Gilles Gaignault vient de publier « Mémoires de passion, un demi-siècle dans les paddocks ». Il nous en avait parlé avant Rétromobile, c’est donc chose faite depuis le 24 mai.
Olivier Rogar
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Qui n’a pas croisé Gilles Gaignault dans un paddock, une compétition moto ou auto, un salon ou un volant d’école de pilotage ? Pour ma part, notre première rencontre eut lieu à La Châtre lors du volant Marlboro 1983 alors qu’il travaillait encore pour ACP Reuters.
Quelques décennies s’écoulèrent avant que nos chemins se croisent à nouveau. Classic – Courses à peine créé, il me contacta et me transmit, « pour aider un nouveau confrère », un article sur sa visite à la fondation Senna et sa rencontre avec Viviane, la sœur d’Ayrton, qui lui avait ouvert le bureau du champion disparu. Un geste qui m’avait étonné et que je n‘ai pas oublié.
C’est que le personnage n’est pas évident à appréhender. Tout feu – tout flamme, on l’écoute sans trop y croire tellement le récit est décalé par rapport au personnage. J’espère qu’il ne m’en voudra pas. C’est ma manière de dire qu’il gagne à être connu.

Ses Mémoires attestent d’un itinéraire très atypique et assurément porté par la passion. Elles nous permettent de découvrir ou de redécouvrir les évènements les plus marquants de ce parcours.
Né le 13 février 1950 à Issoudun, dans une famille faite de grands propriétaires terriens cultivant blé et orge du côté paternel et d’un grand-père maternel faisant partie du Cadre Noir de Saumur. Son propre père créa une affaire familiale en Algérie spécialisée dans la logistique pétrolière. Avant de rentrer en France et de s’installer à Paris.
Ses études lui firent croiser les trajectoires de Mansour Ojjeh puis de Philippe Hesnault, le frère de François. Service militaire tranquille à côté de Nancy puis Ecole de journalisme. Il découvre le Bol d’Or moto en 1971. Ce qui l’amène à écrire pour la revue « Moto Compétition » de Gilbert Queriaud jusqu’en 1973. Puis il passe chez Hommell où il écrit dans « La Moto » . Parallèlement il assure la promotion des casques Bayard.

C’est là qu’on perçoit le caractère de Gilles Gaignault. Il ne doute de rien, se lance dans des aventures et rebondit avec bonheur de l’une à l’autre.
Par exemple il monte une Ecurie Bayard-Marlboro pour l’enduro , en étant parrainé par Giacomo Agostini. Son « team » remporte le Touquet et le championnat de France d’Enduro.
Puis il couvre le « Continental Circus «de 1976 à 1979 avant d’entrer à « L’Equipe » où il suivra le Paris-Dakar plusieurs années durant. Il copilote le Range qui gagne le prologue du premier Dakar, le 24 décembre 1978.
Les rencontres occupent une place de choix dans les «Mémoires» de Gilles Gaignault. Jojo Houel, ancien pilote, l’âme du restaurant « Le Volant », QG du monde de la course à Paris dans les années 80, Thierry Sabine, Juan Manuel Fangio, Philippe Streiff auxquels il rend hommage.

Aux 200 miles moto de Daytona, il est témoin de la victoire de Patrick Pons en 1980 puis assiste à une course de dragsters avec son pote Philippe Debarle. Il s’empresse dès son retour d’organiser la première compétition de dragsters en France. 80 000 spectateurs au Mans !
Il passe alors à l’agence ACP – Reuters où il suit les sports mécaniques, le vélo et la voile. Mais en 1983 Jean-Marie Balestre, le président de la FFSA et de la FISA le recrute comme chargé de communication. Il y restera jusqu’en 1986. Ce qui lui permettra d’être aux premières loges pour les deux sacres consécutifs d’Alain Prost.

C’est alors qu’entre en scène Monsieur Pierre Blanchet, beau-père de Gilles et président de Blanchet Locatop Hewlett Packard. On se souvient du sponsoring de cette marque au Mans et sur les AGS de Philippe Streiff en F2 puis chez Tyrrell en F1. Ce qui va déboucher sur un autre projet à partir de 1987, le lancement de l’écurie de F3000 GBDA comme Gaignault-Blanchet-Driot-Arnoux.
S’en suivront deux saisons flamboyantes avec Michel Trollé et Paul Belmondo en 1987, ce dernier cédant sa place à Olivier Grouillard en 1988. Titre de vice-champions. Tout cela est coûteux et Blanchet Locatop se retire. Fini la F 3000.

Mais déjà une nouvelle aventure pointe le bout de son nez : Le Paris – Moscou – Pékin porté par Mitsubishi Corporation. Toujours dans la communication, Gilles vit les prémices de l’édition avortée de 1991 pour cause de putsch à Moscou. La seconde, magistralement réalisée sous la houlette de René Metge sera une réussite .
En 1992, Gilles Gaignault découvre la Dodge Viper exposée lors des 24 Heures de Daytona. Il en tombe amoureux. Fait sienne l’idée folle de l’engager aux 24 Heures du Mans. Malgré l’avis de Bob Lutz, le PDG de Chrysler. On reviendra sur cette aventure plus en détail, car il fut celui qui initia le parcours de cette voiture mythique en compétition. Pari réussi. Deux autos sont alignées aux 24 Heures du Mans 1993 et finissent 12e et 19e. Respectivement 3e et 4e de la catégorie GT dominée par les fameuses 962 Dauer « Road legal » …

En 2008 c’est le lancement d’Autonewsinfo.com, soutenu par l’ami Gilles Sagne, qui couvre l’actualité de l’intégralité des sports mécaniques. Mais comment fait ce diable d’homme ?
Une lecture réjouissante, faite de focus sur les réussites et les rencontres. Conseillée à tous ceux qui doutent et baissent les bras dès qu’un projet leur vient à l’esprit. Agir et ne douter de rien. L’essence du succès, sportif ou autre ? Une maxime à méditer.

Editions Glyphe – Distribution Dod & Cie – ( ISBN 978-2-35815-350-8) – 256 pages – 43 Photos – 25,00 € – www.editions-glyphe.com – Contact presse : Isabelle Teixera@glyphe.com
