17 mars 2014

F1 2014 : GP d’Australie

On a beau être « Classic », la COURSE sous toutes ses formes et particulièrement la Formule 1, nous passionne. A la veille d’une révolution, à l’aube d’une nouvelle saison, il nous semble utile et nécessaire de jeter une passerelle entre passé et présent. L’un donnant un écho aux qualités de l’autre. Le temps pour Classic COURSE, ne s’est pas arrêté. Son cours est notre devenir. Le présent de la F1 n’est que la suite logique du passé sur lequel elle se fonde. D’aucuns nous rétorqueront que cette discipline est aujourd’hui sans âme et affaire de gros sous, davantage que de passion et de sport. C’est effectivement l’image que son succès d’audience la condamne à avoir. Et c’est une réalité. Mais faut il pour autant faire table rase de la compétition, de la qualité des pilotes, du caractère des hommes et du talent des techniciens ? N’est-ce pas là que se trouve l’essence d’une autre réalité qui s’appelle La passion ?

Luc Augier a accepté de poursuivre la démarche entamée au Grand Prix des USA 2013. Son expérience d’une vie au contact de la F1, notamment pour RTL, sa mémoire et la pertinence des rapprochements qui en découlent, donnent à ses analyses une perspective et une profondeur qui transcendent les époques.

Classic COURSES

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La saison 1988, première année de cohabitation Ayrton Senna-Alain Prost chez McLaren, aura marqué à jamais l’histoire de la Formule 1. Et pourtant… C’était la dernière année des turbos et, pour établir une règle d’équivalence propre à encourager l’avènement des moteurs atmosphériques 3,5 litres, la suralimentation était sévèrement bridée : 2,5 bars maxi et pas plus de 150 litres d’essence embarqués. Ces restrictions n’avaient pas empêché les McLaren Honda de remporter 15 Grands Prix sur 16, ni le championnat de ne se dénouer en faveur d’Ayrton Senna qu’à l’avant dernier Grand Prix de la saison, à Suzuka. Incidemment, si l’épilogue, en Australie, avait dû compter double, l’incertitude aurait été prolongée…

Adelaïde 1988 – Melbourne 2014, quelle différence ? A l’époque, la puissance du V6 Honda 1.5 l était estimée à 650 ch et sa consommation ne pouvait pas excéder 50 l/100 km. Aujourd’hui, la partie « thermique » V6 turbo 1.6 l du groupe propulseur revendique sensiblement la même puissance et sa consommation est plafonnée à 100 kg par Grand Prix, soit à 45 l/100 km. Le progrès n’est pas flagrant. Mais, bien sûr, la nouveauté, c’est l’hybridation : la récupération d’énergie qui permet d’augmenter la puissance de quelque 180 ch pendant une demi minute par tour.

Il serait injuste de porter un jugement sur le bien fondé de cette « révolution » à l’issue de l’essuyage des plâtres. En 1966, le nouveau cycle de la F1 3 000 cm3 débutait au G P de Monaco : 16 voitures au départ, 4 seulement à l’arrivée ! Pour Melbourne, on prédisait une hécatombe mais 13 voitures sur 22 ont été classées, dont 10 dans le même tour que le vainqueur avec l’aide, il est vrai, d’une neutralisation qui a gommé les écarts au 11ème des 57 tours. La domination de Nico Rosberg et de sa Mercedes n’a jamais été menacée. Jenson Button est remonté de 10ème à la 3ème place sans jamais dépasser personne sur la piste mais grâce à deux arrêts pour changements de pneus particulièrement bien inspirés. Fernando Alonso n’a pas été très offensif derrière Nico Hulkenberg et Kimi Raikkönen est apparu plutôt résigné : on aurait attendu des Ferrari plus flamboyantes. Par bonheur, il y a eu Valtteri Bottas et sa Williams pour démontrer qu’on pouvait encore attaquer sabre au clair : remonté de la 15ème place sur la grille à la 6ème entre les deux Ferrari, il a touché le mur, cassé une jante, est revenu au stand et est reparti pour entreprendre une deuxième série des mêmes dépassements et retrouver son rang ! Il y a eu aussi les rookies Kevin Magnussen (2ème sur McLaren) et Daniil Kvyat (9éme derrière son équipier Jean Eric Vergnes pour Toro Rosso), déjà remarquables en qualification, où il fallait maîtriser en même temps que découvrir le tempérament de ces nouvelles monture sur piste détrempée : moins d’appui aérodynamique, plus de couple, un freinage « électronique » parfois instable et imprévisible. Il y a eu, hélas, Daniel Ricciardo. Le remplaçant de Mark Webber a électrisé son public  et, en s’élançant de la première ligne pour terminer deuxième, il a rivé leur clou à ceux qui avaient déjà enterré Red Bull. Pour ce faire, il n’a pas consommé plus de 100 kg d’essence mais son « débitmètre » aurait été trop généreux en dépassant la limite autorisée de 100 kg par heure. Le héros du jour disqualifié non pour avoir trop bu mais pour avoir bu trop goulûment : alors, là, cette « nouvelle » Formule 1 devient trop compliquée.                        

Luc Augier

Photo 1 : podium Melbourne 2014 @ DR

Photo 2 : Luc Augier @ Guy Lepage

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