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F1 2016, Silverstone : excès… de lenteur ?

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Avec cinq premiers tours disputés à la queue leu leu derrière la « safety car », le G.P. de Grande-Bretagne démarrait mal… Le bon Charly Whiting, grand maître de cérémonie de la F1, indifférent à l’ennui des spectateurs, considérait que cette frustrante entrée en matière n’était pas excessive. Telle n’était apparemment pas l’opinion d’une bonne dizaine de pilotes – dont trois champions du monde, excusez du peu : Raïkkonen, Alonso et Vettel – qui s’arrêtèrent pour se débarrasser de leur pneus « pluie » au moment où les fauves étaient enfin lâchés. La piste était plus qu’en voie d’assèchement. Un tour plus tard, Ricciardo, Massa, Button et une poignée d’autres passèrent aux « mixtes ». Les quelques entêtés à s’obstiner à rester en pneus « pluie » comprenaient les trois premiers : Hamilton, Rosberg et Verstappen. Ils attendirent un tour de plus. Un tour de trop ? Bien au contraire… Leur patience allait être récompensée par le hasard bien au-delà de leurs espérances !

                                                            Johnny RIVES.

GP Grde Bretane 2016 2 Et tout ça grâce à – ou à cause de – Pascal Wehrlein, qui fut le premier à aller explorer les bas-côtés de la piste dès son premier tour lancé. Le temps que l’incident parvienne au PC de la course, quelque vingt F1 étaient déjà passées par les stands pour troquer leur pneus pluie contre des « mixtes ». Quand Hamilton, Rosberg et Verstappen s’y décidèrent leur tour, ordre venait d’être passé d’afficher « voiture de sécurité virtuelle » ce qui obligeait tous les autres à réduire leur vitesse cependant que nos trois gaillards changeaient tranquillement de roues. Cela leur permit de rejoindre la piste avec une avance considérable, tous les autres retenus loin en arrière à quelque 80 km/h – ou guère plus. Là, le feu vert fut redonné, mais le mal (pour tous les autres) était fait. Et le bien pour eux trois, ainsi qu’un quatrième « filou »,  Sergio Perez, qui s’était arrêté en même temps qu’eux. Un Perez qui se retrouva de ce fait à une 4e place que sa position sur la grille (10e) ne laissait pas espérer si tôt… Seuls Ricciardo et Raïkkonen devaient réussir à le rattraper. Mais bien plus tard.

 Les pneus mixtes, eux non plus, ne résistaient pas très longtemps à l’assèchement de la piste. Si bien que chacun était rapidement contraint à passer aux pneus « slicks », ce que Verstappen effectua un tour après les Mercedes. Grâce à ce décalage, le tout jeune Batave eut le plaisir d’être pointé en tête de la course au 18e passage.

GP Grde Bretane 2016 1 Sur la piste encore piégeuse, Lewis Hamilton fit preuve d’une belle autorité, dominant les traitrises de Silverstone avec une impressionnante assurance, cependant que Rosberg avait été devancé par Verstappen à la suite d’un coup d’audace de ce dernier. Cela arrangeait bien les affaires de Lewis. Nico dut se battre avec acharnement avant de réussir enfin (38e tour) à reprendre l’avantage sur la décidément bien rapide Red Bull avec son moteur Renault totalement revivifié. Il y parvint au prix d’un exploit, en faisant l’extérieur à son tout jeune rival dans la difficile et rapide courbe de Stowe de la même façon que Verstappen s’était imposé à lui quelques tours plus tôt, à Becketts. Se lançant dès lors à la poursuite de son équipier Nico parvenait à lui grignoter parfois quelques dixièmes de seconde – ce qui semblait dérisoire pour regagner en 20 tours les six secondes qu’il lui avait concédées. D’autant plus dérisoire qu’un ennui de changement de vitesses interrompit son bel élan – ce dont il se sortit avec les conseils de son ingénieur qui lui coûtèrent d’être malgré tout classé 3e et non 2e comme il s’y efforça longtemps.

 Hamilton triompha donc sans difficulté apparente sur son circuit, devant son public. Ce qui n’était finalement que justice en regard de la domination qu’il avait exercée tout au long des essais et surtout en début de course, quand la piste était propice à quelques figures de voltige. Figures auxquels ne coupèrent pas quelques uns des meilleurs : Bottas, Raïkkonen, Vettel, Alonso, pour ne citer qu’eux… Et même Hamilton, qui parcourut une bonne centaine de mètres sur l’herbe mouillée après un écart, mais finalement sans la moindre conséquence.

