19 septembre 2016

F1 2016, Singapour : Un week-end parfait

Un  peu après la mi-course, Raïkkonen subtilisa la 3e place à Hamilton au prix d’un difficile et splendide dépassement. Cette manœuvre devait chambouler la fin de course. « On passe au plan B » communiquèrent les stratèges de Mercedes au pilote anglais. Tout résidait là. Au lieu d’achever le G.P. de Singapour avec les pneus endurants (marqués en jaune) dont il était alors muni, Hamilton fut peu après rappelé au stand pour chausser les Pirelli les plus performants (marqués en violet). Un tour plus tard, Ferrari réagissait en rappelant Raïkkonen pour en faire autant. L’écart de performances entre les deux gommes était si important que ce seul tour d’écart fut suffisant à Hamilton pour récupérer son bien. Red Bull arrêta aussitôt Ricciardo pour en faire autant avant que Rosberg ne suive cet exemple. Le retard de l’Australien sur Nico n’était que de 4 secondes. Cela ne laissait à Mercedes qu’un seul tour pour se décider. Choisir vite et bien ? « On ne s’arrête pas » fut-il décidé. Un gros risque car avec ses gommes ultra performantes, Ricciardo reprenait entre deux et trois secondes au tour à Rosberg… L’haletante fin de course prouva que le calcul avait été juste. Rosberg, négligeant alors les consignes de prudence concernant ses freins, réussit à l’emporter avec 4/10 d’avance sur la Red Bull. Cette victoire couronnait un week end parfait de sa part et de celle de son équipe.

                                                                   Johnny RIVES.

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* L’ENFER ET LE PARADIS.

 A Singapour, Lewis Hamilton n’a jamais été en mesure de reprendre à son compte ce que Nico Rosberg disait de sa propre Mercedes W07 : « Elle se plie à tout ce que je lui demande. » Dans une même équipe, deux F1 identiques, réglées l’une et l’autre par des mécaniciens de haut niveau, n’ont donc pas forcément le même mode de fonctionnement. Tout se joue à si peu de choses à ce niveau de haute technologie que, pour quelques détails infimes, un pilote peut passer du paradis à l’enfer – toutes proportions gardées. Dès les essais on a vu Hamilton se battre avec une Mercedes rétive, bloquant des roues, plongeant dans les échappatoires, quand Rosberg se jouait avec aisance des difficultés de Singapour au volant de la sienne. Pour Lewis, c’était donc l’enfer,  mais un enfer très relatif qui lui a permis tout de même de venir à bout de la Ferrari de Raïkkonen. Au bout de 308 km de course il n’a concédé que huit secondes à son équipier et rival. Mais huit secondes qui débouchent sur une différence considérable : Rosberg, grâce à une maîtrise frôlant la perfection, lui a ravi la première place du championnat du monde.  Jusqu’au prochain rendez-vous, en Malaisie, où personne, ni eux ni nous, ne peut prévoir si la situation sera confirmée ou remise en question.

*DÉPASSEMENTS DIFFICILES … MAIS POSSIBLES !

 On compare souvent le circuit de Singapour à celui de Monaco. Au plan de la précision du pilotage qu’ils exigent, ça n’est pas faux. Mais il y a une différence essentielle entre les deux tracés : à Singapour les dépassements sont difficiles, mais ils ne sont pas impossible. Alors qu’à Monaco…

 Raïkkonen en a donné une jolie démonstration en portant une attaque victorieuse sur Hamilton en difficulté avec ses freins. Et il n’est pas le seul. Même s’il a eu fort à faire avec son ancien équipier Danil Kvyat, Max Verstappen a eu d’autres occasions de la démontrer. Pour ne rien dire de Sebastian Vettel, confiné à la 22e place sur la grille de départ et qui a haussé sa Ferrari jusqu’à la 5e position au terme d’une course menée de haute lutte. Une course ponctuée de dépassements d’autant plus difficiles qu’il s’était élancé avec les Pirelli les moins performants pour accomplir le premier relais le plus long possible – ce qui s’avéra judicieux.

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*RENAULT : QUI EN 2017 ?

 On ignore à peu près tout de ce que sera l’équipe Renault en 2017. Au plan technique, c’est à peu près le cas de toutes les équipes en raison du changement de réglementation. Mais ici tout se complique du fait de l’absence d’une base éprouvée. Cette saison Magnussen et Palmer ont dû se contenter d’une F1 conçue de bric et de broc autour de la Lotus de 2015 qui était déjà bien loin des meilleures. La 10e place de Magnussen à Singapour confirme que tout n’est pas à jeter dans ce qui a été fait à la hâte. De quoi nourrir de l’espoir pour l’an prochain. Finalement la question la plus inquiétante concerne les pilotes : au cas où la prochaine Renault serait en progression sur celle de cette année, quels pilotes paraissent les mieux placés pour en tirer le meilleur parti ? On sait que Frédéric Vasseur regarde avec intérêt du côté d’Esteban Ocon, et on le comprend. Mais en ce qui concerne un pilote capable d’emmener une équipe ? Les grands leaders sont tous pris, pas de question là dessus. Parmi les autres, le nom le plus souvent cité est celui de Sergio Perez – dont on entend dire qu’il est déjà lié à Force India. On est étonné que ne soit jamais prononcé celui de Carlos Sainz Jr, auteur de jolies prestations chez Toro Rosso où il a marqué 30 points à ce jour. Certes ce jeune garçon de 22 ans ne peut pas prétendre rivaliser avec des champions du monde comme Vettel, Hamilton ou Alonso. Mais son expérience commence à s’étoffer et il a prouvé en début de saison n’être pas éclipsé par Max Verstappen, avant que celui-ci ne soit transféré chez Red Bull. Renault devant fournir les moteurs de l’écurie Toro Rosso en 2017, les discussions devraient être possibles avec cette équipe pour le libérer.

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 Concernant Ocon, qui vient de fêter ses 20 ans, son attitude est convaincante et sympathique. Certes, il a maille à partir avec son équipier Pascal Wehrlein. Fort de douze Grand Prix de plus que lui, le jeune Allemand (22 ans bientôt) a régulièrement pris l’avantage en qualification. Mais depuis qu’il est aligné par Manor, Ocon a réussi à finir toutes ses courses quand Wehrlein a abandonné deux fois sur trois. Esteban a certainement mesuré précisément les difficultés de la F1 : il a dû se contenter trois fois de la dernière place. Mais sans jamais baisser les bras. A Monza il avait signé son meilleur tour en course tout à la fin de l’épreuve, en passant sous le drapeau à damier. A Singapour son meilleur tour (1’51’’748) a été légèrement meilleur que celui de Wahrlein (1’52’’021). Des détails qui comptent.

Illustrations © DR

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