18 juillet 2019

Richard Dallest – Porsche Cayman – Alpine A 110

Reprise des essais Classic-Courses

Essayer des voitures. M’attendais-je à cet exercice lors de la création de Classic Courses ?  Certes non. L’idée est venue de discussions avec Richard Dallest. D’aucuns, et pas des moindres, le qualifient de « diamant brut du pilotage ». Quelle autre place que celle du pilote pour Richard ? Quelle place pour moi ? Sinon celle d’intendant ?

J’y ai consenti avec plaisir. Celui de la découverte d’un homme talentueux et attachant, comme le sont souvent les « vrais » grands. Celui aussi d’une tâche qui exige beaucoup. Respect aux essayeurs de tous bords, de piste ou de route.

Décrire est un exercice de neutralité, de précision et de clarté. Partager ses impressions, apprécier ou critiquer, est une oscillation entre certitude et doute, une pédagogie de l’humilité.

Ne me demandez pas comment nous nous sommes retrouvés sur ce circuit. Avec ces belles autos, avec tout ce monde. Le fait est que nous nous sommes lancés avec les propriétaires, l’accueil d’AGS F1 et deux assistants pour les prises de vue. Une équipée vous dis-je !

La suite viendra. Des voitures exceptionnelles actuelles ou anciennes nous sont proposées. Des idées originales nous sont soumises. Nous avons encore du travail à tous les niveaux. Donc nous ferons un pas après l’autre. « Qui va piano va sano » n’est-ce pas ? Mais ne le répétez pas à Richard !

Olivier Rogar


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Vidéo de l’essai

Pour le compte rendu écrit de l’essai Porsche Cayman – Alpine A 110, nous avons pris le parti de traiter trois chapitres dont l’ordre ne vous semblera peut être pas académique, mais nous l’assumons : Impressions, Présentation, Historique. En alternant pour chacun, les deux modèles testés.


Impressions Porsche Cayman

Ces deux autos incitent au plaisir. En bons coupés à moteur central, elles s’avèrent neutres jusqu’à leur limite. Qui se situe très loin sur la route. Mais sur circuit tous les paramètres sont rapidement à leur paroxysme. Les limites tombent et le caractère des voitures se révèle.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Porsche Cayman 981@ Classic Courses

Laissons la parole à Richard Dallest :

« Installation à bord et commandes : on arrive à trouver sa position facilement. Les réglages sont évolués. La qualité apparente est excellente. On est dans une GT.

Boîte robotisée, lente. Peu réactive. Temps de réponse trop important. Etagement trop long. Des à-coups en résultent. Je n’ai pas apprécié.

Moteur A bord de la Porsche Cayman, poids et courbe de puissance obligent, les accélérations sont linéaires, Les vitesses atteintes sont importantes, mais davantage que le couple, c’est le son caverneux du Flat6 qui marque lorsqu’on est à bord.

Freinage parfait. Rien à dire.

Tenue de route, la Porsche n’est pas joueuse, au contraire de l’Alpine. Elle n’apprécie pas qu’on la brusque un peu. Je n’ai pas fait beaucoup de tours avec mais je n’ai pas pu faire ce que je souhaitais. Il m’aurait fallu plus de temps et changer mon pilotage pour y parvenir. Elle est paresseuse du train avant en entrée de virage et ensuite, par contre, quand l’adhérence vient sur l’avant, l’arrière décroche brutalement.

Conclusion : évidemment on s’en doute, la Porsche est plutôt une Grand Tourisme. Solide. Rigide. Linéaire. On n’a pas l’impression d’être dans une sportive. Elle est efficace mais trop aseptisée.

Impressions Alpine A110

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A 110
Alpine A110 @ Classic Courses

« On s’installe dans l’habitacle de cette jolie voiture bleue et immédiatement il y a deux défauts qui me gênent ; le siège est positionné  trop haut et le réglage du volant est trop limité en hauteur. C’est désagréable pour moi, mais ce n’est pas très grave. Sinon les commandes sont plutôt intuitives et agréables. L’intérieur est suffisamment spacieux. L’ambiance est très sportive.

