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Johnny Rives F1, Japon 2017

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UN BOULEVARD POUR HAMILTON

Au départ du GP du Japon, Lewis Hamilton n’avait qu’un rival à redouter : Sebastian Vettel. A l’extinction des feux, le temps d’une fraction de seconde, on crut à leur duel. La Ferrari parut bondir en avant avec plus de promptitude que la Mercedes. Laquelle n’eut pourtant aucun mal à conserver l’avantage de sa pole position. Elle aborda le premier droite franchement détachée. La Ferrari ? Elle tentait vainement de résister à la Red Bull de Verstappen. A peine la course partie, Vettel était déjà troisième. Un tour plus tard il s’inclinait coup sur coup devant Ocon, Ricciardo et Bottas. La défaite de Ferrari était déjà consommée. Vettel avait perdu le titre – quoiqu’en dise l’arithmétique. Hamilton avait un boulevard devant lui. A Suzuka et même bien plus loin encore…

                                                                Johnny RIVES

PILOTES OU ROBOTS ?

GP Japon 2017 - Classic Courses
GP Japon 2017 Hamilton – Mercedes @ DR

Hamilton avait de bonnes raisons pour se prosterner devant sa belle Mercedes F1 après leur victoire. Elle n’avait pas montré l’ombre d’une faiblesse, tout au long de son parcours triomphal. Pourtant, la chaleur inattendue régnant à Suzuka en ce dimanche 8 octobre avait fait planer une crainte légère mais réelle chez Mercedes : qu’Hamilton et Bottas soient contraints d’observer un usage modéré de leurs pneus au détriment de leurs performances. Or, dès qu’il fut débarrassé de Vettel, dès le premier virage donc, la course se transforma en jeu d’enfant pour Hamilton – sans égal pour bien « mener sa barque ». Malgré les qualités de sa Red Bull, Max Verstappen n’avait pas les armes pour pousser à la faute le leader de Mercedes. Lewis se contenta dès lors de mener avec une précision décourageante un rythme tout juste suffisant pour que Max ne puisse nourrir le moindre espoir. Tels sont les Grands Prix de nos jours : parfaitement renseignés sur chaque détail de fonctionnement des organes vitaux de leur F1 (moteur, pneus, boîte, températures, pressions, consommation) les pilotes les poussent à des limites rigoureusement précises. Ils en tirent le maximum sans risquer l’excès. S’il la maintenait sur la route, Hamilton savait que sa Mercedes gagnerait la course. Tout comme Verstappen savait – c’est ce qu’il a reconnu après la course – qu’il ne la gagnerait pas. Avec sa sensibilité féminine, ma femme s’exclama : « Bientôt les ingénieurs n’auront plus besoin de pilotes. Ils mettront des robots. »

FERRARI TOUCHE LE FOND

GP Japon 2017 - Classic Courses
GP Japon 2017 Vettel – Ferrari @ DR

Après le doublé réussi au GP de Hongrie, on croyait la Scuderia Ferrari placée sur orbite pour décrocher les titres de champion du monde pilotes et constructeurs. En tout cas, au moins l’un des deux. Mais depuis, ce fut fiasco sur fiasco. Les cinq épreuves disputées depuis la Hongrie ont vu Hamilton  et Mercedes triompher à quatre reprises (Belgique, Italie, Singapour, Japon) cependant que Red Bull s’illustrait en Malaisie où Verstappen devançait Hamilton. Au cours de ces cinq courses, Ferrari glanait quelques points (77 avec ses deux voitures, soit 15,4 points par Grand Prix) quand Mercedes effectuait une impressionnante razzia (183 points, soit 36,6 de moyenne et cela malgré un comportement effacé de Bottas). Autant dire que le rêve envisagé après la Hongrie par toute l’Italie s’est méchamment dissipé. Si Francorchamps et  Monza s’étaient soldés par des déceptions pour les tifosi, Ferrari y avait limité les pertes. Mais Singapour a donné, de façon accidentelle, le signal pour une série de désastres ayant impliqué la préparation technique des F1 frappées du « Cavallino Rampante » – ce qui est sans doute plus grave qu’un carambolage, aussi malencontreux celui-ci ait-il pu être. Les théoriciens férus d’arithmétique ont beau affirmer que oui, Vettel conserve des chances de devenir champion du monde, peu nombreux sont ceux qui y croient encore.

