Vingt destins à écrire
Au petit matin du 20 octobre 1983 le jet d’affaires qui transporte John Hogan (1), Bernard Giroux (2), Bob Wollek et Alain Prost se pose à Limoges. Les quatre hommes s’engouffrent dans un taxi direction La Châtre. « Mais c’est à 200 km ! » s’étouffe le chauffeur. Débarquement. Direction l’avion. Le pilote aurait dû se poser à Châteauroux. Un saut de puce leur permettra d’être à l’heure pour la finale de « Marlboro cherche son pilote ».
Olivier ROGAR
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Marlboro et leurs pilotes
Ils sont attendus par les co-Présidents du jury : Jean-Pierre Beltoise et Hugues de Chaunac (Oreca) et les douze finalistes des sélections Marlboro. Celles-ci ont débuté sur les plages françaises pendant l’été. Des dizaines de milliers de stickers Marlboro ont été distribués. Certains gagnants. Ils permettent alors de participer aux présélections du volant éponyme. Tout comme les encarts disponibles dans la presse spécialisée. (Echappement).
La manifestation existe depuis 1980. Elle a permis successivement à Perrier, Michel Ferté et Duqueine de démarrer en production. Mais pour 1983, Marlboro a mis les petits plats dans les grands. Deux pilotes ont été sélectionnés pour une saison en Formule Renault Turbo au sein d’une écurie managée par Oreca. Ce sont Pierre-Henri Raphanel et Yannick Dalmas. Le format 1984 est ramené à un seul lauréat, sachant que le mieux classés des lauréats 1983 continuera dans la même écurie.
L’opération est d’importance. Le ban et l’arrière-ban des pilotes Marlboro français sont présents. Michel Ferté, Alain Ferté, Yannick Dalmas, Pierre – Henri Raphanel, Jean-Louis Tournadre, le champion moto, Claude Ballot-Lena, René Metge, Bob Wollek, Dany Snobek, Alain Cudini, Philippe Alliot, Didier Pironi, Patrick Tambay, Alain Prost et d’autres encore.
Prost et Tambay : la croisée des chemins
Prost
L’arrivée de Prost a provoqué un certain émoi chez les journalistes et observateurs. Au silence a succédé un mouvement d’ensemble vers l’intéressé. En effet si le pilote a les yeux rouges de fatigue, il les doit à cette nuit qui vient de s’écouler sur les bords du paisible lac Léman. Nuit qu’il a passée dans une salle de réunion de Marlboro Europe. John Hogan, Ron Dennis, Julian Jakobi et un avocat anglais ont finalisé avec lui les conditions de son arrivée chez McLaren. Jusqu’à 3h05 du matin. Avant de passer le relai à un cabinet d’avocats britannique pour le côté formel…
D’aucun aurait parlé de transfert mais ce n’est pas le cas. Prost et Renault ont décidé de cesser leur collaboration. Le 15 octobre en abandonnant sur casse de turbo lors du GP d’Afrique du Sud, le dernier de la saison, Alain n’a pu préserver son avance au championnat du monde. Le titre est allé à Nelson Piquet pour deux points. Deux points que ni le pilote ni son management ( Gérard Larrousse et Max Mangenot respectivement Team Principal et PDG de Renault Sport) n’ont accepté de prendre à leur charge. La réunion de débriefing qui a eu lieu dès le lundi 17 octobre n’a été qu’un déballage d’incompréhension, de reproches, de rancœur. Les espoirs de 1981 se soldent par une rupture.
Tambay
De son côté Patrick Tambay a signé chez Renault peu de temps après l’annonce de la non reconduction de son contrat Ferrari. Persuadé de faire équipe avec Prost, il vient d’apprendre qu’il n’en sera rien. A plusieurs reprises pendant cette journée on lui trouvera l’air songeur. Les questions sont nombreuses. Deux notamment le taraudent : quel sera son coéquipier ? L’écurie sans Prost sera-t-elle aussi solide ? L’avenir lui apportera les réponses. Son coéquipier sera le meilleur qu’il ait jamais eu : Derek Warwick. Les deux hommes partagent le même avis. Quant à la suite de l’écurie, bien plus tard Patrick nous dira « Mais comment une écurie comme Renault….? » Laissant sa réponse se perdre dans un songe solitaire….
