Une saison 2012 extrêmement riche

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johnny rivesVoici bien longtemps qu’une saison de F1 ne nous avait pas autant enthousiasmés. Le nombre de vainqueurs illustre l’âpreté de la lutte et l’époustouflant final qui s’en est suivi. L’équilibre des forces en présence  est la racine de ce championnat  spectaculaire. Analyser une saison actuelle dans Classic COURSES relève de la provocation nous dirons certains, nous leur répondrons que cette saison a mis au premier rang toutes les valeurs « classic » auxquelles nous sommes attachés. L’engagement, le courage et le talent ayant dominé toute autre considération. L’analyse qu’en fait Johnny Rives contribue, au surplus, à faire de cette saison l’une de celles dont on se souviendra dans quelques décennies.

Classic COURSES

 

Il s’est passé tant de choses au cours de cette riche saison 2012 de Grands Prix qu’en faire le tri n’est pas aisé. Sur le couronnement de Sebastian Vettel, il n’y a guère à épiloguer tant il paraît logique. Il ne m’est pas facile de rejoindre le chœur des nombreux fans d’Alonso en pleurant sur l’échec de l’Espagnol, même si je reconnais que sa victoire au championnat n’aurait pas constitué un déni de justice sportive. Mais je ne peux effacer de ma mémoire son comportement hypocrite et décevant lors du fameux épisode scandaleux fomenté par Flavio Briatore, épisode qui a couté sa carrière en F1 à Nelsinho Piquet. A cette occasion, Alonso avait manqué d’élégance en feignant l’étonnement comme s’il n’était au courant de rien. Cela le marquera à jamais à mes yeux. Dommage, car quel talent ! En est pour preuve sa superbe saison 2012 – qu’il a qualifié lui-même comme étant la « meilleure » de sa carrière, ce qui n’est pas rien…

johnny rives

Il n’est évidemment pas le seul qui aurait mérité un meilleur sort à l’issue de ce championnat si disputé. A commencer par Lewis Hamilton, trop souvent accablé soit par des défaillances mécaniques ou le manque de répondant de sa propre équipe. Il n’a commis selon moi qu’une seule erreur, mais de taille : quitter McLaren pour les dollars de Mercedes. Il a dû être sacrément habile celui qui l’a convaincu de signer dans l’équipe la plus décevante de la saison 2012 ! Car de toute évidence, chez Mercedes, Ross Brawn n’est plus l’ingénieur irrésistible que l’on avait connu chez Benetton puis chez Ferrari. Il est vrai qu’il avait alors auprès de lui l’ingénieur Rory Byrne dont on mesure mieux aujourd’hui l’importance de ses options techniques. La seule chance d’Hamilton est que Brawn ait réussi à convaincre Byrne de quitter sa retraite ensoleillée pour le rejoindre. Ou qu’il ait déniché un jeune technicien d’un niveau égal à ce trop modeste mais extraordinaire ingénieur.

Si Jenson Button est à placer au rang des héros mal payés (en points) du championnat 2012, il est difficile d’en dire autant de Mark Webber, aussi sympathique que soit cet Australien. Il ne s’est pas hissé à un niveau suffisamment proche de son leader contrairement à Massa dont la fin de saison a été époustouflante. Après la mise au placard à laquelle la presse avait condamné Felipe en début de saison, il fallait le faire… Reste à savoir si en 2013 Massa ne va pas se prendre pour celui que Ferrari n’attend plus en tentant de s’imposer à Alonso. Méprise à l’abri de laquelle, quoiqu’il puisse en penser, se trouve désormais Webber vis à vis de Vettel. Il n’est pas au même niveau.

Une des plus réjouissantes satisfactions du championnat 2012 reste évidemment Kimi Raikkonen qui a tiré, en franchissant l’arrivée des 20 Grands Prix – dont une fois en vainqueur, s’il vous plait ! – le parti maximum de sa Lotus, malgré un important déficit en vitesse de pointe pendant les trois quarts de l’année. Autant que son indiscutable valeur, ce que j’apprécie beaucoup chez lui est son attitude sans fard, brut de fonderie, et son franc parler. A mes yeux, un gentleman, c’est ça !

Puisque l’on en est à Raikkonen, je saute sur l’occasion pour écrire la forte impression que m’a laissée… Jean-Eric Vergne ! Non, vous n’avez pas la berlue, c’est bien de JEV qu’il s’agit ici. Pas besoin de vous faire un dessin, je présume… Bien qu’il n’ait que très rarement réussi à se hisser au niveau de l’excellent Ricciardo en qualification, Vergne a tiré à plusieurs reprises un parti étonnant de sa Toro Rosso. Les amis que je compte encore sur les circuits me disent hélas qu’il n’est pas la simplicité personnifiée. Dommage. Tant pis pour lui et pour ceux qui seront amenés à avoir des contacts humains avec lui (je pense aux journalistes, évidemment). L’essentiel est qu’il soit fort (il en a l’air) et qu’il puisse prétendre raisonnablement prendre le relais de nos grands anciens, dont les plus récents sont Jean Alesi et Olivier Panis, ce qui ne rajeunit personne !

