Hydrogène
12 septembre 2022

De l’hydrogène dans nos veines !

A la fin du XIXe siècle l’automobile s’apprêtait à révolutionner les transports et la vie. Vapeur, électricité, pétrole étaient en concurrence, chacune de ces énergies ayant son lot d’avantages et d’inconvénients.

On sait aujourd’hui que le pétrole l’a emporté. Du moins jusqu’à une récente décision de l’Assemblé européenne. La fabrication de moteurs thermiques sera interdite en Europe à partir de 2035. Cette décision nous paraît d’une violence extrême. Comme toute mesure excessive elle semble avoir été prise sans beaucoup de réflexion.

La fin du moteur thermique condamne le sport que nous aimons sous sa forme actuelle. Nous souhaitons donc essayer de comprendre de quoi il retourne. Electrique, hybride, hydrogène, carburants de synthèse : les options sont multiples. Au travers de cette rubrique occasionnelle, nous essaierons de nourrir notre réflexion.

Olivier ROGAR

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Hydrogène

Samedi 3 septembre 2022, sur le Boulevard de l’Océan de La Baule-Escoublac fermé pour l’occasion, un collectif d’industriels proposait une démonstration d’un prototype de course Electrique-Hydrogène aux performances très proches d’une LMP3.

Jean-Paul Orjebin


Eau d’échappement

Le pilote Stephane Richelmi – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin
Hydrogène
Pierre Fillon et Mr le Maire de la Baule, Franck Louvrier – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin
Hydrogène
Eau d’echappement – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin

Stephane Richelmi, le pilote, savait qu’il ne battrait pas son propre record, celui qu’il a effectué en juin dernier avec cette même auto au Mans, 290.8 km/h, mais la vitesse qu’il a atteinte sur le boulevard a suffi à impressionner fortement son passager d’un jour, le Maire Franck Louvrier. Un maire bien content en sortant du cockpit de se désaltérer en buvant au goulot d’une bouteille d’eau d’échappement, puisque Mission H24 ne rejette rien d’autre que de l’H2O, et d’avoir été le passager d’un vainqueur en 2016 des emblématiques 24 h du Mans.  

Pile à combustible

Hydrogène
Le propulseur – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin
Pierre-Lou Fleury – Pierre Fillon- Bernard Niclot – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin

Le sympathique Team Manager, Pierre Lou Fleury, donne l’impression d’être sorti hier de l’ESTACA alors qu’il a déjà pas mal baroudé notamment chez ORECA. En discutant longuement avec lui, j’ai compris que si je le trouvais si jeune, c’est sans doute que je vieillissais et que malgré toutes les explications techniques qu’il me donnait, j’étais imperméable à la mécanique surtout lorsqu’elle est sophistiquée à ce point. Je retiens malgré tout de cette Mission H24 que c’est une auto à propulsion électrique dont la puissance dépasse 480 kw ( 653 ch) , que ses batteries sont alimentées par une pile à combustible, elle-même alimentée par 8.6 kg d’hydrogène stockés dans un réservoir à la pression de 700 bars … ouf !

Ce que j’ai compris tout seul en regardant de près le propulseur, c’est que plus usine à gaz que ça, c’est difficile.

Le plein d’hydogène en 3 mn

La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin
Pneu Michelin – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin

La société Mission H24 est basée au Castellet, Total fait partie des premiers partenaires, ils ont conçu, et c’est une première mondiale, une station mobile de ravitaillement en Hydrogène. Elle se déplace sur les sites d’essais de courses et de démonstration, elle est capable de faire le plein des réservoirs en 3mn à une pression de 450 bars et ce, en toute sécurité. Autre partenaire impliqué, l’ACO, très active pour faire le lien avec la FIA et adapter les recherches et le développement de Mission H24 aux règlementations et aux principes d’équivalence. Ceci à terme pour engager les protos H24 en courses autrement qu’en catégorie expérimentale.

Michelin a développé des pneus spécialement adaptés à Mission H24. Ces enveloppes sont aujourd’hui recyclables à 53%, les ingénieurs de Clermont-Ferrand ont l’objectif d’atteindre et de dépasser 80%.

L’hydrogène ou zéro carbone

L’intérêt de cette technologie pour le sport automobile est de rendre une auto pesant 1420 kg, capable de rouler à 300 Km/h avec une autonomie suffisante pour faire, par exemple au Mans, des relais de 45 mn et des ravitaillements pour recharger le réservoir de 3mn et donc pas loin des LMP3 tout en ayant un bilan carbone de fonctionnement nul.

Une catégorie Hydrogène au Mans en 2025 ?

La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin
Franck Louvrier – Pierre Fillon – La Baule – Mission H24 2022 © Jean-Paul Orjebin

Pierre Fillon nous avouait espérer voir au Mans une catégorie électrique-hydrogène en 2025 ou 2026. Il sait déjà quel grand constructeur est sur le coup, mais malgré notre insistance, sa réponse est restée dans un sourire et un clin d’œil. Le Président de l’ACO, très impliqué dans ce projet, servira de coach à Franck Louvrier dans l’art de s’introduire dans un cockpit de Prototype. Un peu à l’étroit dans le baquet, ceinturé, casqué combinaison fermée, porte baissée, il nous dira après cette expérience que le mot confinement prend tout son sens.

Jean-Paul Orjebin

Aller plus loin :

The Conversation : Comment l’UE en est arrivée à interdire les moteurs thermiques à partir de 2035.
France 24 : Le parlement européen vote la fin du moteur thermique.
LaTribune : Passage à l’électrique : Pour Carlos Tavares, il ya aura des conséquences sociales majeures.

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