20 janvier 2022

Minia-chronique n°2 – Citroën SM “piste” – Spark

Après plusieurs mois de « jachère », la « minia-chronique » de Classic Courses revient pour évoquer une voiture que l’on n’associe pas naturellement à la compétition, en tout cas sur piste : la Citroën SM.

Olivier Favre

Géant de la miniature automobile pour collectionneurs, le fabricant chinois d’ascendance française Spark enrichit, mois après mois, année après année, un énorme catalogue. Avec une kyrielle de modèles de compétition couvrant quasiment toutes les formules et catégories depuis les années 50. De la gagnante du Mans à la F1 championne du monde, en passant par les rallyes, la F2 ou la Can-Am, toutes les plus célèbres autos de course sont reproduites. Mais Spark ne se contente pas des sentiers battus et rebattus. La marque n’hésite pas à se pencher sur des voitures plus rares, peu connues, voire totalement méconnues.

La Citroën SM en est un parfait exemple. Non pas que le vaisseau-amiral du Quai de Javel soit inconnu. Mais, si ses prestations en rallyes ont marqué les esprits, il n’en est pas de même de ses quelques incursions sur circuit. Celles-ci se comptant presque sur les doigts de la main. Or, Spark n’a pas l’intention de les négliger et semble même décider à reproduire la plupart de ces versions.

Spa 1971
Spa 1971 – C’est ce qui s’appelle attaquer le Raidillon ! – © Dutch Racing Press

La Citroën SM aux 24 Heures de Spa 1971

La première apparition sur piste de la Citroën SM a lieu en juillet 1971 aux 24 Heures de Spa. Lors de cette course le Team Lucien Bianchi, du nom du grand pilote belge disparu deux ans plus tôt, engage un modèle très proche de la série pour Roland de Jamblinne et « Bagrit » (pseudo de Jacques Bigrat). Tranchant nettement sur ses concurrentes roturières aux ailes gonflées, la SM fait figure d’aristocrate en tenue de ville. Outre les numéros de course et les stickers publicitaires, seuls le capot noir mat, très en vogue à l’époque, les harnais et l’arceau de sécurité trahissent sa vocation compétition. Signant un honorable 27e temps, elle part, grâce à un forfait devant elle, d’une place parfaitement synchrone avec son numéro 26. Elle est la seule voiture française au départ d’une course rassemblant quelque 60 équipages. L’épopée durera sept heures, avant que le moteur n’explose.

Finement reproduit par Spark dans sa série Belgique à tirage limité (500 exemplaires), le modèle au 1/43 frappe par sa longueur. Il remplit la quasi-totalité de la boîte vitrine. Deuxième surprise, les inscriptions « Camel filters » sont bien présentes autour des numéros et non cachées sous le socle en décalcomanies à poser soi-même. Tous les collectionneurs connaissent cette législation ridicule, censée protéger l’acheteur de l’envie immédiate de courir acheter des clopes au bureau de tabac, sous prétexte qu’il a eu sous les yeux une « pub tabac » datant d’il y a 50 ans. Serait-ce la fin d’une hypocrisie ? Espérons-le. Quant aux détails, ils sont bien reproduits, à l’exception de l’extrémité avant du capot moteur. Le sticker Shell devrait être un classique rectangle et non déformé en flèche hexagonale. Et les attache-capots, bien visibles sur les photos d’époque, sont hélas absents.

Citroën SM
© Olivier Favre

Verrier et Ganley

La Citroën SM belge (quoiqu’immatriculée en France) revint à Spa l’année suivante, mais rencontra une série d’ennuis qui l’empêchèrent d’approcher ses performances de 1971. Entretemps, Guy Verrier, Citroëniste convaincu et président de l’AGACI, s’était mis en tête d’aligner à nouveau une Citroën au Mans. Ceci 40 ans après la première et unique représentante du Quai de Javel vue dans la Sarthe, en 1932. Spark produit également cette version Le Mans 72, pourtant assez anecdotique tant l’entreprise semblait perdue d’avance pour une voiture presque de série dans un contexte aussi relevé (1). Mais l’aura des 24 Heures est telle que même des voitures vues uniquement aux essais trouvent grâce aux yeux des collectionneurs. Après Le Mans, Verrier engagea sa SM dans une épreuve plus à sa portée, le Tour de France. Avec un résultat honorable : 25e place (6e en Groupe 1). Spark semble également décidé à reproduire cette version.

Citroën SM
Une des rares photos de la SM de Guy Verrier au Mans en 1972 – © DR

Un an plus tard, en 1973, on vit une SM bleue outre-Manche pour le Tour of Britain. Organisée sur le modèle du Tour de France, cette épreuve mixait des spéciales de rallye, des épreuves sur circuit et des courses de côte. A l’instigation de Ray Hutton, journaliste au magazine Autocar, le pilote de F1 néo-zélandais Howden Ganley s’était vu confier une SM de série prêtée par Citroën. Handicapés par le poids et l’encombrement de la bête, les deux hommes terminèrent à une anonyme 19e place. Interrogé sur ses impressions, Ganley déclara au terme de l’épreuve que maintenant au moins il savait pourquoi les gens ne couraient pas sur des SM !

Citroën SM
Attitude caractéristique de la SM, sujette à un fort roulis en virage – © DR

La Citroën SM aux 24 Heures de Spa 1974

Pour boucler ce mini-thème de collection consacré à la SM en circuits, il restera encore à acquérir la version Spa 74, également au catalogue de Spark. Il s’agit là d’un engagement d’usine venant de Vichy. En effet, pour faire de la place pour la CX qui arrive, Citroën a confié l’assemblage des SM à Guy Ligier. Celui-ci missionne notamment deux de ses pilotes, Guy Chasseuil et François Migault. Les performances de la voiture seront parfaitement à la hauteur de ce « standing ».

Citroën SM
La SM des 24 Heures de Spa 1974, également dans la série Belgique de Spark – © DR

On se souvient que cette année-là les organisateurs de Spa avaient fait le pari de quitter le cadre d’un championnat d’Europe des voitures de tourisme durement touché par l’inflation des coûts et la crise pétrolière. Ils définirent leur propre règlement, à mi-chemin des Groupes 1 et 2 pour faire simple. Aussi bien le plateau réuni que la course leur donnèrent raison. Quant à la Citroën SM, quasiment de série, elle fit très bonne impression. Dès les essais avec un temps lui permettant de partir en 4e ligne. Et en course où elle tint longtemps une position d’outsider. Au petit jour elle était cinquième quand l’éclatement d’un pneu envoya Chasseuil dans le rail. C’est sur cette dernière convaincante apparition que s’achevait la courte aventure des SM en piste. En 1974 ce modèle emblématique n’était déjà plus produit qu’au compte-gouttes, avant d’être abandonné un an plus tard.

NOTE :

(1) 50 ans après, le mystère demeure quant à la cylindrée et la puissance du V6 Maserati de cette SM du Mans 1972. Petit moteur de série (2,7 litres) ou bloc plus gros (3 litres) ? En tout état de cause, compte tenu de l’excellent Cx de la SM, il est difficile d’admettre qu’elle avait le même moteur que les trois Ligier JS2 Maserati. En effet, la moins rapide d’entre elles se qualifia avec un temps inférieur de plus de 20 secondes à celui de la SM.

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