29 octobre 2013

911 – 50 ans

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Rendre un énième hommage à cette grande dame automobile, est une gageure, tant la pratique est courante, qui plus est en cette année « anniversaire ». Plutôt qu’un rappel de son excellent freinage, de son confort, de la particularité que constitue le tout à l’arrière et de l’agrément qui en résulte en motricité, plutôt qu’un rappel au code de bonne conduite ; à savoir ne pas brutalement lever le pied en virage, nous avons préféré être dans l’action. Montagne et virolos permettent à  toute la gamme des classics, sans oublier quelques 356, de s’exprimer avec bonheur, pour les pilotes comme pour les spectateurs et nous-mêmes.

Manifestation de bonne et belle humeur, la Virada est organisée par l’excellent 911.net. Une possibilité pour les heureux possesseurs de cette bête à plaisir de s’en donner à cœur joie. La 911 n’est pas une voiture de musée, de frime ou de nostalgie, elle est faite pour vous donner des sensations fortes : elle est faite pour rouler et vous embâler, depuis cinquante ans

Classic COURSES

 

VIRADA CLASSICA : Les Alpes du Sud en Porsche Classic, 500 kms, 10 cols à franchir sur la plus haute route d’Europe ! 

Jour 1 – vendredi 5 juillet 2013

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Contrairement à la nuit dernière, j’ai bien dormi. Nous nous levons à 5h. Il fait déjà jour, un beau jour orangé, sans nuage, lumineux et serein. Le départ est prévu pour 6:00, avec Philippe. Notre itinéraire vers La Laiterie du col Bayard prévoit un peu plus de trois heures de conduite par la route Napoléon, avec une petite entorse au code du gentlemen driver en finissant notre approche sur Gap par l’A51. Nous terminons le chargement de notre vaillant Targa 2.0T 1969 (ci-après dénommé »Vaillante ») sur le parking et j’entends monter du bas du village le son du Flat de la 2.4E 1972 de Phil. Je sais que la Virada vient de commencer.

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Le convoi que nous formons avec le Touareg « Assistance » s’élance vers les premières pentes des pré-Alpes au dessus de Grasse, en croisant le célèbre panneau qui indique la Route Napoléon dans un sens et la Maison d’Arrêt de l’autre. Nous franchissons tous les dénivelés, via Séranon, Castellane et Barrême où nous devons retrouver La Bûche, fidèle co-organisateur de la Virada Classica. Cette route est un parfait préliminaire à la Virada, un préambule en déambule. Durant le trajet, je songe à toute la préparation qui nous a permis d’en être là.

30 Porsche anciennes, 60 personnes à contenter pendant 3 jours, des rouleurs, des pilotes, des crevards qui prennent le risque d’enfiler 1500kms avec des autos vieilles de plus de 40 ans, bichonnées mais pas incassables, l’image du club que nous véhiculons et la réputation, naissante, de la Virada Classica… Nous avons essayé de baliser tous les impondérables mais qui sait, à l’heure où nous gravissons les marches des pré-Alpes, si le mauvais sort ne va pas venir nous jouer sa petite musique dissonante…

Quoiqu’on en dise, il n’y a rien de difficile à mettre en place une telle sortie. Il suffit de s’y prendre bien à l’avance, de faire les choses dans l’ordre, et surtout de les faire ! Suite à la première édition, qui n’avait réuni que 9 voitures, j’avais remarqué une attente des membres du club911.net concernant un périple un peu sérieux dans les Alpes. J’ai donc commencé à tracer un parcours dans les Alpes du sud, avec l’objectif de nous faire bouffer du col, et j’ai soumis une première ébauche à La Bûche. Nous avons affiné le trajet, défini le point de départ à laiterie, rallongé les premières étapes en s’écartant des sentiers battus, remplacé le col d’Allos par La Cayolle, pris l’option de la spéciale de Péone et conservé les Gorges du Cians, l’autre spéciale de Pierlas/Ilonse, le col de la Bonette, évidemment, puis le col de Vars, et enfin, ajouté les dernières étapes sur les traces du Tour de France vélocipède à venir. La recherche d’une solution hôtelière unique pour tout le week-end et celle des haltes gourmandes nous a permis de compléter le tout assez rapidement. Indispensables GoogleEarth et StreetView !

