Nous suivons, en ces journées chaudes du mois d’août, un Patrice Vatan qui jouit de la fraicheur de Cosne-sur-Loire et nous entraine vers « sa » saison 1975.
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La saison 1975 de Patrice Vatan :
GP de Grande Bretagne 1975
Sur la route de Silverstone 1975
GP de France 1975
GP des Pays Bas 1975
GP de Suède 1975
GP de Belgique 1975
Ontario Circuit fantôme
GP de Pau 1975
GP de Monaco 1975
GP d’Espagne 1975
Montlhéry 1975
Daily Express Trophy 1975
Dijon Presnois 1975
Race of Champions – Tom Pryce 1975
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Scandinavian Raceway Anderstorp, Anderstorp, Sweden, le 8 juin 1975
Posté à l’extérieur de Startkurvan, le droite après la ligne de départ, on en prend plein la tronche, et des petit bouts de gomme aussi, juste récompense d’une nuit passée à traverser l’Europe du Nord.
Chaque pilote a son style. Peterson tout en travers sur sa vénérable Lotus 72, Lauda négocie sur un rail, en épicier, sur sa Ferrari 312T – j’ai beau chercher quelque chose de Lauda chez mon épicier de Palaiseau, mais la presse l’adore comparer à ce type de modeste commerçant.
Vittorio Brambilla bloque ses Girling avant que des écopes ne refroidissent pas. Les ardeurs du Gorille de Monza lui arrachent une très étonnante pole position, plus vite de 4/10e que Depailler.

Arrivé vendredi à l’aube à Anderstorp, bourg riquiqui de 4 500 habitants situé à 160 km au sud-ouest de Göteborg, dont l’activité industrielle est tout entière tournée vers le bois et à propos duquel on se demande où il trouve les ressources pour monter un Grand Prix de F1.
C’est l’affaire d’un magnat local, Sven Asberg, court bonhomme habillé en cow-boy que son perpétuel cigare long comme lui fait surnommer « Smokey ».
Il a consommé trois sponsors en trois éditions de son Grand Prix : après Texaco en 1973, Hitachi en 1974, c’est au tour des caravanes Polar d’ouvrir le portefeuille.

Sa faconde et son cigare en font une sorte d’emblème du circuit, comme Toto Roche à Reims ou Tex Hopkins à Watkins Glen ; nous le côtoyons au High Chaparral, un lieu de plaisir à la façon d’un ranch de western ; nous, attablés devant un steak de bison large comme la table de bouleau, lui trônant avec les huiles de la F1.
Ces quelques remarques pourraient faire passer la Suède pour un pays de cocagne, rien n’est moins vrai, toute la bouffe est importée, donc hors de prix, l’hébergement est plus spartiate qu’à Fleury-Mérogis, et si les filles ressemblent toutes à Anita Ekberg, elles noient le lourd ennui qui semble frapper ce pays dans la boisson. Sinistre spectacle de nanas bourrées dans les campings.
Un jeune type au physique de playboy, Ray Ban et brassard à la manche, flâne au paddock. Je m’approche pour voir qui c’est sur son laissez-passer : Hans Majestet Carl Gustav. Roi de Suède depuis deux ans. Il ramasse des stoppeurs dans sa Mercedes à la sortie du circuit.

Le sieur Knut Lonngren réhausse la cote de son pays en me délivrant le pass « fotograf » promis dans son courrier ; Guy Royer inaugure le sien par un belle série de clichés sur fond d’avions, ceux des patrons d’écuries, notamment le Piper Aztec Embassy Hill de future funeste mémoire.

Pendant ce temps, Niki Lauda a raflé sa troisième victoire de rang, en épicier, écrira la presse. Il a profité des abandons de Brambilla, Depailler, Jarier et Pace. On l’imagine ôter son crayon de l’oreille pour faire une rapide addition de points sur un méchant calepin marqué Spar.
Trêve de billevesées, dans 15 jours, Zandvoort.
Patrice Vatan