F1, surprises de début de saison : 1954
A l’issue des essais hivernaux les Mercedes apparaissent comme les grandes favorites. Plusieurs équipes semblent être en mesure de créer la surprise. Sans forcément jouer la victoire, mais en se rapprochant des flèches d’argent, effaçant ainsi une saison parfois décevante. A commencer par Ferrari qui retrouve une agressivité qu’on croyait réservée à ses voitures de série, et qui donne le sourire aux deux amis Vettel et Raikkonen.
En attendant de voir à Melbourne quelles seront les révélations ou les déceptions, Classic Courses revient sur les surprises de début de saison en F1. Petit rappel historique des manches inaugurales marquées par des coups d’éclat, des écuries que l’on attendait pas, des dominations étonnantes et outrancières… Pour patienter jusqu’au 15 mars.
Bertrand Allamel
Démarrons la série avec un retour sur l’année 1954, et un cas particulier. Une surprise qui intervient non pas au début de saison, mais au Grand Prix de France. Le Grand Prix de Reims, est la 4e manche (1) d’un championnat bien engagé, et mené déjà par Fangio sur Maserati. Reims est en revanche le début de saison pour Mercedes-Benz, qui revient en F1 après 15 ans d’absence et présente un nouveau bolide très affûté, piloté par … Fangio. L’argentin avait été approché par Alfred Neubauer dès la fin de saison 1953 et « prêté » à Maserati pour les trois premiers grand prix de la saison 1954, le temps que la firme à l’étoile prépare sa W196.
A Reims donc, Fangio découvre sa nouvelle monture allemande, moderne, novatrice (et carénée s’il vous plaît pour les circuits rapides comme à Reims, après avoir fait briller la Maserati devant des Ferrari décevantes. Les Mercedes-Benz W196 se montrent compétitives dès les qualifications, puisque deux des trois voitures engagées occupent les première et deuxième place sur la grille, Fangio en pole.
La compétitivité se transforme en domination le dimanche : Fangio remporte la course, devant Karl Kling sur l’autre Mercedes, reléguant Robert Manzon, troisième sur Ferrari, à plus d’un tour. La concurrence est assommée par le retour des Flèches d’argent qui pour leur première course, signent leur première pôle, leur première victoire, leur premier doublé et inaugurent une domination flagrante (9 victoires en 12 courses) mais courte : l’accident du Mans en 55 met un terme à la carrière de la mythique W196.
Notes : 1 : Si l’on inclut Indianapolis qui comptait à l’époque et jusqu’en 1960 pour le championnat du monde F1. Illustration : Photo Mercedes W196 @ DR Dessin Mercedes W196 @ Patrick Brunet
Merci pour ces rappels historiques, mais qui imposent deux petites corrections, si vous le permettez, Bertrand. En 1954 (et ce jusqu’en 1967) le Grand Prix hexagonal officiellement inscrit au championnat du monde de Formule 1 était appelé Grand Prix de l’A.C.F., et non Grand Prix de France. Cette distinction est importante car il eut bel et bien des Grands Prix de France dans les années cinquante, disputés dans certaines grandes villes et regroupés dans un championnat national destiné à redonner vie au sport automobile français. Autre correction : le Grand Prix de l’A.C.F. 1954 disputé à Reims-Gueux était le 3e… Lire la suite »
On peut également préciser que cette année là (1954) le championnat des conducteurs renouait avec la F1 après avoir été l’apanage des F2 en 1952 et 1953. Une F1 répondant à un nouvelle définition (2,5 litres à aspiration libre, ou 750 cm3 à compresseur) qui sera conservée jusqu’en 1960. La différence de cylindrée était faible avec les précédentes F2 (de 2 litres les monoplaces de Grand Prix passaient à 2,5 litres). Ce qui incita Ferrari, Maserati et Gordini, entre autres, de repartir sur les mêmes bases, tandis que Mercedes innovait totalement comme se promettait de le faire également Lancia… dont… Lire la suite »
Merci pour ces précisions. Moi qui n’ait pas connu cette époque, c’est passionnant de s’y replonger et d’avoir accès à tous ces détails. Connaître l’histoire permet de mieux comprendre le présent, c’est valable pour tout.