Dès le démarrage le bruit du moteur est sympa. En roulant la sensation du turbo se fait sentir aux environs des 3000 tr/mn et on prend un petit coup de pied qui n’est pas désagréable.  Ce moteur a du couple et un beau bruit.

La boîte n’est pas bien faite. Elle est très, très bien faite !  Bien étagée. Parfaite. Y compris le petit coup de gaz au rétrogradage.

La direction est aussi une bonne surprise. Elle est bonne. Précise et on ressent bien les réactions du train avant.

Le freinage a été impeccable sur les quelques tours que nous avons réalisés. A tester sur un parcours plus long. Pour nous , aucune critique à formuler.

Le châssis est bien étudié. Bon équilibre des masses, la voiture est bien appuyée sur ses trains avant et son train arrière et secondée par une suspension également bien étudiée. Ceci étant pour un circuit, la voiture est trop souple, elle prend trop de roulis. Ca reste acceptable et surtout ça rend la voiture plus facile à conduire, sur route,. Elle prévient au moment où elle va décrocher. Elle est douce et prévenante. Facile à conduire et gratifiante.

Conclusion est la digne héritière de la Berlinette. C’est un jouet sportif sympathique ! Elle te donne envie de te lever la nuit pour aller enchaîner quelques virages de montagne !

Présentation Porsche Cayman

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A 110
Porsche Cayman 981@ Classic Courses

Lancé en 2005, le Cayman en est à sa quatrième génération. Si la version de notre essai, 3e génération, dispose toujours d’un Flat6, la toute dernière gamme l’a remplacé par un Flat4 Ca rappelle des souvenirs. Avec un Turbo, certes.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A 110
Porsche Cayman 981@ Classic Courses

Issue du Boxster dont les lignes initiales étaient très douces, il s’est virilisé au fil du temps avec un design plus vif, plus agressif. Construction et finition sont exemplaires, il respire la solidité, sa caisse en acier et son poids conséquent nous le rappellent. A l’intérieur, même sensation. C’est du solide et l’antériorité du modèle permet de dire que c’est conçu pour durer.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A 110
Porsche Cayman 981@ Classic Courses

Comme toujours chez Porsche, si le prix d’attaque est compétitif, la liste des options est incroyable, donnant la possibilité de configurer la voiture à son goût pour peu qu’on en ait les moyens. Car la note s’envole très vite.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A 110
Porsche Cayman 981@ Classic Courses

Présentation Alpine A 110

Depuis 2017 et la « Première Edition » l’Alpine est sortie en versions Pure – l’esprit de la Berlinette – et Légende – plus cossue. En 2019 est apparue la version S, plus puissante.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Alpine A110 @ Classic Courses

Antony Villain a réussi un dessin parfait du premier jet. L’Alpine peut être qualifiée de « Néo-Rétro » mais tout dans son dessin respire l’honnêteté artistique. Le dessin de Michelotti a été une source d’inspiration clairement assumée. Il n’y a ni copie servile ni trahison de l’esprit. Cette voiture a sa personnalité. Et elle donne une irrésistible envie de se mettre à son volant.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Alpine A110 @ Classic Courses

Si l’on se rappelle que les Berlinettes étaient données pour 625 kg, le poids est une composante majeure dans la crédibilité du nouveau modèle. Le constructeur n’est pas allé jusqu’au carbone, mais la voiture est dotée d’une structure en aluminium qui permet de contenir le poids à la limite des 1100 kg.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Alpine A110 @ Classic Courses

L’intérieur est doté d’une finition qui rappelle aussi la Berlinette. La qualité perçue est bonne mais pas au niveau de celle de la Porsche. Il faudra attendre un peu pour déterminer la durabilité des matériaux utilisés.

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Alpine A110 @ Classic Courses

Les versions existantes sont très correctement équipées mais ici aussi la personnalisation peut aller loin. Couleurs, échappement, jantes, freins, sièges, audio… et même aide au stationnement arrière sur la Pure, à 1200 €… Le syndrome Porsche pointerait-il – déjà – le bout de son boulier ?

