Mille Miglia 2022
25 juin 2022

Mille Miglia 2022 – 1/2

C’est en 1926 qu’un journaliste de la Gazetta dello Sport et le secrétaire du club automobile de Brescia ont imaginé une course automobile qui partirait de Brescia irait jusqu’à Rome et retour à Brescia.
Cette boucle faisant à peu près 1600 km soit 1000 miles, ils la baptisèrent Coppa delle Mille Miglia.

Jean-Paul Orjebin

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12 mai 1957, l’ultime Mille Miglia

Dès la quatrième édition, celle de 1930 la barre des 100km/h de moyenne était franchie par l’équipage Nuvolari et Guidotti et leur Alfa-Roméo 6C 1750.

Apres l’interruption due à la guerre, cette course reprit vie en 1947 et ce malgré l’état des routes et des ponts détruits par les bombardements et la difficulté d’obtenir du carburant.

A partir de 1950 on vit revenir les écuries de constructeurs et les pilotes professionnels.

On se souvient de la légendaire course de 1955 remportée par Stirling Moss et son fameux coéquipier Jenkinson sur Mercedes à 158 km/h de moyenne sur route ouverte, rappelons le.

On se souvient aussi, hélas de celle de 1957 et du drame provoqué par la sortie de route de De Portago et de sa Ferrari qui faucha une dizaine de spectateurs au bord de la route en fin de parcours, à une cinquantaine de kms de l’arrivée à Brescia.

Mille Miglia 2022
Monument hommage aux morts de 1957© Jean-Paul Orjebin
Monument hommage aux morts de 1957© Jean-Paul Orjebin

Ce fut la fin des 1000 Miglia.

Onze ans après, en 1968 pour présenter sa nouvelle voiture baptisée 1750 en souvenir de la glorieuse 1750 de Nuvolari des années 30, Alfa Roméo organisa pour des journalistes un mini tour sur les traces des 1000 Miglia.

C’est peut-être ce coup de com qui quelques années plus tard, donna l’idée à l’Automobile Club de Brescia d’organiser une course de régularité réservée aux voitures ayant concouru lors des éditions de 1927 à 1957. Ils concrétisèrent leur projet en 1982, la course des 1000 Miglia Historique était née

Comme toutes les manifestations de véhicules anciens, le succès sera là, les concurrents nombreux et souvent prestigieux, ne parlons pas de la qualité des plateaux, absolument exceptionnelle.

Nous étions à Brescia pour cette édition 2022.

Les 1000 Miglia Historique, c’est une ambiance, une atmosphère, une communion, quasi une célébration.

Dès le lundi, soit deux jours avant le départ, la ville de Brescia est envahie par les autos qui vont courir, c’est un manège incessant de Lancia Aprilia, de Bugatti 35, de Bentley 29, d’Alfa 6C, d’Aston Le Mans, de BMW 328, de Cisitalia, de Stanguellini, de Ferrari 212, de XK120 et autres Healey. Mais aussi de 4 CV de Fiat Ballila, de MG TF, d’Alpine A106… Milles Miles évidemment.

Mille Miglia 2022
BMW 328 1939 © Jean-Paul Orjebin
Mille Miglia 2022
Bugatti T37 1927 © Jean-Paul Orjebin

Toutes ces autos se déplacent en ville, accélèrent, freinent, pétaradent, ratatouillent. Leurs pilotes, élégants et courtois ne klaxonnent jamais, juste un coup de gaz, moteur débrayé suffit au cycliste à se ranger, au piéton imprudent à remonter sur le trottoir, au photographe du dimanche à quitter l’œilleton de son objectif et son super spot au milieu de carrefour. L’ambiance est bon enfant, le sourire aux lèvres de tous et le soir les bras des pilotes et des « spectateurs » seront épuisés d’avoir salué toute la journée.

En observant de près le plateau on s’aperçoit qu’il y a deux catégories d’autos, celles qui rentrent dans le cadre des éligibles, c’est-à-dire du même type que celles qui ont participés au Mille Miglia entre 1927 et 1957 et celles qui ont réellement participés en leur temps à l’épreuve reine, comme cette OM 665 SS MM de 1930 qui a concouru les 1000 Miglia de cette même années 1930. Cette Alfa 6C 1500SS présente aux épreuves de 1934, 1937 et 1938 et encore la charmante Fiat 1400 berlina toujours vaillante, présente aux départs de 1951, 1952 et 1953. Celles-là, en tout 70 autos on peut les considérer comme les aristocrates du plateau.

