F1 2015 : le billet de Johnny Rives – Italie 12

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Monza, morne plaine…

Confortablement installé au fond de son canapé, on caresse toujours l’espoir d’une bonne surprise au départ d’un Grand Prix. Force est d’avouer que l’on reste souvent sur sa faim. Et tel a été le cas, une fois encore, au Grand Prix d’Italie. Après les espoirs, clairement dissipés, d’une éventuelle averse et des impondérables qu’elle aurait pu entrainer, il nous restait ceux d’un sursaut des Ferrari…

                                                                Johnny RIVES.

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En qualification, elles s’étaient intercalées entre les Mercedes. Certes, la malchance de Rosberg – dont la F1 avait été dès le samedi dépourvue de son moteur, nouveau et revigoré, au bénéfice de l’ancien modèle utilisé depuis le Canada – avait contribué à ce relatif réveil des Rouges. Relatif car, avec cette nouvelle version du moteur Mercedes, Hamilton avait nettement tenu les Ferrari en respect. Restait tout de même le fait que Raïkkonen paraissait s’être enfin affranchi de la poisse qu’il trainait depuis le début de la saison. Il semblait avoir accaparé le rôle d’empêcheur de tourner en rond n°1. Avec tout ce que cela pouvait entrainer dans son besoin de redorer son image sous les yeux des tifosi – peut-être déçus que la Scuderia lui ait renouvelé sa confiance quand les journaux italiens avaient fait miroiter l’engagement possible de Nico Hulkenberg pour 2016 à sa place. Hélas, trois fois hélas, tous ces espoirs s’effacèrent en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Et le Grand Prix d’Italie nous fit sombrer, comme la plupart des précédents, dans une léthargie contre laquelle l’enthousiasme des tifosi ne pouvait rien.

Raïkkonen out, Rosberg out ? Ce sont décidément toujours les mêmes qui trinquent. Pour Raïkkonen ça n’a duré qu’un instant. Il dit qu’il a respecté la procédure. Mais sa Ferrari est restée sur place au moment du départ. Elle n’a pas calé seulement parce qu’un système électronique permet de l’éviter. Bref, lorsque le peloton atteignait la première chicane, Kimi pointait en 20e et dernière position. Dès lors, quelle que puisse être sa remontée, ses chances de victoire étaient anéanties. Pour Rosberg ça n’a guère duré plus longtemps. Géné par la Ferrari immobile de Raïkkonen, il a dû en faire le tour, n’accélérant pas aussi franchement qu’il l’aurait pu sans cet obstacle. Du coup Bottas et Massa lui passaient sous la moustache. Ses chances de victoire étaient anéanties aussi irrémédiablement que celles de Raïkkonen. Surtout avec son « vieux » moteur qu’il trainait depuis le Canada (7 juin). Et qui d’ailleurs finit par pousser son dernier souffle à deux tours de l’arrivée alors qu’il était revenu à 1’’2 derrière Vettel, inamovible 2e derrière l’intouchable Hamilton.

Le public français aurait pu s’enflammer en suivant la course de Grosjean, qui aurait bien aimé rééditer une performance du même tonneau qu’à Francorchamps. Mais l’impatient Nasr en décida autrement en esquintant involontairement une suspension arrière de la Lotus. Imitant ainsi la maladresse d’Hulkenberg qui s’était chargé, lui, d’éliminer Maldonado. En deux tours il n’y avait plus de Lotus !

Alors se rabattre sur Renault, pour trouver un intérêt à la course ? Hélas, les Red Bull et les Toro Rosso furent réduites à suivre un pénible chemin de croix. Bien content de les trouver toutes les quatre à l’arrivée. Mais dans des positions si misérables… On conserve le souvenir de Raïkkonen regagnant sinon le temps perdu au départ, du moins quelques places. Et dépossédant avec facilité Ricciardo de la 7e place qu’occupait alors l’Australien en le dépassant sans coup férir dans la ligne droite qui aboutit à la Parabolique.

Johnny rives, lewis hamilton, sebastian vettel, felipe massa, grand prix d'italie F1 monza 2015, F1 2015 ItalieA part ça rien. En tout cas pendant la course. Le plus gros suspense intervint seulement après. Quand il fut question de sanctionner Hamilton à qui il avait manqué quelques grammes de pression dans UN pneu arrière. On crut d’abord à une blague. Une mauvaise blague. Mais non, c’était vrai. Fort heureusement les commissaires techniques finirent par admettre que oui, selon que l’on mesure la pression des pneus quand ils sont revêtus des couvertures chauffantes ou bien quelques minutes plus tard, le résultat n’est forcément pas le même. Ils devront à l’avenir en tenir compte. Hamilton conservait sa victoire gagnée haut la main. Nous irons jusqu’à dire « trop » haut la main. Mais qu’y faire si les Mercedes sont si performantes et leur leader si inflexible ? Espérer qu’un caprice météorologique viendra pimenter le déroulement du prochain Grand Prix à Singapour ? C’est tout ce que nous avons trouvé pour vous faire saliver…

Illustrations @ DR

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Merci Johnny, d’avoir si bien relaté l’imprêssion génèrale, en tout cas la mienne,celle que j’ai ressentie, je me suis même assoupi quelques instants devant l’écran plat..lui aussi!comme ce Grand Prix.
Écrit par : François Libert | 09/09/2015
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Ca devait être en 1988, je crois. Mc Laren avait gagné 15 courses sur 16. Je me souviens d’une pub assez drôle à ce sujet qui titrait : « nobody is perfect »!