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Le reste n’est qu’histoire de courrier, de prises de contact, de demandes de réservation, de négociations, de déclarations auprès des préfectures. Il faut le faire mais ce n’est pas compliqué. Il a toujours été clair que les lieux choisis pour séjourner devaient proposer un vrai design, offrir une gastronomie de qualité, permettre une convivialité facile et occuper une position stratégique sur le parcours. La recherche de tels établissements est semée d’obstacles qui tiennent à la capacité d’accueil, au parking, à la disponibilité aux dates retenues, à l’envie même des propriétaires de nous recevoir (un comble par les temps qui courent). Étrangement, cette partie fut également assez facile et rapide. Il y a bien eu quelques complications, modifications et précisions à apporter, mais dans l’ensemble tout s’est mis en place sans gros souci. Le plus long, c’est finalement la mise en page du RB…

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La partie la plus plaisante fut pour moi, vous vous en doutez, la conception des éléments de « marketing » de cette sortie. Je souhaitais lui donner l’aspect le plus officiel qui soit, jouer avec l’image des rallyes plus célèbres jusqu’à faire connaître l’évènement aux médias locaux, généralistes ou télévisuels. J’avoue qu’il n’y a pas eu de retour de leur part. Je m’y suis sans doute pris trop tard, certains délais de fabrication des dossiers presse ont été dépassés. Mais c’est acté. L’année prochaine, nous serons déjà moins inconnus… Il nous faut ici remercier les sponsors au sein du club qui ont bien voulu nous soutenir dans cette démarche : le Cabinet Patrick Delannoy pour les plaques, PoissonRouge pour presque tous les adhésifs et PassionAuto pour les sacs Porsche de dotation.

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Nous retrouvons comme prévu La Bûche et Laurence à Barrême. Notre trio d’anciennes en bleu blanc rouge (gemini, grand prix et polo) avale la deuxième section de notre pré-acheminement sur un bon rythme, emmené par la 2.0 1966 des Bucherons. Le bruit de cette originale double sortie d’échappement est démoniaque ! C’est ferreux, c’est rageur, et le pied de François y est aussi pour quelque chose ! Sur la petite portion d’autoroute qui nous mène jusqu’à Tallard, en dessous de Gap, Sophie nous filme fugacement du haut de son 4×4 avec son iphone, on entend la bande originale de « Stayin’ Alive » des Bee Gees. C’est nous les frères Gibb ! 

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Nous arrivons en avance sur le parking de La Laiterie du col Bayard pour y organiser l’accueil des Viradistes, disposer le roll-up et compléter les sacs de dotation contenant un autocollant quadri de cette deuxième édition (il m’en reste quelque uns de l’année dernière, collector ultime à 150€ pièce, c’est donné, rappelez-vous comme vous avez regretté de ne pas avoir acheté les deux premier numéros de Speedster !), les autocollants jaunes ou noirs des groupes « Edelweiss » et « Chamois », la plaque de rallye rouge, le RB, deux tee-shirts avec logos de la Virada et des 50 ans de la 911 par le club, ainsi que les gros autocollants « organisation » pour les véhicules concernés. En plein soleil, l’application de ces derniers posera quelques problèmes aux plus néophytes…

La parking se remplit aussi rapidement que les inscriptions lors du lancement de cette deuxième Virada. Très bientôt, la trentaine de Classic attendue occupe la place. Et c’est le début d’un ravissement des yeux qui durera tout le week-end. Il y a une variété réjouissante des teintes colorées ou désaturées, un parterre presque parfait de 911, des T, des E, des S (dommage pour la 2.7 RS du père de Kat), une fière sélection de 356, et une non moins orgueilleuse présence de deux 912, dont celle sponsorisée par le club pour le MCH 2014, et de la 914/6 de Tenere et Nicole.

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Tous les visages sont radieux, nombreux sont ceux qui se connaissent déjà et avaient hâte de se revoir. Certains ont fait une longue route pour venir, OVT et Lolo4S par exemple, qui viennent respectivement de Belgique et de Suisse, ou EDG1 et jb74 qui collectionnent les kilomètres par pure avidité, sans oublier ceux qui ont prévu de faire Le Mans dans la foulée, ou ceux qui, ne pouvant se défaire de l’envoutement des routes à venir, décideront de jouer les prolongations dans nos chères Alpes. Soyez tous remercié de votre présence !

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Mais pour l’instant chacun se glisse entre les autos, scrutant les détails, admirant les lignes des carrosseries qui brillent. Même Hervé et Pat ont donné un petit coup de propre à leur Targa avant de venir. Plaques et autocollants sont rapidement disposés. Il y a les spécialistes comme Greenfairy qui travaillent à la foreuse et au rizlan pour un accrochage décalé sur le PC avant, il y a les esthètes comme Patrick123 qui ne jurent que par le double-face, les prévoyants qui passe le rouleau entier de scotch… Ça rigole, ça piaille, ça pérore, ça sent bon l’amitié.

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Il y a les vieux de la vieille à qui ont ne la fait pas, il y a le clan des Baltringues partagé entre grandes gueules acariâtres et jeunes versaillais propre sur eux, toujours à mi-chemin entre silence-radio et bannissement, il y a la bande de la Yaute, spécialistes du lait de yac, il y a les novices en sorties Classic qui ont déjà pleuré leur mère davantage durant leur pré-acheminement que durant toute leur vie, il y a les excentriques qui n’ont pas encore revêtu leur accoutrement de marin mais qui portent fourrure au col comme en novembre, il y a toutes ces dames inconscientes et pimpantes qui vont bientôt risquer leurs charmes estivaux dans les lacets alpins, il y a ceux issus des rangs de la LozR qui sont venus vérifier si la branche sur laquelle ils sont assis est toujours aussi solide, ah celui-ci a déjà besoin d’un câble d’embrayage, tiens justement, il y a l’irremplaçable Pitou qui est venu apporter tout son soutien matériel et amical, il y a les vrai pro de rallyes internationaux, aussi discrets que efficaces comme cela a été souligné, il y a les plus hautes instances du staff du club, il y a la plus fine plume du royaume, il y a une princesse slave, il n’y a que des camarades.

