14/08/2025

Enzo Ferrari 14 aout 1988

14 aout 1988. Je partage avec son accord le message privé que je reçois à l’instant de mon ami le Professeur Carani medecin d’Enzo Ferrari, Il relate avec une émotion portée à son comble les dernières heures du Drake. Je ne modifie rien de ce que m’écrit Cesare. J’ajoute seulement que le Dino cité est Dino Tagliasucchi , le chauffeur et « aide de camp » de l’Ingegnere.

Jean-Paul Orjebin

Tandis que j’essaie de le réconforter avec des médicaments, quelques mots et un peu de morphine (voir la photo avec la mallette et le médicament original, le CARDIOSTENOL, alias la morphine, utilisé pour Ferrari), Ferrari fait un signe de la main à Dino et, presque à voix basse, dit : « Va dans le bureau. Sur la table se trouve un exemplaire de la dernière édition de 1987 de Piloti che gente. Apporte-le ici.» Ayant reçu le livre, il le pose sur le lit, prend le stylo sur la table de chevet, ouvre la première page et, d’une main tremblante et instable, visible sur l’original, écrit :
« Au professeur Carani
Ferrari »

Je le remercie, mais je ne peux pas le regarder en face ; en ma présence, Ferrari a toujours enlevé ses lunettes de soleil : je me tourne vers la fenêtre car je réalise que mes yeux sont pleins de larmes. Il supplie de plus en plus souvent : « Lasem murir, an in poss piò » (Laissez-moi mourir, je n’en peux plus).

À mesure que la maladie s’aggrave, le supplice de la dialyse, devenu inutile, est suspendu, et mon objectif principal devient d’épargner toute souffrance à l’ingénieur Ferrari. Grâce à la morphine administrée par voie intramusculaire à raison d’une ampoule toutes les 12 heures, je parviens à soulager la douleur physique et les démangeaisons et à lui permettre de se reposer presque toute la journée. Du 12 août au 14, jour de sa mort, il dort presque sans interruption.
Le 14 août, le professeur Baldini est occupé, et j’arrive un peu tôt le matin.

Cet article qui pourrait vous intéresser :  Ferrari, Lamborghini, Venise, Clapton 2/2

Les deux « Giuliane » me disent qu’il continue de dormir et ne se plaint jamais. Je m’assois à côté de lui, lui tiens la main, lui prend le pouls, écoute son cœur de temps en temps, vérifie sa tension artérielle, et réalise que nous nous rapprochons de plus en plus de la fin. Piero passe le plus clair de son temps dans la salle d’attente ; De temps en temps, il entre et je l’informe de la mort imminente de son père.

Je me retrouve donc seul avec Ferrari à mes côtés, sa respiration de plus en plus difficile et son pouls de plus en plus faible. J’écoute mon cœur et perçois un rythme cardiaque appelé « galop », prélude à une mort imminente.
Puis le pouls s’arrête, accompagné d’une respiration prolongée : c’est ainsi que Ferrari meurt.

J’appelle immédiatement Piero, Dino et les deux « Giuliane » qui se tiennent à quelques mètres. Je présente mes condoléances à Piero pour la perte de son père.

5 2 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notifier de
guest

2 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments

D’autres articles à découvrir :

Vous avez apprécié cet article ? Partagez-le !

Facebook
LinkedIn
WhatsApp

Visitez notre boutique en ligne :

Vos commentaires les plus récents :

  • Olivier ROGAR sur Enzo Ferrari 14 aout 1988: “Quand on parle de message privé, c’est par opposition à un post récupéré sur FB ou ailleurs. On a beaucoup…Août 15, 14:41
  • richard JEGO sur Enzo Ferrari 14 aout 1988: “Bonjour Monsieur , Message privé , écrivez vous .Alors pourquoi ne pas l’avoir laissé ainsi : privé . A moins…Août 15, 11:47
  • Linas27 sur Grand Prix de France 1975: “C’était mon second GP … Je n’ai jamais senti la « witch » postée en spectatrice à côté de moi au contraire…Août 14, 20:37
  • Claude sur Jean-Luc Thérier : un Grand: “« Jamais il ne remporta le Monte-Carlo et ce fut son plus grand regret »Comme Larousse en 68 et a cause dés…Août 8, 12:28
  • francis rainaut sur Grand Prix de Suède 1975: “Antoine, le beatnik centralien, nous conta jadis toutes les à-cotés de ses virées en Suède. On en attendait un peu…Août 6, 19:35

Contribuez à Classic-Courses

Pour raconter l’histoire de la course automobile, il nous faut du temps, de la documentation, des photos, des films, des contributeurs de tous âges et des geeks qui tournent comme des F1 !

Nous soutenir

Pour que notre aventure demeure bénévole et collaborative et que nous puissions continuer à écrire nos articles au gré de nos envies, en toute indépendance.