Méfiance par rapport à une manifestation de plus dans le calendrier, mauvaise communication ? Toujours est-il que peu de monde s’était déplacé à Montlhéry l’an passé pour la première édition des Grandes Heures Automobiles. Erreur réparée cette année avec la foule des grands jours sur le circuit francilien pour un week-end réussi et parfaitement maîtrisé de la part des organisateurs.
Pierre Ménard
La météo y fut aussi pour quelque chose, du moins le samedi 24 septembre : un ciel d’un bleu uniforme et une chaude température de belle arrière-saison qui donnait envie de flâner nonchalamment sur les bords de piste. D’autant qu’il y avait à voir… et à entendre !
Près de 150 voitures réparties sur 7 plateaux envahirent le circuit pour des séances de roulage d’une vingtaine de minutes chacune. Roulage car, faut-il le rappeler, Montlhéry ne possède pas l’homologation pour l’organisation de courses. Ce qui explique peut-être en partie l’allure sénatoriale adoptée par un certain nombre de participants. Ce qui peut être compréhensible pour de vénérables voitures n’aimant pas être malmenées l’est un peu moins lorsqu’il s’agit de véritables pur-sang conçus pour grimper dans les tours. Nos petites oreilles frustrées auraient aimé entendre certains moteurs s’exprimer dans une partition plus rageuse que le paisible ronronnement entendu. Ceci dit, chaque plateau possédait en son sein quelques pieds lourds et nous eûmes heureusement droit à de belles envolées mécaniques.
Mention spéciale à ce niveau aux impressionnantes 205 T16 du groupe B, qui étaient menées de mains de maîtres par messieurs Nicolas et Saby, ou à l’Opel Manta 400. Dans le même groupe, on apprécia également la vélocité de l’Opel Manta 400 et de la Ferrari 308 GTB.
Les monoplaces, quasiment absentes lors de la première édition, étaient venues en nombre : plus de 20 Formule Renault, F3, F2 ou Formule France vrombirent sur l’anneau avec quelques jolies passes d’armes entre les plus rapides, notamment la Martini MK7 et la Lola T54. La Grac F3 et les différentes Formule Renault animèrent également de façon brillante les débats.
De l’animation, il y eut aussi dans le plateau réservé aux GT Modernes/ Youngtimers, grâce en premier lieu à la surpuissante et ultra rapide Saleen G7R presque à l’étroit sur ce court tracé du 3,3 km de Montlhéry. La belle BMW 3.0 CSL n’était pas en reste question rapidité, au même titre que la vive Mini Space frame, l’impressionnante Mustang Shelby GT350 ou la Jaguar Type D de 1955 dont on pouvait au demeurant se demander, comme pour sa consœur Type C, ce qu’elle faisait dans un plateau de « GT », « moderne » ou « youngtimers »…
Le plateau Vintage Rallye proposait une belle variété de modèles entre Porsche 356 et 911, Triumph TR4, Coupés Bertone Alfa, Austin Healey 3000, Renault Turbo S et une bondissante Simca Rallye 2 qui levait bien la roue avant au fond du Faye ! Au même endroit, la lourde Citroën SM virait, elle, complètement écrasée sur ses suspensions hydropneumatiques dans un crissement de pneus significatif de l’effort encaissé par l’élégant coupé peu à l’aise dans ce genre d’exercice.
Dans un style beaucoup plus placide, Peugeot – sponsor de la manifestation – avait amené quelques beaux spécimen de sa collection historique dont la 203 et la 403ayant fait le Tour Auto 2016, et la 204 noir et blanc ayant participé à l’East African Rally 1967.
Le circuit de Montlhéry étant un bon nonagénaire, il était bien vu d’avoir un plateau d’avant-guerre avec, en vedette, les automobiles Voisin C1, C3 et surtout C6 Laboratoire à la carrosserie étonnamment profilée pour une auto datant de 1923. Intimement liée à l’histoire des records sur cet anneau, était également de la partie la Citroën 8 CV « Petite Rosalie » qui tourna en 1933 durant 133 jours (!) sans interruption pour prouver la qualité des huiles Yacco.
Pour terminer ce tour d’horizon des participants, citons le plateau réservé à l’association grenobloise Les Galapiats, dont le but est d’intéresser les enfants à la mécanique au travers de la construction de petites voitures de course simples et raisonnables, et enfin deux plateaux réservés aux motos, car Montlhéry fut bien sûr un lieu de rendez-vous privilégié pour les motards.
Ces Grandes Heures Automobiles 2016 furent un grand cru et on peut gager que 2017 sera encore meilleur. D’autant qu’avec une nocturne le samedi soir devant une tribune pleine, les organisateurs ont habilement mis en avant une singularité qui devraient leur permettre de voir l’avenir avec le sourire.
Photos © Pierre Ménard, sauf « stands en nocturne » © Christian Bedeï.