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Notre déjeuner à La Laiterie peut enfin commencer. Les formules que nous avons retenu pour chacun des repas de la sortie est de proposer un menu avec café et un peu de vin disponible tout de suite à table, tout le reste étant à la charge de celui qui en passe commande. Si nous n’avons pas été déçus par la qualité des mets qu’on nous a servi durant le week-end, il faut reconnaitre que les choix des vins prédisposés n’a pas été le bon, particulièrement à La Laiterie où le Pécharmant grattait fort les amygdales. L’assiette campagnarde était en revanche copieuse et appétissante, le service bien emmené et les tables sous les tentes de la terrasse fort agréables. J’ajouterais que certaines de nos femmes se sont ruées sur l’étal des produits locaux et ont garnis d’imposants cabas de fromages et de tartes à la confiture…

Il est maintenant temps de faire ce pourquoi nous sommes tous là, ce pourquoi nos voitures sont faites : rouler. La cloche bovine que La Bûche supporte autour de son cou depuis qu’il a quitté son étable retentit, signalant le départ du groupe « Edelweiss ». Le drapeau à damiers spécialement acheté pour l’occasion est de sortie. C’est le Prez qui officie. Les moteurs ronflent, va y avoir du sport ! Certains m’ont dit que les toutes premières étapes du RB les avaient un peu déconcerté, comme si nous n’allions faire que de la nationale à la queueleuleu tout le week-end. Nous devions cependant retraverser Gap avant de couler vers le sud… Nous franchissons nos premiers cols, celui de La Sentinelle, du Haut-Forest, Les Garcinets, les Fyllis et St Jean dans un mouvement oscillatoire entre la D900B au nord et Selonnet pour le point le plus bas de ce W que notre trajet trace sur la carte. La route est mauvaise par endroit, le relief n’est pas encore très marqué, mais après tout, ce n’est qu’une mise en roue pour rejoindre l’hôtel de Pra-Loup d’où nous nous élancerons demain sur des parcours plus musclés. Nous enfilons une dernière section roulante avant de nous retrouver au pied de la pente qui monte jusqu’à 1600m. Le « Marmotel » et son design montagnard/contemporain nous attend, l’image d’une bière fraîche se matérialise…

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Notre arrivée se déroule comme prévue, nous envahissons sans mal le parking en face de l’hôtel, toutes les places sont disponibles. Il y a même un représentant d’une société de nettoyage de voitures de Gap qui a fait le déplacement avec son fourgon, visiblement déçu de ne pas rencontrer plus de public autour de nos autos… La plupart des Viradistes rejoignent leur chambre et leur douche, l’open bar ouvre bientôt (à signaler que la bande de la Yaute, toujours impatiente d’en découdre, fera la Bonette dans l’intervalle), tandis que les plus pressés dont je suis s’octroient une double mousse avant le Karchër. L’ambiance est calme, le soleil décline gentiment, il fait bon vivre. Le personnel de l’hôtel fait tout pour nous être agréable, les chambres sont à l’unisson de la déco des parties communes, avec cependant un bémol sur l’impossibilité de fournir des chambres Deluxe avec lits twin. Encore toutes nos excuses à Gil356 et Waxwrobe, à Guylap et docnono, ainsi qu’à OVT et Julien. Le remboursement de l’option vous est acquis. 

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C’est après que ça a commencé à se gâter, quand La Bûche ne savait plus s’il avait pris 7 ou 20 pastis, quand Daumas s’est mis en tête de faire la course avec le téléphérique, quand les Baltringues ont arboré la série de tee-shirt [REPORT] et quand, à l’issue du repas, on s’est rendu compte que le bar de l’hôtel n’ouvrirait pas ses râteliers au delà de 22:00, rapport à la proximité de certaines chambres. C’est ainsi que notre première soirée s’est fini à siroter sur le parking les divers mélanges a-rhumatiques que Sebflat et La Bûche avait eu la bonne idée d’apporter, tandis que les plus téméraires se lançaient à la recherche d’un bar de nuit. Nous sommes resté plus d’une vingtaine de personnes jusqu’à 1 heure ou deux du matin sur le tarmac, certains sont rentrés bien plus tard, les mêmes qui ne sortiront pas le soir suivant…

Jour 2 – samedi 6 juillet 2013

La nuit courte et profonde s’efface devant le voile d’azur qui monte, un ciel limpide se lève sur la 2.2S Exclusive bleue layette de Daumas qui trône côté pistes. Sur le parking, j’observe Gil356 qui brique son Targa 2.2S 1970 noir de noir de chez Gharmer. Une perle pour amateur de découvrable. Le petit déjeuner est très varié, étant descendu assez tôt pour en profiter, mais les retardataires qui sont passé en salle au delà de 09:00 ont eu la désagréable surprise de trouver le buffet débarrassé… Les équipages se rejoignent devant l’hôtel, on ôte les toits Targa, on rangeouille, on file un coup de pshitt sur les vitres. Le départ est donné par La Bûche qui se délecte en faisant inlassablement glisser le drapeau à damier sur les carrosseries avec un air de vieux vicieux.

