Johnny Rives F1, Grande Bretagne 2017

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LE SACRE INDISCUTABLE D’HAMILTON

Lewis Hamilton avait irrité les plus versatiles de ses supporters en boudant une populaire manifestation des F1 dans les rues de Londres. Quatre jours plus tard, plus rien ne subsistait de cette mauvaise humeur. En dominant de bout en bout le GP de Grande-Bretagne, de cette façon irrésistible qui lui est propre, Hamilton avait rallié la totalité du public britannique à son panache jaune. Comment eut-il pu en être autrement ?

  Johnny RIVES.

GP Grde Bretagne 2017 - Lewis Hamilton vainqueur @ DR
GP Grde Bretagne 2017 – Lewis Hamilton vainqueur @ DR

Lors de la première journée d’essais, vendredi, il avait laissé la vedette à son coéquipier Vallteri Bottas pendant qu’il s’obstinait à rouler avec les pneus Pirelli les moins performants (marqués en jaune). Pas d’esbroufe, il s’agissait de préparer le Grand Prix. Et bien. Le lendemain, samedi, il remettait tranquillement les montres à l’heure avec d’autant plus de conviction que les Ferrari étaient devenues plus menaçantes. Mais en F1, il n’y a qu’un jour de vérité, le dimanche. Et là, pour le coup, Lewis sortit le grand jeu, ne laissant à personne le loisir de l’inquiéter. Il mena de bout en bout sans coup férir. Personne n’y put rien. Même pas Raïkkonen, sans doute vexé une semaine plus tôt par les propos (sévères) tenus à son égard par le directeur de Ferrari Automobili, et qui réagit brillamment à Silverstone. Un Raïkkonen qui aurait vraiment mérité la 2e place derrière l’inapprochable Hamilton. Mais, contraint et forcé par une épidémie ayant affecté certains Pirelli, il l’a cédée à Bottas. Lequel a tenu à la perfection son rôle d’équipier en complétant opportunément le triomphe des Mercedes dans ce temple de la course automobile qu’est Silverstone. Où Hamilton, en signant son cinquième triomphe au GP de Grande-Bretagne, a rejoint deux autres gloires de l’Histoire de la course qui avaient en leur temps réussi la même prouesse : Jim Clark et Alain Prost.

DEGONFLÉES, LES FERRARI ?

GP Grde Bretagne 2017 - Ferrari @ DR
GP Grde Bretagne 2017 – Ferrari @ DR

Le jeu de mot était facile, nous n’y avons pas résisté. Les Ferrari auraient pu subir une défaite honorable à Silverstone, elles roulaient en 2e (Raïkkonen) et 4e positions (Vettel) au 48e des 51 tours prévus. Mais voilà, Pirelli leur a joué un mauvais tour bien involontairement sans doute. Si Raïkkonen avait manifesté quelques craintes, Vettel n’avait rien vu venir. Or, alors que l’arrivée était proche, l’un et l’autre ont été victime de la défaillance de leur pneu avant gauche. Déchapage pour Kimi, éclatement pour Sebastian. Alerté par ces incidents, Verstappen, qui avait exprimé les doutes concernant ses propres pneus, préféra s’arrêter pour échapper au pire. Cela lui permit de gagner une place imprévue au détriment de Vettel (qui en perdit deux autres pour se classer 7e) et de mettre un terme à sa série noire d’abandons. Raïkkonen, malgré l’incident, sauva sa place sur le podium sans cependant empêcher Bottas de lui ravir sa position de dauphin. Son désarroi apparut avec évidence après l’arrivée quand il resta prostré de longues minutes, avachi dans un fauteuil, tandis qu’auprès de lui Hamilton et Bottas commentaient joyeusement leur réussite. Il est nettement apparu, tout au long de ce Grand Prix, que si les Ferrari sont les plus proches rivales de Mercedes, elles sont néanmoins en net retrait sur les « flèches d’argent ». En tout cas sur un tracé rapide comme Silverstone. Vettel affirme que sur un parcours plus sinueux, il n’en serait rien. Ça tombe bien : le prochain rendez-vous est sur le Hungaroring proche de Budapest, où les lignes droites sont rares et courtes. Là, on verra bien si l’optimisme relatif du pilote allemand est réaliste ou non.

SAGE RICCIARDO, BOUILLANT VERSTAPPEN

GP Grde Bretagne 2017 Daniel Ricciardo - Red Bull @ DR
GP Grde Bretagne 2017 Daniel Ricciardo – Red Bull @ DR

Sans attirer sur lui la même attention que son équipier Max Verstappen, sans produire les mêmes coups d’éclat, Daniel Ricciardo s’avère au fil des courses être un atout extrêmement précieux pour l’écurie Red Bull. A Silverstone, parti de la dernière ligne, il a été l’auteur d’une course pleine de détermination au terme de laquelle il a obtenu une 5e place de qualité grâce à une remontée méthodique et mesurée. Sa course, autant que celle de Verstappen, a permis de confirmer les grandes qualités routières des Red Bull auxquelles il ne manque qu’un peu de souffle en ligne droite pour se hisser plus régulièrement parmi les vainqueurs potentiels. Malgré la cavalerie de sa Ferrari, Vettel n’a pas été en mesure en début de course de déloger Verstappen de la 3e place que le Néerlandais lui avait subtilisée grâce à un départ plus incisif. Pour y parvenir il a du procéder par ruse en changeant de pneus avant son adversaire, ce qui lui a permis de se retrouver devant lui quand Verstappen a effectué le sien. Stratégie qu’il a peut-être payée en fin de parcours quand ses pneus avaient sept tours d’usure de plus que ceux d’Hamilton et 14 que ceux de Bottas. Compte tenu des vertus de leurs Red Bull, Verstappen et Ricciardo attendent avec sans doute plus d’espoir encore que Vettel d’affronter le Hungaroring, fin juillet.

