30 mai 2017

Johnny Rives F1, Monaco 2017

L’ÉMOTION DE RAÏKKONEN

 Plus que le sourire enchanté de Sabastian Vettel sur le podium du GP de Monaco 2017 , beaucoup d’entre nous ont été touchés par le visage fermé de Kimi Raïkkonen et la contrariété qu’il exprimait. Déception de n’avoir pas gagné ? Sentiment d’avoir été floué ? Les propos que le Finlandais a exprimés en suite avec une louable retenue n’ont pas permis de le savoir expressément. Que s’était-il passé ? Placé en pole position grâce à une superbe performance en qualification, Kimi n’a pas galvaudé cet avantage. Il a atteint le virage de Sainte Dévote en première position devant Vettel. Les deux Ferrari en tête, l’épreuve ne pouvait pas mieux commencer pour Kimi et pour la Scuderia. Derrière les deux rouges, il ne restait plus à Bottas qu’à se débattre comme il pouvait au volant d’une Mercedes qui, sur ce circuit très particulier, avait montré ses limites aux essais tant avec lui qu’avec le malchanceux Hamilton. Ce que Vallteri fit avec obstination… sans empêcher les Ferrari de creuser un écart. Dans son sillage, les Red Bull de Verstappen et Ricciardo étaient réduites comme la Mercedes à faire de la figuration intelligente. Emmenés par un convaincant Carlos Sainz, les autres étaient loin. Dans une autre course. Alors que faire ? Cette question devait tarauder Verstappen plus que tout autre. Car c’est lui qui, en s’arrêtant le premier pour changer de pneus bien avant la mi-course, déclencha une réaction en chaîne qui ne surprit personne : Mercedes et Ferrari lui emboitèrent le pas. Ces trois arrêts prématurés devaient aboutir aux tourments du brave Raïkkonen.

                                                         Johnny RIVES

ULTRA CONTRE SUPER.

Monaco 2017. Pratiquement toutes les F1 avaient pris le départ chaussées des Pirelli les plus performants, les « ultra soft » (parement violet) dont on disait que – aussi tendres soient-ils – qu’ils étaient capables d’endurer l’usure qu’imposerait la distance totale du Grand Prix. Mais le règlement oblige d’en changer au  moins une fois. Et d’utiliser un autre type de gomme. En l’occurrence, à Monaco, il s’agissait de la « super soft » (rouge). Le premier à prendre cette décision fut Verstappen (32e tour des 78 tours prévus). Une espèce de pari de sa part. Nul ne pouvait alors prévoir si, quand ses adversaires directs changeraient à leur tour de pneus, ils reprendraient la piste devant ou derrière lui. Verstappen et son équipe estimèrent sans doute que c’était une chance à tenter… La décision de Verstappen ne demeura pas isolée. Et si c’était la bonne stratégie ? Mercedes s’y plia aussitôt pour Bottas (33e tour). Ce que voyant, Ferrari en fit autant pour Raïkkonen (34e tour).

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Monaco 2017 Podium @ DR

Ricciardo et Vettel attendirent une demi douzaine de tours supplémentaires. Et c’est eux (et leur équipe) qui eurent raison. Ricciardo, qui s’était jusqu’à l’arrêt de Verstappen contenté de rouler en 5e position de retrouva 3e devant Bottas et Verstappen. Pour Vettel ce fut plus avantageux encore : il repartit des stands juste avant que Raïkkonen ne passe. Les deux Ferrari se retrouvèrent une derrière l’autre dans la montée de Beaurivage. Mais dans un ordre inversé : Vettel précédait de quelques mètres Raïkkonen. L’affaire était jouée. Kimi dut penser qu’il l’avait été lui-même (joué).

VETTEL PLUS VITE ?