Marlboro : Les candidats au volant
Ils sont finalement onze. Lionel Robert est retenu le même jour au Volant ACO-Gitanes qu’il va d’ailleurs remporter. Voilà qui complique un peu les éliminatoires qui fonctionnent comme au tennis.
Les jolies Ford Escort XR3i blanches sont couvertes de rosée. En ce jeudi d’automne, la campagne castraise (3) est nimbée de brume. La température est fraiche. La compétition va donc mettre aux prises les onze pilotes qui se sont déjà entrainés la veille.
Jean-Marc Coudraie 22 ans, de Toulouse, a réalisé le meilleur temps. Il sera donc dispensé des éliminatoires. Ceux-ci verront s’affronter : Jean Alesi, 19 ans, d’Avignon, Didier Artzet, 22ans de Roquefort-les-pins, Christophe Brunis 23 ans, de Pau, Olivier Delaunay 23 ans de Aigurande, Dominique Depons, 20ans de Bordeaux, Philippe Gache, 21 ans, d’Avignon, Laurent Labasse, 21 ans, de la Gironde, Christian Muratet, 21 ans de Toulouse, Philippe Petrot, 21 ans de Nevers et Pierre Streiff, 24 ans de Grenoble.
Par petits groupes, entourés de leurs proches ou seuls, ils sont désormais livrés à eux-mêmes. On ressent leur concentration. Avant que les moteurs ne vrombissent , pas un bruit côté piste.
Pironi, Ferté, Alliot et Streiff encore dans l’inconnue
Didier Pironi
Côté stands il en va autrement. Comment ne pas observer Didier Pironi marcher avec ses béquilles. Il a eu son accident quinze mois plus tôt. Il doit d’avoir conserver ses jambes au professeur Letournel. Mais les opérations ont été nombreuses, une vingtaine dit-on. La convalescence fastidieuse. D’autres opérations, des greffes, sont à venir. Impossible avant celles-ci d’envisager le moindre test en monoplace.
Toute l’énergie du pilote tend vers ce moment. Son corps, sa mémoire de l’accident, lui permettront-ils de retrouver ses performances, son excellence et sa maitrise aux limites de ces missiles que sont devenues les F1 Turbo ? Quand j’observe son œil vagabonder nonchalamment d’une hôtesse Marlboro à l’autre ou de tout autre jeune femme qui pourrait se trouver dans son champ de vision, je me dis que ce garçon est loin d’être fini pour la compétition. Et le fait est que si la F1 se refusera à ses capacités physiques moindres, il se tournera avec brio et succès vers les courses off-shore. Mais la sorcière aux dents vertes…
Michel Ferté
Spontané, sympathique et joyeux. Tel nous est apparu Michel Ferté. Volant Marlboro 1981, il a couru en production avant de passer directement à la F3. Vice-champion de France en 1982, Champion en 1983 avec LA victoire à Monaco. Il vient de signer comme 3e pilote chez Ligier. Mais il ignore toujours qui sera l’équipier de Andréa de Cesaris qui vient d’être titularisé. On parle de Reutemann, de Jarier ou de l’ami François Hesnault, son dauphin en F3. Ce sera finalement ce dernier. Michel Ferté, lui, ne fera pas de F1.
Philippe Alliot
Il a été champion de Formule Renault en 1978, a fait de la F3 et vient de faire sa première saison de F2 ainsi que les 24 Heures du Mans (3e). Ses projets 1984 ? « Je ne sais pas encore » nous répond – il.
Il passera deux années en F1 chez Ram Automotive ou March version John Macdonald. Sans grand succès. Au passage il gagnera Spa en F2 pour Oreca. Et évoluera ensuite, toujours en F1, chez Ligier et Larrousse. McLaren Peugeot le retiendra ensuite mais comme 3e pilote. Presque dix années de F1 et 25 participations aux 24 Heures du Mans avec plusieurs podiums pour Peugeot on fait de lui une valeur reconnue du plateau.
Philippe Streiff
Streiff n’est ici visible que pour les connaisseurs. Il n’est pas un pilote de la famille Marlboro. Pilote de F2 chez AGS et 3e pilote Renault en F1. Il est à la Châtre pour voir son frère Pierre participer à la finale. Mais aussi et surtout pour tenter ce qu’il peut chez Renault. Une place est à prendre aux côtés de Patrick Tambay. Il nous l’a raconté : « Je me souviens avoir pris le train début novembre [ fin octobre ] avec Patrick Tambay pour aller à La Châtre dans le cadre de l’opération « Marlboro cherche son pilote ». Lui, venait de se faire licencier de chez Ferrari. Je lui dis « je sais que tu vas passer chez Renault, mais moi, j’espère bien être titulaire avec toi. Est-ce que tu peux pousser auprès de Gérard Larrousse pour que je sois ton coéquipier ? » . Il me répond : « le mieux est d’aller chez Gérard Larrousse à Saint Cloud et de négocier en direct ».
