Nevers Magny-Cours
Motor Stadium Jean Behra, Magny-Cours près Nevers, Nièvre, le 28 mai 1961.
Bravant un front froid abattu sur l’Europe et causant des gelées matinales rarement observées à cette époque (dont on se demande dans quelle mesure elles n’ont pas pesé sur un destin à Montlhéry trois jours plus tard), quelque dix mille spectateurs ont acquiescé à l’appel d’un homme, mains dans les poches, dûment costumé comme il sied à un édile local, fût-il de cette rude et laborieuse extraction rurale nivernaise, Monsieur le maire de Magny-Cours, à gauche.
Jean Bernigaud est beaucoup plus que le maire de Magny-Cours. Il est l’homme qui va donner le départ du « 1er Circuit de Vitesse », première course automobile jamais organisée sur le circuit qu’il a arraché à son sol. Paysan, fils de paysan, Jean Bernigaud est passionné par la vitesse. C’est après avoir assisté aux 12 Heures de Reims en 1954 que l’idée lui vient de monter une épreuve analogue chez lui, idée que le carnage survenu au Mans l’année suivante repeindra en noir.
Il lui faudra sept ans de négociations, tractations et constitution de réseaux d’influence pour que naisse un circuit automobile sur des terres sises entre Magny-Cours et Saint-Parize-le-Châtel, impropres à l’agriculture en raison des vestiges d’un grand hôpital militaire américain édifié pendant la Première Guerre mondiale.
Récompenses de l’immense effort accompli, les capots de deux Cooper T56 du Ken Tyrrell Racing, aux mains du sud-africain Tony Maggs et du rhodésien John Love occupent la première ligne de la finale des Formule Junior. Ils finiront dans cet ordre, les grands animateurs du championnat 61 de cette antichambre de la F1, à l’époque.
Soixante ans jour pour jour après, tous ces hommes sont morts. Le troisième sur la grille de départ survit. Le museau à bande à damiers trahit sa Lotus 20 et son état-civil : Henri Grandsire, qui peut-être ce matin murmure ces mots magiques : I was there. Soixante ans après, we’ll be there aux Classic Days qui célébreront le mois prochain l’héritage laissé par Jean Bernigaud, personnage hanté par les années terminées par 1 ; né en 1921, mort en 1971 et connaissant son jour de gloire le 28 mai 1961.
Image © Le Circuit de Magny-Cours, 50 ans de passion mécanique, par Jean-Louis Balleret, La Fabrique-Nevers, 2011.
Jean Bernigaud! Comment ne pas avoir éprouvé de l’amitié pour cet homme qui aimait la course, son circuit et… faire la fête! Que de souvenirs, notamment à l’époque de Johnny Servoz-Gavin (1965?) quand Tico Martini n’hésitait pas à sortir sa guitare et où boire (un peu) et chanter se conjuguaient du même mode…
Je remarque une chose : créer un circuit automobile à partir de rien, ou presque, est une idée un peu folle qui ne peut germer que dans l’esprit d’un seul homme, habité par une passion et déterminé d’aller tout seul, envers et contre tout, jusqu’au bout de son idée. Il y eut par exemple David Lockton pour le circuit d’Ontario et Martin Pfunder pour le circuit de Zeltweg. A ma connaissance, on n’a jamais vu l’idée de créer un circuit automobile sortir, ab nihilo, d’une délibération collective. Les initiés connaissent bien sûr les liens qui unissaient Jean Bernigaud et François… Lire la suite »
Et le Paul RICARD alors ? né la volonté de M Paul Ricard . Il ne faudrait pas l’oublier d’autant que dans deux jours , c’est le GP de France qui a cessé depuis longtemps de visiter les terres niversaises .
Bonne remarque, Richard, qui ne fait que conforter mon propos.
Et pour faire bonne mesure (politique), est-il utile de rappeler les liens qui unissaient Paul Ricard et Charles Pasqua ?
OUI , René : PASQUA fut un bon commercial de Ricard .
Et ce ne sont ni la droite ni la gauche qui ont eu la peau de la F1 à Magny-cours , mais Bernie E qui n’en voulait pas mais aussi les hoteliers de NEVERS : qui se sont tirés des balles dans le pied en profitant du peu de capacité hotelière de standing et pour certains n’hésitaient pas à multiplier leurs tarifs par 10 pour le GP de F1. Tant va la cruche à l’eau …..
Quel destin s’est joué le 31 mai 1961 à Montlhéry ? Patrice Vatan a choisi d’être allusif, et a excité ma curiosité. Mais je n’ai rien trouvé.
Je me suis posé la même question René. Peut-être Patrice fait-il allusion à l’accident mortel de Caroline Taste, mais c’était le 5 juin 1961, donc un peu plus que trois jours plus tard.
J’aurais aimé cette époque ou la passion était le principal moteur.
Merci pour ces lignes