Concernant le calendrier 1954, la course d’Indianapolis figurait au championnat des conducteurs comme 2e manche, mais en fait personne n’y allait, c’est ça ? (Ce qui fait du coup effectivement de Reims la 3e manche)
Amicalement,
Bertrand Allamel
Écrit par : Bertrand Allamel | 11/03/2015
Voi sinua, Torvi :-))Minusta tuolla Vekalla on oikeastaan ovela ilme. Aivan kuin olisi miinoittanut sillan ja odottaa koko ajan, että milloin takana porskuttavat vahvikset osuvat miinaan ja lentävät yli laidan…Mikshän mulla aina on nuo vahvistussanat näin vihjailevia? Tuleekohan ne sen mukaan, mitä kirjoittaa? Nytkin on suizedep…Terv. Sanis
Vous avez raison, Bertrand : jusqu’en 1960, les 500 miles d’Indianapolis comptaient pour le championnat du monde de Formule 1. Une totale aberration tant les deux univers étaient étrangers l’un à l’autre. Cela avait été fait à l’origine (en 1950) pour « justifier » la notion d’internationalité du championnat de F1. Mais les F1 n’allaient pas plus à Indy que les monoplaces ricaines ne venaient sur le championnat. Logique, les règlements étaient complètement différents. Il y eut bien une tentative de « rapprochement » entre les USA et l’Europe, la Course des deux Mondes en 1957 et 58 sur l’ovale de Monza pour un… Lire la suite »
Bonne idée que ce sujet. Si je peux me permettre une rectification de pure forme : quoique très courante, l’expression « pôle position » avec un accent circonflexe n’en est pas moins une erreur.
La pole position n’a rien à voir avec le pôle nord ou sud. Ce terme anglais provient des courses hippiques : lors d’une course où les chevaux partent en ligne, le cheval numéro 1, en première position de départ, est placé à la corde près du poteau intérieur de la piste. Poteau qui se dit « pole » en anglais.
Écrit par : Olivier Favre | 11/03/2015
« Swinging on a gallows pole »!
Écrit par : Pierre Ménard | 11/03/2015
Ah c est sûr on apprend sur CC !
Nous apprécions le travail et les idées de Bertrand Allamel et sommes certains qu’ il se réjouit des compétences ici présentes.
J en entends déjà qui parleront d’Ayatollahs, .. Non, du tout : juste des porteurs de mémoire qui prodiguent a l’impétrant leurs conseils amicaux et avisés. Merci à Bertrand, merci à eux.
Écrit par : Olivier Rogar | 11/03/2015
Le championnat 1954 prit forme avec l’arrivée des Mercedes à Reims. Il avait débuté avec un plateau de voitures rouges Ferrari et Maserati agrémenté de quelques Gordini bleues. Si Maserati présentait les remarquables 250 F qui laissèrent leur empreinte, les Ferrai étaient moins bien loties avec des 4 cylindres portés à 2,5 l. Les Lancia se firent attendre et Ascari et Villoresi ne firent débuter la moderne D 50 qu’à la dernière course en Espagne. C’est un Alfred Neubauer qui n’en pouvait plus d’attendre d’en découdre qui débarque à Gueux ses fameuses W196. Il n’en était pas à son premier… Lire la suite »
Attention messieurs, côté forme et syntaxe Olivier Favre est en pole sur CC ! En passant excellent article sur Gunnar Nilsson (Autodiva)…
Écrit par : linas27 | 12/03/2015
Olivier, Certes, nous ne sommes pas des Ayatollahs (d’ailleurs les religieux musulmans sont mal vus en France par les temps qui courent). Mais nous n’en sommes pas loin. L’Ayatollah Khomeiny a dit un jour : « l’Islam sera politique, ou il ne sera pas. » Pour ma part, j’ose affirmer que Classic Courses sera une secte ou ne sera pas. Un jour, j’ai pris en défaut Pierre Ménard : il avait confondu sur une photo le Grand Prix d’Afrique du Sud 1963 avec celui de l’année 1965. J’étais très fier de mon exploit. Pour accompagner cet excellent texte de Bertrand… Lire la suite »