3 juin 2024

Tout Bugatti à Uzès cet été

Le Grand Prix de Lyon a eu lieu il y a un siècle et couronna la Bugatti 35. Monticelli, le peintre, naquit à Marseille en 1824. Ajouter à cela l’écrin d’Uzès et deux passionnés d’art et d’automobiles, vous obtiendrez alors une exposition à ne pas manquer du 22 juin au 13 octobre 2024.  François Melcion, l’un des co-organisateurs nous présente ce qui sera l’un des évènements culturels de l’été.

Propos recueillis par Olivier Rogar

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La genèse

François Melcion : « L’idée de cette exposition est née d’une façon assez amusante :  j’habite à côté d’Uzès et j’ai la chance d’avoir comme voisin Marc Stammegna,  expert du peintre Monticelli, amateur et collectionneur, marchand d’art, issu d’une famille de marchands d’art.  Il a organisé, deux années de suite, une manifestation en accord avec le Maire d’Uzès, dans ce qui va devenir un très beau Musée, l’ancien évêché, un bâtiment superbe. »

Bugatti
Marc Stammegna et François Melcion

« Dans une conversation, il m’a fait part de son projet d’organiser cette année à côté de l’exposition Monticelli, une exposition de bronzes.  Rodin notamment mais il a aussi mentionné Bugatti. Notre échange nous a alors conduit à constater que nous nourrissions le même intérêt passionné pour les artistes de la famille Bugatti.

Cela nous a donné l’idée d’une exposition sur la famille Bugatti dans son ensemble. On pourrait avoir des bronzes de Rembrandt, des meubles de Carlo et des autos d’Ettore. Cette idée nous plaisait bien. On l’a présentée au Maire, Monsieur Jean-Luc Chapon qui a validé et nous nous sommes mis au travail. Bénévole, cela va sans dire. »

Ettore Bugatti (1881 Milan – 1947 Neuilly sur Seine)

Bugatti_type_40__Guillaume_Bonnefont

« Ettore, pour moi, ce n’était pas trop difficile de trouver des autos. Quoique… Il faut quand même trouver de bons copains qui les prêtent pendant plus de trois mois … On a donc trouvé dix voitures.

Je souhaitais d’abord des voitures parfaites quant à leur provenance. Pour une exposition, je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir de copies. Par ailleurs il fallait constituer un éventail de modèles représentatifs de l’œuvre d’Ettore Bugatti.

Il fallait absolument une carrosserie « fiacre », un ou deux modèles « Grand Prix », évidemment, c’est le centenaire de la 35 cette année comme on l’a déjà dit, j’en ai trouvé une du Grand Prix de Lyon 1924 et une à compresseur. J’ai la chance d’avoir un ami qui possède l’ancienne Bugatti 43 du Roi des Belges, Léopold II et par ailleurs Bruno Vendiesse qui nous prête une 57 et un Brescia.  Je voulais aussi une voiture de jeunesse de Bugatti. La première sur laquelle il a travaillé, un tricycle  Prinetti & Stucchi, qui est en Suisse et date de 1899. Son propriétaire a  accepté de nous le confier. Et il y a enfin la Bugatti 56 électrique de 1931. Dix ont été fabriquées. Il en reste quatre au monde et c’est la seule dans une collection privée.

C’est représentatif bien qu’il soit difficile de résumer une carrière aussi riche que celle d’Ettore Bugatti en dix voitures. C’en est même frustrant. Il y a plein de choses que j’aurais pu aussi avoir mais je n’ai pas la place.

J’ai pu aussi me faire prêter une maquette d’autorail Bugatti, le fameux avec les moteurs de la Royale. Ensuite les avions, les bateaux, c’est plus difficile, mais on en parle dans le catalogue de l’exposition. Il y aura un catalogue pour Bugatti et un pour Monticelli. »

Carlo Bugatti (1856 Milan – 1940 Paris)

Bugatti
Chaise_à_dossier_basculant__dite___chaise_cobra__

« Le concernant on a fait le choix de mettre peu de choses mais des objets exceptionnels. Un ami qui souhaite rester anonyme nous a prêté de très beaux meubles dont un chef-d’œuvre, la chaise Cobra. Il n’y en a que trois ou quatre au monde. Il nous a aussi confié deux bureaux dont un était précédemment chez Alain Delon. Grand amateur de Carlo et Rembrandt Bugatti.  Il nous a aussi prêté une chaise, un coffre. On a trouvé un trône également. Donc quelques très belles choses.

