15 mai 2016

F1 2016, Espagne. Chapeau l’enfant !

Entre le monumental faux-pas des Mercedes et la victoire du plus jeune pilote de l’histoire de la F1, quel a été le fait majeur de ce G.P. d’Espagne ? Bien sûr, le second n’a pu se produire que parce que le premier avait eu lieu. Quoiqu’il en soit, l’invraisemblable est advenu – l’accrochage Rosberg-Hamilton – et Max Verstappen n’a pas laissé passer cette chance qui s’est dérobée à son équipier Daniel Ricciardo de faire triompher un moteur Renault. Sur le circuit de Catalogne, Verstappen du haut de ses 18 ans, 7 mois et 16 jours (presqu’un enfant, il est né le 30 septembre 1997…) a établi un record qui sera difficile à battre. Il est en effet désormais interdit de conduire en F1 à moins de 18 ans, alors que lui y a débuté à moins de 17 ans et demi. Les débutants les plus jeunes ne disposeront plus, comme cela été son cas, d’une saison pour acquérir de l’expérience avant leurs propres 18 ans. C’est bien assez pour le faire entrer à jamais dans l’histoire de la course automobile. Chapeau l’enfant !

Johnny RIVES.

JEUNESSE TRIOMPHANTE

Outre une stratégie finalement plus judicieuse que celle décidée pour Ricciardo (deux changements de pneus au lieu de trois), le fait le plus remarquable dans la course triomphale de Verstappen a été sa solidité nerveuse hors du commun. Car lorsqu’il hérita pour de bon de la première place grâce au troisième changement de pneus de Ricciardo, au 43e tour, il en restait encore 23 à couvrir. Vingt trois tours au cours desquels il devrait résister à la pression exercée par la Ferrari de Raïkkonen, résolument placée dans le sillage de sa Red Bull. Une tâche dont il s’acquitta avec un brio extraordinaire, évitant avec la clairvoyance d’un vieux briscard tous les pièges le guettant dans chaque freinage, chaque virage. Verstappen déploya une résistance tenace pour tenir tête à cet authentique vieux briscard de Raïkkonen (36 ans, 236 départs en Grand Prix !) Qui ne put faire autrement, au sortir de leur empoignade, que le féliciter !
Un aspect paraît miraculeux dans cette victoire : Verstappen l’a décrochée dès sa première course dans l’équipe Red Bull, où il venait d’être promu au détriment du Russe Danil Kvyat. Tout au long de ce duel magnifique ayant couronné une jeunesse triomphante, on remarqua la subtilité avec laquelle le Néerlandais (né en Belgique…) utilisa les vertus de son moteur Renault. Celui-ci lui permettait de distancer la Ferrari à l’accélération, en début de ligne droite. Cela le plaçait à l’abri du retour de la Ferrari à l’aspiration, retour encore facilité par l’utilisation du DRS.
On attend avec intérêt, une fois calmées les émotions dues à la victoire du jeune Max, les commentaires de Christian Horner et autres Helmut Marko concernant les moteurs des Red Bull.Verstappen Espagne 2016 2

LA SAGESSE A PRÉVALU

Chez Red Bull comme chez Ferrari, on avait apparemment misé sur des stratégies différentes pour chacun des pilotes. Tous étaient partis en Pirelli tendres. Et tous chaussèrent des « mediums » à leur premier changement. Celui-ci se produisit au 10e tour pour Ricciardo, au 11e pour Verstappen et Raïkkonen et au 15e pour Vettel. Ce dernier ne profita guère de l’avantage d’avoir prolongé la vie de ses premiers pneus. Puisque, Ricciardo ayant observé son 2e arrêt au 28e tour, Sebastian s’arrêta au 29e. Tous deux chaussèrent alors des Pirelli tendres, plus performants mais qui les contraindraient selon tout vraisemblance à un troisième arrêt. Cependant, Verstappen (35e tour) et Raïkkonen (36e) s’arrêtèrent nettement plus tard. Et de plus pour chausser de nouveau des « mediums » leur permettant théoriquement d’achever la distance. Voilà comment, quand Vettel (38e tour) puis Ricciardo (43e) se résolurent à un troisième arrêt, Max et Kimi se retrouvèrent au commandement. Définitivement. Entre deux stratégies, une ambitieuse mais risquée et l’autre plus sage, c’est cette dernière qui avait prévalu. Reste à savoir quelle part chacun des pilotes concernés a prise pour en décider.

A QUI LA FAUTE ?

Cette question constitue la résultante malheureuse d’une politique sportive, dont l’habitude depuis quelques saisons, est d’arrêter des sanctions au moindre incident. Des commissaires sportifs ( ?) sont là pour sévir. Et ils sévissent. Quitte à le faire à tort et à travers. Du coup, le spectateur lambda s’habitue à cette « mode ». Avant même de savoir quelle sera la réaction des commissaires sportifs, il se pose la question : à qui la faute ? Mon épouse n’y a pas coupé, elle m’a posé la question. Je n’ai pas trouvé mieux à lui répondre que : « C’est la faute de la course ! »
Jacques Villeneuve venait (avec modération) de citer Rosberg. Un peu plus tard, Niki Lauda désigna plus fermement Hamilton comme responsable. Mercedes préféra placer ses deux pilotes dos à dos en la circonstance. Ce que firent également les commissaires sportifs de la Fédération. Reste à savoir les conséquences que l’incident aura sur l’un et l’autre des protagonistes quand ils seront amenés à se côtoyer dans des réunions. Dans la perspective du prochain G.P. de Monaco, la tension inévitable entre Rosberg et Hamilton rappellera aux plus anciens celle qui opposa jadis Alain Prost à Ayrton Senna. Ce sera aux autres d’en profiter. A commencer par Red Bull et Ferrari.

Espagne 2016 hamilton rosberg

QUI RIT SAMEDI, DIMANCHE PLEURERA

raikkonen espagne 2016Après les essais et surtout après les qualifications du G.P. d’Espagne, on imaginait les conséquences que pourraient avoir les contre-performances des Ferrari auprès de l’état-major de Maranello. Sergio Marchione, directeur de la Scuderia, a si souvent répété que les Ferrari avaient cette année l’ambition de battre les Mercedes… Et là, non seulement elles étaient larguées par les Mercedes, mais même devancées par les Red Bull ! On imaginait un sentiment de triomphe dans l’équipe allemande, apparemment plus forte que jamais après un début de saison perturbé par les ennuis d’Hamilton. Et en même temps l’éventualité d’un coup de balai du côté italien – pouvant concerner le sympathique Maurizio Arrivabene et, même, à échéance plus lointaine, l’avenir de Kimi Raïkkonen. Mais qui rit samedi, pleurera dimanche…
La course a totalement redistribué les atouts : après l’élimination spectaculaire des imbattables « flèches d’argent », Raïkkonen a accompli une course irréprochable (bien qu’il n’ait pu s’imposer à Verstappen). De plus Vettel l’a rejoint sur le podium. Pas vraiment la gloire, mais tout de même suffisant pour calmer les impatiences des dirigeants. Ça n’est peut-être que partie remise. Car Mercedes (malgré la modération de Toto Wolff après la bévue de Barcelone) va sans aucun doute redéfinir une discipline plus rigoureuse à l’adresse de ses pilotes. Et puis on n’oubliera pas Renault : le moteur qui propulse les Red Bull avec tant d’énergie devrait, nous promet-on, effectuer un appréciable bond en avant à partir du G.P. du Canada (12 juin). Pas de quoi s’endormir à Maranello !

 Illustrations © DR

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