On ne s’ennuyait pas en 1988, et vous en savez la raison. L’ennui ne vient donc pas, à mon sens, de la domination de Mercedes mais de la domination d’Hamilton. Comme l’ennui est venu de la domination de Vettel sur Weber. Comme l’ennui est venu de la domination de Schumacher sur Massa ou Barrichello.
Écrit par : toots | 09/09/2015
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Déprimant ! Rien à savourer dans ce millésime Monza 2015. En prologue, on a su que la grille 2016 ne subirait pas de changement significatif, ce qui entérine au passage les statuts de vrais numéros deux dans les deux équipes de pointe. (Et désolé pour les fans de Kimi et de Nico, mais d’autres mériteraient largement leur place). Deuxième mauvaise nouvelle, on apprend que Mercedes, non content de courir dans une autre division, allait bénéficier en exclusivité de grosses évolutions moteur, histoire de tuer un peu plus le suspens. Enfin la troisième mauvaise surprise fut la tenue lamentable de notre… Lire la suite »

olivier

Non! aujourd’hui, l’ennuie ne vient pas de la domination d’un pilote, ou d’une équipe. L’ennuie vient de la règlementation, qui ne permet pas de rattraper une équipe dominatrice. À une époque les ingénieurs pouvaient changer leur fusil d’épaule en cours de saison, les constructeurs pouvaient faire des essais. Aujourd’hui les voitures sont misent sous scellée en début de saison, et l’on n’y touche plus. Et vu qu’elle sont tout identique, celui qui dispose de la meilleur auto, domine durant plusieurs saisons d’affiler. Tout ça pourquoi? Parce qu’en 2003, quand Schumacher est devenu champion du monde à mi saison, Ecclestone a… Lire la suite »

olivier

C’est un lieu commun de dire que ce GP dans le chaudron de Monza a été insipide. Les Ferrari ont sauvé l’honneur et Vettel fut porté par la foule comme un vainqueur tout comme Alonso l’avait été lui aussi après sa seconde place en 2013. On pourrait dire que Räikkönnen si brillant aux essais n’en rate pas une, heureusement que son contrat est signé. Les Ferrari semblent avoir un moteur boosté pour les essais comme les Mercedes mais en course l’écart est trop important. Le nouveau look de Hamilton ne va pas améliorer ses relations avec ses détracteurs mais son… Lire la suite »

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Ce GP fut certes ennuyeux (combien y en a-t-il eu sur les 900 passés ?…) mais dieu qu’on a de la chance d’avoir encore Monza au calendrier ! Parce que ce qui nous pend au nez est de ne même plus y retourner ! Désolé , et je dois certainement être un peu « débile mental » mais je ne me lasse pas de voir débouler des F1 à ces vitesses sur ce circuit. Comme l’a dit Vettel, ne plus revenir ici pour de bêtes histoires de sous serait ridicule. J’irais même plus loin en disant qu’un tel temple doit être respecté.… Lire la suite »

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À Flugplatz,
Comme vous, sur les 678 GP que j’ai vu, (sur place, ou à la télé en integralité en direct) jamais ne ne me suis lassé. Il y a toujours quelques choses à voir, a écouter, a prédire, ou a deviner. La seule chose lassante, c’est les pénalités qui sont la chose la plus stupide que j’ai jamais vu, tout sport confondu.
Écrit par : Bruno | 09/09/2015
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En 1988, on pouvait développer en cours d’année, il y avait des essais privés, de gros moteurs, des pneus ad hoc, une réglementation idoine. Ca c’est terminé à 15 victoires sur 16! la domination d’une équipe sur quelques années est inhérente à la F1. Mc Laren, Williams, Ferrari, Red Bull, Mercedes.
Écrit par : toots | 09/09/2015
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olivier

Au sein de la F1 moderne, beaucoup de choses clochent: l’uniformité, la technique figée,la migration vers les circuits d’Asie,des règles infantiles, et quoiqu’on en dise des pilotes peu charismatiques…Il faudrait instaurer la révolution…Toots, en 88 la domination Mc Laren n’était pas lassante: Senna et Prost ont terminé le Championnat avec 3 points d’écart…
Écrit par : linas27 | 09/09/2015
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olivier

En 1988 cependant, la dotation des points de 1 à 9 du sixième au vainqueur était sujette à l’ablation des moins bons à partir du dixième résultat comptabilisé (de mémoire). Si tous les points eussent été retenus, Prost aurait été champion du Monde devant Senna car il en avait accumulé plus que ce dernier. Ainsi que lors du très controversé GP de Monaco 1984 avec les deux mêmes protagonistes, il aurait mieux valu que Senna l’emporte au terme d’un Grand Prix complet et que Prost finisse deuxième: il aurait alors été sacré devant Lauda. Pour Hamilton évidement, l’histoire ne s’embarrassera… Lire la suite »