 Pendant toute la phase de domination de Raïkkonen, Vettel était parvenu à rester dans son sillage. Dès qu’au gré des circonstances un écart se creusait entre les deux Ferrari, Sebastian y mettait bon ordre revenant sans effort apparent dans le sillage de son équipier. Ce fut loin d’être le cas dans la seconde partie de la course. Quand les deux Ferrari furent chaussées des Pirelli « super » à la place des « ultra », Vettel réussit à soutenir un rythme sensiblement plus élevé que Raïkkonen. Celui-ci fut incapable de rester dans son sillage. Subissait-il la conséquence morale d’avoir perdu sa première place ? On pourrait le penser. A moins qu’il ne se soit agi des difficultés que posaient les pneus « super » à propos desquels beaucoup de pilotes ont dit qu’ils étaient encore plus difficiles que les « ultra » à monter à leur bonne température de fonctionnement. Depuis le début de la saison, il a souvent été remarqué que Vettel avait moins de difficulté que Raïkkonen à utiliser pleinement ses pneus. Peut-être cela sera-t-il l’inverse lorsque les températures estivales mettront en évidence les qualités inverses : faire durer plus longtemps que les autres des gommes fragilisées sous une éventuelle canicule ? L’un des pilotes les plus brillants en ce domaine est Sergio Perez. Espérons pour lui que Raïkkonen trouvera là de quoi retrouver son rare sourire…

L’EXPLOIT DE GROSJEAN.

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GP Monaco 2017 Haas @ DR

 Aux essais, on s’était posé pas mal de questions au sujet de Romain Grosjean. Comme on l’avait déjà remarqué précédemment, il semblait être à la peine par rapport à son équipier Kevin Magnussen. Cinq dixièmes d’écart en sa défaveur aux essais libres 1. Un peu moins (2/10) aux libres 2. Mais presqu’une seconde à l ‘avantage de Magnussen aux libres 3 ! Que se passait-il ? En outre on avait plusieurs fois vu Romain en difficultés sur le parcours tortueux et piègeux de la principauté. Par bonheur, tout rentra comme miraculeusement dans l’ordre qu’il espérait en qualification. Là, il prit enfin le pas sur Magnussen, se hissant jusqu’en Q3 contrairement à son équipier. Il expliqua que la difficulté, avec la Haas, était l’utilisation des pneus. Ils sont très difficiles à placer dans la bonne fourchette de température. « Cela se joue à presque rien, expliqua-t-il, quelque chose comme trois degrés… » Corroborant ce constat il souligna qu’il n’avait pas pu faire aussi bien en Q3 (1’13’’349) qu’en Q2 (1’13’’203) pour cette seule raison. Enfin rassuré, il aborda la course avec une confiance retrouvée pour conserver sa 8e place de la grille en ne s’inclinant qu’une seule fois – devant Hamilton qui grimpa de la 13e à la 7e place. Pas de quoi rougir de honte, on en conviendra. Sa 8e place à Monaco peut même prendre l’aspect d’un exploit si l’on tient compte que son meilleur tour en course (1’17’’095) ne le place qu’au 18e rang dans cette hiérarchie. Mais lui a su tirer parti de ses pneus et n’en changer qu’une seule fois. Ce qui a fait la différence avec pas mal de ses adversaires directs.

 HAMILTON MOINS CONCERNÉ ?

Classic Courses 20170528

GP Monaco 2017 Hamilton @ Fiona Hamilton

Jean Alesi n’a pas caché sa surprise d’entendre Lewis Hamilton lui avouer qu’il s’était rendu plusieurs fois à Cannes pendant le week-end monégasque, pour y retrouver des amis. Moins concerné Lewis ? On n’ira pas jusqu’à cette extrémité. Mais même Toto Wolff assure qu’il n’est plus tout à fait le même homme depuis qu’il n’a plus à rivaliser en interne avec Nico Rosberg. « Lutter contre les Ferrari est plus rafraichissant ! » affirme-t-il. On n’est pas certain que cette réflexion amuse beaucoup Vallteri Bottas…

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