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Aujourd’hui, ma femme m’accompagne en tant que co-pilote. Je sais qu’elle redoute cette journée. Elle garde une idée négative du col de la Bonette qu’elle a franchit dans son enfance, elle se méfie tout autant de la qualité des routes que de la fiabilité de notre voiture, pourtant bien préparée, ou de ma propre conduite pourtant mieux affutée qu’auparavant… Nous partons dans les premiers. Après la descente de Pra-loup, nous nous engageons dans les Gorges du Bachelard, en direction du col de La Cayolle. la voie est étroite, le son des Flat résonne contre les parois rocheuses. Nous doublons quelques cyclistes qui entament l’ascension et rattrapons bientôt la 911 R Evocation bourgogne métallisé du Prez et la 914/6 1970 bleu royal de Tenere et Nicole, qui s’éclipsent rapidement devant les foudres de notre 2.0T… Quel bon coeur que celui de Michel, toujours prêt à laisser parler celui des autres avant le sien !

Personne devant, mon premier plaisir de roulage de la Virada s’offre logiquement. Les virages se succèdent sans méchanceté à l’ombre des gorges, Vaillante confirme sa nouvelle stabilité, les pneus neufs Vredestein accrochent plutôt bien pour des Classic à 100€ l’unité ( joli dessin, en plus) et ma femme se charge de me rappeler le niveau de sécurité maximum auquel je suis habilité à la confronter. Petit florilège : « Ah mais là c’est pas bien du tout que tu sois ouvreur », « Je suis désolé mon coeur, je regarde pas, j’ai trop peur », « Si tu conduit comme ça pour la Bonette, je descend. – De toute façon à l’allure où on va, tu vas pas te faire mal »… Je remercie présentement et solennellement ma douce pour son abnégation durant cette journée !

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Nous collons bientôt aux fesses des deux 912 qui nous ont précédé au départ du matin. Celle juste devant nous est la 912 1966 ivoire clair de Yoyo74 et Yoyo911, qui participera au MCH 2014 avec Yoyo74 en pilote, et celle qui ouvre est la 912 1967 jaune bahama de Albator911 et Socrate, Albator911 étant copi de Yoyo74 pour le MCH 2014. Vous suivez ? Autant dire qu’ils en ont profité pour se renifler le derrière sur plusieurs étapes… À l’issue, il semblerait que la 66 soit déjà mieux préparée que la 67, ce qui est normal pour une auto avec de telles ambitions… Les pentes qui nous emmènent vers le col de La Cayolle au travers des forêts légères et des champs nus nous rappelle l’évidente différence de quelques 10 ou 20ch entre nos autos. Notre 2.0T est un peu plus gourmand, mais le panorama se dégage, les arbres disparaissent, les cimes s’exposent, et la magie opère. Nous sommes quelque part dans les Alpes, au pays des marmottes, de Belle et de Sébastien, dans la peau de Jean Giono, sur les traces Alexandra David-Neel ! Nul besoin de puissance ici, la contemplation suffira !

Nous nous regroupons sur le parking du col de La Cayolle. Topman et Marie qui assument le service presse et qui nous ont tendu des embuscades pendant tout le week-end sont à nouveau en position pour shooter les arrivants. Il leur fallait bien une 911 3.2 première main pour virevolter autour de notre cortège ! D’en haut, on admire les lacets qui grimpent et les voitures qui les frôlent. Par petits paquets colorés, les Porsche se réunissent au sommet. Mais déjà, les premiers se catapultent vers la pente qui suit. Nous enquillons derrière la 356 Roadster argenté de Franck21000 et Aym. L’allure est modérée mais le plaisir intact. La pente docile et les épingles confortables nous transportent sur l’air de « lalalaitou ». Nous croisons la petite maison d’Heidi, elle nous regarde passer de son perron, l’oeil creux. Elle a bien vieilli, la pauvre… Les deux équipages, cheveux au vent, se laissent couler vers St Martin d’Entraunes via Entraunes, en longeant la source du « Var ».

