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Circuit Paul Ricard, année zéro, par Johnny Rives

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Johnny Rives… 

Sait-il ce que nous avons été capables de faire pour lire ses articles au sortir des imprimeries ?  Sait-il quelles passions il a  nourries des années durant  ?  Sait -il les discrètes leçons d’intégrité qu’il nous a prodiguées ?  Sa simplicité laisserait à penser que non.  Son oeil   à la fois attentif , amusé et concentré  est pourtant de ceux auxquels rien n’échappe.

Johnny Rives  se souvient pour Classic COURSES des circonstances dans lesquelles ces deux fameuses photos ont été faites.  Nous l’en remercions.

 

Classic COURSES

Jean-Pierre Beltoise, François Mazet, Johnny Rives, Jean-Pierre Jabouille, Jean-Pierre Paoli

On retrouve le même groupe, diminué par l’absence de Paul Ricard, disparu entre temps,

lors du 40e anniversaire du circuit en octobre 2010.

A la fin des années 1960, une fois définitivement arrêtée sa décision de construire un circuit automobile sur le plateau aride du Camp du Castellet, au-dessus de Bandol, Paul Ricard donna le feu vert à Jean-Pierre Paoli pour mener à bien ce projet.

Un projet inattendu de la part d’un industriel qui, après la création et l’expansion de sa propre entreprise, s’était surtout fait connaître pour avoir aidé au développement  d’activités marines en phase avec une volonté écologique.

 

Ayant renoncé en 1968 à ses fonctions de directeur d’entreprise à la tête de la société qu’il avait créée, Paul Ricard s’était orienté vers des activités prônant la culture des loisirs. L’idée de créer un circuit pour y établir des écoles de pilotage et organiser des compétitions motocyclistes et automobiles était nourrie par l’éclosion d’un renouveau national en France. Renouveau symbolisé par le dynamisme de Matra et Elf à travers les succès d’une prometteuse nouvelle vague de pilotes : Beltoise, Servoz-Gavin, Pescarolo, Cevert etc. pour ne citer que les plus fameux.

Jusque là, Jean-Pierre Paoli dirigeait la Verrerie fondée par Paul Ricard quelques années plus tôt, à qui il l’avait rachetée pour le franc symbolique. Enfant, le boy-scout Paoli avait participé aux équipes de secouristes mises sur pied à l’occasion de la grande course régionale de l’époque : les 12 Heures d’Hyères. « Vous connaissez la course, je vous propose de m’assister pour la construction d’un circuit automobile, » lui avait dit en substance Paul Ricard 15 ans plus tard…

Totalement inexpérimenté en matière de sport automobile, Jean Pierre Paoli n’avait aucune idée arrêtée sur la réalisation d’un circuit. Ce fut sa chance. Sans opinion  « à priori », il n’avait aucune idée personnelle à défendre. Il fit son miel de tous les conseils avisés des pilotes qu’à l’époque il était de bon ton de négliger.

Ayant rencontré le champion de France F3 de 1969 François Mazet, il se fit conseiller par celui-ci  pour inviter  quelques uns des jeunes pilotes  professionnels capables de critiquer les réalisations existantes à cette époque et de suggérer des améliorations.

Jean-Pierre Paoli en réalisa une synthèse qui se révéla efficace. Jean-Pierre Beltoise farouchement opposé à la réalisation d’une longue ligne droite, à raison, ne put cependant convaincre Paul Ricard d’en réduire fortement la longueur. Paul Ricard restait marqué par les hautes vitesses du Circuit des 24 heures du Mans, il voulait que son circuit  puisse rivaliser avec elles, ce que Jean-Pierre Beltoise voulait précisément  éviter. Ce fut la seule mesure préconisée par tous les pilotes que Paul Ricard refusa. Elle est connue sous le nom de « ligne droite du Mistral ».

 

Le projet était passionnant. Paoli s’y consacra ardemment. Une fois les plans établis et la stratégie de construction arrêtée, il souhaita, ultime précaution, s’assurer du bien fondé des choix opérés. Voilà comment, en octobre 1969, Paul Ricard fut amené à présenter très officieusement le projet de son circuit à un groupe de professionnels dont j’eus le plaisir de faire partie.

Six mois plus tard, en avril 1970, le circuit existait. Et une toute première course y était organisée, le Trophée Paul-Ricard, ouverte aux prototypes de 2 litres de cylindrée. Animée par Joakim Bonnier au volant d’une Lola T 210, cette course inaugurale revint finalement à Brian Redman (Chevron). Un an plus tard, en juillet 1971, le circuit Paul-Ricard atteignait la consécration en accueillant pour la première fois le Grand Prix de France que dominaient les Tyrrell de Jackie Stewart et François Cevert devant la Lotus d’Emerson Fittipaldi.

                                                                          

Johnny RIVES.

Photo @ Droits Réservés

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Johnny Rives

« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »

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Olivier Rogar

Des contraintes de calendrier inattendues offrent une ouverture à un retour du Grand Prix de France. Alors que le dossier du « Paul Ricard » semble solide, c’est maintenant le grand argentier, El Supremo, j’ai nommé Bernie Ecclestone, qui souffle le chaud et le froid en appuyant désormais la candidature de Magny – Cours… Surenchère face à d’habiles négociateurs ? Intérêts autres ? Il est vrai que Le HTTT n’appartient plus à Mr Ecclestone depuis son divorce. Cet « atout » n’est donc plus maître dans le jeu qui s’est mis en place. Mais l’échéance se rapproche néanmoins et il est exclu de pouvoir… Lire la suite »

JP Squadra

Quant à remonter sur le plateau du Camp pour un GP j’espère que le Paul Ricard n’est pas en train de laisser passer sa chance

Jean-Paul Brunerie

Jean-Paul Brunerie

Philippe ROBERT

A la remarque acide de Charles Deutsch sur cet enchaînement de courbes (Charles Deutsch voulait un circuit globalement réduit à 2 grandes lignes droites…), JP Paoli a eu beau jeu de répliquer sur la provenance de ces courbes pour faire passer son idée…

Johnny Rives

PS.- Aux amis qui me demandent de reprendre du service, je dois rappeler que j’ai le plaisir d’avoir une chronique historique chaque mois dans Sport Auto depuis de nombreux mois. Merci.

Comte de Jourdan

La course inaugurale n’ était-elle pas celle de F2 en juillet 1970 ?

Gérard Gamand

Une formidable course F2, le 26 juillet 1970…Beltoise avait mené plusieurs tours sur la Pygmée MDB15 ! Finalement Regazzoni l’avait emporté sur sa Tecno…37 F2 aux essais et un seul non qualifié : Adam Potocki et sa Lotus 69…que de bons souvenirs. En Formule 3 Gerry Birrell avait gagné avec la belle Brabham BT28 rouge de Sports Motors devant Jean-Piere Jaussaud (45 F3 aux essais ! Quelle époque…

René Fiévet
Classic COURSES

« Non. Avril: protos 2 litres . Juillet, F2 avec un nombre impressionnant d’engagés. En 71, les protos 2 litres sont revenus en avril. Cette fois ce sont les Alpine V6 qui ont gagné (Serpaggi, mais je ne suis pas sur). J’ai assisté à ces trois courses là. Ainsi qu’au GP de France de juillet 71. J’étais un grand fidèle du circuit Paul-Ricard. »