3 avril 2015

F1 2015 : Le billet de Johnny Rives – Malaisie 2

VETTEL ET FERRARI OSMOSE IMMÉDIATE !

A l’issue de l’indigent Grand Prix d’Australie ayant ouvert la saison 2015, par fantaisie, nous nous étions exclamés « Vivement le Grand Prix de Malaisie ! » On avait compris que, plus qu’un message d’espoir, il s’agissait d’un cri de dérision stigmatisant une F1 perdant tout intérêt. Car, à vrai dire, des espoirs nous n’en nourrissions guère. Notre appel était somme toute une prière désespérée. Or, cette grande et inattendue surprise que nous appelions, les circonstances nous l’ont offerte sur le circuit de Sepang dans un menu mitonné aux petits oignons nous ayant permis de savourer ce tant espéré Grand Prix de Malaisie. Mettant à profit notre indulgence, celui-ci nous a raccommodés avec la F1. Et joliment. On a enfin vécu une course qui ne s’est pas résumée à une démonstration de force des Mercedes. Ni au monotone duel entre Hamilton et Rosberg – monotone car pratiquement joué d’avance.

Johnny Rives

 

Encore influencés par le G.P. d’Australie, on misait à Sepang sur un bon départ de Vettel pour semer le trouble chez Mercedes. Un hasard météorologique avait permis à Sebastian de se qualifier en 1ère ligne aux dépens de Rosberg. Alors s’il bondissait plus vite qu’Hamilton à l’extinction des feux… Mais non ! Vettel prit même un départ moyen et il s’en fallut de peu que Rosberg ne lui subtilise la 2e place derrière Hamilton, implacable. Bonne nouvelle pourtant, placée entre les deux Mercedes la Ferrari n°5 se montrait capable de soutenir une cadence digne de ses rivales argentées. Tel n’était en revanche pas le cas de la Ferrari n°7 : le pauvre Raïkkonen, déjà floué en qualif par le caprice orageux qui avait porté chance à son équipier, se retrouvait à l’amorce du 2e tour avec son pneu arrière gauche entaillé par un choc avec Nasr. Après un pénible retour à son stand, le Finlandais se voyait relégué en 19e et dernière position, loin, très loin des leaders.

C’est alors que la seconde Sauber allait intervenir en sa faveur (entre autres). Le brave Marcus Ericsson, si abondamment raillé par Jacques Villeneuve l’an passé quand il jouait les chicanes mobiles avec sa Caterham, peut-être grisé par sa 9e place sur la grille ici à Sepang, manqua totalement son freinage après les stands. Enlisé dans les graviers, il déclenchait l’intervention de la voiture de sécurité. Tout allait partir de là.

Devant cette précoce neutralisation, la plupart des pilotes rentraient aux stands pour un premier changement de pneus. Au 5e des 56 tours à couvrir seulement, était-ce raisonnable ? Vettel et quelques autres estimèrent que non. A l’inverse, Hamilton, Rosberg, les Williams et les Renault (Red Bull et Toro Rosso) choisissaient l’option de l’arrêt. La hiérarchie était chamboulée. Au 6e tour, Vettel menait devant… Hulkenberg et Grosjean ! Hamilton et Rosberg étaient relégués aux 8e et 9e places. De quoi se frotter les mains pour tout spectateur en quête d’émotion !

On ne remarquait même pas que Raïkkonen avait recollé au peloton. Au feu vert, tandis que Vettel lâchait sans mal Hulkenberg et Grosjean, Hamilton et Rosberg tentaient de se dépatouiller du trafic. Au 10e tour, Hamilton émergeait enfin en 2e position. Mais avec 10 secondes de retard sur Vettel qui caracolait à l’avant sans esbroufe. Il étalait le style sobre et précis de ses plus belles heures. Cela jusqu’au 17e tour quand il dut à son tour changer de pneus. Et se retrouver 12 secondes derrière Hamilton et 4 derrière Rosberg. Sur lequel il remontait irrésistiblement. Au 22e tour, au moment où Alonso, qui lui avait cédé sa place chez Ferrari, était trahi par son moteur Honda, Vettel totalement régénéré attaquait avec succès Rosberg au freinage avant les stands, lui ravissant la place de dauphin derrière Hamilton… dont il n’était plus qu’à 5 secondes. Tout pour enflammer notre imagination !

Deux tours plus tard, Vettel attaquait la Mercedes n°44 au même endroit et avec le même succès que Rosberg un peu plus tôt. Du coup Hamilton s’engouffrait dans les stands pour se retrouver, une fois chaussé à neuf, avec 22 secondes de retard sur la Ferrari de tête et 12 secondes d’avance… sur celle de Raïkkonen – qui, revenu du diable vauvert, précédait Rosberg ! Le G.P. de Malaisie avait pris une tournure totalement inédite.

Le plus fort est que si Rosberg reprenait l’avantage sur Raïkkonen, Hamilton ne se rapprochait qu’imperceptiblement de Vettel. L’Anglais ne retrouva sa P1 habituelle qu’après le second (et dernier) changement de pneus de Vettel. Qui reprit la piste avec des gommes dures au 38e des 56 tours en devançant d’extrême justesse Rosberg  pour une 2e place dont il ne se contenta pas longtemps. Au tour suivant c’était à Hamilton de chausser les gommes dures. Trois tours plus tard, même opération pour Rosberg qui, lui, troqua les pneus durs qu’il venait d’utiliser pour des tendres. Ce qui lui permit de finir à un train d’enfer en s’adjugeant le meilleur tour en 1’42’’062, loin devant tous les autres. Un meilleur tour dont Vettel était loin de se préoccuper. Il avait mieux à faire : contrôler le retour d’Hamilton. Sur qui il conservait encore 8’’ et demie d’avance à son passage victorieux sur la ligne d’arrivée.

En obtenant un résultat d’ensemble aussi prometteur (Vettel 1er, Raïkkonen 4e) la Scuderia Ferrari a-t-elle vraiment comblé le retard sidéral qu’elle possédait sur les Mercedes en 2014 ? « Tout doux, objectent certains observateurs – dont notre ami Jean-Louis Moncet d’Auto Plus : les meilleurs tours en course soulignent qu’il reste un écart d’une demie seconde à l’avantage des Mercedes sur les Ferrari. »

Vrai. Si l’on excepte Rosberg, qui roulait en pneus tendres à la fin quand les F1 étaient allégées de leur charge de carburant, les meilleurs tours réussis par Hamilto
n (1’43’’125) et Vettel (1’43’’648), tous deux en pneus durs, indiquent un écart encore sensible. D’ailleurs Raïkkonen (1’44’’ 124) est encore plus loin. Reste que les Ferrari paraissent maltraiter leurs pneus moins que les Mercedes. Cela sera-t-il suffisant pour connaître un scenario aussi incertain au G.P. de Chine (12 avril) qu’il l’a été en Malaisie ? Croisons les doigts.

Sainz verstappen malaisie 2015.jpgPS.- Autre incertitude : Red Bull, à égalité de moteur Renault, a été à Sepang, nettement battue par l’écurie « sœur » Toro Rosso et ses brillants néophytes Max Verstappen et Carlos Sainz. Prendra-t-elle sa revanche après un tel affront ?

Illustrations :
Image 1 : Vettel – Ferrari – Malaisie 2015 @ DR
Image 2 : Sainz, Verstappen – Toro Rosso 2015 @DR
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