Il le fera et continuera en F2 sur les conseils de Larrousse. Ce dernier lui ferra courir son premier GP F1 dès 1984 à Estoril. Suivront des engagements chez Ligier, Tyrrell et AGS. Et un horrible accident au Brésil qui mettra fin à un début de carrière prometteur. Tétraplégique, Philippe s’investira dans la sécurité routière et créera le Master Kart de Bercy où s’affronteront plusieurs années durant les noms le plus célèbres de la F1.
Marlboro : Le volant aux deux finales
Eliminatoires
Dès que les éliminatoires commencent, tout va très vite. Le voile qui embrumait le circuit se lève. Le soleil fait d’abord une timide apparition puis la température augmente. Les vestes et blousons sont mis de côté. Tout le monde est en polo ou en T’shirt.
C’est le cas des candidats qui s’affrontent deux par deux sur deux fois deux tours avec échange de voitures. Alesi (3’29’’84) bat Depons ( 3’33’’55), Petrot (3’35’’41) bat Labasse (3’49’’31), Brunis (3’32’’33) bat Delaunay (3’33’’92), Gache (3’29’’65) bat Muratet (3’35’’18), Artzet (3’31’’35) bat Streiff (3’35’’22). Coudraie (3’29’’22) qualifié au temps.
Les plus rapides sont Coudraie, Gache, Alesi et Artzet suivent Brunis et Petrot.
Quarts de finale
Alesi (3’31’’36) bat Petrot ( 3’38’’56), Gache (3’29’’37) bat Brunis (3’32’’69), Coudraie (3’29’’29) bat Artzet (3’31’’05) Repêchage : Artzet (3’30’’48) bat Brunis (3’31’’18),
Les plus rapides sont toujours Coudraie et Gache. Suivent Artzet et Alesi.
Demies finales
Maintenant les concurrents vont s’affronter sur deux fois trois tours. Alesi (5’10’’20) bat Gache ( 5’12’’49), Coudraie (5’09’’31) bat Artzet (5’10’’46)
FinaleS
Alesi , 7e de la Coupe R5 Elf et meilleur débutant a gagné le « Premier pas Dunlop ». Coudraie a déjà figuré dans une finale Motul et effectué deux courses de Formule Renault.
Coudraie (5’07’’68) bat Alesi (5’08’’12).
Le Jury délibère. Alors que le résultat semble ne pas faire de doute, Coudraie ayant dominé tous les éliminatoires, une partie du jury semble ne pas être convaincue et il est décidé de faire recourir la finale. Sur deux fois cinq tours. Coudraie a tout à perdre, Alesi tout à gagner. Conserver sa concentration dans ces conditions est un défi.
La morale toutefois sera sauve. Coudraie l’emporte à nouveau. In extremis. Seul un centième de seconde le sépare d’Alesi. (8’26’’38 contre 8’26’’39).
Alesi, Artzet, Gache : tout pour la course
Leurs carrières divergeront mais ces passionnés pour lesquels la course était tout feront preuve de beaucoup de volonté pour en franchir les étapes.
Jean Alesi
Le plus célèbre d’entre – eux fera de la Formule Renault puis de la F3 (Champion de France en 1986) avant de passer en F3000. Il sera champion en 1989, année où il se fait aussi remarquer par une 4e place lors de ses débuts en F1 lors du GP de France. Sa très respectable carrière, longue de treize saisons en F1 au sein de six écuries est marquée par 1 victoire, 32 podiums, 2 poles et 4 meilleurs tours en course.
Il est aujourd’hui Président du Circuit Paul Ricard.
