FERRARI POZZI

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FERRARI POZZI – Ferrari est sans doute la marque automobile ayant fait l’objet du plus grand nombre de livres publiés. Parmi eux, quelques « indispensables », pas mal d’utiles ou d’agréables et quelques oubliables. Ferrari et ses hommes. Ferrari et ses femmes. Ferrari et ses pilotes. Ferrari et la course. Ferrari et les voitures de sport et GT. Ferrari et la Formule 1. Ferrari et son usine. Ferrari et la politique. Un peu comme Tintin au Congo, Tintin en Amérique…

Curieusement, jusqu’à présent, il n’y avait pas de livre sur Ferrari et la France. L’importateur Charles Pozzi, les Ferrari de Pozzi en compétition. Leurs pilotes et leurs mécanos. Grâce à Arnaud Meunier, un auteur passionné qui a eu le courage d’éditer lui-même son livre, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Jacques Vassal 

Pozzi

CARLOS POZZI

Tout commence quand le jeune Carlos Pozzi (né en 1909 à Paris et d’ascendance italienne) est conduit à Montlhéry par son oncle pour assister à une course sur l’autodrome. Une passion naît, qui ne le quittera plus. Dès 1930, au Garage du Parc à Neuilly, il débute dans la vente d’automobiles. En 1932, il ouvre son propre garage à Saint-Maur-des-Fossés. Devenu agent Ford, il va bientôt se lancer dans la vente d’occasions de grandes marques : Talbot, Delage, Delahaye, Hotchkiss, Voisin… Devenu agent Delahaye en 1936, il va pendant l’occupation allemande transformer des véhicules (autos et camions) pour rouler au gazogène.

La paix revenue, il devient agent Talbot et trouve dans le sud de la France de belles autos sauvées de la main de l’occupant ou des dommages de la guerre. Il prend à chaque occasion le train depuis Paris pour aller les chercher et les ramène par la route. Epoque héroïque, qui lui donne l’expérience et la réputation d’un vendeur exigeant, offrant de vraies garanties à ses clients.

EN COURSE

Il se lance aussi dans la course, avec une Delahaye 135 S compétition rachetée en 1946. Il débute au Grand Prix de Nice cette année-là, aux côtés de messieurs Nuvolari ou Villoresi. Il courra aussi sur une Talbot-Lago T 26 SS modifiée et sera 3e au Parc Valentino (Turin) en 1947, où il rencontrera Raymond Sommer, vainqueur sur Ferrari 125 S. Une découverte pour Pozzi. Comme pilote, on le verra aussi en endurance, notamment aux 12 Heures d’Hyères, aux 12 Heures de Reims et aux 24 Heures du Mans. Son plus beau résultat sera (sur Delahaye 135 modifiée, moteur 175 S) une victoire au Grand Prix de l’ACF 1949, disputé à Saint-Gaudens sur le circuit de Comminges, en Formule Sport.

Pozzi 3

Les premières Ferrari vendues en France l’ont été par Luigi Chinetti, dans le sillage de sa propre victoire aux 24 Heures du Mans 1949 sur une barquette 166 MM. Mais Chinetti va partir pour les Etats-Unis, où il deviendra l’importateur Ferrari sur la côte est, puis créera une célèbre écurie de course, le NART (North American Racing Team).

Pozzi 4FERRARI

C’est alors Pozzi qui, à partir de 1953, va devenir le principal vendeur de Ferrari en France. Il vend sa première Ferrari en 1953 et acquiert très vite la confiance d’Enzo Ferrari et de son directeur commercial Girolamo Gardini. D’abord agent de la marque, Pozzi va maintenant chercher les voitures neuves à Maranello. Il les ramène à Paris par la route – quelque 1200 km, souvent de nuit ! et en écoule ainsi une dizaine par an. Ce n’est qu’en 1969 que Pozzi deviendra importateur officiel.

