Chris Amon par lui-même 3/3
(Chris Amon in his own words)
Cette dernière partie nous donne des indications intéressantes sur la comparaison entre les moteurs V12 (Ferrari et Matra) et leur rival, le moteur V8 Ford Cosworth. Il s’agit d’un avis hautement autorisé puisque Chris Amon a couru sur ces 3 moteurs (le V12 Ferrari de 1967 à 1969), le Ford Cosworth (en 1970), et le V12 Matra (en 1971 et 1972). En apparence, le jugement est sans appel : pour Chris Amon, l’avantage allait au V8 Cosworth, du moins au cours de ces années. Non seulement les V12 Ferrari et Matra étaient moins puissants, nous dit-il, mais la charge de carburant embarquée en début de course conférait aux V12 un handicap certain par rapport au V8 Cosworth.
J’avoue que c’est un peu une surprise pour moi, car je pensais que les V12 développaient plus de puissance que le V8 Cosworth, ce qui contrebalançait le handicap de poids au départ. Tout dépend évidemment du régime moteur : ce qui est réalisé au banc d’essai n’est peut-être pas ce qui existe en situation de course. J’ai effectué une petite comparaison en allant visiter le site StatsF1 (www.statsf1.com). Il s’agit des années durant lesquelles Chris Amon pilotait un V12 :
Saison 1968 : V8 Cosworth : 420 ch à 9 000 tr/min
V12 Ferrari : 410 ch à 10 000 tr/min
Saison 1969 V8 Cosworth : 430 ch à 9 500 tr/min
V12 Ferrari : 436 ch à 11 000 tr/min
Saison 1971 V8 Cosworth : 440 ch à 10 000 tr/min
V12 Matra : 440 ch à 11 000 tr/min
Saison 1972 V8 Cosworth : 450 ch à 10 800 tr/min
V12 Matra : 485 ch à 11 800 tr/min
Ces chiffres officiels doivent bien sûr être pris avec prudence, mais il semble bien que le Ford Cosworth soutenait au moins largement la comparaison en termes de puissance. On se souvient aussi que Jackie Stewart n’a jamais cru aux possibilités du V12 Matra, du moins par rapport au V8 Cosworth.
Ce que nous dit Chris Amon nous donne peut-être l’explication de sa mésaventure à Charade en 1972. C’est une chose de faire un excellent temps aux essais avec le Matra V12 en embarquant un minimum d’essence. C’est autre chose de prendre le départ avec un handicap de poids d’environ 60-70 kilos par rapport aux voitures équipées du V8 Cosworth. On a souvent reproché à Chris Amon de ne pas avoir été assez prudent au départ, et de ne pas avoir su éviter les bordures couvertes de cailloux qui provoquèrent une crevaison. Mais le pouvait-il ? Nul doute que des pilotes aussi expérimentés que Stewart et Hulme le poussaient dans ses derniers retranchements, connaissant le handicap de poids de la Matra au départ de la course, surtout sur un circuit aussi sinueux. C’est du moins ce que nous dit Chris Amon, et on peut le croire.
Dans les sous-titres en français (appuyer sur l’icône « cc » s’ils n’apparaissent pas), j’ai eu quelques difficultés à traduire le passage concernant le moteur V12 Matra qui (semble-t-il) avait mis le feu au stand à Barcelone en 1971. Surtout, n’hésitez pas à me corriger dans vos commentaires.
René Fiévet
Étiquettes : 2016, chris amon, classic courses, endurance, f1, rené fiévet
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