Didier Artzet
Il va lui aussi poursuivre sa route sur les pistes et celle-ci passe par la Formule Renault en 1984-85 puis les berlines de production en 1986 où, soutenu par Beltoise et Jabouille, il est champion du Trophée Peugeot 505. Cela lui permet de revenir dès 1987 à la monoplace, en F3 où il gagne le GP de Monaco. Toutefois et au contraire de ce qui s’était passé pour bon nombre de ses prédécesseurs, cela ne lui ouvre pas les portes de la F1. Ses efforts en F3000 de 1988 à 1990 sont méritoires mais faute de budget, un peu désespérés.
En 1992 Il met un terme à sa carrière et s’installe en Nouvelle Calédonie où ses activités professionnelles dans l’immobilier lui laissent le temps de s’adonner à sa passion pour la glisse, que ce soit en ski nautique, en kite surf ou en parapente. Il tourne aussi beaucoup à moto en Australie où ses temps laissent entrevoir qu’il est toujours très affuté.
De retour en France, il est prêt à accompagner tout gentleman driver en historique, notamment.
Philippe Gache
Très rapide comme on l’a vu, a été titré en Championnat de France de Formule Ford en 1985. Il est ensuite passé en F3 de 1986 à 1988 puis en F3000 de 1989 à 1991.
Il a couru aussi en endurance, aux 24 Heures du Mans et en FIA GT où il a remporté 4 victoires en GT2 en 1997. Cette année-là, il a créé sa propre structure SMG engagée en 1998 et 1999 en International Sports Racing Series puis en Porsche Carrera Cup en 2000 et 2001. En 2002, l’écurie a obtenu le titre avec Sébastien Dumez.
Il construit aussi les Buggys SMG engagés à partir de 2005 dans le Rallye Dakar.
Jean-Marc Coudraie 84, Volant Marlboro, se souvient
Classic Courses – Olivier Rogar : Jean-Marc, comment vous êtres vous retrouvé candidat au Volant Marlboro ?
Jean-Marc Coudraie : J’ai simplement acheté Echappement chez un buraliste. 2000 candidats étaient appelés aux sélections. Elles se passaient au Castellet, à Nogaro et peut -être aussi à Karland. Je ne suis pas sûr.
Classic Courses – Olivier Rogar : Et comment cela se passait ?
Jean-Marc Coudraie : Les sélections, si je me souviens bien se passaient sur onze journées. 200 candidats passaient sur une journée. On faisait un tour de circuit sur une Ford Escort XR3i avec un pilote de notoriété. En fin de journée, il en restait 10. Alors commençaient les tours chronométrés. On en faisait trois chacun. C’est comme ça que j’ai été retenu pour la finale.
Classic Courses – Olivier Rogar : Comment se prépare-t-on à ce type de challenge ?
Jean-Marc Coudraie : La finale devait avoir lieu le 20 octobre à La Châtre. Je savais que le circuit serait libre durant trois jours début octobre. J’ai donc loué une XR3i et suis allé m’y entrainer. Ce qui était autorisé. Je n’étais pas le seul à avoir eu cette idée. Les six finalistes y étaient !
Classic Courses – Olivier Rogar : La XR3i devait être un peu rincée au retour chez le loueur ?
Jean-Marc Coudraie : J’étais très correct : Dès que je prenais la voiture, je passais dans un garage près de chez moi et mettais des jantes et pneus qui m’appartenaient. Donc de ce côté je rendais des pneus neufs. Pareil pour les plaquettes de freins. Je les changeais au retour si elles étaient fatiguées.
D’ailleurs je me souviens qu’après avoir gagné le volant j’ai dû retourner chez le loueur auquel je devais un solde de location. Il faut dire que chaque fois que je louais cette XR3i, il me proposait d’essayer un autre modèle. Et moi je me cramponnais à « ma » XR3i, et pour cause ! Donc j’y suis retourné et là il m’a demandé si j’avais apprécié la location de la XR3i… Oui bien sûr c’est une bonne auto. Et avec un sourire il m’a glissé le journal l’Equipe sous le nez avec ma photo…
Classic Courses – Olivier Rogar : Tout le monde pensait que vous aviez course gagnée et le jury a décidé de vous faire recourir la finale. Comment l’avez-vous vécu ?
Jean-Marc Coudraie : Philippe Boespflug de Meca Moteur assistait à la finale et je le connaissais pour avoir tourné sur certaines de ses voitures. Il est venu vers moi à l’issue de ce que je pensais être la finale et m’a dit « Jean-Marc, reste concentré, ce n’est peut-être pas fini ».
