Johnny Rives F1, Abu Dhabi 2017
UN FINAL EN DOUCEUR
Le premier virage, comme parfois, pouvait déterminer l’issue de cet ultime Grand Prix de 2017. Ce fut le cas, mais pas de la manière redoutée. Hamilton ne força pas le passage sur son équipier Bottas. Ricciardo ne mit pas en application son désir de devancer les Ferrari. Et Verstappen resta sagement à sa place des qualifications, la sixième. L’ordre final était déterminé dès la sortie de ce premier obstacle – à l’exception de l’abandon d’un des six dominants, Ricciardo. C’est ainsi que, faisant bonne garde face à son leader, Vallteri Bottas a redoré modestement son blason en signant sa troisième victoire en carrière. Et que Ferrari a confirmé son retard, faible mais constant d’un circuit à l’autre, sur l’écurie régnant sans partage depuis 2014, Mercedes. Et Hamilton, notre incontesté champion du monde ? Réfrénant avec peine son naturel impétueux, il s’est contenté, bon gré, mal gré, du second rôle – une fois n’est pas coutume. Pour en rester sagement à 62 victoires, dont neuf cette saison, une de moins qu’en 2016. Ce qui ne l’a pas empêché d’être couronné champion pour la quatrième fois. Ce final en douceur suggère une conclusion essentielle : qu’on en finisse avec cet insipide circuit de Yas Marina où les dépassements sont infaisables comme l’ont prouvé les retardataires – obligés de couper leur élan en ligne droite pour céder le passage aux leaders.
Johnny RIVES.
PLUS FACILE POUR HAMILTON ?

Stefan Vettel l’a affirmé clairement : malgré les cinq victoires qu’il a conquises avec la Scuderia Ferrari (alors qu’elle n’en avait décroché aucune en 2016) le quatrième titre de champion du monde de Lewis Hamilton a été « facile ». C’est vrai : malgré son joli sursaut, l’équipe italienne n’a pas été un adversaire capable de sérieusement inquiéter l’Anglais. Alors que depuis 2014 il tournait au rythme de dix victoires par an, neuf lui ont suffi cette saison pour être couronné dans un championnat revenu il est vrai à 20 Grands Prix, contre 21 précédemment. D’ailleurs, son score qui lors des trois saisons précédentes se situait au minimum à 380 points, ne s’est élevé qu’à 363 points cette année (avec un Grand Prix en moins, donc). Mais là où son score est frappant c’est dans l’écart le séparant de son dauphin : Hamilton a achevé le championnat 2017 avec 46 points d’avance sur son plus proche rival (Vettel), quand l’année précédente il avait terminé la saison avec cinq points de retard sur… Nico Rosberg. C’est là qu’apparaît la différence essentielle expliquant l’aisance avec laquelle Hamilton a dominé le championnat 2017 : Rosberg n’est plus là ! L’an passé la rivalité entre les deux champions de l’équipe Mercedes avait été terrible, allant jusqu’à pousser Hamilton à « retenir » Rosberg dans la toute dernière course de la saison pour le maintenir à portée des attaques de Vettel et Verstappen, dans son sillage. Si ceux-ci avaient ravi à Nico sa 2e place, Hamilton aurait été couronné. Mais Rosberg avait tenu ferme, Vettel avait terminé 3e avec 4/10 de retard sur lui, Verstappen 4e à 1’’2 et c’est lui qui avait été enfin couronné. Mais dans une contexte tellement haineux que cela l’avait poussé à mettre un terme à sa carrière. Conséquence : il n’y avait plus de loup dans la bergerie d’Hamilton en 2017. C’est bien ce qui a poussé Vettel à dire que, pour l’Anglais, son quatrième titre mondial avait été « facile ».
RENAULT AU SPRINT

