Adjö Herre Waldegård
Björn Waldeg …hum, bon, comment on fait ce a surmonté d’un petit rond ? … ah, il faut taper Alt+0229 ! eh ben, impossible à deviner … et ce a s’appelle « a rond en chef » ; au moins j’ai appris quelque chose aujourd’hui. Waldegård, donc. Il y a 45 ans, quand Björn Waldegård est apparu sur le devant de la scène, les machines à écrire du sud de l’Europe n’avaient pas ce å que l’on prononce « ô ». Et les journalistes confrontés à ce problème l’ont remplacé par un double a. C’est ainsi que durant quasiment toute sa carrière, Waldegård fut appelé Waldegaard. Cela n’émut guère le principal intéressé qui se contentait de dire qu’il préférait voir son nom mal orthographié en haut des classements plutôt que parfaitement conforme mais en queue de liste. Et le haut des classements, il le fréquenta souvent pendant plus de quinze ans.
Olivier Favre
Quand, il y a trois semaines, le grand Suédois dégarni a fait une dernière fois la une à l’occasion de son décès à 70 ans, terrassé par le cancer, c’est à l’orthographe de son nom que j’ai pensé en premier. Mais immédiatement, l’anecdote a laissé la place au souvenir global d’un grand rallyman, certainement l’un des plus grands. 16 victoires en championnat du monde (qui ne fut créé qu’en 1973, soit plusieurs années après son éclosion au plus haut niveau), une polyvalence marquée mais une réussite toute particulière en Afrique (4 victoires au Safari, 3 en Côte d’Ivoire), des victoires sur des voitures totalement différentes (911, Escort, Stratos, Mercedes 450 SLC), un don extraordinaire pour l’improvisation, le pilotage à l’instinct, et un titre de champion du monde en 1979, le premier qui fut décerné à un pilote de rallye. Tout cela est connu et a été abondamment rappelé à l’occasion de sa disparition.
Mais curieusement, pour ma part, quand je pense à la carrière de Björn Waldegård, ce ne sont pas ses nombreux succès qui me viennent à l’esprit en premier. C’est une défaite. Mais pas n’importe quelle défaite. Une défaite glorieuse, une de celles qui font plus que bien des victoires pour exhausser un personnage. Monte-Carlo 1979 : à l’évocation de ce rallye, tout le monde pense illico à Darniche et à sa Stratos bleue, à son extraordinaire remontée de la dernière nuit et à sa victoire pour 6 petites secondes. Mais ce qu’on oublie parfois (ou que l’on veut oublier, peut-être par solidarité nationale avec Nanar …), c’est que le 2e, Waldegård justement, qui avait jusque là dominé le rallye de la tête et des épaules, n’aurait pas laissé échapper la victoire sans la bêtise chauvine d’une poignée de spectateurs. En effet, une fois encore (souvenons-nous de Larrousse en 68, mais aussi de Thérier en 81), quelques crétins inconscients (pléonasme ?) jugèrent opportun de fausser l’empoignade finale en déposant un gros rocher sur la route, juste avant le passage du leader suédois dans l’avant-dernière spéciale. Le temps perdu par celui-ci et son coéquipier Hans Thorszelius pour le déplacer et repartir fut évidemment bien supérieur à 6 secondes et c’est ainsi que la performance – au demeurant extraordinaire – de Darniche fut assombrie par une injustice évidente. En tout cas pour l’adolescent d’à peine 13 ans que j’étais alors. Certes, Waldegård avait déjà gagné le Monte, deux fois même. Mais justement, le gagner une troisième fois, 10 ans tout juste après la première victoire, ça aurait eu de la gueule. Surtout au volant d’une Escort qui serait ainsi devenue la voiture de rallye la plus polyvalente de son époque, puisque la seule à s’être imposée sur tous les terrains : l’asphalte du Monte-Carlo, après la boue du Safari, les chemins de terre du RAC, la neige de Suède, les bosses des 1000 Lacs, …
Waldegård sut surmonter cette déception pour remporter le titre mondial quelques mois plus tard. Mais c’est cet épisode douloureux que je voulais rappeler pour saluer la mémoire d’un grand Monsieur du rallye, peut-être le plus grand rallyman des années 70, doublé d’un homme simple, abordable et discret. Adjö och tack Herre Waldegård !*
* Au revoir et merci Monsieur Waldegård !
Illustrations : Porsche 911 S – Monte-Carlo 70 @ DR Lancia Stratos – San Remo 76 @ DR Escort 1800 RS – Monte-Carlo 79 @ DR Toyota Celica Turbo – Côte d’Ivoire 83 @ DR
Hej Olivier ! Un régal de lire cet excellent papier ! Pour la petite histoire, les photographes de la DPPI avaient résolu à leur façon la prononciation du nom du grand suédois, et ne parlaient plus que d’ « Avale ta gourde ». Je dois dire qu’au Bandama comme au RAC ou au Monte-Carlo, auxquels j’ai eu la chance d’assister, quelque soit la voiture, il envoyait très fort ! Il avalait les terrains accidentés à une vitesse stupéfiante. Amitiés, Eric-fakir
Pour la première fois la Ronde de Serre Chevalier sur glace se déroulait en 1972 et des rallymen prestigieux y participaient (Jean-Luc Thérier, Björn Waldegard,Timo Mäkinen…). Waldegard courait sur sa Porsche 911S rouge qu’il couvait du regard avant le départ de la super finale. La lutte était sévère entre les nordiques Timo Mäkinen sur Escort GT/E et Waldegard sur Porsche qui se disputaient la victoire. Dans les courbes Mäkinen venait prendre appui sans ménagement sur le flanc de la belle Porsche si bien qu’à l’arrivée tout son côté était froissé et le pare-choc arrière pendait lamentablement. Waldegard 3ème était furieux… Lire la suite »
Après le célèbre Rocher de Monaco, maintenant je me souviendrai aussi de celui du Monte-Carlo 79 (j’avais oublié l’épisode). Ou comment effacer injustement un nom des tablettes. Merci Olivier de m’avoir rafraîchi les neurones.
Incroyable, même si l’expression est un peu forte, mais sur la photo du Monté Carlo 69, dans la spéciale de Pont des Miolans, apparait mon copain Pierrot 4ème à partir de la droite avec ses lunettes et moi-même premier à droite avec lunettes de soleil.
Sur la photo de la porsche et si on dispose d’une bonne vue on peut aussi y voir Jean-Paul et Michele G
Année 70 et non 69.
Michèle, Pierrot, Jean Paul, Michel…Et les autres… Vous étiez en pleine trajectoire de sortie!…En 70,on faisait peut-être plus confiance aux pilotes? Le photographe, peut-être professionnel,s’était posté lui de manière pus sécurisée à moins qu’il n’ait recherché ce plan particulier de sortie de virage…
Quant à Björn, je dois avouer qu’en me portant acquéreur d’une 2.2S Gr4 j’ai pensé très très fort à lui en me disant qu’elle aurait certainement le look et la préparation (2.3ST à ailes larges et allègement max) de la sienne, à défaut d’avoir le coup de volant du pilote, hélas…