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 À St Martin d’Entraunes, nous perdons le Roadster. Prochaine cible, la 911 2.4S moteur 2.7RS orange de rmp356 et Caroline. La route est large et ouverte, les courbes sont généreuses, presque pas de point de vue caché, on peut appliquer à plus grande vitesse les principes de pilotage que Dudu a enseigné à certains d’entre nous. FRIDA nous encourage, nous rattrapons Yves et ses amours, qui rattrapent à son tour la 356 AT1 1956 vert émeraude de Greenfairy etRaphaëlle. Elle ronfle du tonnerre cette « A » ! Rabaissée, avec sa sortie d’échappement aussi grosse que l’oeil unique de Polyphème, elle rappelle la glorieuse époque de la PanAmerica et elle couvre nos 12 cylindres réunis avec ses seuls 4 pistons !  La jauge de réservoir se fait menaçante, je n’ai pas fait le plein de mon petit 60 litres depuis la fin de matinée précédente. Nous avons tout misé sur l’ouverture d’une seule pompe avant Beuil, celle de la rue principale de Guillaumes. J’avais même téléphoné à l »office de tourisme pour m’assurer de son ouverture. Elle est effectivement ouverte. Une belle ribambelle de Porsche assoiffées s’entasse au centre du village. Certains en profitent pour filer à la pharmacie afin de vaincre les séquelles de la nuit, d’autres vandalisent le rayon casquettes noires de la station. Il fait chaud, ça sent la benzine, nous attaquons la montée vers Péone.

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Vaillante reste fidèle à elle-même. Son allant nous conduit jusqu’à Péone puis Valberg sans même que mes souvenirs déjà fragiles daignent s’en soucier. Je me souviens juste avoir été surpris de voir le panneau indicateur de l’entrée de Péone. Nous traversons Valberg, encore très largement sous-fréquenté mais plus vivant que Pra-Loup, pour s’arrêter en bord de route avant la sortie de la station. Cette traversée de Valberg avait donné lieu, lors de la rédaction du RB, à quelques échanges de galliformes avec La Bûche concernant la possibilité avérée par tous les plans d’utiliser la rue principale ou l’obligation de faire le détour qu’impose la voirie sur place. Un pari m’avait même été proposé sur le mode « si tu perds, tu danse tout nu sur le parking le samedi soir avec ta coiffe d’indien »… J’ai laissé parlé l’expérience et il avait raison.

Nous effectuons quelques pas pour rejoindre l’hôtel-restaurant « La Vallée Blanche ». La décoration rouge et bois sombre, parsemée de fourrures blanches se détache à merveille sur le vert des pistes en face de la terrasse. Aucun vis-à-vis, juste les remonte-pente à l’arrêt, l’herbe et les sapins. Nous nous installons dans le lounge ou sur les mange-debout pour un apéro tout en souplesse. Le patron confirme mes bonnes impressions suite à nos contacts préliminaires, et m’avoue même qu’il reçoit pour la première fois un groupe de voitures anciennes. Le service est diligent, le déjeuner est gourmand. Une autre adresse à recommander. Malgré l’envie de sieste dans la verte à laquelle beaucoup d’entre nous succomberaient volontiers, il nous faut cependant repartir vers les étapes les plus impressionnantes de cette Virada.

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Juste après Beuil, nous nous engouffrons d’abord dans les Gorges Supérieures du Cians, qui ne sont pas couleur cyan, mais plutôt rose, ou lie-de-vin. La route serpente, hésitant entre une et deux voies, les parois et les surplombs jonglent avec le son de nos mécaniques. Avec les Gorges du Daluis, plus à l’ouest, ce duo de canyon représente les passages les plus difficiles que les neiges des Alpes du sud empruntent pour former le fleuve « Le Var », que viendront grossir ensuite à l’Est « La Tinée » et « La Vésubie », et qui finiront au pied de l’aéroport de Nice.

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Nous bifurquons bientôt à gauche en direction de Pierlas et Ilonse. Cette spéciale de nombreux rallyes est absolument superbe. L’accès à Pierlas se fait d’abord par un défilé rocailleux puis par une succession d’épingles en escalier tellement serrées que plusieurs les ont pris en marche arrière ! C’est une sorte d’escalade d’un mur d’un centaine de mètres. Impossible de croiser quelqu’un dans ces conditions. En direction d’Ilonse nous continuons d’avaler les épingles, 13 au total si j’ai bien compté, sur une route étroite qui ne cache pas les stigmates de l’hiver, toute fière d’avoir sorti Sébastien Loeb au RMC 2006 ! Les Porsche vrombissent, les châssis tanguent, ça sent le chaud, t’inquiètes, ce sont les effluves du bonheur… Avant d’entamer la descente, nous débouchons sur un panorama euphorique que nous livre un horizon dégagé sur les cimes voisines, garnies de maquis montagnard, et sur Ilonse en contrebas, trônant sur le dernier promontoire de cet accès à la Vallée de la Tinée. On se croirait dans une illustration du Seigneur des Anneaux. Nous stoppons les voitures à la file afin d’admirer le paysage et profiter de nos émotions. Il y a comme un relâchement dans l’air, une plénitude. Notre monde habituel semble bien loin.