Le championnat étant joué, l’un des intérêts du GP d’Abou Dhabi, outre la course elle-même, résidait dans la bataille pour la rémunératrice 6e place au championnat des constructeurs. Elle opposait Renault à Toro Rosso et Haas, Force India s’étant joliment assurée la 5e place depuis longtemps. L’affaire ne paraissait pas courue d’avance après les méchants déboires subis par l’équipe française au GP du Mexique. La barre avait été légèrement redressée au Brésil où ses deux pilotes avaient terminé mais en très modestes positions (Hulkenberg 10e et Sainz 11e) après avoir été devancés par les six « grands » mais également par Massa (Williams), Alonso (McLaren) et Perez (Force India).
L’objectif à Abou Dhabi était de marquer plus de quatre points pour avoir une chance de dépasser Toro Rosso, qui occupait la 6e place des constructeurs avant l’ultime rendez-vous. L’abandon malencontreux de Sainz (roue avant gauche mal fixée lors du changement de pneus) rendit l’affaire plus aléatoire encore. Mais Hulkenberg sauva la situation en se hissant finalement à la meilleure place possible, la 6e, devant, performances méritoire, les deux Force India de Perez et Ocon. Il y parvint notamment grâce à une astuce de forban qui n’a pas échappé à la sagacité de Jacques Villeneuve. En tout début de course, attaquant Perez qui l’avait précédé au départ, Hulkenberg shunta « accidentellement » un virage pour se retrouver devant le Mexicain en reprenant la piste. « Il ne va pas le laisser repasser, pronostiqua Villeneuve, quitte à encaisser une pénalité de cinq secondes. S’il arrive à le distancer de plus de cinq secondes avant les changements de pneus (où ses mécanos attendront 5 secondes avant d’intervenir), il sera gagnant. » Perez, alors 7e à quelque sept secondes d’Hulkenberg, changea ses pneus au 16e tour. Il repartit 13e. Deux tours plus tard, « Hulk » s’arrêtait, observait ses cinq secondes de pénalité avant que les mécanos fassent crépiter leurs pistolets pneumatiques… Il reprenait la piste de justesse devant Perez, en 12e position. L’affaire était jouée. Restait encore à terminer la course sans faiblir, car Perez se montra pressant jusqu’au bout. Finalement Hulkenberg le devança d’un peu plus de six secondes, apportant 8 points à l’équipe Renault qui ravissait ainsi la 6e place des constructeurs aux Toro Rosso, seulement 15e et 16e à Abou Dhabi.
On se congratula chez Renault, tout en songeant déjà à la suite : en 2018, il s’agira au moins de faire jeu égal avec les deux équipes « clientes » (Red Bull et McLaren). Et de, au seul plan des moteurs, de progresser tant en performances qu’en fiabilité. Ce qui ne sera assurément pas facile…
HOMMES ET F1 DE L’ANNÉE : LAURIERS ET DECEPTIONS.

Au moment des lauriers, si l’on veut décerner des louanges ou des critiques, un homme émerge nettement de la situation au terme d’une saison finalement moins indécise qu’entrevu jusqu’à la mi championnat. Il s’agit évidemment d’Hamilton, qui a exploité la supériorité de sa Mercedes avec bien plus de décontraction qu’en 2016. Avec lui, on mettra en avant la confirmation de Max Verstappen, très incisif. Et la révélation d’Esteban Ocon, qui a vraiment impressionné par la force de la réplique qu’il a donnée à son redoutable et rapide équipier Sergio Perez. Au plan des déceptions, malgré la sympathie qu’il suscite, on citera Kimi Raïkkonen qui s’est rarement hissé au niveau de son équipier Vettel. Décevantes également les Haas, quoiqu’ait pu en dire Grosjean, qui, en tant que « clientes » de Ferrari concernant les moteurs, ont été loin de rivaliser avec les Force India et Williams, les « clientes » des moteurs Mercedes.
Un très grand merci M.RIVES pour tous ces billets 2017, si bien vus et ou l’essentiel est dit en quelques lignes .
Au plaisir de continuer à vous lire en 2018 .
Bonjour,
Contrairement à d’autres blogs, émissions radio ou tv, tenus par des personnalités éminentes, le vôtre a ceci de particulier que même les rares fois où je peux être en désaccord, vos arguments solides et étayés finissent souvent par me convaincre ou éteindre la petite voix de groupie qui sommeille dans tout amateur de sport! Merci monsieur!
Sebastian Vettel. …..en début de texte
Mais les puristes auront rectifié par eux mêmes le super de monsieur Rives
Aie, il me semble qu’on l’a déjà faite celle-là ! Impossible de corriger maintenant…Johnny tout comme ceux qui n’ont rien relevé (et moi-même…mea culpa…) pensent peut être inconsciemment que Stefan Bellof aurait pu lui aussi être quatre fois champion du monde… Si seulement le sort l’avait voulu ainsi…Merci Erda.
Merci à tous d’être aussi attentifs à mes propos et un gros pardon pour mon étourderie. Ça n’est pas la première, ni non plus la dernière j’ai bien peur…
Et si je puis me le permettre, une autre petite erreur ou faute de frappe, je cite :
» Force India s’étant joliment assurée la 5e place depuis longtemps »
Force India était 4e au championnat depuis longtenps, place à laquelle elle a bien entendu terminé.
Mais ceci n’enlève rien aux excellents commentaires, comme de coutume…
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