LE PODIUM VIRTUEL D’OCON

GP Japon 2017 - Classic Courses
GP Japon 2017 Ocon – Force India @ DR

Esteban Ocon a provoqué l’étonnement à plusieurs reprises au cours de cette saison 2017 où il a marqué des points dans quinze Grands Prix sur seize (seul Hamilton a fait mieux avec 16 sur 16). Cela a été encore le cas au Japon où, débordant la Ferrari de Vettel handicapée par son problème de moteur, il hissa sa rose Force India en troisième position dès le début du deuxième tour, et cela devant Ricciardo et Bottas ! Après la course, conclue sur une appréciable 6e place devant son redoutable équipier Sergio Perez, Ocon put plaisanter autour de ce podium virtuel qu’il occupa jusqu’au 10e des 53 tours de Suzuka. Il avait le cœur à rire et on le comprend. Existe-t-il un seul responsable d’équipe à ne pas s’intéresser à ses performances aujourd’hui, c’est impossible à croire. Une sacrée révélation !

Quoique placé loin devant lui au championnat du monde, Vallteri Bottas se fait, à l’inverse, remarquer par des performances relativement modestes eu égard à l’équipe pour laquelle il pilote. Au Japon, lorsqu’il lui fut demandé par Mercedes de s’écarter pour laisser le passage à Hamilton qui avait observé son changement de pneus avant lui, nous nous sommes demandé si une telle consigne aurait pu être imposée à Nico Rosberg les saisons précédentes. Elle reflète une inquiétante perte de confiance pour un pilote qui se sentait, il y a peu, capable de taquiner Hamilton pour le titre. En tout cas il avait osé le dire…

HULKENBERG VICTIME DE SON DRS

Autre équipe que Mercedes à exprimer de la déception à l’égard d’un pilote : Renault. Quelques jours après son meilleur résultat de la saison (6e à Singapour) Jolyon Palmer a perdu son siège au profit de Carlos Sainz. La gestion de l’équipe française, dont les performances parfois honorables aux essais sont rarement confirmées en course, pose question à plusieurs points de vue. Au Japon, à Nico Hulkenberg – alors 6e derrière Raïkkonen – qui réclamait le changement de ses pneus excessivement usés, il fut répliqué d’attendre encore pour éviter de repartir des stands derrière le groupe Massa, Magnussen, Grosjean et Gasly dans lequel les places étaient chèrement disputées. Quand il y fut enfin autorisé (38e tour), Hulkenberg repartit en 12e position… derrière Grosjean ! Jolie petite bévue de son équipe, bientôt aggravée par la panne qui le contraignit à l’abandon : DRS bloqué en position ouverte sur l’aileron arrière. Quand les micros se tendirent vers lui à la fin de la course, « Hulk » était loin, très loin de sourire !

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Rocktau

Bonjour M. RIVES, et merci pour vos articles que j’estime être les meilleurs comparés à ceux de vos confrères de presse écrite, et des médias de F1 en France. Ferrari a certes beaucoup travaillé pour avoir des voitures très performantes depuis Melbourne pour défier Mercedes. Cependant, je ne suis pas sûr que ses voitures seraient devant à 4 grands prix de la fin tant pour le championnat pilote que constructeur, sans les pannes et les abandons! Malgré leur compétitivité, on a vu au Canada, en Espagne, à Bakou, Russie, Autriche, Angleterre, Belgique… que la Ferrari tenait déjà la dragée haute… Lire la suite »

richard JEGO

Avisé et bien vu votre commentaire sur le grand écart entre les performances des Renault aux essais et en course .
Renault paye t’il l’absence de Fred VASSEUR ?

Johnny Rives

On peut en effet se poser la question…

Classic Courses

L’éditeur prie Johnny Rives, Lysiane Rives et les lecteurs de l’excuser, un paragraphe de l’article ayant malencontreusement sauté lors de la mise en ligne. Les choses sont désormais rentrées dans l’ordre. Mais nous nous trouvons plongés dans un abîme de perplexité ; si pour les pilotes les robots constituent une menace, quelle solution hi-tech pour les éditeurs ?….

Johnny Rives

Tout excusé, cher Olivier… Errare humanum etc., je suis bien placé pour savoir ce que cela signifie pour en avoir commis plus qu’à mon tour.