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Suivant les conseils de modération de bruit que nous a donné La Bûche, qui connait la forte probabilité de la présence de la maréchaussée à l’arrivée dans la vallée, nous dégringolons jusqu’au point le plus bas de cette deuxième Virada Classica. Au carrefour stratégique, nous croisons effectivement nos amis, déjà à l’oeuvre avec un groupe de motards. La route de la Tinée nous ouvre ses bras. C’est un espace roulant, une liaison obligatoire mais pas forcément roborative pour atteindre le col de la Bonette par le sud. Nous passons enfin la quatrième, puis la cinquième, et filons vers Saint-Etienne-de-Tinée où nous avons prévu une halte.

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La saison n’a pas encore vraiment commencé mais le village est très animé, un mariage se déroule devant l’église. Nous garons nos autos en contrebas et remontons nous glisser sous la Tonnelle du « Chamois d’or ». Nous retrouvons sur place Oggy et McBel qui ont fait le RB du dimanche par erreur, ont cassé et réparé la boite à fusible, et viennent de faire la Bonette à l’envers pour la refaire avec nous dans le bon sens. Devant une bière, nous écoutons Bruver nous raconter son enfance dans ces lieux et sa première cuite avec du vin gagné à la foire. Une fanfare traditionnelle passe dans la rue. La patronne aux p’tits oignons nous distribue gracieusement quelques autocollants attestant du passage par la plus haute d’Europe qui nous attend. La Bûche a la bonne idée d’en faire le plein. En rejoignant nos autos, nous croisons sur le parking une superbe Jaguar XK Classic, il faut partir vite avant que la meute de Porsche affamée se jette sur elle.

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Nous voici au pied de la Bonette. Nous suivons le cours de la Tinée jusqu’à sa source et attaquons enfin la grimpette vers les anciennes casernes du Camp des Fourches. La végétation disparait, le ciel devient menaçant, la neige est toujours présente, noircie par le trafic routier, l’air devient plus rare, les moteurs à carburateurs commencent à peiner. Nous croisons OVT et Katiouchka, arrêtés, qui semble avoir un souci mais sans besoin d’aide immédiate. L’ascension se poursuit malgré le manque de puissance évident de notre 2.0T. Il me faut aller chercher les tours, maintenir le volume. Tout devient gris comme le bitume, le ciel, la roche, l’herbe rase, même nos peintures vives semblent perdre de leur tonus. Nous accédons enfin au point le plus haut, et garons nos voitures comme nous le pouvons, entre les 2 ou 3 camping-cars qui passent, les cyclistes, les motards. Ce n’est pas encore le rush d’été mais on sent le point de vue touristique qui se mérite. Point le plus haut ? Que nenni, un petit village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur, les ci-devant nommés Baltringues, vont jusqu’à pousser leur besoin d’aller toujours plus haut en gravissant le chemin pédestre qui mène à l’observatoire, au dessus de nous. L’horizon se noircit, un grain se prépare. Nous enfourchons nos montures et lâchons les fauves avant que le sol ne soit trop glissant. Vaillante est ragaillardie, je place mes trajectoires et ma femme semble moins rétive au plaisir de la vitesse. Mais le plaisir est de courte durée, nous rattrapons la 911 2.0S silver de Oggy et McBel que des motards empêchent d’avancer plus vite.

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Il vaut mieux d’ailleurs, de grosses gouttes de pluies s’écrasent déjà sur les pare-brise. Sur le bas-côté, la 912 d’Albator911 et de Bertrand45 s’arrête pour laisser refroidir les freins, une purge s’avérant finalement nécessaire. Merci Michel. L’averse se confirme et s’amplifie.

Le tempo correspond à celui d’un vinyle 45t passé en 33t. Après la caserne de Restefond, nous traversons la transhumance de plusieurs centaines de moutons peu impressionnés par nos tueries. Le cortège s’écoule doucement jusqu’à Jausiers. Enfin, Après avoir balayé la liaison par Barcelonnette, nous empruntons à nouveau la montée sur Pra-Loup pendant laquelle certains Viradistes ont eu maille à partir avec un vulgaire Kangoo Diesel qui ne voulait pas se laisser faire, et nous finissons par couper le contact devant le « Marmotel » avec la sensation d’une journée bien remplie. Il faudra malheureusement plus de temps à Bruver, PoissonRouge ou Michel pour quitter le parking, à cause de la lâcheté d’une courroie.

