La photo fait l’histoire. Nous nous sommes penchés sur quelques-unes d’entre-elles, prises au cours des 24 Heures de Daytona 1971 dont nous ignorons parfois les auteurs. Porsche – Ferrari ou la dernière année d’un fameux mano a mano entre deux titans en endurance.
Michel Delannoy
24 Heures de Daytona 1971, jusqu’au drapeau rien n’est perdu
Cette belle photo montre la compétition entre Ferrari et Porsche aux 24 Heures de Daytona 1971. Ronnie Bucknum et sa Ferrari 512 S Spyder du NART mène Arturo Merzario et sa Ferrari 512 S Spyder Escuderia Montjuich alors qu’ils sortent des virages relevés, n°1 et 2.

Suivant les Ferrari, Vic Elford dans une Porsche 917 K Martini & Rossi. Bucknum et son copilote Tony Adamowicz finiront très près derrière la Porsche Gulf 917 K gagnante de Pedro Rodriguez et Jackie Oliver.
Merzario et son copilote Jose Juncadella ne parviendront pas à terminer en raison d’une mauvaise pompe à essence. Elford et son copilote Gijs van Lennep ne parviendront pas à terminer car leur Porsche a crevé un pneu dans un virage relevé et a heurté durement le mur.
En 1971, l’usine Porsche a continué à soutenir des équipes comme Gulf et Martini tandis qu’Enzo Ferrari a retiré son équipe du championnat d’usine en raison principalement du coût.
De plus, Porsche les a humiliés en 1970 en remportant toutes les courses du championnat sauf Sebring où Mario Andretti a gagné au volant d’une Ferrari d’usine après l’abandon des Gulf 917 à cause, principalement, de moyeux de roue défectueux.
Pour 1971, Ferrari a laissé aux équipes privées le soin de porter la bannière Ferrari. Malheureusement, 1971 serait la dernière année où nous verrons 917 Porsche et 512 Ferrari en compétition car la FIA les a légalement interdits de championnat pour la saison 1972. Cependant, des gens chanceux comme nous se souviendront toujours d’eux qui les ont vus courir pendant ces Glory Days of Racing. (Sutton Images.)
Les faiseurs de miracle

J’aime cette photo car elle en dit long même si elle ne vaut pas un livre complet.
Pour les non-avertis, cela ressemble à un groupe de mécaniciens Gulf heureux après une course. Pour les esprits plus avertis, c’est un groupe de faiseurs de miracle qui a sauvé la victoire de la Gulf Porsche de J.W. Automotive.
Contrairement aux années précédentes, en 1971, la FIA n’autorisait pas les échanges de transmission mais imposait des reconstructions totales.
Les mécaniciens sur la photo ont effectué une reconstruction remarquable en 92 minutes, juste à côté du mur. Ils ont utilisé les pièces de transmission de l’autre 917 de l’équipe qui avait déjà abandonné et quand ils ont terminé, leur voiture avait perdu la tête au profit de la Ferrari 512S NART de Tony Adamowicz et Ronnie Bucknum.
Pedro Rodriguez a bondi au volant et, au prix d’une attaque dont il nous a souvent régalé, s’est chargé de reprendre la tête, ce qu’il a fait dans la dernière heure, et ils ont remporté la course avec moins d’un tour d’avance. C’était l’arrivée la plus serrée des Daytona 24h jusqu’à ce moment-là.
Sur la photo, Alan Hearn, Ray Jones, Ermanno Cuoghi et Jo Ramirez. Les sourires sur leurs visages disent tout, Gulf Porsche remporte Daytona deux années de suite grâce aux faiseurs de miracles ici en photo.
« Crazy gringo ! »

Une autre de ces magnifiques photos de sport automobile en dit long. Cette photo a été prise lors de ces mêmes 24 Heures de Daytona 1971 et montre des mécaniciens travaillant sur la Porsche Gulf 917 en réparation contre le mur des stands.
Mais il y a bien plus à raconter derrière cette photo. Regardez à gauche. Il s’agit d’un pilote britannique très découragé, Jackie Oliver, et derrière lui se trouve son coéquipier dégoûté, le Mexicain Pedro Rodriguez.
Vous voyez la 917, sur laquelle travaillent les mécaniciens, elle était en tête avec plus de 200 miles d’avance en fin de course lorsque la transmission s’est bloquée sur une vitesse dans un virage relevé.
Sans aucun doute, Pedro pensait qu’Oliver avait fait quelque chose pour ruiner ses chances de remporter une deuxième victoire consécutive à Daytona (« Crazy gringo ! »).
Mais un miracle s’est produit. Les mécaniciens de Gulf ont pu reconstruire complètement la transmission en 92 minutes en utilisant les pièces de transmission de l’autre 917 de l’équipe qui avait abandonné plus tôt.
Pedro a ensuite bondi dans la voiture pour rattraper et dépasser la Ferrari 512 S NART, qui était passée en tête. Pour Tony Adamowicz et Ronnie Bucknum la victoire semblait proche jusqu’à ce moment-là.