Dès lors, à l’instar du constructeur italien qui a connu lui-même une croissance de sa production et vient de laisser entrer Fiat dans son capital, le réseau Ferrari-France va croître en nombre de voitures vendues et en personnel. Le réseau s’étoffe. Au garage de Levallois s’ajoutent des agences à Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Bayonne, Nantes, Strasbourg…

ECURIE POZZI

La même année 1969, Chinetti demande au garage Pozzi de participer à la préparation et à l’entretien des voitures de l’écurie qui vont courir en France, notamment au Mans. Pozzi et son associé Daniel Marin (qui reprendra plus tard la direction de la maison) relèvent avec plaisir ce défi sportif et technique, qui les amènera avec leur équipe sur une voie parallèle au NART de Chinetti, à l’écurie Francorchamps de Jacques Swaters, à Maranello Concessionnaires du colonel Hoare et à l’écurie suisse de Georges Filipinetti.

A leur tour, ils vont créer en 1971 l’écurie Pozzi-Ferrari pour engager des voitures en compétition, au Mans, au Tour de France et au Tour de Corse en particulier. D’abord des 365 GTB/4 « Daytona » spéciales (le modèle ne sera homologué que plus tard en Groupe 4), puis des 512 BB/LM, des 308 GTB Groupe 4, des F 40 LM et des 348 Challenge. Des autos avec lesquelles vont tour à tour s’illustrer des pilotes comme Jean-Claude Andruet, Claude Ballot-Léna, Guy Chasseuil, Jean Alesi, Jean-Pierre Jabouille ou Lucien Guitteny. Avec à la clé des victoires « scratch » au Tour de France notamment et des victoires de classe au Mans.Pozzi 2

DES FERRARI ET DES HOMMES

Le beau livre d’Arnaud Meunier ne se contente pas de passer en revue les engagements en course et les modèles en question (châssis par châssis, avec palmarès); il fait aussi parler les hommes, non seulement les pilotes mais aussi les mécanos (indispensables travailleurs de l’ombre, trop souvent oubliés de la littérature sur la course automobile). Les anecdotes sont souvent piquantes, toujours instructives. A cela s’ajoute un chapitre sur le club Ferrari-France, avec des interventions de quelques éminents ferraristes français.

Au final, nous avons là un bel hommage à LA marque emblématique du sport automobile, et à la belle équipe qui lui a donné sa place en France. En plus du portrait de Charles Pozzi, homme d’une extrême courtoisie et d’une grande droiture, nous avons là en creux le portrait d’une époque encore romantique de la course automobile, et d’une équipe de vrais passionnés. Vous l’avez compris, même si on vous prévient un peu tard : c’est un vrai cadeau de Noël ! A moins que vous ne préfériez rencontrer l’auteur et vous faire dédicacer son livre lors du prochain Rétromobile, où il ne manquera d’être présent.

(« Ch Pozzi Importateur Ferrari » par Arnaud Meunier, 248 p, 24 x30 cm, 450 photos, 50 euros, commandes sur le site de l’auteur : www.ambook.fr)

Pozzi 1

Illustrations @ DR

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Jacques Vassal

Avant de devenir un journaliste bien connu dans le domaine de la chanson (américaine, française et du monde entier), et dans celui du sport automobile et de son histoire, Jacques Vassal a été un « enfant dans la course ». Ses premiers souvenirs remontent à 1952 – il n’a alors que 5 ans. – quand son père l’emmène, en Bugatti 57, assister à Montlhéry à un « Grand Prix de France » de Formule 2. Puis en 1953, il assiste à ses premières 24 Heures du Mans et au Grand Prix de l’ACF à Reims. Bien d’autres ont suivi depuis… En 1985, il entame une collaboration régulière avec Le Fanauto – le mensuel dirigé par Serge Pozzoli – puis en 1989 il devient membre à part entière de la revue Auto-Passion. En 2006, pour le centenaire du Grand Prix de France, il réalise un livre d’or pour le compte de la FFSA. Auteur d’articles historiques dans L’Année Formule 1 de 1997 à 2008 (Chronosports) et, chez le même éditeur, co-auteur avec Pierre Ménard de plusieurs biographies de pilotes dans la série « Les Légendes de la Formule 1 », il a écrit aussi pour le magazine Automobile Historique et depuis 2006, il collabore au mensuel Rétroviseur.