Puis Hugues de Chaunac s’est adressé à moi en me disant : « Vous êtes très proches avec Alesi, on va vous faire repasser. » Ce à quoi je me souviens d’avoir répondu : « OK, mais de toute façon je vais gagner. » et je suis retourné m’isoler. Ca a été juste. Mais effectivement j’ai gagné.
Classic Courses – Olivier Rogar : Les pilotes de F1 présents vous ont-ils encouragé ?
Jean-Marc Coudraie : Non, pas à mon souvenir. Seul Patrick Tambay a discuté avec moi avec beaucoup d’empathie.
Classic Courses – Olivier Rogar : Comment s’est déroulée cette saison ?
Jean-Marc Coudraie : Pour rappel l’écurie Marlboro de Formule Renault était gérée par Oreca. Et nous faisions équipe avec Yannick Dalmas qui redoublait.
On a démarré les entrainements environ un mois avant le début de la saison.
J’ai fini 3e à Nogaro et à partir de là je me suis plains que mes freins arrière bloquaient.
Ce qui m’a impacté pendant trois courses.
A Pau j’étais 3e au départ, j’ai totalement perdu mes freins au niveau de la statut Foch, en début de course. J’ai vu le mur de très près mais ne suis pas sorti et toute la course j’ai dû pomper du pied gauche. J’ai fini quand même 5e. J’étais furieux. Les mécanos ont enfin vérifié les freins et il s’est avéré que les disques arrière étaient voilés.
Le tournant de ma saison, je devrais dire le second tournant, ça a été Rouen. J’ai détruit la voiture. Un problème de pneus. On m’avait panneauté pour que je rentre les changer. Je n’ai pas vu le panneau. Et je suis sorti tout de suite après, dans la montée.
A partir de là, je me suis fait complètement larguer par Yannick. De 2 à 3 dixièmes d’écart en sa faveur, je suis passé d’un coup à une seconde et demi. Au point de ne pas me qualifier à Croix en Ternois.
On me disait que c’était psychologique. Yannick a essayé ma voiture à ma demande et il s’est retrouvé à 2 ou 3 dixièmes devant mes temps. Comme auparavant. Il ne me mettait pas une seconde et demi.
Au Castellet en fin de saison j’ai retrouvé un moteur. 4e aux essais, j’ai terminé 7e.
Mais la saison était finie. Marlboro s’orientait vers la Formule Ford. Ils m’ont proposé un budget pilote mais rien pour l’auto. Et je n’avais pas les moyens de financer une auto. Dont acte !
Classic Courses – Olivier Rogar : Qu’avez-vous fait ensuite ?
Jean-Marc Coudraie : Je suis retourné à mes chères études. DESS Sciences Economiques à Dauphine. Puis j’ai travaillé dans la banque, dans la fonction de banquier privé. (Gestionnaire de grandes fortunes). Bien entendu en loisirs, j’ai continué à tourner en circuit. Je m’étais fait une raison.
Classic Courses – Olivier Rogar : Et aujourd’hui ?
Jean-Marc Coudraie : J’ai pris ma retraite et me consacre à l’organisation d’évènements pour les passionnés de sports. Dans le domaine automobile bien sûr, que ce soit en historique sur circuit ou en rallye, mais aussi en voile ou en rugby. Je convie des passionnés à partager une journée avec des professionnels autour d’un évènement, en immersion, comme l’an dernier lors du GP Historique du Castellet, avec Esprit compétition.
Notes
1 : John Hogan était le patron du Marlboro World Championship Team et pilotait les activités de Philip Morris en sport automobile.
2 : Bernard Giroux était un journaliste automobile qui s’est tué avec Didier Pironi et Jean-Claude Guénard dans l’accident du Off Shore Le Colibri.
3 : Interview de Philippe Streiff : https://www.classiccourses.fr/magazine/philippe-streiff-parlez-nous-de-la-33-13/
Pour rédiger cet article, outre nos souvenirs, nous nous sommes aidés du Livre d’or de la Formule 1 1983 de Renaud de Laborderie et d’informations d’Auto Hebdo rédigées par Christian Courtel en 1983.
Enfin nous souhaitons exprimer notre regret de n’avoir pu parler de Yannick Dalmas qui, au contraire des pilotes évoqués, savait parfaitement de quoi son avenir serait fait comme leader Oreca en Formule Renault.
Souhaitons néanmoins créer l’occasion de nous entretenir avec ce grand pilote trop peu visible.