GP Grde Bretane 2016 3 Outre les Ferrari, très en dedans par rapport aux ambitions prêtées à l’équipe italienne, le dindon de ce début de Grand Prix émasculé par un souci excessif de sécurité, fut Daniel Ricciardo. Son handicap initial dû à la « SC virtuelle » provoquée par Wehrlein s’avéra insurmontable. L’Australien franchit la ligne d’arrivée avec 18 secondes de retard sur son équipier Verstappen, sur lequel il ne prit qu’un avantage bien platonique : un meilleur tour en course (1’36’’013 pour l’Australien, 1’36’’407 pour Max). Lequel, qu’il le veuille ou non, est en train d’insidieusement lui ravir son fauteuil de leader d’équipe. Christian Horner ne doit pas sourire en considérant les difficultés avec lesquelles Toto Wolff est aux prises chez Mercedes. Il pourrait se retrouver bientôt dans une situation équivalente chez Red Bull.

Résumé vidéo de la course

Illustrations © DR

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Pierre-Antoine

Cette utilisation de la Safety Car fait débat parmi les fans. Personnellement, j’étais (et suis toujours) contre. A croire que la FIA a décrété que les départs arrêtés sous la pluie étaient interdits… Il n’y a pas si longtemps, on aurait eu un départ « normal. » Hamilton a d’ailleurs fait la comparaison avec le GP de Silverstone 2008 De toute façon, c’est l’éternel débat: sport/sécurité. Les deux sont liés: le tout est de trouver un juste milieu, et je pense que l’on est en train, depuis déjà quelques années, de sombrer dans l’excès sécuritaire. Et ce au détriment de la nature… Lire la suite »

Daniel BOUTONNET

Heureusement que les pilotes avec leur combativité et leur talent sont toujours là pour sauver la F.1 que les officiels s’ingénient à ridiculiser par leur réglementation; entre autres, toutes ces pénalités qui tombent comme à Gravelotte, ces atermoiements pour la pluie, etc. Sans oublier les éternels problèmes liés aux pneumatiques. Assurément Hamilton a été magistral mais, oui, décidément ce petit Verstappen est surprenant; quelle reprise notamment de sa voiture alors que celle-ci n’était pas loin de partir en perdition. Encore une fois, les commentaires avisés de Jacques Villeneuve sont un plaisir. Comme le sont d’ailleurs ceux de Laurent Jalabert et… Lire la suite »

envert94

Bonjour à tous, Il ne faut pas rêver, la formule 1 des années 70-90 est morte et enterrée…Nous ne pourrons plus voir des courses, comme Senna à Donington en 1993, des duels Arnoux//Villeneuve Estoril 1985 et malheureusement la liste est longue… Depuis 1994, c’est la course à la Formule 1 à risque zéro. Les circuits ont des dégagements tels que les pilotes lorsqu’ils font une faute peuvent revenir, parfois sans perdre de temps, souvent sans perdre de place. Maintenant avec les commissaires, un dépassement « viril »en 2016 est sanctionné…donc moins de dépassement. L’an prochain le Halo (mais halo quoi!), et ce… Lire la suite »

Jean Louis Bernardelli

Bonne idée de te remettre à commenter les GP. Racontés par toi, ça a encore de l’épaisseur, ce qui devient rare!

Matthieu Mastalerz

Je suis le premier à m’opposer à la nostalgie béate qui se résume à dire que tout était mieux avant, en oubliant que la plupart des choses que l’on reproche à la F1 actuelle (trop de politique, pas assez de dépassements, pilotes robots…) étaient également valables à l’époque. Ceci dit, entre cette Safety Car inutile (à quoi servent les pneus pluie…), la pénalité incongrue contre Vettel et cette application inique du règlement pour Rosberg, je ne peux qu’être fataliste sachant que c’est une tendance amenée à se généraliser… Cela me touche profondément car durant ces moments là, nous fans de… Lire la suite »

Jean-Paul Orjebin

Je note avec plaisir que Johnny Rives continue à nommer les virages plutôt que de leur attribuer un numéro .
C’est peut être un détail pour vous , mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Matthieu Mastalerz

Non il faut le souligner, si des circuits sont entrés dans l’inconscient collectif c’est aussi grâce aux virages et leur nom est parfois aussi célèbre que le circuit même. C’est triste de voir que ça s’est perdu pour les circuits modernes. Je cherche à me rappeler la dernière fois qu’un circuit récent a eu droit à ses noms de virage. Sepang en a eu mais on les a rarement mentionnés. Après, Sakhir, Shanghai et Istanbul n’ont pas eu de virages nommés (la preuve pour le dernier, son excellent quadruple gauche c’est le N°8…) et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs… Lire la suite »

Marc

…pour Mateschitz aussi ça veut dire beaucoup !
Lauda s’était plein de perdre son virage au Spielberg au profit de Pirelli ou Wurth et l’avait trés mal pris !
RB n’attribue pas des N° aux virages mais des chiffres avec plusieurs zero .

envert94

Le jour ou Lauda quittera Mercedes concurent à Red Bull, le virage retrouvera son nom…
Bizness is bizness…pour Mateschitz