Au rang des déceptions, je ferai preuve d’originalité en citant Sergio Perez qui, depuis qu’il a signé chez McLaren, semble avoir oublié toutes les qualités qu’on lui reconnaissait jusque là chez Sauber. A se demander si McLaren n’a pas loupé le coche en ne retenant pas « Hulk » Hulkenberg… Bruno Senna, qui avait correctement tiré son épingle du jeu tout au long d’une saison assez satisfaisante, a mal conclu lui aussi. Il a démontré – hélas devant son public à Sao Paulo – que s’il a choisi de courir sous le prestigieux nom de son oncle, il ne mérite pas un autre prénom que le sien. Quel dommage pour lui d’avoir commis, le jour de la grande finale, LA bévue que chacun se devait absolument d’éviter ! Heureusement, Vettel, que Senna a accroché lors d’une tentative de dépassement inconsidérée, n’a pas perdu ses nerfs. Il a pu repartir à la conquête d’un titre mérité. Mais Bruno a frôlé le scandale et j’ai bien peur qu’il risque d’en payer le prix.

 

Johnny RIVES.

Photo Vettel Alonso @ Telegraph.co.uk
Photo Johnny Rives @ Olivier Rogar
 

 

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Carol Quiniou

Carol Quiniou

Philippe Robert

Attention il y a un coquille à Vettel (Sebastian pas Stefan)

Pierre Ménard

Je fais partie des gens qui se réjouissent de lire l’analyse d’une saison de F1 moderne dans un site comme Classic Courses. Il n’y a en fait pas de « Sport automobile Historique » et de « Sport automobile moderne ». C’est comme en musique : il y a la bonne, et la mauvaise musique. Et 2012 s’est effectivement révélée comme un cru exceptionnel (même si les artifices programmés par les autorités, DRS et SREC, ont bien aidé à entretenir spectacle et suspense).

Michel LOVATY

Voilà. Merci quand même pour cette brillante analyse !

Daniel DUPASQUIER

Malheureusement aucune commune mesure entre, par exemple, le final de 1968 au Mexique avec la charge émotionnelle qui l’entourait et celui de 2012. Je ne suis vraiment pas convaincu de l’intérêt et de la pertinence des grands prix d’aujourd’hui. Le dernier beau titre à mon sens fut celui de Damon HILL. Après, la course automobile ne fut plus jamais tout à fait comme avant. ALONSO, n’en déplaise, m’aurait assez plus comme champion même si BUTON reste le plus attachant et un digne héritier dans la tradition des pilotes de grand prix.

cazaumayou

Attitude d’évitement à la ALONZO §

Olivier Rogar

Il est des silences qui peuvent être assourdissants. Johnny a été assez clair au sujet de R.Grosjean en évitant de commenter. Peu importe la nationalité, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. On se souvient de James the shunt, de Jody Schekter mais les circonstances et la fréquence des crashes étaient différentes. R.Grosjean, malgré sa pointe de vitesse, est-il fait pour la combinaison qu’il endosse ? Je souhaite franchement que l’avenir me donne tort. Mais le doute est en moi.

Guy Le Page

Merci pour cette belle analyse globale d’une grande saison de F1. Je rejoins Johnny sur le cas Alonso qui a du mal à se rendre « sympathique » malgré un talent énorme. Le portrait type du « pilote bien comme il faut » Jenson Button, c’est sur.

Francis Rainaut

Ou bien alors il faut qu’il surprenne tout le monde façon J.Button fin 2008 quand tout le monde le donnait has-been.

laurent riviere

Johnny Rives dans la gueule du diable nous a appris comment est venue sa passion pour la compétition qui l’a conduit à devenir un journaliste automobile reconnu.Par son intermédiaire Classic Courses, si attaché au passé s’ouvre à un genre nouveau.Une saison de F1 s’annonce toujours palpitante surtout en 2012 avec la confrontation de 5 champions du monde et l’inévitable montée en puissance des nouveaux prétendants.Ross Brawn avait une carte difficile à jouer avec une équipe surveillée par le Directoire hésitant et divisé de Mercedes.Si l’on écarte la valeur humaine que chacun peut attribuer à ces champions pour éviter toute polémique… Lire la suite »