RENAULT A FÊTÉ SES 40 ANS

GP Grde Bretagne 2017 Yellow Tea Pot @ DR
GP Grde Bretagne 2017 Yellow Tea Pot @ DR

La prestation de l’équipe française en Autriche, une semaine avant Silverstone, avait été d’une indigence totale. Les deux Renault de Palmer et Hulkenberg, hors du coup, avaient terminé toutes deux hors des points. La première journée d’essais à Silverstone semblait annoncer une déception aussi grande pour le 40e anniversaire en F1 de la firme au losange.       Hulkenberg et Palmer avaient été pointés aux 17e et 18e places à la fin des premiers essais (L1). Etrennant un nouveau soubassement (fond plat) dont l’influence est si prépondérante au plan de l’aérodynamique des F1, Hulkenberg progressa de manière significative lors des L2 où il se hissa au septième rang, ayant réussi comme les six inapprochables pilotes des équipes Mercedes, Ferrari et Red Bull, à tourner en moins de 1’30’’ au tour. Performance que Hulkenberg confirma le lendemain en L3 et surtout en qualification. Ce qui, grâce à la pénalité de Bottas (changement de boîte de vitesses) et aux ennuis de Ricciardo, lui permit de décrocher la 5e place sur la grille de départ.

GP Grde Bretagne 2017 Jabouille - Hulkenberg - Palmer @ DR
GP Grde Bretagne 2017 Jabouille – Hulkenberg – Palmer @ DR

Restait à confirmer en course, ce dont fut empêché l’infortuné Palmer – déjà sur la sellette en raison de son comportement décevant, et là, comble de la malchance, obligé de renoncer devant son public dès le tour de formation. La responsabilité d’Hulkenberg était d’autant plus grande que Renault fêtait, sur les lieux mêmes où avait débuté avec J.P. Jabouille sa toute première F1 à moteur turbo 40 ans plus tôt, son intronisation en Grand Prix. L’Allemand de l’équipe française n’a pas déçu son employeur à cette occasion. Il a mené une course extrêmement sérieuse à l’avant de ce que Grosjean avait humoristiquement nommé le « reste du monde » une semaine plus tôt.

GP Grde Bretagne 2017 Renault RS 01 1977 @ DR
GP Grde Bretagne 2017 Renault RS 01 1977 @ DR

GP Grde Bretagne 2017 Renault @ DRPneus fatigués, il a même décidé de ne pas opposer à Ricciardo, revenu du diable vauvert, une résistance qui eut pu s’avérer funeste. Pour cueillir finalement dans le dernier tour une 6e place due aux ennuis de Vettel. Certes son meilleur tour en course (1’32’’577) le place à près de deux secondes du record établi par Hamilton (1’30’’621). Mais il situe sa F1 améliorée près  d’une seconde au-dessus du rythme des Force India (1’33’’504 pour Perez et 1’33’’521 pour Ocon) que l’on désigne généralement comme les meilleures derrière les « six grands ». A confirmer en Hongrie.

GP Grde Bretagne 2017 Renault @ DRGP Grde Bretagne 2017 Renault @ DR

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Daniel BOUTONNET

Aux commentaires évidemment judicieux de Johnny, je n’ajouterai qu’une chose: quand s’arrêtera la mascarade grotesque des pneumatiques ? Lorsque j’entends Jacques Villeneuve dire, hélas avec raison « Cela fait deux tours qu’il attaque au maximum, ses pneus sont morts », j »ai envie d’arrêter ma télé !

Marc

encore plus simple : je ne l’allume plus !
un résumé de la course par Monsieur Rives, sans polémiques stériles, me suffit à garder un oeil sur cet ersatz de sport auto qu’est devenue la F1

richard JEGO

MAis qui est responsable de ce feuilleton pneumatiques , Pirelli qui fabrique ce qu’on lui demande de fabriquer ou la FIA de TODT qui lui donne un cahier des charges à respecter scrupuleusement ??
Voire dans certains cas les teams qui ne respectent pas les pressions de gonflage données par Pirelli ?
Qu’on en revienne à la compétition avec 2 manufacturiers car monopole et progrès sont 2 mots en contradiction .

Daniel BOUTONNET

Aux commentaires évidemment judicieux de Johnny, je n’ajouterai qu’une chose: quand s’arrêtera la mascarade grotesque des pneumatiques ? Lorsque j’entends Jacques Villeneuve dire, hélas avec raison « Cela fait deux tours qu’il attaque au maximum, ses pneus sont morts », j »ai envie d’arrêter ma télé !

Marc

encore plus simple : je ne l’allume plus !
un résumé de la course par Monsieur Rives, sans polémiques stériles, me suffit à garder un oeil sur cet ersatz de sport auto qu’est devenue la F1

richard JEGO

MAis qui est responsable de ce feuilleton pneumatiques , Pirelli qui fabrique ce qu’on lui demande de fabriquer ou la FIA de TODT qui lui donne un cahier des charges à respecter scrupuleusement ??
Voire dans certains cas les teams qui ne respectent pas les pressions de gonflage données par Pirelli ?
Qu’on en revienne à la compétition avec 2 manufacturiers car monopole et progrès sont 2 mots en contradiction .