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Luc Augier nous accompagne sur les derniers Grands Prix d’une saison où rarement la domination d’un pilote n’aura été aussi écrasante. Le qualificatif semble adapté au talentueux et insatiable Vettel  dont la série victorieuse pourrait bien continuer en 2014.

 Classic COURSES

Stirling Moss n’a jamais su s’il avait gagné le Grand Prix de Grande Bretagne 1955 ou si Juan Manuel Fangio l’avait laissé gagner. A Suzuka, en 1991, le jour même où il remportait son troisième titre, Ayrton Senna avait délibérément abandonné la victoire à Gerhard Berger. L’année suivante, sur les mêmes lieux, Nigel Mansell déjà couronné depuis plusieurs Grand Prix, avait fait semblant de commettre une faute pour ouvrir la porte à Riccardo Patrese, sans savoir que la victoire était de toute façon promise à l’Italien puisque le Britannique devait ensuite abandonner sur casse moteur. A Sao Paulo, Sebastian Vettel aurait pu avoir le même geste envers Mark Webber. N’avait-il pas une dette envers l’Australien depuis son manque de loyauté lors du Grand Prix de Malaisie, où il avait enfreint les consignes d’équipe : assurer le doublé dans l’ordre établi par les péripéties de la course et mettre les moteurs en régime de sauvegarde ? Et si Sebastian Vettel a pu remporter quatre titres consécutifs, n’est-ce pas en partie grâce aux points que Mark Webber a empêché ses rivaux de marquer ? Certes, contrairement à celles de Fangio et Moss chez Mercedes, de Senna et Berger chez McLaren Honda ou de Mansell et Patrese chez Williams Renault, la cohabitation de Vettel et Webber chez Red Bull Renault n’aura pas été sans nuage. Il n’empêche : au moment de la séparation et des adieux du vétéran à la Formule 1, l’initiative aurait relevé de l’élégance et, par bonheur, le scénario de cet éplilogue s’y prêtait idéalement. Nul n’y aurait vu de l’arrogance ou de la condescendance. Mais l’idée ne semble pas avoir effleuré Vettel et, apparemment, dans le clan Red Bull, ni Christian Horner, ni Helmut Marko n’ont cru bon de la lui suggérer. Dommage.

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Reste que le parcours de cette impressionnante machine à gagner restera dans les annales, et surtout dans la mémoire de Jackie Stewart. Pouvait-il imaginer que l’écurie qu’il avait fondée avec son fils Paul en 1997 serait vouée à un tel destin ? L’objectif de l’époque ? « Doter Ford d’une structure plus ambitieuses que la simple motorisation de l’écurie Sauber ». Cette vision sembla se concrétiser en 2000 quand Stewart se mua en Jaguar, une marque à l’époque intégrée à la division Premier du groupe Ford. Sous cette appellation, l’écurie faillit déjà recruter Adrian Newey, du moins était-ce l’intention de son directeur d’alors, Bobby Rahal. Elle connut aussi une première gouvernance autrichienne sous l’égide d’Ulrich Bez, le patron de Premier, qui en confia les rênes à Niki Lauda. En 2003, elle engageait… Mark Webber. Puis il y eut la crise économique :  Jaguar jeta l’éponge fin 2004, le groupe Premier (Jaguar, Land Rover, Aston Martin, Volvo) était démembré et vendu par appartements. L’écurie aurait pu disparaître, c’est alors qu’elle est devenue Red Bull mais Webber était déjà parti chez Wiliams… avant de revenir en 2007.

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1997 pour Stewart devenu Red Bull, 1999 pour BAR devenu Mercedes, c’est à la même époque qu’Alain Prost avait fait naître l’espoir d’une grande écurie française prolongeant l’épopée Ligier. Fin 2001, le rideau était tiré. Pourtant, d’autres ont su survivre. En 1993 qui aurait prédit un avenir à Peter Sauber et à ses troupes suisses ? Au fil des ans, Sauber s’est fait piquer les soutiens de Ford (par Stewart), de Red Bull, de Petronas (par Mercedes). Sauber ne s’appelle plus BMW, parti avec la crise comme étaient partis Jaguar, Honda et bien d’autres. Mais Sauber est toujours là et c’est sur une Sauber -BMW à l’époque- que Sebastian Vettel a marqué son premier point, au GP des USA 2007.  

 

Luc AUGIER

Photo @ Guy Le Page

www.le-page.net


 



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