Ce que peu de gens savent c’est que Carlo ne s’est pas limité aux meubles, il a fait aussi de l’argenterie et de l’orfèvrerie. On a ainsi découvert plusieurs objets qui démontrent qu’il touchait un peu à tout avec talent et qui seront exposés. »

Rembrandt Bugatti (1884 Milan – 1916 Paris)

« Marc expose donc certains bronzes de sa collection et il est ami avec un collectionneur anglais qui nous en a aussi prêtés. Il va y avoir environ seize œuvres de Rembrandt ainsi qu’un plâtre. Ce qui est intéressant car on réunira le plâtre et l’œuvre en bronze, ce qui est très rare.

Puma_male__Christophe_Duranti

Deux autoportraits de Rembrandt également. Dont un est un peu inquiétant, réalisé très peu de temps avant sa mort, on sentait que ça n’allait pas bien.

Rembrandt qui est reconnu aujourd’hui comme l’un des plus grands sculpteurs animaliers ayant existé. Son œuvre est assez restreinte, il a produit pendant quinze ans seulement. Les tirages étaient très limités, réalisés par le fondeur Hébrard qui était extrêmement exigeant sur la qualité du bronze et donc sur la quantité produite. Et ce qui n’a rien arrangé, pendant la guerre, un certain nombre de bronzes ont été fondus pour l’industrie… »

Bugatti

L’exposition

« Les voitures seront exposées dans une salle au rez-de-chaussée. Une salle à l’étage est consacrée à Carlo et Rembrandt et trois salles à Monticelli dont environ soixante œuvres seront exposées.  

Tout un chacun pourra donc aller à la découverte de ces deux univers. On fera sans doute plus découvrir Monticelli à des gens qui viendront pour Bugatti que Bugatti à des gens qui viendront pour Monticelli.

C’est une thématique intéressante parce que c’est un mélange de genres et cette famille Bugatti est assez étonnante, un père et deux fils, qui excellent dans trois spécialités complètement différentes. C’est très rare. Les dynasties s’expriment habituellement dans le même domaine.

Leurs destins seraient même presque contrariés. Ettore a commencé par l’Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan pour le dessin et la peinture. Son frère aussi. Il s’est alors aperçu que son cadet était meilleur que lui. Il s’est alors tourné vers la mécanique qui était sa passion (Avec les chevaux).

Totalement autodidacte. Il n’a pas fait d’études de mécanique ou d’ingénieur. Il avait ça dans le sang. Chose qu’il a d’ailleurs transmise à son fils Jean. Malheureusement disparu trop tôt, en 1939. Les autres membres de la famille, les deux sœurs et le jeune frère n’ayant pas vécu dans le même contexte ni hérité de la même passion. 

Au travers de cette exposition, la première du genre en Europe, la première où sont réunies en un seul lieu les travaux des trois artistes, on espère générer de l’intérêt pour l’oeuvre des Bugatti, la faire découvrir et, qui sait, susciter des vocations ! »

François Melcion

Né en 1952 à Paris, il acquiert une Citroën C4 Torpédo en 1967. Ce qui lui permet de rencontrer Marc Nicolosi avec lequel il va se lier d’amitié. Après Sciences Po et une licence de lettres il ouvre un magasin d’antiquités automobiles en 1974. La même année, à l’occasion du lancement de l’encyclopédie Alpha Auto, il collabore à une exposition de voitures anciennes organisée par Marc Nicolosi. C’est ainsi que les deux hommes se lancent ensuite dans l’organisation du premier salon Rétromobile en 1976. Ensemble, ils écument les routes d’Europe à bord de leurs Bugatti pour convaincre les collectionneurs de leur confier leurs voitures. On connait la suite et le succès de cette aventure. Marc Nicolosi tirera sa révérence en 2003. François Melcion restera aux commandes jusqu’en 2018.
Depuis il coule des jours heureux à Uzès où sa passion pour la voiture ancienne fait de lui un homme toujours très sollicité.

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