Après avoir rejoint nos pénates et reconfiguré mon apparence en mode gala du MCH, notre dernière soirée commence. L’open-bar est comme il se doit d’être, ouvert, tout le monde est disponible sur la terrasse de l’hôtel, c’est l’heure des cadeaux et des remerciements officiels. Nous avons encore la demi-journée de demain au programme mais l’heure des réjouissances sonne déjà. En premier lieu, chaque équipage reçoit un trophée superbement produit par PoissonRouge. L’occasion pour nous de remercier tous les participants qui nous ont fait confiance, ceux qui nous sont resté fidèles depuis la première édition et ceux qui ont pensé impensable de rater une autre édition. Les Viradistes ont eu un comportement exemplaire sur la route, dans les coeurs et le verre à la main. Je suis personnellement honoré de vos gages d’amitié.  C’est le moment que choisi Katiouchka pour nous offrir, à La Bûche et moi-même un cadeau commun dont elle a eu l’initiative, composé pour chacun d’un coffret à champagne à la robe matelassé rouge vif et à l’allure Tsarine, ainsi que d’un magnum de Côte de Bourg dans sa livrée en bois. Soyez tous remercié pour ce geste inattendu et touchant ! Au terme de longs applaudissements réciproques, nous pouvons enfin retourner à notre apéritif. La Bûche distribue les autocollants de la Bonette, Roland m’offre un phare Sealed Beam OEM, on s’embrasse entre deux lampées, on resterait là bien plus longtemps si les cuisines ne nous rappelaient pas à l’ordre. Nous passons à table tandis que la pluie de cette après-midi nous recouvre.

Je ne sais pas combien de bouteilles ont été commandé, ce qui est sûr, c’est que nous sommes allés au bout de ce qui était disponible en temps et en heure. Et c’est ainsi que tous ceux qui ne voulaient pas en finir, nombreux, se sont agglutinés sous les auvents à l’extérieur de l’hôtel pour un digestif prolongé. Sur le parking, seule voiture abritée, la 356 AT2 de Lolo4S et Anouchka s’est frayée un chemin sous le porche de la galerie commerciale voisine. Éclairée par la lumière du plafond qui la protège, l’auto nous fait un clin d’oeil dans la nuit pluvieuse. Impossible de résister, ce signe divin nous montre le chemin des/du seul bar ouvert de la station, la veille testé par les plus impatients d’entre nous. Bambi, entre autre, y aurait fait une jolie interprétation de son gangnam style à lui… L’endroit étant réservé pour un anniversaire particulier, nous obtenons malgré tout l’autorisation de consommer et gardons, comme vous vous en doutez, une distance polie avec cet événement privé. Nous envahissons donc aussi la terrasse en prenant soin d’être les derniers à partir, pour pas que les autres ne se sentent obligés de nous dire au revoir…

Nous sommes une petite vingtaine de personnes à fermer l’établissement vers 3:30, il faut lever le pied pour mieux le ré-appuyer demain matin. La Virada n’est pas finie. Mais quel bonheur déjà ! Je m’endors avec une impression excitée mais paisible. Cela s’appelle de la motivation.

Jour 3 – 7 juillet 2013

Je suis le premier dans la salle de déjeuner à 7:30. Les premiers départs sont prévus comme hier à partir de 9:00. Certains ne nous accompagneront pas aujourd’hui, nous nous souhaitons furtivement bonne route. Les derniers détails réglés avec l’hôtel, nous décrochons pour les dernières étapes. Il n’y a plus guère de groupes « Edelweiss » et « Chamois », juste une sorte d’auto-détermination équilibrée des équipages. Le beau temps est revenu sans déception. Ma femme, qui conduit le Touareg « Assistance », a décidé de rentrer de son côté. C’est donc seul à bord que je m’élance, suivi par Le Prez qui ne me lâchera pas d’une semelle jusqu’à l’avant dernière étape du RB et qui a eu la courtoisie de ne pas me doubler quand il en a eu l’occasion. Nous reprenons en sens inverse la liaison entre Barcelonnette et Jausiers, puis tirons au nord jusqu’au col de Vars, en passant par Saint-Paul-sur-Ubaye. Le bitume est propre, les courbes sont propres, l’herbe est propre, nous arrivons au col comme le souffle d’un génie de la lessive dans une pub des années 70.

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Le paysage est idyllique, les sommets enneigés au loin sont limpides, les alentours sont herbeux, et les Porsche qui viennent se ranger au compte goutte dans ce tableau naturaliste font la coqueluche devant les objectifs. Nous perdons une demi-heure sur le RB à contempler cet exercice de style. D’autant qu’après la descente, il nous faut assumer une portion de route davantage fréquentée afin de nous ré-aiguiller vers nos ultimes run solitaires. Après Guillestre, nous nous raccordons au flux du grand public sur la N94 jusqu’à Embrun. Soudain, en ville, une bifurcation en épingle discrète et brutale à gauche nous extirpe à nouveau de la civilisation.  

Cette dernière balade nous entraine sur le parcours de l’étape 17 du Tour de France 2013 à vélo par la route du Puy, Saint-Apollinaire et Chorges. C’est une belle petite route de campagne au pied du Parc National des Ecrins, surplombant le lac de Serre-Ponçon, parsemée de hameaux et d’habitations isolées. Le coaltar est franchement mauvais par endroits, le Prez et moi devons malheureusement nous résigner. Décision est prise de stopper notre rôle d’ouvreur pour regrouper les équipages avant l’arrivée à Chorges. Les suivants nous rejoignent. Une cycliste, seule, passe devant notre file indienne, nous nous rangeons de part et d’autre de la route pour lui faire une ola savoureuse. Presque tout le monde à recollé quand je me rend compte qu’il est déjà plus de midi, et qu’il nous reste encore plus d’une heure avant de pouvoir déjeuner au « Patalain ».

