« Cela a été une course extrêmement longue, extrêmement pénible, peut-être la pire de l’année ». Cette appréciation abrupte livrée par Romain Grosjean à propos de sa propre course à l’issue du G.P. de Hongrie, correspond précisément à notre ressenti. Jusqu’à sa conclusion, « la pire de l’année ». Car avions-nous vu plus ennuyeux précédemment ? Nos pertinents lecteurs sauront sans doute nous le préciser. Les sourires affichés sur le podium n’y ont rien changé. Ceux de Nico Rosberg et Daniel Ricciardo étaient purement de circonstance. Celui de Lewis Hamilton reflétait un sentiment dépassant de loin la légitime satisfaction du travail bien accompli. Derrière une apparence d’humilité nous avons cru voir une lueur de forfanterie : « Je l’occupe enfin cette première place au championnat qui me revient de droit. » Bref ça n’était pas la fête sur ce Hungaroring nous ayant pourtant valu précédemment quelques épisodes fameux.
Johnny RIVES
-PROMESSES DISSIPÉES.
L’imbroglio des qualifications nous avait pourtant mis l’eau à la bouche. Façon de parler évidemment, puisque la pluie avait tout chamboulé samedi. Ou plus précisément l’arrêt de la pluie. Outre les quatre drapeaux rouges en Q1 qui avaient multiplié par deux la durée totale de l’exercice, l’événement qui nous avait frappé le plus ce jour là était l’incertitude invraisemblable provoquée par l’évolution incessante de la piste. Le paroxysme avait été atteint en Q2 et plus exactement tout à la fin des Q2. Kimi Raïkkonen avait été le premier à recevoir le drapeau à damier. Il signait à cet instant précis le tour le plus rapide enregistré jusque là. Mais la piste séchait si rapidement sous le soleil revenu que ceux qui étaient lancés à sa poursuite firent mieux. Et pour certains bien mieux, puisque le pauvre Kimi se trouva en une minute et demie relégué de la 1ère à la 14e place ! Donc privé de Q3 et du même coup de toute chance de succès pour le lendemain. Le jour de la course, ce fut l’inverse. A la sortie du virage n°2 on pointait Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Verstappen et Vettel aux cinq premières places. Une heure et 40 minutes plus tard, le pointage était à peu de choses près le même : Hamilton précédait toujours Rosberg et Ricciardo. Verstappen avait perdu une place au bénéfice de Vettel par la faute d’un changement de pneus inopportun.
-20 SECONDES DE COMBAT.
Si l’on excepte le long duel ayant opposé en fin de course Raïkkonen à Verstappen pour la conquête de la 5e place (duel sans issue possible hélas, comme le jeune mais coriace Max l’a démontré), nous n’avons eu droit qu’à 20 secondes de lutte intense au cours de ce G.P. de Hongrie. Les vingt premières. Voyons : sans vraiment manquer son envol, Rosberg, placé en pole position, ne le réussit pas aussi bien qu’il y était parvenu en début de saison. En tout cas moins bien que Ricciardo dont la Red Bull, placée sur la deuxième ligne, revint franchement à sa hauteur par la gauche. Et même prit l’avantage au freinage du premier droite, Rosberg étant accaparé par la surveillance d’Hamilton sur sa droite. Lequel, lui aussi, avait mieux réussi son envol que le « pole man ». Lewis, après avoir sèchement fait comprendre à Verstappen qu’il valait mieux se ranger derrière lui, freina aussi tard que Rosberg. Si bien que les deux Mercedes entrèrent cote à cote dans le virage. Avec, tout à fait à l’extérieur la Red Bull de Ricciardo les précédant d’une demie longueur. Mais avec une distance plus importante à couvrir, l’Australien ne demeura en tête que pendant quelques mètres. Bien content, à la sortie du virage, d’avoir pu se placer dans le sillage d’Hamilton qui menait. Celui-ci assurait calmement sa position dans le virage n°2. Collé à son aileron arrière, Ricciardo devenait une proie tentante pour Rosberg, vexé d’être passé en si peu de distance de la pole à la troisième position. Il attaqua Ricciardo avec autorité par l’extérieur dans le virage 2, lequel Ricciardo se trouvait muselé derrière Hamilton. Rosberg s’extirpa du virage au niveau de la Red Bull, idéalement placé pour prendre l’avantage dans le droite suivant. C.Q.F.D. La procession pouvait commencer.
-ALONSO, L’ACCESSIT.
Pendant que les 22 pilotes s’escrimaient dans l’indifférence des spectateurs, nous cherchions à qui attribuer un accessit à l’issue de la course. Le nom de Jolyon Palmer nous effleura un instant quand il réussit à hisser sa Renault à la 10e place. Hélas, un tour plus tard ses efforts étaient anéantis par un malencontreux tête-à-queue. A l’évidence l’accessit revenait dès lors à Fernando Alonso, le plus brillant et le plus constant des « sans grades » – ceux n’appartenant pas au triangle d’or Mercedes-Red Bull-Ferrari dont McLaren est tenu à respectueuse distance. Pour ne pas dire Honda.
