins d’une seconde.
LE TALON D’ACHILLE DES MERCEDES

« Ce fut pire que prévu », concéda Valtteri Bottas après la course. Celle-ci valut à Lewis Hamilton son pire classement de la saison (5e). Mercedes s’attendait à ce que ses belles W10 souffrent de la chaleur sur ce circuit où la réussite leur fait obstinément défaut. En tentant de surmonter cet inconvénient par un pilotage plus audacieux, Hamilton en paya la note par un changement de pneus qui dura 11 secondes – le temps de changer son aileron avant endommagé par des passages trop intempestifs sur les vibreurs délimitant les virages. Sa défaite était consommée. Bottas réussit à sauver la mise en préservant sa troisième place devant Vettel avec une marge aussi étroite qu’au GP de France où Leclerc avait menacé sa 2e place sans plus de succès. Les deux hommes de Mercedes ne cachent pas qu’ils envisagent avec la même appréhension le GP de Hongrie (4 août) disputé sur un circuit aussi étriqué et par une météo souvent suffocante.
McLAREN EMERGE DU PELOTON
Le résultat remarquable des McLaren au GP d’Autriche 2019 (Norris 6e, Sainz 8e) ne constitue pas une réelle surprise. On avait eu un premier aperçu des progrès dus à la nouvelle MCL34 quand Carlos Sainz s’était classé 6e à Monaco. Au GP de France, cela avait été mieux encore, quand Sainz et son équipier débutant en F1, Lando Norris (19 ans) s’étaient maintenus à l’avant du gros peloton des « autres ». Norris n’en avait été délogé qu’en raison d’une défaillance du circuit hydraulique en dépit de quoi il avait offert une résistance héroïque à Ricciardo.
A Spielberg, les circonstances faisaient de lui le leader de son équipe, Sainz ayant été rétrogradé en dernière ligne sur la grille pour « de nouveaux éléments moteur ». Tandis que l’Espagnol, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, effectuait une sensationnelle remontée le conduisant de la 19e à la 8e place, Norris se maintenait avec brio et constance à l’avant du peloton pour arracher une splendide 6e place au détriment de la Red Bull de Pierre Gasly, excusez du peu. Heureusement pour Renault que McLaren est là pour exploiter l’engin développé par les techniciens français à Viry-Chatillon. Car sur les F1 Renault officielles, Ricciardo et Hulkenberg ne disposent de toute évidence pas d’un châssis aussi compétitif. Il n’y a que le team principal de Renault, Cyril Abiteboul, pour estimer que son équipe est «au même niveau que McLaren».
THE MAGNIFICENT FIVE

On approche de la mi saison et l’occasion nous est offerte de paraphraser le titre de l’un des plus fameux westerns de l’histoire du cinéma : « The Magnificent Seven » de John Sturgess (en français : Les Sept Mercenaires). Car la lecture des résultats, après neuf des 21 grands prix programmés en 2019, permet de relever la domination impressionnante de cinq des 20 pilotes alignés depuis le coup d’envoi en Australie. A la seule exception du GP de Monaco, où Leclerc n’avait pas rallié l’arrivée, ils se sont régulièrement classés dans les cinq premiers avec plus ou moins de réussite – Hamilton dominant leur quintette avec ses six victoires. La seule 5e place leur ayant échappé est revenue à Gasly (Monaco), lequel, totalisant 43 points, devance largement les hommes de McLaren au championnat : Sainz (30) et Norris (22). Est-ce suffisant aux yeux des sévères dirigeants de Red Bull ? On en fait le vœux…
COTE D’AMOUR ET.. DE DÉSAMOUR !
A Spielberg, nous avons aimé :
*** Verstappen, Leclerc, Norris, Red Bull, Honda. ** Vettel, Sainz, McLaren. * Raïkkonen, Alfa Romeo.
Nous avons moins aimé :
°°° La règlementation sportive de la F1 (incohérente). °° L’équipe Haas. ° L’équipe Renault.
Classement « Classic Courses » après le GP d’Autriche 2019 :
Nous avons aimé :
14 * Lewis Hamilton - 11 * Max Verstappen 8 * Valtteri Bottas - Leclerc 7 * Vettel 6 * Mercedes 4 * Norris 3 * Ferrari - Sainz - Red Bull - Honda 2 * Renault - McLaren 1 * Albon - Perez - Gasly - Stroll - Hulkenberg - Ricciardo - Circuit Gilles Villeneuve - Raikkonen - Alfa Romeo
Nous avons moins aimé :
-9 ° Renault -8 ° Ferrari - Règlement sportif -4 ° Haas -3 ° Kvyat -2 ° Giovinazzi - Vettel - Ricciardo -1 ° Le circuit de Melbourne - Grosjean - Stroll - Mc Laren - Alfa-Romeo
Verstappen a réussi l’une des plus belles courses de ces 10 dernières années. Une remontée fantastique comme avait pu le faire Ricciardo au Canada en 2014 ou Button toujours à Montréal trois ans auparavant.