A noter deux autos remarquables parmi les remarquables : une frêle et française Autobleu750, modèle unique et une rarissime Alfa-Roméo 8C 2900A Botticella 1936 de la Scuderia Ferrari, qui cerise sur le panettone était au départ de Brescia cette même année 36. Ces deux autos le croirez-vous étaient aux mains de collectionneurs aussi sympathiques que Bataves.

Mille Miglia 2022
Autobleu 750 1954 © Jean-Paul Orjebin
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Alfa Romeo 8C 2900A Botticella © Jean-Paul Orjebin

Dans les rues de Brescia, en terrasse, on dine au milieu et avec ces 400 concurrents donc 1000 à 2000 personnes si l’on compte minimum deux personnes par voiture, plus parfois la famille et souvent une équipe de maintenance. On les reconnait, celui-ci à l’accent d’Oxford et au nez vermillon qui se bat avec ses spaghetti ai funghi, cette table là-bas et cette jeune fille qui passe au Stabilo jaune le roadbook de son papa, elle est penchée, elle s’applique, un petit bout de langue sorti, à ce point concentrée qu’elle oublie son Spritz qui monte dangereusement en température.

Un autre totalement décontracté ne surveille même pas sa sublime Alfa 6C pourtant garée à l’arrache, il a raison, ce n’est pas utile, ce soir à Brescia c’est le Respect qui se charge de la protéger.

Mille Miglia 2022
Alfa Romeo 6C 2300 B MM berlinetta Touring © Jean-Paul Orjebin

La ville est en fête, les habitants se mêlent avec enthousiasme à cette grande messe autour de l’automobile. Ce matin au sortir de la salle de Presse un jeune homme volubile nous accosta pour connaitre notre origine, entendant France, il nous débita le nom de ses pilotes fétiches, Arnoux en premier, puis Tambay et Villeneuve, intarissable sur leurs faits de courses, nous le retrouvons par hasard en ville au volant de sa Clio, nous faisant l’intérieur sur un rond-point, sans doute en hommage au fameux duel de Dijon 79.

Le mardi est réservé à la rituelle « Punzonatura », littéralement le poinçonnage c’est-à-dire la vérification de l’authenticité des véhicules et la mise de scellés sur certains organes.

Mille Miglia 2022
Punzonatura © Jean-Paul Orjebin

Piazza della Vittoria 1957 B Cahier © The Cahier Archives

Cela se passe sur la mythique Place della Vittoria immortalisée par la légendaire photo de Bernard Cahier ou l’on voit Enzo Ferrari au milieu de la foule au départ des 1000 Miglia.

C’est peu de dire l’émotion de se retrouver 65 ans après, exactement au même endroit, les deux pieds ancrés dans les traces du Grand Vieux. 

Derrière les barrières, exactement comme en 57 la foule se presse pour admirer les 420 voitures qui prendront le départ demain et qui passent une après une entre les mains des commissaires.

Mille Miglia 2022
© Jean-Paul Orjebin
Mille Miglia 2022
Cisitalia 202 S MM Spider – Piazza della Vittoria © Jean-Paul Orjebin

Tous les concurrents se prêtent au jeu des questions et des photos mais encore plus Corrado Lopresto, le fameux collectionneurs italien, personnage central des 1000 Miglia à l’élégance naturelle de l’aristocrate italien bon teint. Il court sur une de ses nombreuses machines, une somptueuse Lancia Astura de 1954 mue par un V8 de 3 litres qui mériterait de passer à la Scala tant il est mélodieux.

Mille Miglia 2022
Corrado Lopresto © Jean-Paul Orjebin
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Lancia Astura 1934 © Jean-Paul Orjebin

Moment typiquement italien, la traditionnelle bénédiction des voitures concurrentes. C’est Don Gianluca Gerbino qui sur la place Paolo VI, face à la cathédrale jouera du goupillon sans économiser l’eau bénite sur les capots brulants.

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Bénédiction Abarth Fiat 1400 Berlinetta Touring © Jean-Paul Orjebin

A suivre….

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