Notre guirlande reprend alors le chemin, j’enfourne derrière la 911 2.2T 1970 blanc grand prix de Sebflat et la 911 2.2T aussi, mais Targa 1971 en vert olive, de Bruver et Delphine. Bruno retient ses coups, mais les Flats y trouvent quand même leur compte. Un peu avant notre arrivée au parking de La Gardette, nous traversons un ultime tunnel qui nous permet de faire rugir encore un peu nos « T ». Une dernière accélération et nous y sommes. Nous retrouvons tous les Viradistes au point de vue sur le lac, sauf Guylap et Docnono qui se sont arrêtés pour fournir les premiers soins à un motard allemand accidenté, avec le concours de PierreYves3. Une bonne partie d’entre nous se sépare sur ces malheureux entre-faits, certains ont beaucoup de route à faire avant de retrouver leur chez-soi. Pitou et Nina nous font encore l’honneur d’être présents pour ces au-revoir ravis et sereins. Il nous reste encore une demi-heure pour rallier Gap et notre restaurant du midi.

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J’ouvre à nouveau la voie. Le Prez, Topman et Marie me talonnent. Après la D900B, nous braquons à nouveau vers Jarjayes et le col de la Sentinelle. Vaillante tient son rang, elle creuse son sillage, elle s’applique dans les virages, elle mord dans les lignes droites. Une belle petite biche couleur tabac traverse à quelques mètres devant mon capot, j’ai presque vu le reflet rouge de mon auto dans son gros oeil ouvert. Mais voici déjà Gap. Nous gagnons le centre-ville et c’est dans ces ultimes points de passage de notre RB que je me trompe de direction. Un petit détour, l’aide d’un passant, et nous voila devant l’entrée du parc de cette maison art-nouveau qui officie en tant qu’hôtel-restaurant, « Le Patalain ». Les Porsche s’alignent à l’ombre des arbres et nous nous installons pour notre dernier repas ensemble.

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Finalement, il y a plus de monde que prévu, 27 personnes sur les 60 qui ont constitué ce rallye touristique. Le déjeuner est délicieux, dans le jardin, à l’ombre des tentes. La pression se relâche pour moi, un contentement profond s’installe. Tout s’est bien passé, la météo a été très clémente, nous avons évité le trafic des touristes, les établissements qui nous ont reçu ont joué le jeu et les participants avaient tous à coeur de profiter d’une ambiance décontractée. Quelques petits défauts de service se sont révélés, quelques pannes ont eu lieu, dont celle de OVT qui a fait remonter sa 911 sur plateau le dimanche matin, suite à ses ennuis sur La Bonette, certaines mauvaises nouvelles ont écourté le séjour d’un compagnon, des co-pilotes ont du céder leur place, mais au final, tout le monde a pu se délecter de ses routes splendides, de ces panoramas grandioses et de cette amitié qui dépasse le monde strict mais libertaire des Porsche anciennes.

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C’est quand même un univers particulier que celui des Classics. On y croise les nostalgiques modernes, les gentlemen-bouffons, canailles au coeur droit, les rouleurs invétérés, les érudits en la matière, les jeunes comme les vieux, tous rebelles quelque part, discrets ou excessifs mais toujours solidaires. Le classimou est un genre à part entière. Il ne cherche pas son chemin, il le trouve. Il n’est pas en retard, il respecte la moyenne imposée. Il ne dort pas, il fiabilise. Il ne commet pas d’erreur, il se forme. Il ne craint personne au bar. Sauf l’eau de façon générale. S’il s’habille mal, c’est que le plus important est ailleurs. S’il pue l’essence, c’est qu’il est content. S’il casse, c’est pour dire qu’il a su réparer. S’il roule en ancienne c’est qu’il n’aime pas faire la gueule, et s’il fait la gueule, c’est qu’il ne roule pas. 

Sur le chemin du retour vers la côte, je me remémore inlassablement les instants de ce week-end. Les Bruvers et moi faisons route ensemble, il se remet à pleuvoir. Je suis heureux, triste, crevé, tendu, rassuré et tellement fier de nous tous. Il nous fera plusieurs avant que notre esprit accepte d’être rentré à la maison. Le dimanche soir tombe sur moi comme une chape de plomb. Je ferme les yeux. J’entends un ronronnement rauque qui se rapproche, le bout de mon capot red polo se détache de la brume, je me laisse bercer par la Virada qui recommence.

Jean-Marie CHATELAIN

Photos @ Jean -Marie CHATELAIN et 911.net

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