C’est la course de l’année… et la photo de l’année : le regard de Leclerc en dit long. Ce n’est pas de la fureur, ni de la déception, c’est du « Tu ne l’emporteras pas au paradis ! »
Salut Eric
Que penses-tu qu’aurait fait Leclerc s’il avait été à la place de Verstappen !…
PhBochet
Hello Palois,
S’il avait été à la place de Verstappen, Leclerc aurait probablement fait la même chose, on est bien d’accord : c’est le sel de la F1.
Amitiés toujours
L’incohérence de la FIA, le mot clé de ce Grand Prix…
Eh oui, Johnny vous aviez raison de continuer de regarder les GP et d’espérer en la capacité des pilotes à nous offre de belles courses ! Plutôt que de me rendre, sans aucun embouteillage, au Ricard proche de chez-moi , j’aurais mieux fait de prévoir un petit voyage en Styrie…
Verstappen mérite sa victoire autant que Vettel méritait la sienne.
Souhaitons que la prochaine soit pour Charles !
Tout à fait d’accord sur le résultat final de ce GP d’Autriche et je me régale toujours autant des compte-rendu de Johnny RIVES. Remplaçons les décisions sur tapis vert en glissant une peau de banane sous les pieds de ces « commissaires » pour leur éviter de dire et faire n’importe quoi qui fait du tort à un sport que j’aime… depuis 1966 date de mon premier GP.
Désolée pour l’ambiance ( ?), mais c’est à la télé qu’on suit le mieux un GP … ou pas ! C’est vrai que le dernier nous a tenus en haleine. Mais comment ne pas se révolter contre ces pénalités débiles ?
Il faut un grain de folie (au moins) pour piloter une F1, laissons la folie s’exprimer… d’autant que les risques ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années !
Vive le vrai sport automobile, pas celui du tapis vert !
Christine Beckers
Ma chère Christine, je suis entièrement d’accord avec toi. On veut voir de vrais courses même si certaines passes d’armes sont viriles. Bises
Bravo Christine ! Tu as absolument raison sur toute la ligne. A bientôt le plaisir de nous revoir.Sinceres amitiés. François
Tout a fait d accord avec vous les formules 1 actuelles sont laides trop surchargees et trop longues elles sont actuellement plus longues que des limousines avec un empattement de plus de 3 metres et donc trop lourdes. Revenons a des mensurations plus raisonnables . Quand aux pneus personne n y comprend rien je ne suis même pas sûr que deux trains de même qualité (si on peut utiliser ce terme pour Pirelli) réagissent de façon identique sur un même châssis. C est vraiment une honte.
Enfin un G.P. comme nous les aimons ! Merci messieurs les commissaires sportifs de bien vouloir continuer sur cette voie en privilégiant avant tout la passion de la F.1 sur ces stupides réglementations qui pénalisent cette merveilleuse discipline.
On aurait eu un sentiment d’inachevé si Verstappen au terme de sa charge n’avait pu l’emporter. Leclerc n’a rien à se reprocher car c’est la mauvaise stratégie de Ferrari comme le rappelle Johnny Rives qui ne lui a pas permis de se défendre à armes égales. Le dépassement de Verstappen n’avait rien de scandaleux il était sur un autre rythme et on n’a pas vu d’affrontement brutal versus Rosberg Hamilton en 2016. Les commissaires ont tranché dans le sens de la course comme au Canada où Vettel sous pression avait court-circuité un virage qui lui aurait valu l’annulation de son… Lire la suite »
Logique, rien à ajouter ! Si ce n’est que Canal nous a encore vraiment gâtés le weekend dernier avec la F.2, la F.3 et le Grand Prix moto des Pays-Bas, avec à chaque fois des courses passionnantes qui nous ont fait oublier le morne G.P. de France. Je ferai quand même un commentaire (plaisir d’écrire sans doute…) Outre effectivement la toute puissance des commissaires qui bientôt n’auront plus rien à envier aux technocrates autophobes de la Délégation à la sécurité routière, plusieurs choses m’ennuient d’une façon générale : l’incroyable rôle des pneumatiques dans le déroulement des courses (Jacques Villeneuve en… Lire la suite »
Bonnes remarques. Juste un détail. Si les méchantes langues ne se sont pas trompées, Bernie (on n’en parle plus, de l’omniprésent vieillard, depuis qu’il a lâché les rênes…) aurait demandé à Pirelli : « Êtes-vous toujours capables de fournir au plateau de la F1 des pneus aussi pourris et imprévisibles que lorsque vous fournissiez Brabham ? » Réponse : « Oui. » Conclusion : « Banco ». Et le deal, compte tenu de la si merveilleuse incertitude (?!) qu’il introduit, a été reconduit par le nouveau pouvoir. À moins qu’il n’y ait d’autres obscures raisons moins sportives. N’y a-t-il pas eu une offre de Michelin récemment… Lire la suite »
Paul Ricard ; sorry M.RIVES mais circuit archi nul , tout plat ou le spectateur ne voit que le bout de ligne droite ou le virage ou il s’est installé et qui n’a jamais délivré de GP chargés en émotion ( à part 1 ou 2 peut etre grace à Senna ). C’était ainsi lors de ma 1ère viste en 76 ( je ne voyais que la courbe de Signes )et ça n’a pas changé depuis dans les années 80 . A1 ring : circuit certes très court avec avec moult virage MAIS 63 m de dénivelée . Donc visi… Lire la suite »