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Johnny Rives

Privilège de l’âge, comme on dit: j’ai vu courir Pozzi! Mais je n’ai aucun souvenir précis sur sa façon de piloter. Il a été l’équipier de François Picard aux 12 Heures d’Hyères en 1953 sur une Ferrari Mondial. Et peut-être encore en 54, mais là sans garantie… Une question: Jacques Vassal nous propose Carlos Pozzi. Ne serait-ce pas plutôt Carlo Pozzi – le prénom Carlos étant hispanique et non italien ?

Olivier Rogar

Johnny il est fort probable que tu aies raison. Jacques Vassal a néanmoins repris l’orthographe qui figure dans la présentation du livre. Le prénom de Carlo Alberto Pozzi étant devenu Charles de la même façon que celui de son presque homonyme Karl Abarth est devenu Carlo Alberto.

Georges C.

En Italien c’est Carlo.
Et sur le site d’ancien importateur, on confirme bien l’orthographe « Carlo Alberto ».

http://www.levallois.ferraridealers.com/fr_fr/a-propos-de-nous/histoire-charles-pozzi

J.P. Squadra

Cher Johnny Rives merci de nous faire partager vos souvenirs des 12H d’Hyères, romanceées dans votre  » La gueule du diable ».
Pour compléter, Pozzi a bien terminé 3ème en 53 avec François Picard sur Ferrari 166MM et second en 54 sur Ferrari 500 Mondial toujours avec Picard.

Arnaud Meunier

Bonsoir,
Son vrai prénom est Carlos, ses amis, ses collaborateurs l’appelaient Carlos. Pour tout le ‘monde’ c’était Charles… Et pour une raison que je ne m’explique pas…Carlo est apparu et fut repris d’années en années par la presse et les ouvrages. Pour avoir rencontré un grand nombre de personnes qui lui étaient proches, ils l’appelaient tous Carlos.

Espérant avoir répondu à votre interrogation.

Bien à vous,
Arnaud Meunier
http://www.ambook.fr
http://www.amphoto.fr

Olivier FAVRE

Rien ne vaut une réponse de l’auteur lui-même, merci !
Pour moi, Charles Pozzi c’est l’homme des Daytona Carrefour et Thomson et de cette fantastique triple victoire en GT au Mans, 3 années de suite en 72, 73 et 74. Et face à une opposition particulièrement relevée, à commencer par celle des « cousins » du NART de Luigi Chinetti, pas n’importe qui.

olivier barjon

Si je ne me trompe pas l’ami Jean Louis Préaubert était à la caisse à outils des Daytona…??

Oreste Morzenti

voila un livre que j’acheterai, car le sujet c’est fort intéressant et pas trop narré ici en Italie. Je vais me régaler sans doute, comme se sera pour le livre de Johnny qui narre la carriere de H. Pescarolo, autre achat que je ferai dès qu’il sera disponible en Italie.

Muratori Patrick

Bonjour à tous,
Je travaillais dans un studio de création place de la Porte Champerret. Lors de la pose déjeuner je léchai les vitrines du hall d’exposition de Ferrari Pozzi. Puis nous avons déménagé avenue Aristide Briand à Levallois-Perret… En face et à coté des ateliers Chapron rachetés par Charles Pozzi… Décidement! Je voyais les Ferrari entrer et sortir des ateliers. Les clients venaient aussi au bar d’à coté pour boire un café. Il y avait une ambiance de petite Italie avec les pilotes et mécaniciens.

Muratori

Françis Vincent a aussi piloté une Ferrari 308 « Pioneer » en rallye comme coéquipier de Jean-Claude Audruet.