Assister aux débuts en F1 d’un pilote tel qu’ Alain Prost est un privilège. Aucun mérite pour le spectateur, sinon celui d’avoir été au bon endroit au bon moment. Et trois décennies plus tard, toujours cette impression de talent, de facilité et d’instinct qui m’avait autant étonné qu’elle a surpris ses coéquipiers successifs. Jusqu’à l’arrivée d’Ayrton Senna…
Classic COURSES
Formule Renault, Renault Europe, F3, il a tout gagné, a sauté la F2 et est arrivé directement en F1 chez McLaren. Avec John Watson comme coéquipier, il va succéder à Patrick Tambay. Ron Dennis ne sera aux commandes que fin 1980, Teddy Mayer est l’actionnaire principal et Tyler Alexander officie sur le terrain. Gordon Coppuck, l’ingénieur ne sait plus trop où il en est de la compétitivité de sa voiture, la M29, entre la jeunesse de Tambay et la perplexité de Watson, deux très bons pilotes pourtant…
Toutefois quand Prost débarque au Ricard rien ne semble encore joué pour lui. Il porte toujours les couleurs de sa filière qui n’est pas encore celle du célèbre « cow boy ».
Le bonheur des mécanos anglais, torse nu dans le soleil de d’automne et le Mistral, en Provence, est manifeste…On est bien au « Ricard » !
Le premier roulage de Prost en F1 se fait là. La voiture est encore au nom de Tambay. Un garçon qui ressemble beaucoup à Alain l’accompagne, il porte un blouson Renault Gordini. Jean Marc Andrié ?
C’est sans doute un grand moment de F1, je ne dois pas être le seul à avoir pris cette – modeste – photo. Où sont les autres ?…
Celui qui va devenir le « Professeur » se met à tourner, à débriefer, à demander des modifications et soudain il met le doigt sur un loup, une question de boite à air qui perturbe le fonctionnement de l’aileron, si j’ai bien compris. Dès qu’elle est modifiée, la voiture se montre plus rapide et les chronos tombent de plusieurs dixièmes.
Ce qui laisse John Watson songeur… puis le perturbera beaucoup une saison durant, avec la M30…
Car Alain Prost est rapidement officialisé pilote McLaren pour 1980.
Les débuts de Prost en Amérique du Sud seront tonitruants. Son coéquipier mettra une partie de la saison à surmonter l’insolente domination de Prost au sein de l’écurie.
Pendant treize saisons Alain Prost marquera l’histoire de la F1 avec ses quatre titres de champion du monde. Et ses records, notamment celui du plus grand nombre de victoires, tiendront jusqu’à la période Schumacher.
Merci à Patrick Brunet de nous avoir passsé une magnifique illustration, synthétisant la carrière d’Alain Prost.
Olivier ROGAR
Photos @ Olivier ROGAR
Illustration @ Patrick BRUNET
* : publié en 2010 sur le site Mémoire de stands
Il n’est pas tout à fait exact de dire que Alain a sauté directement de la F3 à la F1. Il a participé à 3 épreuves de F2 en 77 puis 78 sur une Kaushen-Renault et une Chevron mais sans grand succès. Ça ne lui enlève pas pour autant tout son mérite et son talent a propos d’une carrière exceptionnelle. Sacré petit bonhomme !
Mais n’étant pas « professeur » pour rien, il a sagement refusé, pensant que cela pouvait juste lui faire du tort. Par contre je ne me rappelle plus pour quelle(s) écurie(s).
Je pense me souvenir qu’il avait rencontré Ken Tyrrell à l’automne 79. S’était -t-il assis dans le baquet ?
A ma connaissance, Prost ne fut pas officiellement contacté par Ken Tyrrell, ce qui ne veut pas dire qu’il ne le rencontra pas : Elf étant le soutien essentiel de l’écurie de Ken, Guiter dut probablement parler de son petit protégé à Tyrrell, comme il le faisait chaque fois qu’il avait ses Français à caser chez l’Oncle Ken.
Comme quoi l’histoire aurait pu s’écrire de façon complètement différente, Alain retrouvera bien sûr l’écurie Brabham sur son chemin, et surtout son essence miracle.
Ce qui était impressionnant, c’est son talent de metteur au point et sa maturité pour 25 ans. Rappelons que l’électronique, la télémétrie, les programmes informatiques de simulation … étaient inexistants ou embryonnaires à l’époque …