Historique Porsche Cayman

Un roadster avant toute chose

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110
Bmw Z1 – 1988 @ DR

La genèse fut elle contestable, la révolution est partie un certain jour de 1986. Du côté de chez BMW Technik Gmbh avec le Z1. Le premier roadster depuis des années en Europe. Puis un Tsunami est venu du Japon en 1989 apportant avec lui la descendante améliorée des roadsters britanniques des années 60, la Mazda eXperiencen°5n ou MX5.

La déferlante a submergé un marché en manque. Crise économique. Pollution. Sécurité. Le cabriolet léger comme l’insouciance et si peu « responsable » avait été balayé par l’air d’un temps aux saveurs technocratiques. Déjà….

Mazda MX5 – 1990 @ DR

Mais cette Mazda MX 5 si bien faite et l’embellie économique des années 80, ont donné des insomnies à beaucoup d’autres. Successivement sortiront les roadsters Lotus Elise en 1995, Alfa Romeo Spider en 1995, BMW Z3 en 1995, Mercedes SLK en 1996, Porsche Boxster en 1996, Audi TT roadster en 1999… Sans oublier la monstrueuse Dodge Viper en 1992 mais elle est hors catégorie.

Porsche Boxster 986 – 1997 @ DR

Se couvrir, souvent, même chez Porsche

Il en est du cycle du temps comme celui des crises : ca va et ça vient. A chaque fois le climat nourrit l’inquiétude et les fines capotes cèdent la place à de solides toits. Rétractables ou fixes. Chez Porsche le Cayman, une version coupé du Boxster apparait donc en 2005.

Porsche Cayman 987 – 2005 @ DR

A cette époque la firme qui a plusieurs fois eu chaud dans un passé récent, doit son exceptionnelle santé à son PDG Mr Wiedelin Wiedeking. Lors de son arrivée en 1993 la firme vivait sur la 993 et sur les modèles à moteur avant 968 et 928. Les profits étaient plus rares que les pertes et seule la 993 tirait la charrue. Exit les PMA ( Porsche à moteur avant)  et bienvenue au «  bas de gamme » Boxster, au SUV Cayenne etc…

Bilan, la valeur de la firme est multipliée par 80 entre 1993 et 2007. Mr Wiedeking a la tête qui commence à enfler et lui vient l’idée saugrenue de prendre le contrôle du groupe VAG ( Volkswagen Audi). La crise de 2008 passe par là. Les choses ne se déroulent pas exactement comme prévu et la famille Porsche y perd le contrôle de sa propre marque…Wiedeking est débarqué.  Tout cela mériterait un film. Mais c’est une autre histoire à laquelle on pourrait s’intéresser par la détail un jour prochain.

Retro-volution

Pour revenir à ce Boxster qui sert de base au Cayman, la consonnance même de son nom rappelle une autre Porsche célèbre : le Speedster. Version dépouillée et simplifiée mais plus racée, voulue par l’importateur de Porsche aux USA, Mr Max Hoffman en 1954.

Porsche 356 Speedster 1956 @ DFR

Effectivement le Boxster est une version simplifiée de la 911 avec un flat 6 de 2.5 L retourné pour être en position centrale, privant ainsi la voiture des deux places d’appoint arrières de la 911. Mais la standardisation permise par ce modèle avec la future 996 permettront à Porsche de mutualiser pièces détachées, mécaniques et outil d production sur des séries beaucoup plus importantes que par le passé. Marges comme résultats s’en trouveront beaucoup mieux et Porsche persévère depuis dans cette juste voie.

Le Cayman en est aujourd’hui à sa quatrième génération. Ce modèle passe aux yeux de beaucoup comme la juste interprétation de la 911 d’antan, vive et légère. Seul l’écart de puissance moteur préserve les désormais « grandes » 997,991 et 992, du risque de se voir devancer un jour par la petite Porsche.

Compétition

On ne fera pas à nos lecteurs l’injure de rappeler le palmarès exceptionnel de Porsche en sport automobile, 19 victoires absolues au Mans, de multiples titres de champion du monde. Il était donc logique que le Cayman se voit doter de versions Club Sport et GT4.

