Suivons en ces journées chaudes du mois d’août un Patrice Vatan qui jouit de la fraicheur de Cosne-sur-Loire et nous entraine vers « sa » saison 1975.
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La saison 1975 de Patrice Vatan :
GP de Grande Bretagne 1975
Sur la route de Silverstone 1975
GP de France 1975
GP des Pays Bas 1975
GP de Suède 1975
GP de Belgique 1975
Ontario Circuit fantôme
GP de Pau 1975
GP de Monaco 1975
GP d’Espagne 1975
Montlhéry 1975
Daily Express Trophy 1975
Dijon Presnois 1975
Race of Champions – Tom Pryce 1975
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Circuit de Zolder Terlaemen, Heusden Zolder, province du Limbourg, Belgique, le 25 mai 1975
Earste Links, le gauche après la ligne de départ. Le centre du monde malgré ce nom barbare, deux minutes avant le baisser du drapeau du 33e Grand Prix de Belgique.
Alors que rugit un bloc compact de 24 F1 surmonté d’un mirage de chaleur vibrionnante, qui va fondre sur nous avant de virer à gauche dans un tonnerre indescriptible, ma place au centre du monde était loin d’être acquise au vu des différents courriers échangés avec l’Association professionnelle belge des journalistes sportifs qui gère la presse pour le Royal automobile club de Belgique.
Estimant qu’il n’apportait pas la preuve d’un mandat sérieux, le sieur Alain de Saint-Aubin, domicilié rue de la Pompe à Paris, s’était vu refuser une accréditation. Notification visée par celui qui deviendrait ma bête noire au fil des ans à Zolder, Roger Robberechts.
Sur le dépoli du Canon de Guy Royer s’inscrit un superbe départ, Pace sautant Regazzoni et prenant la tête, suivi du bourdonnement infernal qui fait grimper la tension à 22. Back to the reality, Saint-Aubin s’efface au profit de Vatan.

Pace, Lauda et l’inattendu Brambilla sont roue dans roue au deuxième passage et deux tours plus tard l’incroyable « Gorille de Monza » a arraché la tête provisoire. Délire chez les tifosi amassés dans la tribune des stands.
Parti autour de la piste, Guy saisit la sortie de route de Peterson au 36e passage, privé de freins. Les freins, point faible sur ce tracé très exigeant en la matière. Lauda, lui, les gèrera ainsi que ses pneus pour recevoir son 4e drapeau à damier de la saison.

Au volant de la R16 louée chez Autorent, notre ami Christian B. Si Johnny Rives faisait un papier sur cette route de retour nocturne, il évoquerait la « détermination » qui caractérise la conduite du solide serrurier de Rambouillet, euphémisme tiède rapporté à l’autoroute du Nord dont les lampadaires au sodium se fondent en un filament lumineux continu sous l’effet de la vitesse.
J’ai toujours rapproché notre ami rambolitain du garagiste de Monza, Vittorio Brambilla, éphémère leader du GP de Belgique, sponsorisé par une maison d’outillages, Beta. Peu sujets aux vertiges métaphysiques et à la spéculation philosophique, l’un et l’autre pointent sur un circuit le dimanche, grattent le lundi, l’un installant un portail, l’autre procédant à la vidange d’un client.
Je somnole à l’arrière, repassant en revue les événements de ce GP de Belgique, 8e déplacement en un mois et demi. Ambiance enfumée, entrechoquée de pintes de Jupiler à l’hôtel friture restaurant (sic) Le Central à Liège, aux murs noircis. Jean Ray ou Georges Simenon en eut été inspiré.

Où ai-je fourré l’autocollant Marlboro Zolder 1975 qui s’ajoutera à la collection entamée en 72 sur la porte de ma penderie, comme autant de victoires sur le fuselage d’un Spitfire ?

Patrice Vatan