Johnny Rives honore la mémoire de José Froilan Gonzales. Et il nous fait partager une lecture marquante, celle des « Princes du tumulte », dont le pilote argentin faisait naturellement partie.

Classic COURSES 

 

josé froilan gonzales,johnny rives,les princes du tumulte,pierre fisson,ferrari,grand prix de monaco 1950José Froilan Gonzalez, dont on déplore la récente disparition, a laissé des traces indélébiles dans l’histoire de la course. En 1954, il a notamment, en tandem avec Maurice Trintignant au volant de la fameuse Ferrari 375 +, brisé la longue période de domination des Jaguar aux 24 Heures du Mans – qui s’est étendue de 1951 à 1957. Mercedes y était également parvenu en 1952.

 

Mais son triomphe le plus fameux est évidemment celui enregistré le 14 juillet 1951 à Silverstone, lorsqu’il a apporté à Ferrari sa première victoire en championnat du monde en battant l’armada des Alfa Romeo emmenée par Fangio, jusque là imbattue en championnat du monde. Ce fameux jour qui valut à Enzo Ferrari, quelque temps plus tard, de s’exclamer : « Ce jour là, c’est un peu comme si j’avais tué ma mère, » en référence à la période d’avant guerre où il dirigeait l’équipe de course Alfa.

 Le Mans 1954 – Gonzalez – Trintignant – Ferrari 375+ @ DR

 

Cela se sait moins, mais Gonzalez avait reédité son triomphe trois ans plus tard, sur le même circuit de Silverstone, en portant sa Ferrari 625 à la victoire au nez et à la barbe des Mercedes emmenées par le même Fangio – Mercedes avaient pourtant insolemment triomphé deux semaines plus tôt à Reims.

 

Quel genre d’homme était ce pilote auquel son épaisse silhouette reflétait assez bien une débonnaire mentalité ? Modeste, il accepta sans jamais rechigner de mener sa carrière dans l’ombre de son compatriote et ami Juan-Manuel Fangio. On retiendra encore un détail : en 1954 leur jeune compatriote Onofre Marimon se tua lors des essais du G.P. d’Allemagne sur le grand Nurburgring. Très affecté, Gonzalez prit néanmoins le départ de la course, harcelant les Mercedes au volant de sa Ferrari. Jusqu’à ce que, peu à peu privé de ses moyens par  l’émotion, son stand l’arrête pour le remplacer par Hawthorn qui avait été trahi par sa propre Ferrari.

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Monaco 1950 Fangio Alfa-Romeo, Gonzales Maserati @ DR

Dans son roman « Les Princes du Tumulte », l’écrivain Pierre Fisson a dépeint le pittoresque Gonzalez à travers le récit d’un épisode du G.P. de Monaco 1950 dans lequel il avait été engagé sur une Maserati de l’Ecurie Argentine.

Extrait :

 

josé froilan gonzales,johnny rives,les princes du tumulte,pierre fisson,ferrari,grand prix de monaco 1950‘’Les haut-parleurs annoncèrent : « Le coureur argentin Gonzalez est en feu dans le virage du gazomètre ».

(…) Fangio repassait, ayant cette fois accentué son avance sur la Ferrari d’Ascari. De l’autre côté des stands ils virent passer le gros Gonzalez enroulé dans un drap, soutenu par trois infirmiers.

 – Que paso ?.. cria le chef mécanicien de chez Alfa. Gonzalez s’arrêta pile et ses yeux cherchèrent qui l’appelait. Lorsqu’il l’eut reconnu, se débattant pour se libérer des infirmiers, il arracha le drap et montra son dos et son cou rouge vif.

 – El fuego… el fuego… Et il se trémoussa. La foule qui de loin avait vu son geste, applaudit. « Grâce au sang-froid de Gonzalez un accident a été évité… » tonnèrent les haut-parleurs. « Comme il bouclait son premier tour le réservoir de la Maserati n°2 se mit à brûler obligeant Gonzalez à quitter sa voiture en marche. Mais voyant que celle-ci, insuffisamment freinée, risquait de se diriger vers la foule, le coureur argentin sauta dans la voiture et la dirigea vers une zone de sécurité, où par chance on réussit à éteindre le feu… »

La voix fut alors couverte par le vrombissement de la meute qui repassait. Ala sortie du virage du gazomètres, attaquant la ligne droite derrière les stands, Fangio, voyant les infirmiers autour de Gonzalez gesticulant, pointa vers eux la voiture et freina brutalement.

 – Todas bien !… se mit à gueuler Gonzalez. Todas bien… De la main, il lui fit signe d’accélérer. Le grondement de l’Alfa reconstruisit toute sa voûte sonore. L’énorme voiture rouge s’aplatit, écrasant ses pneus, et Fangio, droit sur son siège, le visage barré par les lunettes noires, fit un large geste vers Gonzalez et bientôt on ne vit plus que son arrière. »

 

Johnny RIVES

 

 

Voir également l’album photos.

 

 

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