Circuit des Remparts : ces moments-là… !
Il y a avant tout les chiffres qui forment pour les organisateurs de choc, Jean-Marc Laffont et Michel Loreille une enviée carte de visite, 11000 spectateurs payants le dimanche, 5000 pour le concours d’élégance, des concurrents venus de 18 pays, 300 autos alignées sur les trois rallyes.
Patrice Vatan
.
Et surtout ces milliers de familles bras dessus bras dessous montées des quartiers d’Angoulême pour baguenauder en ville, comme si c’était la première fois qu’une course automobile s’y déroulait.
Une cité et son maire, Xavier Bonnefont, qui font corps avec leur Circuit des Remparts, des commerçants jouant le jeu quoique je n’aie pas vu de pompe funèbre proposant des cercueils groupe 4.

C’est pas la première, c’est la 53ème édition. Mon aïeul Marcel Contet inaugura la première en 1939 sur sa Delahaye 135, son lointain descendant fut aperçu à la dernière, dûment interpellé, alors qu’il passait telle une ombre devant la cabine des speakers, par Igor Biétry qui livrait en flatteuse pâture publique un nom dont hélas la notoriété vacille sur les bases floues du pass bidouillé, du brassard Letraset mais bref.
Il y a aussi et surtout ces moments-là… ! Pré-grille du plateau Jean-Pierre Beltoise.
Depuis les MG, Ford Escort, AC Cobra, Ford Mustang au ralenti montent des vroom vroom, bloom bloom bloom, rooum rooum que mon imagination inscrit en capitales grasses au-dessus de leurs toits.
Grondements sourds ou plus ténus, battant chacun au rythme d’une configuration mécanique spécifique, qui se dissolvent par capillarité dans la terre meuble.
Une telle séquence prélude en 2025 à la gentille démonstration, au roulage dominical qui est la norme sur les manifestations historiques françaises.
Non, là ils vont COURIR. Depuis l’arrêt du Grand Prix de Pau, les Remparts demeure l’unique course de vitesse urbaine en France.
Deux hommes se hisseront hors de la mêlée, Damien Kohler sur sa Diva et Olivier Muytjens qui lui livrera un combat héroïque sur une splendide mais encombrante Cobra Daytona.

Il y a ces moments-là… ! Privé de frein à la terrifiante épingle du Marronnier alors que son Austin Metro 6 R4 y plonge à près de 180, Martin Overington se voit déjà comme Clay Regazzoni à Long Beach. Il jette son auto en travers, advienne que pourra.
La Sorcière aux dents vertes étant occupée en Ukraine, il raconte son aventure aux speakers, faisant rimer pas mort avec pas encore.
Dernier plateau. Les cœurs s’alourdissent à l’unisson de deux gros cumulo-nimbus qui stationnent au-dessus de la tribune Foch où fleurissent les premiers parapluies.
En vedette, Eric Hélary, ancien vainqueur du Mans, fait figure d’épouvantail sur une redoutable Ford Escort. Lui donne la réplique sur une agile Alpine A 110 le jeune Jean-François Besson, chouchou du public.

La course est lancée, terrible. Les téléobjectifs donnent sur les écrans géants l’impression de scarabées se disputant la première place sur une gouttière. La prestation de Besson renvoie à celle livrée par Eric Comas il y a quelques années. Englué, Eric Hélary ne termine que troisième, derrière sur Porsche 911 RS un Jean-Jacques Renaut dont le nom sonne comme de vieux souvenirs de la rue de Lille.

Scotchés eux aussi au spectacle, les cumulo-nimbus décident d’attendre un peu avant d’arroser plus loin, bouche bée à l’instar de Madame qui ouvre cette note.
Du bonheur sans entrave, voilà le sentiment qui résume ces moments-là… !