Illustrations © DR
je suis tout à fait d’accord avec ton analyse, Johnny. Un GP ennuyant, et cette allure méchante de Hamilton qui m’enèrve de plus en plus. Je ne l’aime pas ce pilote là, et je n’aime pas non plus ce reglement idiote qui ne fait que nous éloigner de celui qui a été, durant mon enfance et jeunesse, le plus beau sport du monde. Je crains que je n’arriverai pas à regarder tous le GP de la saison, vaut mieux de se balader un peu en ville avec la famille plutot qu’assister encore à ce triste spectacle.. avis perso, bien entendu
Je n’ai pas regardé et ce pas la première fois cette saison .
Grand Prix épouvantablement sopo… mais une vraie star à la barre : le comportement baroque de Hamilton me réjouit ! Pas que baroque, le lascar. Opiniâtre surtout. Vous avez vu sa remontée au championnat ?
Tout a fait d’accord avec toi …l’ennui de ce grand prix …
Le nouvel asphalte serait il responsable …?…
Enfin ils nous a fait » bailler « …c’est déjà ça … ;-)…
Pas de match ce week-end entre le « Hungaboring » F1 et le Nürburgring WEC. Un comble de voir qu’il y plus de compétition en Endurance qu’en F1.
Très honnêtement, le Grand Prix de Hongrie a toujours été pour moi synonyme d’ennui profond. La faute principalement à la configuration d’un circuit trop court, trop haché (surtout pour le retour) et ne permettant pas de doubler, ou très peu. Je m’étonne donc un peu de votre « déception » quand à cette course pour le moins prévisible.
Quant à la remontée d’Hamilton au championnat, elle est la marque d’un grand combattant, et promet une fin de saison intéressante. Pour peu que Rosberg ne se laisse pas submerger par un défaitisme inconscient et s’impose enfin comme contradicteur sérieux face à son coéquipier.
moi ce qui me surprend, c’est que la Hongrie, pays dont la culture automobile est quasi nulle, arrive à encore avoir un Grand Prix depuis toutes ces années (et surtout depuis qu’en France, on n’est même plus capables d’en avoir un)
Pour le coup j’ai regardé le WEC sur l’equipe 21 ou officiait un certain Henri Pescarolo sans langue de bois 😉 6 heures de plaisir et de sport auto malgré certaines règles de FCY assez étranges parfois.
On peut ne pas aimer L. Hamilton, en tout cas le personnage et son allure – ce qui est mon cas – il faut cependant reconnaître qu’il fait cette année preuve d’une grande maîtrise. Distancé en début de saison, on pouvait presque le penser rassasié de victoire et moins mordant. Il n’en n’est rien, ce qui est la marque des grands champions. ils ont toujours faim de victoire. Quant au GP de Hongrie, nonobstant son tracé -mais Hockenheim n’est pas non plus très affriolant et que dire du Reims de la grande époque, il a quand même pour lui une… Lire la suite »
Contrairement à la tradition du Hungaroring, la file de gauche, sur la grille de départ, n’a pas été pénalisée par le manque d’adhérence. La faute à Rosberg, qui n’a pris qu’un départ moyen. Et tant mieux pour Hamilton, qui s’est fait justice dès l’extinction des feux. Pourvu que la pole volée de Rosberg ne fasse pas jurisprudence. J’ai été scandalisé que les commissaires sportifs la lui accordent. On ne fera croire à personne qu’il a suffisamment ralenti sous les doubles drapeaux jaunes et qu’il était capable de s’arrêter. Ce mépris des règles les plus élémentaires de sécurité -de sa part… Lire la suite »
File de droite, pardon.
Les essais sont parfois plus intéressants que la course. Ce que je retiens comme Luc Augier est le hold-up de la pole avec l’aval des commissaires, de Mercedes et Rosberg qui ne doute de rien. La bienveillance des instances est incompréhensible, après la surréaction suite à l’accident de Jules Bianchi où on les voit neutraliser et distribuer des pénalités à tout-va, une prime à celui qui est le plus rapide sous double drapeau jaune est aberrant et antisportif. Chris Froome s’est vu réattribuer sa première place après avoir été stoppé par une moto dans l’ascension finale. Pour Mercedes c’est maladroit… Lire la suite »
Honda est encore derrière mais progresse à grands pas. A tel point que je me demande si Alonso n’a pas eu vraiment raison de quitter Ferrari (Vettel est peut-être en train de commencer à se dire la même chose).
Il y a 1 an, McLaren-Honda était tellement loin que -en tant que supporter d’Alonso- j’en étais dépité. Aujourd’hui, j’ai vraiment espoir pour 2017, surtout avec la libéralisation du développement moteur qui arrive.
Fernando mérite tellement mieux que « seulement » 2 titres de champion !