Historique Alpine A 110

Pour commencer, disparition d’Alpine

Alpiine A 110 1600 S
Alpine A 110 1600S 1971

Simca, Chrysler, Talbot, Panhard sont sortis des écrans radar français entre les années 70 et 80. Leur point commun : avoir été rachetées par plus prospères qu’elles. Alpine a subi le même sort en 1995. Création en 1955 par Jean Rédélé. Prise de participation de Renault en 1964. Majoritaire en 1972. Jean Rédélé quitte le navire en 1978, ses voitures sont rebadgées Renault Alpine. L’histoire se finit en 1995. Place à Renault Sport.

Carlos et Carlos

Le premier aime la gestion et la qualité. Le second aime aussi les voitures. En 2006 la réactivation de la marque Alpine est évoquée par Carlos Ghosn pour un haut de gamme. En 2012, un concept car Renault Alpine, l’A110-50 est présenté lors du GP de Monaco par Carlos Tavares.

Alpine 110-50 2012 @ DR

En fin d’année est officiellement annoncée la résurrection de la marque Alpine. Du luxe on est passé au sport. Du sport à l’histoire. De l’histoire à sa continuation. Le chaînon manquant d’une aventure commencée en 1955 et interrompue d’abord en 1977 pour l’A110. En 1995 pour l’A310. Ce projet se fait en association avec Tony Fernandes, le patron de Caterham. Alors en F1. En 2014, les associés se séparent. Le projet est maintenu et confirmé pour un lancement en 2016. Ce sera finalement 2017.

La production débute par une série de 1955 exemplaires, la « Première Edition » réservée en trois jours en décembre 2016. Les premiers exemplaires sont livrés fin 2017. La commercialisation est un succès. Au premier trimestre 2019 il s’en vendu en France 847 Alpine contre 654 Porsche ( Tous modèles confondus).

Les  premiers seront les derniers…

Les voitures des années 50, 60 faisaient rêver. A partir des années 90, on tente de s’inspirer de leur style. Technologie moderne et lignes évocatrices pour nombre de prototypes. Quelques passages notables en série aussi.

Renault Fiftie 1995 @ DR

Renault est un précurseur en Europe. Dès 1995, pour les 50 ans de la 4cv, sort un prototype, la Fiftie, dont la carrosserie en fibre de carbone s’inspire des courbes de la vénérable 4 pattes. Mais les choses s’arrêteront là.

Pourtant le mouvement s’amplifie. 2001, BMW lance la descendante de la Mini et en fait une marque premium. 2003 VW met en fabrication la Beetle. La Ford Mustang apparait en 2005 puis la Fiat 500 en 2007.

Il faudra donc attendre 2017 pour que sorte l’A110. Antony Villain, son designer n’avait d’autre choix, pour établir un lien sur une quarantaine d’années que de s’inspirer de la Berlinette. Et il l’a fait avec talent.

Compétition

Renault Alpine a bien gagné les 24 Heures du Mans en 1978 avec Pironi – Jaussaud, mais la marque n’a pas un palmarès aussi étoffé que celui de Porsche. Car Alpine, pour le grand public c’est avant tout le rallye avec le titre de champion du monde des constructeurs en 1973 ( Et, s’il avait existé, le titre des pilotes à Jean-Luc Thérier).

C’est pourtant le circuit et l’endurance que la marque a choisi pour renouveler son image et sa notoriété. En association avec Signatec, elle a remporté les championnats ELMS en 2013 et 2014, puis les 24 Heures du Mans et les championnats WEC en LMP2 en 2016 et 2018. Par ailleurs une coupe monotype a été initiée en 2018. Avec des Alpine A110 GT4. Tiens, ça ne vous rappelle rien ?

Classic Courses tient à remercier :

Richard Dallest - Porsche Cayman - Alpine A110

Daniel et José, les heureux propriétaires de ces belles autos.
Patrick d’Aubreby et Jérémie Lamoine de chez AGS F1
Le circuit du Var
Damien et Jonathan pour leur assistance

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